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Plus habituellement on disait, sans l'adjectif possessif, tirer la raison de :

<< Pour tirer la raison de la mort d'Encelade. »

(RACAN.)

Et l'on pouvait modifier cette locution de diverses manières, comme ne tirer aucune raison de, etc.

On trouve de même, surtout au seizième siècle, avoir la raison de, pour avoir raison de, et, avec diverses modifications, ne pouvoir avoir autre raison, etc.

Au lieu de faire raison de, on disait également faire la raison de:

«La raison que vous en peut faire sa bonté,
Je consens qu'elle vous la fasse. >>

(P. CORN, Agés., 1, 2.)

Corneille, dans ses comédies ou ses tragédies, a fréquemment employé cette locution dans le sens de réduire, gagner, venir à bout de, et on la trouve très-souvent chez des écrivains antérieurs ou postérieurs, avec diverses nuances de signification.

Elle pouvait toujours se modifier au gré de l'écrivain. Corneille dit « faire un peu de raison de, » pour signifier tirer quelque vengeance de; et Tavernier: «L'avanie qu'il nous suscita du peu de raison qu'on lui avait fait de. » On trouve encore : « Lui faire si bonne raison, » dans les Lettres manuscrites de Henri IV; «Si tu veux m'en faire une entière raison,» dans Cyrano de Bergerac; « Vous ne daignâtes me faire aucune raison sur,» dans Arnauld.

On disait aussi se faire la raison, comme se faire raison, faire faire la raison, comme faire faire raison.

Dans la langue du dix-septième siècle, les verbes changeaient d'espèce beaucoup plus aisément et plus fréquemment qu'aujourd'hui.

Les neutres devenaient souvent actifs, nous en donnons un exemple à l'article GERMER, pour faire germer :

<< Et c'est une semence illustre, vive et forte,

Qui de nouveaux martyrs germe une ample moisson. »

(P. CORN., Vers. des Hymnes de S. Victor.)

Emploi excellent, imité du latin, et dont, malgré l'omission des dictionnaires, on trouve de fort bons exemples jusqu'à nos jours.

Consentir, qui n'est plus guère d'usage à l'actif qu'au palais et dans le langage diplomatique, s'employait à cette voix dans la langue générale, en prose et en vers, et nous en donnons de très-nombreux exemples, depuis les poëmes chevaleresques de

Garin le Loherain et de Guy de Bourgogne jusqu'à M. Alexandre Attenter, crier, contribuer, moquer, étaient aussi actifs

Dumas.

dans beaucoup de cas.

D'autres verbes, qui aujourd'hui s'emploient toujours à l'actif, se prenaient très-souvent d'une manière absolue. Ainsi, on disait neutralement, affaiblir, comme faiblir, en parlant de talent:

« J'affoiblis, ou du moins ils se le persuadent. »

(P. CORN., Remerc. au roi en 1667.)

Et de même, en parlant de la santé, de la parole, etc.:

-

< Tenesis, cependant, affoiblissoit à vue d'œil. » (Gomberville.) — « Nous sommes tous faits pour affoiblir, vieillir et mourir.» (Me DE LAMBERT.)

« Sa parole affoiblit, à peine elle profère... »

Entreprendre, pour dire faire, former une entreprise :

(D'AUBIGNÉ.)

« On entreprend assez, mais aucun n'exécute. >> (P. CORN., Cinna, 11, 1.) Et, entreprendre contre, faire des entreprises, se soulever, conspirer contre :

< Et lorsque contre vous il m'a fait entreprendre,

La nature en secret auroit su m'en défendre. »

(Héracl., iv, 3.)

Voltaire a prétendu, à tort, qu'entreprendre « veut ici absolument un régime.» Plusieurs excellentes sources, et en particulier les Lettres missives de Henri IV, nous ont fourni de nombreux exemples d'entreprendre, sans aucun complément, et d'entreprendre aussi employé neutralement avec contre ou avec sur. Corneille présente un exemple de cette dernière construction:

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<< Votre haine tremblante est un mauvais appui
A quiconque pour vous entreprendroit sur lui. »

Plaindre pouvait aussi être pris neutralement :

« J'ai beau plaindre et beau soupirer. »

<< Mais, ô nouveau sujet de pleurer et de plaindre ! »

(Perth., 11, 1.)

(MALH., Sonnet.)

(P. CORN., Méd., v, 1.)

Certains verbes avaient des acceptions conformes à l'étymologie qui ne sont plus en usage. Ainsi seconder voulait assez souvent dire suivre, venir après, au physique et au moral, de sequor, comme on le verra par les nombreux exemples que nous citons de Pasquier, d'Henri Estienne, de Grevin, de Passerat, d'Alexandre Hardy, des deux Corneille.

Le participe donne lieu, comme le verbe, à constater bien des différences entre la langue du dix-septième siècle et la nôtre.

D'abord Corneille, comme ses contemporains et ses devanciers, emploie le participe présent dans beaucoup de cas où il ne se rapporte pas au sujet de la phrase, ce que la grammaire interdit aujourd'hui, et ce que Voltaire a signalé comme un solécisme dans notre poëte, bien qu'il ait lui-même employé la même construction dans l'Orphelin de la Chine.

« Il n'avoit que six ans, et, lui perçant le flanc,
On en fit dégoutter plus de lait que de sang. »

(P. CORN., Héracl., 1, 1.)

Lui perçant le flanc, c'est-à-dire lorsqu'on lui perça le flanc.

Nous citons nombre d'exemples analogues où le participe présent, avec ou sans en, ne se rapporte pas au sujet de la phrase, et équivaut à quand, lorsque, pendant que, avec l'indicatif. Nous nous contenterons ici de rappeler quelques exemples de en naissant, in nascendo, pour signifier quand je naquis, quand il naquit, au moment qu'ils naissaient, dans leur naissance :

Les peuples sont heureux que ce Dieu tout-puissant

Illumine dès en naissant

De sa lumière intérieure. »

<< Si mon père en naissant m'avoit pu faire don

De son esprit poétique, ainsi que de son nom..... »

(RACAN, PS. XXXII.)

(Id., Épigr., madrigal à Anne d'Autriche.)

Voilà la prétendue faute tant reprochée à Boileau: «Si ton astre en naissant ne t'a formé poëte. »>

<< Ces derniers mots tirerent de secrets soupirs du sein d'Amasis et de Calisthene, mais ils les estoufferent en naissant. » (GOMB., Cythérée, 1, 6.)

<< Peut-être le destin voulut vous faire naître

Pour fléchir un vainqueur, pour captiver un maître,

Pour adoucir en moi cette âpre dureté

Des climats où mon sort en naissant m'a jeté. »

(VOLT., L'Orphel. de la Chine, iv, 4.)

Corneille emploie aussi le participe présent précédé de en, dans

le sens de si avec l'imparfait de l'indicatif :

< POLYEUCTE. Mais dans le ciel déjà la palme est préparée.

NÉARQUE.

POLYEUCTE.

Par une sainte vie il faut la mériter.

Mes crimes en vivant me la pourroient ôter. »

(Pol., 11, 6.)

Le participe présent s'employait encore très-fréquemment pour le gérondif:

<< Hélas! tu m'as perdu me voulant obliger. » (P. CORN., La Veuve, 11, 1.) Il est inutile de rapporter vingt exemples semblables, et de nous étendre sur ce fait dont d'autres se sont occupés.

Très-souvent le participe présent s'accordait; ce fut seulement vers 1680 que l'Académie française se détermina à ne plus le décliner. Nous montrons qu'après même que la règle de l'indéclinabilité du participe présent eut été proclamée, plusieurs écrivains, et surtout des poëtes, continuèrent à le faire accorder, au moins dans certains cas, comme Voltaire dans ces vers de la comédie du Dépositaire :

« Ah! j'aime à voir les gens

Dans leur vrai caractère à nos yeux se montrants. »

Notre article ÉVADER', ou plutôt notre mémoire à propos de ce mot, montrera combien de verbes, que l'usage actuel fait pronominaux, pouvaient, au seizième et au dix-septième siècle, ou dans les époques antérieures, s'employer au neutre avec la même signification. On y verra, avec évader, pour s'évader, abaisser, comme s'abaisser; abâtardir, comme s'abâtardir; abattre, comme s'abattre, accorder, comme s'accorder; accroitre, comme s'accroître; amuser, comme s'amuser; appauvrir, comme s'appauvrir; assembler, comme s'assembler ; attendrir, comme s'attendrir; baisser, comme se baisser; briser, comme se briser; consumer, comme se *consumer; courroucer, comme se courroucer; déplacer, comme se déplacer; désaccoutumer de, comme se désaccoutumer de; ébattre, comme s'ébattre; échapper, comme s'échapper; éclipser, comme s'éclipser; émouvoir, comme s'émouvoir; endormir, comme s'endormir; évanouir, comme s'évanouir; fâcher, comme se fûcher; familiariser, comme se familiariser; fermer, comme se fermer, être fermé; flétrir, comme se flétrir; gaudir, comme se gaudir; hâter, comme se hâter; hérisser, comme se hérisser; jouer de, comme se jouer de; lamenter, comme se lamenter; lever, comme se lever ou se relever; maintenir, comme se maintenir; moquer, comme se moquer; multiplier, comme se multiplier; plaindre, comme se plaindre; prendre à, comme se prendre à; relever, comme se relever;

' Voir t. I, p. 41-51.

repentir, comme se repentir; réveiller, comme se réveiller; roidir, comme se roidir; serrer, comme se serrer; taire, comme taire.

se

On verra, d'un autre côté, qu'il était très-fréquent, dans l'ancienne langue, d'employer le pronom personnel devant certains verbes neutres, dont l'action se réfléchit en quelque sorte sur le sujet. On disait s'accoucher, comme accoucher; s'aimer à, comme aimer à; s'apparaître, comme apparaître; se chanceler, comme chanceler; se combattre, comme combattre; se commencer, comme commencer; se communier, comme communier; se condescendre, comme condescendre; se consentir, comme consentir; se courir, comme courir; se craindre, comme craindre; se déchoir, comme déchoir au sens matériel; se dédaigner, comme dédaigner; se déjeuner, comme déjeuner; se délibérer, comme délibérer; se deviser, comme deviser; se diner, comme diner; se disparaitre, comme disparaitre; se dormir, comme dormir; s'échapper à, comme échapper à; s'éclater, comme éclater; s'encourir, s'en aller, s'enfuir en courant; s'entrer, comme entrer; s'essayer, comme essayer; se feindre, comme feindre; se forfaire, comme forfaire; se gésir, comme gésir; se larmoyer, comme larmoyer; se marcher, comme marcher; se méfaire, comme méfaire; se mousser, comme mousser; se mûrir, comme mûrir; se naître, comme naître; se pûlir, comme pâlir; se partir, comme partir; se penser, comme penser ; se périr, comme périr; se pourpenser, comme pourpenser; se prendre garde, comme prendre garde; se rentrer, comme rentrer; se reverdir, comme reverdir; se soupçonner de, comme soupçonner de; se sou-. per, comme souper; se sourire de, comme sourire de; se souscrire, comme souscrire; se tarder, comme tarder; se tempêter, comme tempêter; se transir, comme transir; se verdir, comme verdir; se vivre, comme vivre.

Renouveler, qui ne s'emploie plus neutralement qu'avec la préposition de, et dans un petit nombre de locutions, comme renouveler de courage, renouveler de jambes, s'employait, depuis les plus anciens temps de la langue, comme verbe neutre dans quantité de cas, pour signifier se renouveler, prendre une nouvelle force: « Le deuil renouvelle.» (J. BODEL et HERBERS.) « Ma joie renouvelle. » (JEHAN Lescurel.) « La fièvre de Philis renouvelle.» (RACAN.) « Ma confusion renouvelle et croît. » (P. CORNEILLE.) Etc., etc.

Quelques verbes, toujours réfléchis dans la langue actuelle, s'employaient aussi à l'actif.

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