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thæi, Griesbach, Hug, Lachmann et Scholz. Aujourd'hui que les écrits des auteurs classiques sont mis en lumière, tant en France qu'en Allemagne, par les esprits les plus éminens de la science philologique, il semble que le temps soit venu de s'occuper aussi des auteurs sacrés et particulièrement du texte du Nouveau-Testament. M. Tischendorf était, par des études solides et consciencieuses, mieux que personne préparé à se charger de cette entreprise, à la fois difficile et délicate. Il s'agissait en effet de revenir sur une chose que le temps semblait pour ainsi dire avoir consacrée et de la remettre en question; c'était s'exposer, comme Wetsten, à une malveillance proportionnée toujours au mérite d'une découverte. Les manuscrits peu nombreux, d'après lesquels le texte du Nouveau-Testament a été établi au xvio siècle, ne sont pas très-anciens et n'ont qu'une médiocre valeur. Plus tard, l'immense quantité de variantes fournies par tous les manuscrits grecs, les versions et les pères, n'eut d'autre avantage que de noyer dans un déluge de notes ce qui ne présentait aucune espèce d'autorité, comme ¡on peut s'en convaincre en parcourant les éditions de Mill et de Wetsten. Vint ensuite Griesbach, dont les travaux furent en France et en Allemagne accueillis avec tant de faveur, que depuis lors tous les théologiens adoptèrent sa recension avec une confiance qui n'est nullement justifiée par le mérite de l'ouvrage, ainsi que le démontre M. Tischendorf, pag. Lu de ses Prolegomènes.

Les principes de critique adoptés par le nouvel éditeur sont longuement et très-lucidement développés pag. XLIX et x; et on y voit traitée avec un soin particulier la question sur les recensions ou les classes qu'on a trouvées dans les documens fournis par le texte du Nouveau-Testament. On doit reconnaître que M. Tischendorf a apporté beaucoup de précaution et de prudence dans l'usage critique de ces systèmes, s'en étant ' réservé pour plus tard l'exposition et le jugement complet. Mais ce qu'on remarque avant tout, c'est l'ingénieuse sagacité avec laquelle il a réfuté les erreurs de Scholz. Le nouveau texte se rapproche assez de celui de Lachmann, édition stéréotype

qui parut en 1830. Mais M. Tischendorf a eu à sa disposition des documens importans, qui lui ont permis d'établir sa recension sur des données plus positives et d'après une critique sage et ingénieuse, tandis que Lachmann a négligé entièrement cette partie essentielle qui aurait pu donner quelque prix à son travail. M. Tischendorf a eu soin aussi de mentionner au bas des pages toutes les sources ainsi que les variantes les plus importantes fournies, soit par les manuscrits, soit par les éditeurs précédens, afin de présenter un tableau complet de la critique du texte du Nouveau-Testament.

Nous devons terminer cette analyse par une observation toute favorable au travail de M. Tischendorf, sous le point de vue religieux. Nous croyons devoir recommander son édition aux théologiens catholiques, parce que son plus grand mérite consiste à avoir fait concorder, dans beaucoup de parties, le texte grec avec la version latine adoptée par l'Église catholique et connue sous le nom de Vulgate. Nous dirons aussi que ce livre, sous le rapport de l'exécution matérielle, ne laisse rien à désirer; il est d'un format commode et sur un papier assez beau; la justification est très-nette et ne fatigue point la vue; ajoutez à cela que le prix est extrêmement modique et à la portée de tout le monde.

Prophetæ veteres pseudepigraphi partim ex abysinico vel hebraïco sermonibus latine versi. Edente A. F. GfroStuttgardiæ. Prostand (sic) apud Adolphum Krabbe. 1840. In-8° de xiv-437 p.

rer.

Tout le monde sait combien la théologie et les antiquités chrétiennes et juives doivent à l'évêque anglais Richard Laurent, qui a traduit et publié en latin, d'après le Codex amharicus, trois écrits anciens, attribués l'un à Énoch, l'autre à Esdras, et le troisième intitulé Ascension d'Isaïe. Le livre d'Énoch et l'Ascension d'Isaïe, connus jusqu'au neuvième siècle, avaient entièrement disparu après cette époque, et on n'en connaissait plus que quelques fragmens. Il y a soixante ans,

un voyageur anglais, Bruce, découvrit en Afrique et rapporta la version amharique de ces deux écrits, d'après laquelle Laurent fit son travail. Le quatrième livre d'Esdras n'était pas, comme celui d'Enoch, perdu entièrement. Outre la version arabe, on en connaissait une en latin qui a été publiée trèssouvent, entre autres par le célèbre Fabricius, dans sa collection des apocryphes de l'Ancien-Testament. Mais comme cette traduction latine est altérée dans beaucoup de passages, Laurent a cru devoir en publier une nouvelle d'après le manuscrit amharic rapporté par Bruce. L'excessive rareté de ces trois ouvrages en Allemagne a engagé M. Gfrærer à en donner une nouvelle édition, en ayant soin de mettre en latin tout ce qui se trouve en anglais dans le travail de Laurent. Il reproduit aussi l'écrit intitulé De vita et morte Mosis libri tres, publié pour la première fois en hébreu et en latin par Gilbert Gaulmin, ensuite par Fabricius, écrit beaucoup plus moderne que les livres d'Enoch et d'Esdras, mais qui renferme cependant les plus anciennes traditions juives sur l'histoire de Moïse. Viennent ensuite quelques apocryphes du moyen âge, qui étaient devenus très-rares: tels sont les prophéties en vers de Merlin, les oracles de Merlin mis en latin vers 1160, par Geoffroy de Monmouth; enfin les prophéties d'Hermann Lehninensis sur la maison de Brandebourg, et celles de Malachias sur les souverains pontifes. La vie métrique de Merlin par Geoffroy de Monmouth n'avait pas encore été publiée en Allemagne; on en connaissait seulement trois éditions, deux anglaises et une française. C'est cette dernière dont M. Gfreerer a adopté le texte, en se servant des savantes recherches des éditeurs, MM. Francisque Michel et Thomas Wright. Les prophéties d'Hermann, si l'on en croit Adelung, ont été publiées plusieurs fois dans le courant du siècle dernier; mais ces éditions sont devenues extrêmement rares. Enfin la célèbre prophétie de Malachias, évêque d'Hibernie, sur les pontifes romains depuis l'an 1143, avait été publiée pour la première fois par Wion, dans son ouvrage intitulé: Lignum vitæ (vol. I, p. 307, sqq.).

Lettre à M. l'abbé de Ravignan sur les sujets traités dans ses conférences à Notre-Dame de Paris, en 1840. Paris, 1840. Chez Marc Aurel, rue Saint-Honoré, n. 158. Impr. d'Amédée Gratiot. In-8° de 84 p.

L'auteur anonyme de cette lettre s'est proposé d'entamer une polémique avec M. l'abbé de Ravignan, au sujet de certaines questions religieuses traitées par lui dans l'année qui vient de s'écouler. Le succès des conférences du célèbre prédicateur a été grand, et c'est à cause de leur retentissement que son correspondant, qui semble avoir un système religieux opposé, a choisi cet antagoniste afin de donner plus de retentissement à ses objections. Écrivant en province, il n'a point assisté aux sermons du prédicateur; il en parle d'après les comptes rendus de l'Ami de la Religion et des Annales de philosophie chrétienne. C'est sans doute à cette circonstance qu'il faut attribuer quelques erreurs de discussion et souvent une compréhension peu juste et peu complète des idées de l'orateur chrétien. Malgré la bonne foi et les soins scrupuleux des deux recueils que nous venons de citer, il est impossible qu'ils aient rendu en entier toutes les paroles et même toutes les idées de M. de Ravignan; et il faudrait être assuré d'avoir le texte complet et exact de ses discours pour entamer contre lui une controverse de détails où chaque mot a sa valeur, chaque nuance d'idée son importance. A part cette réserve, il faut rendre justice à la bonne foi de l'auteur de cette Lettre et à son désir qui paraît sincère de s'instruire. Voulant ranimer la foi, le prédicateur s'était attaché à faire ressortir les considérations philosophiques et les préjugés qui la confirment. L'auteur de la lettre veut soustraire à la foi tout ce qui n'est pas démontré d'une manière rationnelle et critique : c'est la doctrine du protestantisme dont l'abus supprime la foi sous prétexte, de l'épurer, et qui prétend soumettre à la raison des choses qui ne sont pas de son domaine.

JURISPRUDENCE.

De constitutionibus quas Jacobus Sirmondus Parisiis A. MDCXXXI edidit dissertatio. Scripsit D' Gustavus Haenel. Lipsiæ, typis B. G. Teubneri. 1840. In-4° de 25 p.

M. Haenel a pris pour sujet de sa dissertation les Constitutions mises au jour pour la première fois par Sirmond, et qui tantôt portent le nom de leur éditeur, tantôt sont appelées du titre apposé à la première, Constitutions sur la juridiction épiscopale, et quelquefois enfin reçoivent le titre d'Appendice au Code théodosien. Le célèbre Godefroy a fortement attaqué l'authenticité de ces Constitutions et la légitimité de la décou verte du P. Sirmond, et n'a pas hésité à les repousser du Code théodosien, dont ses recherches et sa critique ont tant amélioré et expliqué le texte. La discussion a été vive entre lui et la plupart des théologiens jurisconsultes, qui défendaient dans ces Constitutions les précieux priviléges de l'épiscopat. M. Haenel s'est proposé de résumer cette discussion, et, en faisant porter son examen sur les pièces du procès, de formuler à son tour, sans passion, sans parti pris d'avance, son opinion sur la question dont il s'agit. Il commence par faire un examen critique des différentes éditions qui ont été données de ces Constitutions et des divers manuscrits dans lesquels elles nous ont été conservées. Cette description des manuscrits choisis dans les principales bibliothèques de l'Europe est du plus haut intérêt. De la discussion à laquelle M. Haenel s'est livré sur le degré d'authenticité de ces Constitutions, il résulte que la découverte du P. Sirmond n'est point supposée, comme l'a soutenu Godefroy, mais que d'un autre côté c'est une loi de Constantin dont il s'agit, et non de Théodose, comme on l'a pensé. En terminant sa dissertation, M. Haenel se loue beaucoup de l'obligeance de M. Hase, et surtout de M. Miller, qui lui a transcrit gratuitement ces Constitutions d'après le manuscrit de la Bibliothèque Royale.

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