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ALIDOR.

Hélas! c'est mon malheur! son objet trop charmant,
Quoi que je puisse faire, y règne absolument.

Il fait tous ses efforts pour gagner mes parents,
Et, s'il les peut fléchir, quant à moi, je me rends;
Non, à dire le vrai, que son objet me tente;
Mais, mon père content, je dois être contente.

(La Pl. Roy., 1, 4.)

(La Pl. Roy., v, 5.)

Corneille présente plusieurs autres exemples du mot objet dans le sens de personne, mais d'une manière qui est restée dans la langue poétique, comme dans ces vers:

Adieu, trop vertueux objet, et trop charmant.
Prononcez donc, madame, et faites un monarque,
Nous céderons sans honte à cette illustre marque,
Et celui qui perdra votre divin objet,
Demeurera du moins votre premier sujet.

(Polyeucte, 11, 2.)

(Rodog., 111, 4.)

OBLIGER, lier par un devoir, mettre dans une certaine dépendance morale à l'égard de quelqu'un :

Envers un ennemi qui nous peut obliger?

(Hor., 1, 3.)

Or toutes ces preuves de mon amitié n'estoient-elles pas capables d'obliger à jamais envers moy cet ingrat et méconnoissant Berger? (D'URFÉ, l'Astrée, 11, 9.) Qu'a donc le mariage en soi qui nous oblige, Ma sœur?

De même, avec le pronom personnel :

(MOL., Femm. suv., 1, 1.)

Les tyrans ont-ils jamais failly de trouver assez d'hommes vouez à leur devotion: aucuns d'eux adjoustans d'avantage cette necessité de les accompagner à la mort, comme en la vie? Des armées entieres se sont ainsi obligées à leurs capitaines. (MONTAIGNE, Ess., 11, 12.)

On employait d'une manière analogue obliger avec un nom de chose pour régime, dans le sens d'engager :

Je ne vous assureray pas s'ils combattent du gain ni de la perte, car il n'y a que Dieu qui le puisse savoir: mais je vous obligeray bien ma vie et mon honneur que tous ceux-là qu'il vous a nommez combattront, et en gens de bien. (MONTLUC, Comm., 11.) — Je vous oblige ma vie et mon honneur, dis-je. (Id., ibid.) - Ce fut tousjours à condition expresse d'acheminer ceste affaire à sa perfection et obliger ma vie et mon âme à l'avancement de la grandeur de Lorraine. (Sat. Mén., Har. du card. de Pelvy.) - Vous m'avés faict plaisir d'avoir représenté si à propos à mon cousin le cardinal Aldobrandin la fiance que je veulx avoir en luy, en luy obligeant les vœux de tous ceulx qui dependent de moy. (Lett. miss. de Henri IV, t. v, p. 152.)- Et par combien de sortes de sermens il m'a obligé sa foy. (Ibid., 18 mars 1603, t. vi, p. 54.)

On disait aussi obliger à, avec un nom de chose pour régime, dans le sens d'astreindre à :

Je n'ay voulu en ce peu, contre l'opinion de beaucoup, obliger la franchise de ma liberté de parler à la severité de la loy de ces critiques qui veullent que la

comedie soit un poëme subject au nombre et mesure des vers. (LARIV., Epist. des

six prem. comed.)

OBLIGER, dans le sens de faire plaisir, avec un rég. indir.:

Alcidon, cet adieu me prend au dépourvu,
Tu ne fais que d'entrer, à peine t'ai-je vu,
C'est m'envier trop tôt le bien de ta présence,
De grâce, oblige-moi d'un peu de complaisance.

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(La Veuve, 11, 6.)

Je ferai mon possible pour vous en tirer au plus tôt. Cependant obligez-moi de vous servir de ces cent pistoles que je vous envoie. (Suite du Ment., 1, 3.)

C'est ainsi que l'on trouve :

Obligez-moi de n'en rien dire.

(LA FONT., Fabl., 111, 6.)

OBSCUR, fig., comme vague, employé dans une remarquable alliance de mots :

Et bien qu'en ses douceurs mon déplaisir se noie,
Je ne passe de l'une à l'autre extrémité
Qu'avec un reste obscur d'esprit inquiété.

(Oth., v, 5.)

OBSCURITÉ, avec le plur., discours obscurs, paroles obs

cures:

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Il est donc une souche,

S'il ne peut rien comprendre en ces naïvetés.
Peut-être y mêlois-tu quelques obscurités?

Ce discours rebattu

Lasseroit une austère et farouche vertu.

Pour moi, qui vous honore assez pour me contraindre
A fuir obstinément tout sujet de m'en plaindre,

Je ne veux rien comprendre en ces obscurités.

OBSCURITÉS, sujets obscurs, choses obscures:

Sous ces obscurités je soupçonne un mystère.

De quoi sert une longue et subtile dispute
Sur des obscurités où l'esprit est déçu?

OBSTINATION, avec le pluriel :

Mais, après les efforts de cette déférence,
Si tu gardes encor la même violence,
Peut-être saurons-nous apaiser autrement
Les obstinations de ton emportement.

(La Veuve, 111, 4.)

(Sert., 111, 1.)

(La Suiv., 111, 1.)

(Imit., 1, 3.)

(La Veuve, 111, 3.)

OBSTINÉ, adj., en parlant d'un sentiment. AMOUR OBSTINÉE :

Faudra-t-il que de vous je reçoive la loi,
Et que l'aveuglement d'une amour obstinée
Contre ma volonté règle votre hyménée?

(La Suiv., V,

7.)

OBSTINÉMENT. Belle association de mots :

Faut-il voir votre esprit obstinément aigri,

Quand ce qu'on fait pour vous doit l'avoir attendri?

(OEd., 11, 3.)

Le frère du grand tragique a dit d'une façon très-poétique aussi :

J'ai beau la conjurer de montrer son visage,

Ma prière au refus obstinément l'engage. (T. CORN., Les Eng. du has., 11, 2.) OBSTINER, v. a., suivi de à et d'un substantif, avec un nom de chose pour sujet :

Dis-moi quelle espérance

Doit obstiner mon maître à la persévérance.

Que le goût du bien souverain

Déracine en mon cœur l'attachement humain,

Et. faisant aux faux biens une immortelle guerre,

M'obstine au généreux dédain

De tout ce qu'on voit sur la terre.

(Le Ment., iv, 7.)

(Imit., 111, 23.)

- D'une manière analogue, OBSTINER EN, également avec un

nom de chose pour sujet :

Il nous vient peu de fruit de telles jalousies,
Un homme en court plutôt après ses fantaisies,
Il est toujours le même, et tout notre discours,
Par un contraire effet, l'obstine en ses amours.

(L'Illus. com., v, 2.)

OBSTINER A, suivi d'un infinitif, faire qu'on s'obstine, qu'on s'opiniâtre à, avec un nom de personne ou de chose pour sujet :

Mais ce flatteur espoir qu'il rejette en mon âme
N'est qu'un doux imposteur qu'autorise ma flamme,
Et qui, sans m'assurer ce qu'il semble m'offrir,
Me fait plaire en ma peine, et m'obstine à souffrir.
Doux charme des héros, immortelle Victoire,
Ame de leur vaillance et source de leur gloire,
Vous qu'on fait si volage, et qu'on voit toutefois
Si constante à me suivre, et si ferme en ce choix,
Ne vous offensez pas si j'arrose de larmes

Cette illustre union qu'ont avec vous mes armes,

Et si vos faveurs même obstinent mes soupirs

(Mel., 1, 1.)

A pousser vers la paix mes plus ardents désirs. (La Tois. d'or, prol., 1.)
Tous sauroient comme lui, pour faire une maîtresse,
Perdre le souvenir des beautés de leur Grèce,

Et tous ainsi que lui permettroient à l'Amour
D'obstiner des héros à grossir votre cour.

En vain, par le mépris des vœux de tous nos rois,
J'ai cru faire éclater l'orgueil d'un autre choix;
Le seul pour qui je tâche à le rendre visible,

(Ibid., 1, 2.)

Ou n'ose en rien connoître, ou demeure insensible,
Et laisse à ma pudeur des sentiments confus
Que l'amour-propre obstine à douter du refus.
Obstinons Grimoald par maxime d'État,

A le croire imposteur, ou craindre un attentat.
Dompte sous une exacte et forte discipline

Ces inséparables flatteurs

(Sert., 11, 1.)

(Perth., 111, 6.)

Que l'amour de toi-même à te séduire obstine.

De mille objets impurs l'abominable foule,

Qui jusqu'au fond du cœur en moins de rien se coule,

N'a pas pour en sortir même facilité:

Leur plus légère idée a peine à disparoître,

Le soin de l'effacer souvent l'obstine à croître,

(Imit., 1, 21.)

Et montre ainsi l'excès de mon infirmité.

On a dit de même :

(Ibid., 11, 20.)

La honte de se dédire les obstine à continuer leur indignation. (THÉOPH., Lell., à Mathieu Molé.)

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On trouve, et au dix-septième siècle et dans le nôtre, de fréquents exemples de cet emploi :

Et cet âpre courroux, quoi qu'elle en puisse dire,

Ne s'obstinera point au refus d'un empire. (RACINE, Alexandre, 111, 3.) Tant de gens ont dit et tant de gens croyoient que le roi se perdoit en s'obstinant aux vieilles idées! (J. DE MAISTRE, Consider. sur la Fr., vil.) — Harcourt devait être puni de la victoire qu'il remportait sur sa patrie, ainsi qu'il arrive à ceux qui s'obstinent à ces longues vengeances qui n'appartiennent qu'à Dieu. (CHATEAUBR., Hist. de Fr.) — Je ne pourrais m'obstiner au silence sans avoir l'air de désavouer, en ne répondant ni oui ni non, la grande liberté commerciale et politique qui... (LAMART., Disc. à Marseille, 14 août 1847.)

S'OBSTINER DANS, rester obstinément dans :

Je m'obstinois tantôt dans le parti d'un traître.

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(La Veuve, v, 10.)

Emploi trop fréquent encore pour qu'il soit besoin de le faire suivre d'exemples.

OCCASION. FAIRE UNE OCCASION, la faire naître :

Depuis, l'occasion, que vous-même avez faite,
M'a fait quitter le soin d'une telle retraite.

-FAIRE L'OCCASION, ménager l'occasion:

Cher ami, m'a-t-il dit, vous logez chez Cléandre,
Vous aurez vu sa sœur, je l'aime, et vous pouvez
Me rendre beaucoup plus que vous ne me devez,
En faveur de mes feux parlez à cette belle,
Et comme mon amour a peu d'accès chez elle,
Faites l'occasion quand je vous irai voir.

OCCASION, circonstance, détail :

A chaque occasion de la cérémonie,

A l'envi l'un et l'autre étaloit sa manie.

- OCCASION, raison, motif, sujet :

(D. Sanche, Iv, 5.)

(Suite du Ment., v, 3.)

(Pol., 111, 2.)

Dorise se feint être un gentilhomme contraint pour quelque occasion de se retirer de la cour. (Préf. de Clit.)

Ne pensez plus, ma reine, à l'honneur que ma flamme
Vous devoit faire un jour de vous prendre pour femme;
Pour quelque occasion j'ai changé de dessein.

Je sais tout, et de plus ma bonté paternelle
M'a fait y consentir, et votre esprit discret
N'a plus d'occasion de m'en faire un secret.

(L'Illus. com., 111, 10.)

(Le Ment., v, 1.)

Je voudrois, pour sa perfection, que ces personnages servissent encore à quelqu'autre chose dans la pièce, et qu'ils y fussent introduits par quelqu'autre occasion que celle d'écouter ce récit. (Prem. Disc.)

Cette signification commençait à vieillir; mais elle avait été très-usitée, ainsi que le prouvent les exemples suivants :

Or, mes amis, monstrez-leur ce que vous savez faire; et s'ils frappent un coup, donnez-en quatre. Vous avez plus d'occasion qu'eulx; car vous combattez pour votre roy, pour vos autels et pour vos foyers. (MONTLUC, Comment., 5.) — Saint Augustin, plaidant contre ces gens icy, a occasion de reprocher leur injustice, en ce que... (MONTtaigne, Ess., 11, 12.) — J'ay toujours pensé que ma nouvelle façon d'escrire en ce nouveau genre de comedie, qui n'a encores esté beaucoup praticqué entre noz François, ne sera tant bien receüe de quelques-uns trop severes, comme je serois ayse me le pouvoir persuader; occasion qui m'a long temps fait doubter si je devoy faire veoir le jour à ce mien petit ouvrage, basty à la moderne et sur le patron de plusieurs bons auteurs italiens. (LARIV., Epist. des six prem. Com.)

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