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est la croyance d'un Dieu, cause universelle et dernière raison de tout ce qui est.

Après cela délibérer seulement si l'on croira qu'il existe, tenir en suspens cette haute vérité, s'en faire juge, c'est s'élever au-dessus de toutes les sociétés et de tous les siècles, c'est récuser la raison humaine, au moment même où l'on en appelle au raisonne

ment.

Dieu est, parce que tous les peuples attestent qu'il est; Dieu est, parce qu'il n'est pas même possible à l'homme de prononcer qu'il n'est pas, puisqu'en refusant d'y croire sur le témoignage universel, il perd le droit de rien affirmer.

Qu'ils ne nous parlent donc plus d'objections, ces esprits superbes qui ne savent qu'arracher de ses fondemens la raison humaine, pour se faire de ses débris un rempart contre Dieu. Des objections, là où il n'existe pas, je ne dis point de vérité certaine, mais de pensée assurée d'elle-même! Des objections! et d'où les tireroient-ils! comment les énonceroient-ils ? Les insensés! à nous seuls appartient la parole, parce que nous possédons la foi : à eux le silence, sous les ruines de leur intelligence écroulée.

Mais si nous sommes parvenus à cette foi sublime, comme nous parvenons à la vie même, par des voies inexplicables, et comme par une puissante nécessité d'être, tout va maintenant s'éclaircir, et nous décou– vrirons avec évidence la raison de l'ordre auquel la nature nous forçoit de nous conformer sans le comprendre. Et c'est ici qu'au lieu de prostituer notre

esprit à une solitaire contemplation de lui-même, qui l'énerve et le tue, il faut nous élever à cette haute philosophie qui, unissant ce qu'on ne doit jamais séparer, la première cause et ses effets, Dieu et l'homme, semble, dans sa simplicité féconde, n'être que l'expansion d'une seule idée.

Quoi que l'orgueil puisse prétendre, nous ne possédons point en nous la lumière (1) : aussi quiconque s'obstine à la trouver en soi tombe aussitôt, comme nous l'avons vu, ou dans un scepticisme désespérant, ou dans les pitoyables rêveries d'une science idiote qui détruit l'entendement afin de le connoître, et cherche dans la mort la raison de la vie. Plongé dans une vaste ignorance, dont il ne sort que par la foi, l'homme a des sensations, des pensées, et, tandis qu'il se renferme en lui-même, il n'est certain ni de ses sensations, ni de ses pensées; l'homme existe, et il n'est pas certain de son être (2): c'est qu'il n'en est pas lui-même la cause, et que chercher la certitude de notre existence, c'est en chercher la raison, qui n'est pas en nous. De l'idée d'un être contingent, on ne déduira jamais son existence actuelle ; et tous les êtres finis ensemble ne pourroient, séparés de la première cause, acquérir la certitude rationnelle de leur existence, parce que la vérité est l'être, et que dès lors il n'existe de vérité nécessaire que dans l'être né

(1) Dic quia tu tibi lumen non es: Ne dites pas que vous soyez à vous même votre lumière, dit saint Augustin. Serm. 8, de verbis Domini.

(2) Voyez la Défense de l'Essai sur l'Indifférence en matière de Religion, chap, III à IX.

cessaire. Otez Dieu de l'univers, et l'univers n'est plus qu'une grande illusion, un songe immense, et comme une vague manifestation d'un doute infini.

Mais Dieu connu, tout change; et l'univers, expliqué par sa volonté et sa toute-puissance, s'attache, pour ainsi dire, à sa cause, et s'affermit sur cette base inébranlable. On aperçoit clairement la raison première de tous les effets et de toutes les existences; et les intelligences créées, remontant à leur source, se rencontrent et se reconnoissent dans l'intelligence éternelle d'où elles sont toutes émanées.

C'est là, c'est dans le principe même de la vérité et de la vie, que l'homme découvre la raison de la loi générale de l'autorité, fondement de la vie intellectuelle, et l'unique moyen par lequel elle puisse et

commencer et se transmettre.

La vie, c'est la vérité, c'est Dieu; et il n'est pas plus possible de concevoir une intelligence sans vérité qu'une intelligence non pensante, puisqu'on ne pense qu'à ce qui est, ou à ce qui peut être. Pour les créa tures intelligentes, vivre, c'est donc participer à l'être de Dieu ou à sa vérité, et elles reçoivent ensemble la vérité et l'être, puisque l'être et la vérité ne sont qu'une même chose; et si elles pouvoient se donner la vérité, elles se donneroient l'être. Purement passives lorsque la parole les féconde au sein du néant, lorsqu'elle verse en elles leurs premières pensées ou les vérités premières, elles ne peuvent ni les inventer, ni les juger, ni refuser de les recevoir, parce que la

vie, à son origine, est indépendante de la volonté, et qu'il ne sauroit même y avoir de volonté là où il n'y a pas encore de vie.

Il existe donc nécessairement, pour toutes les intelligences, un ordre de vérités ou de connoissances primitivement révélées, c'est-à-dire reçues originairement de Dieu comme les conditions de la vie, ou plutôt comme la vie même; et ces vérités de foi sont le fonds immuable de tous les esprits, le lien de leur société, et la raison de leur existence.

Si nous pouvions changer nos idées essentielles, les perdre entièrement, nous en former d'autres, nous changerions notre nature. Aussi l'homme qui a le pouvoir de rapprocher, de combiner les idées ou les vérités qu'il a reçues, et d'en découvrir les rapports, est dans une telle impuissance d'inventer une vérité nouvelle, que le genre humain lui-même, depuis son origine, n'en inventa jamais aucune. Elles sont les mêmes chez tous les peuples, et ne varient que par le degré de leur développement. Les uns voient plus, les autres moins, mais tous voient, tous sans exception, et ne voient que ce qui est partout, que ce qui a été et sera vu perpétuellement par tous les hommes. Dissiper l'ignorance, ce n'est pas créer la lumière, mais abaisser le voile qui la cachoit en partie. Que le soleil brille dans un ciel serein, ou que des nuages le couvrent, c'est toujours lui qui nous éclaire; aucune région n'est privée de son heureuse influence; jamais il n'est totalement obscurci. Les ténèbres ne sont que dans l'œil malade, ou qui se

ferme volontairement. Dieu a bien fait toutes choses (1); et le mal, comme l'erreur, ne vient que de la volonté corrompue de la créature, de sa rebellion contre les lois par lesquelles seules elle existe.

De même que la vérité est la vie, l'autorité, ou la raison générale manifestée par le témoignage ou par la parole, est le moyen nécessaire pour parvenir à la connoissance de la vérité, ou à la vie de l'intelligence (2); et l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (3);

(1) Marc. VII, 37

(2) Les Pères des premiers siècles insistent beaucoup sur ce point, en combattant les philosophes ennemis du christianisme. Ils font voir, avec une grande force, l'impuissance de la raison abandonnée à elle-même, et la nécessité d'une révélation qui est le fondement de nos connoissances, et sans laquelle nous n'aurions pas même l'idée de Dieu. Qu'on écoute Origène : « Nous le disons donc; oui, la na>>ture humaine ne peut, livrée à elle seule, ni chercher Dieu comme » il faut, ni le trouver. Il faut qu'elle soit aidée dans ses recherches » par celui même qui en est l'objet..... Comme vous, philosophes, >> nous reconnoissons que l'essence de Dieu est ineffable. Comme vous, » nous savons qu'il est difficile aux foibles regards de l'homme de » découvrir le Créateur de ce monde qui nous environne. Mais si » nous ne disons pas avec vous que l'on peut former dans son esprit » l'idée de Dieu, des idées de tous les autres objets qui sont la matière » de nos connoissances, et s'approcher en quelque sorte du souve» rain bien, nous adorons le Verbe de Dieu, qui a dit : Personne ne » peut connoître le Père, si ce n'est le Fils, el celui à qui le Fils » aura voulu le révéler (Matth. XI, 27). Ainsi, Dieu, selon nous, » ne peut être connu sans un bienfait spécial de Dieu. Sans ce se» cours surnaturel, nous le disons, et nous le disons sans restriction, » la connoissance de Dieu surpasse infiniment les forces de notre na»ture; et non seulement nous ne pouvons arriver à cette connois »sance parfaite que rous en donne le Verbe, mais nous ne pouvons » pas même trouver dans nos idées rien qui puisse nous en donner la » moindre notion. » Origen. contr. Cels., lib. VI, n. 42 et seq.

(3) Non in solo pane vivit homo, sed in omni verbo quod procedit de ore Dei. Matth. IV, 4.

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