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tend confondre ces citations avec les centons. Les centons sont des phrases ou des membres de phrases que l'on détache des ouvrages où ils sont insérés et que l'on unit à d'autres phrases ou membres de phrases tirés d'autres écrits. Les uns et les autres avaient dans les ouvrages primitifs une liaison avec ce qui précédait et ce qui suivait, et faisaient partie chacun de leur côté de discours suivis. Moyennant la séparation et la nouvelle liaison, on leur ôte le sens qu'ils avaient, et on leur en donne un autre, quelquefois tout contraire; il en est tout autrement de nos citations. C'est dans les écrits mêmes des prophètes que les phrases dont nous argumentons ont un sens entier, absolu, indépendant des phrases concomitantes; elles en sont par elles-mêmes toutes détachées; elles ont un objet différent : l'erreur et le défaut de raisonnement seraient de leur prêter une relation qui n'est point dans la réalité.

XI. On nous objecte l'opinion particulière de Grotius. Il est possible que parmi les auteurs chrétiens il s'en soit trouvé qui aient abusé de quelques expressions de l'Écriture; et qui, dans des passages étrangers au Messie, aient vu des rapports avec lui douteux ou même faux nous n'avons pas intérêt à les défendre. Le système de Grotius est que, dans

leur sens primitif et immédiat, presque toutes les prophéties ont pour objet la république judaïque. Mais cette assertion est combattue avec des raisons victorieuses par le commun des docteurs chrétiens. Ce savant homme est parti d'un principe vrai, savoir que dans l'interprétation des livres prophétiques on doit suivre les mêmes règles par lesquelles on explique les auteurs profanes; et qu'il faut avoir égard au génie et au dessein des prophètes. Mais il a fait de ce principe une fausse application. De ce que les prophéties étaient faites pour des Juifs fort occupés des choses de la république, il a conclu d'abord que l'objet principal des prophéties devait être les affaires de la république et ultérieurement, que c'est de ces affaires que leurs discours doivent être directement et principalement entendus. Mais il n'a pas assez considéré deux choses: la première, que si les Juifs étaient fortement occupés de ce qui concernait leur état politique, ils l'étaient aussi beaucoup de l'attente de leur Messie; lequel même, dans leur principe, se liait intimement à la prospérité de leur état la seconde, que si les prophètes étaient envoyés aux Juifs, ils étaient envoyés et inspirés par Dieu; qu'ils n'étaient que ses organes; que c'était véritablement

Dieu qui parlait par leur bouche; que c'est par conséquent le but que Dieu avait en vue qu'il faut considérer dans les prophéties. Or dans les vues divines, et Grotius en convient, toute l'économie mosaïque était relative au Messie. C'est donc principalement au Messie, d'après le principe même de Grotius, que les prophéties de l'Ancien Testament doivent se rapporter. Il y avait des prophéties, et nous le reconnaissons, qui avaient pour but unique les affaires temporelles de la nation. Il y en avait d'autres qui, ayant pour objet premier et plus direct, les choses du gouvernement judaïque, avaient un autre objet moins direct et relatif au Messie et à sa religion. Il y en avait enfin dont le but unique était le Messie et la loi qu'il devait apporter : c'est ce que nous verrons dans le chapitre suivant, en examinant le détail de ces prophéties.

XII. 4o On nous reproche d'entendre toutes nos prophéties dans un sens métaphorique, allégorique, mystique, et de les détourner de leur sens naturel et littéral, pour les appliquer à Jésus-Christ.

D'abord je nie l'assertion, et je dis, que parmi les prophéties que nous alléguons, il y en a beaucoup qui ne sont ni métaphoriques, ni mystiques, et que nous entendons

dans leur sens le plus littéral (90). Et même sur plusieurs de ces prédictions, c'est nous qui défendons le sens simple et littéral, contre les Juifs qui veulent les détourner à un sens métaphorique; l'examen que nous ferons de ces prophéties, le démontrera clai

rement.

Mais comme il est vrai qu'il y a quelques prophéties que nous donnons en preuves, quoiqu'en les prenant dans un sens métaphorique ou mystique, il est nécessaire d'expliquer nettement ce que nous entendons par ce sens, et dans quels cas nous en ferons

usage.

Nous distinguons dans les prophéties trois sens dont elles sont susceptibles: le littéral, le métaphorique et le mystique. Le sens littéral est celui dont les expressions se présentent à l'esprit premièrement, immédiatement, dans leur signification ordinaire et naturelle. Telle est la prédiction de Joseph à Pharaon, qu'il viendra sept années d'abondance, qui seront suivies de sept années de stérilité. Le sens métaphorique est celui qu'expriment les paroles transportées à une signification autre que la naturelle. Quand Jacob prédit que Juda sera un lion couché sur sa proie, que Benjamin sera un loup ravissant, il est évident qu'il parle métaphoriquement. Le sens

mystique est celui que le texte présente à l'esprit, non pas immédiatement et directement, mais médiatement et indirectement et à l'aide de choses signifiées et figurées par le sens littéral. Nous avons déjà eu occasion d'en parler et nous en avons donné un exemple dans le psaume LXXI, lequel est primitivement et directement relatif à Salomon; mais dans lequel il y a des choses qui ne pouvant pas s'effectuer dans ce prince, sont relatives à un autre personnage, dont Salomon est la figure. La différence principale entre le sens métaphorique et le sens mystique, est que celui-ci suppose un sens littéral qu'exclut celui-là. Dans le sens mystique, le prophète a en vue deux objets exprimés, l'un littéralement, l'autre figurativement. Dans le sens métaphorique, le prophète n'a en vue que sa métaphore, il n'a eu nullement dessein d'énoncer ce que signifient proprement ses paroles. David, au psaume LXXI, voit d'abord près de lui Salomon, et ensuite au-delà un autre personnage plus puissant; mais Jacob ne voit pas réellement dans Juda un lion et dans Benjamin un loup.

Il est certain et universellement reconnu, que la manière de parler par métaphores ou par allégories, qui sont des métaphores continuées, était très-commune parmi les orien

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