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prouvoit donc la vérité des croyances du genre humain. Le christianisme, à son origine, loin d'être opposé à la tradition universelle et perpétuelle, n'étoit donc que cette tradition même accomplie dans ce qu'elle contenoit de prophétique; le christianisme reposoit donc sur l'autorité du genre humain.

Que disoit la tradition? Elle proclamoit la doctrine que nous avons montré avoir été toujours universellement connue. Elle disoit qu'il viendroit, vers le temps où Jésus-Christ parut, un Envoyé de Dieu pour sauver et instruire les hommes, et qu'il faudroit le croire.

Que disoit le christianisme? Il proclamoit la même doctrine que la tradition. Il disoit que l'Envoyé de Dieu étoit venu, au temps marqué, pour sauver et instruire les hommes, et qu'il falloit le croire.

Donc la même religion, donc la même autorité.

Il existoit encore chez les Juifs une autorité particulière à ce peuple, l'autorité de la Synagogue, gardienne et interprète infaillible de la Loi et des prophéties.

Sa doctrine étoit la même que celle de la tradition universelle, et tout le peuple Juif attendoit le Messie à l'époque où naquit Jésus-Christ.

Que disoit la Synagogue? Elle proclamoit perpétuellement les dogmes et les préceptes de la révélation primitive confirmée par la révélation mosaïque. Elle disoit qu'il viendroit, au temps où Jésus-Christ parut, un Envoyé de Dieu pour sauver et instruire les hommes, et qu'il faudroit le croire.

Que disoit le christianisme? Il proclamoit la même doctrine que la Synagogue. Il disoit que l'Envoyé de Dieu étoit venu, au temps marqué, pour sauver et instruire les hommes, et qu'il falloit le croire.

Donc la même religion, donc la même autorité. Ainsi, supposé que Jésus-Christ fût le Rédempteur promis dès l'origine et annoncé de siècle en siècle toujours plus clairement, le christianisme n'étoit que la religion une, universelle et perpétuelle, plus développée et dès-lors plus évidemment divine, puisque ce développement futur étoit lui-même un dogme de cette religion.

Le christianisme n'avoit donc à prouver qu'un seul fait, la mission de Jésus-Christ. Ce fait est prouvé pour nous

Par l'accomplissement en la personne de JésusChrist des prophéties qui concernoient le Messie;

Par l'accomplissement des prophéties de JésusChrist lui-même, et de celles qui regardoient la société qu'il devoit établir;

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Par la propagation de l'Évangile et par ses effets;

Par le témoignage universel et perpétuel de l'immense société chrétienne;

Enfin parce que si Jésus-Christ n'étoit pas l'Envoyé de Dieu que tous les peuples attendoient, il n'existeroit plus aucune raison de l'attendre; le genre humain auroit été le jouet de l'erreur pendant quatre mille ans; la religion primitive eût été fondée sur une illusion; le fondement de toute religion et de toute certitude seroit détruit.

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Mais ces preuves, par leur nature même, devoient être le produit du temps.. Résultat nécessaire de la mission de Jésus-Christ, elles ne pouvoient servir à le faire reconnoître au commencement de sa prédication.

La sainteté de sa vie, la sublimité de sa doctrine, conforme à la première révélation et à la révélation mosaïque; l'hommage que lui rendoit publiquement le Précurseur distingué lui-même par tant de hautes vertus, formoient en sa faveur une présomption assez forte pour commander au moins l'examen le plus attentif. Cependant ces motifs de croire en lui ne suffisoient pas encore pour ôter toute incertitude. Que falloit-il donc pour que la vérité de sa mission fût certaine? le témoignage d'une autorité infaillible.

Cette autorité ne pouvoit être celle de la Synagogue, puisqu'il étoit prédit qu'elle rejeteroit le Christ, et qu'elle seroit, à cause de cela, rejetée elle-même.

Če ne pouvoit être non plus l'autorité du genre humain, puisqu'il étoit impossible que le genre humain connût ce qui se passoit alors en Judée.

Mais, au-dessus de ces deux autorités, n'y avoit-il pas toujours celle de Dieu, qui en étoit le principe? ne pouvoit-il pas rendre lui-même directement témoignage à son Envoyé? On demande quelle étoit, au temps de Jésus-Christ, la plus grande autorité visible? Est-il donc nécessaire de le dire? c'étoit sans aucun doute celle de Jésus-Christ même, puisqu'il étoit visiblement le dépositaire du pouvoir divin (1).

(1) Voyez le chapitre XXXIV.

Et, comme tout ce qui vient de Dieu est un, remarquez que l'autorité divine de Jésus-Christ, loin d'être en opposition avec l'autorité de la tradition universelle et l'autorité que la Synagogue devoit posséder jusqu'à lui, servoit au contraire à constater un fait qui prouvoit la vérité de la doctrine de la Synagogue et de la tradition.

Les prophètes avoient annoncé que le Christ opéreroit des œuvres miraculeuses, et c'étoit là le signe auquel on devoit le reconnoître d'abord. Cependant ses miracles ne pouvoient être vus de tous les hommes: il falloit donc qu'ils fussent attestés à tous les hommes par une autorité à laquelle tous les hommes fussent obligés de croire; et c'est pourquoi Jésus-Christ envoya ses disciples pour lui rendre témoignage à Jérusalem et dans toute la Judée, à Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre (1). Doués eux-mêmes du don des miracles, ils convertirent en peu de temps au christianisme une multitude innombrable de Juifs et de Gentils dans toutes les contrées alors connues; et ainsi se forma cette grande société qu'on appelle l'Église, dont le témoignage universel et perpétuel n'est que la continuation du témoignage des disciples dé Jésus-Christ, et dont l'autorité est l'autorité de Jésus-Christ même.

Mais quelle que fût la rapidité des progrès de l'Évangile, rien ne se fait dans le monde instantanément:

(1) Eritis mihi testes in Jerusalem, et in omni Judæâ, et Samariâ, et usque ad ultimum terræ. Act., I, 8.

tout est préparé de loin, et tout se développe selon des lois qui ne permettent pas de fixer rigoureusement l'époque précise où s'achève le passage d'un état à un autre état. L'autorité de la Synagogue a cessé, nul doute; l'autorité de l'Église chrétienne s'est établié, nul doute encore : mais ni l'une ne s'est établie, ni l'autre n'a cessé, de telle sorte qu'on puisse assigner avec exactitude le moment où ce fut pour tous un devoir absolu de rompre avec la Synagogue, ́et d'entrer dans l'Église chrétienne. C'est ce que Bossuet explique admirablement. Il montre d'après les Actes, que les apôtres ne se séparèrent pas, immédiatement après la mort de leur divin maître, de la communion du peuple juif et de son culte public. « C'étoit, dit-il, un temps d'attente, où plusieurs gens de bien, qui pouvoient n'avoir pas vu les miracles de Jésus-Christ, demeuroient comme en suspens. On venoit cependant de toutes les villes à Jérusalem, pour y apporter les malades aux apôtres, on les exposoit à l'ombre de saint Pierre (1) et la Synagogue, quoique déjà sur le penchant de sa ruine, n'avoit pas encore pris absolument son parti (2). Pendant ce temps-là les Gentils venoient en foule à l'Église, qui se formoit tous les jours de plus en plus (3).

On arrive ainsi, sans que la rupture fût entièrement consommée, jusqu'à la ruine de Jérusalem par

(1) Act., V, 15, 16.

(2) Méditat. sur l'Évang., LIVe jour, tom. II, pag. 13. Édit. de Paris, 1731.

(3) Ibid., p. 17.

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