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Envoyât gens le visiter,
Sous promesse de bien traiter

Les Députés, eux et leur suite,
Foi de Lion très-bien écrite :
Bon passe-port contre la dent,
Contre la griffe tout autant.
L'édit du Prince s'exécute:
De chaque espèce on lui députe.
Les Renards gardant la maison,
Un d'eux en dit cette raison:

Les pas empreints sur la poussière,
Par ceux qui s'en vont faire au malade leur cour,
Tous, sans exception, regardent sa tanière (2):
Pas un ne marque de retour.
Cela nous met en méfiance (3).
Que sa majesté nous dispense:
Grand-merci de son passe-port.
Je le crois bon: mais dans cet antre
Je vois fort bien comme l'on entre,
Et ne vois pas comme on en sort.

(Depuis La Fontaine.) FRANÇAIS. Chevreau, dans Chevræana, T. I. pag. 381. Fables en chansons, L. I. fab. 11. Desbillons, Liv. II. fab. 20.

OBSERVATIONS DIVERSES.

LATINS.

(1) De par le Roi, etc. On se souvient que c'étoit là le protocole des lettres-patentes, ordonnances et autres rescrits de nos Rois.

(2) Les pas empreints . .

Tous, sans exception, regardent sa tanière. Ces vers sont d'une construction embarrassée : défaut qui provient 1°. de l'éloignement où tous sans exception se trouvent du nominatif; 2°. de

l'expression regardent sa tanière, que La Fontaine a voulu conserver du latin :

Me vestigia terrent

Omnià te adversùm spectantia, nulla retrorsùm.

On ne peut pas dire en français que des pas regardent. Il s'en faut beaucoup que l'imitation française rende la précision de l'original.

(3) Cela nous met en méfiance, etc. La fable étoit finie: tout le reste paroît être de trop; mais cette surabondance nous a valu deux vers aussi précis que lumineux:

Je vois fort bien comme l'on entre,
Et ne vois pas comme on en sort.

J. B. Rousseau :

Quand une fois on est dans cette case,
On n'en sort plus : c'est l'antre du Lion.

(L. I. Allégor. 4.)

FABLE X V.

L'Oiseleur, l'Autour et l'Alouette.

(Avant La Fontaine). GRECS. Esope, fab. 3. — LATINS. Abstemius, fab. 3.

LES injustices des pervers
Les

Servent souvent d'excuse aux nôtres.
Telle est la loi de l'Univers (1) :

Si tu veux qu'on t'épargne, épargne aussi les autres.

Un manant (2) au miroir (3) prenoit des Oisillons. Le fantôme brillant attire une Alouette.

Aussitôt un Autour (4), planant sur les sillons,

Descend des airs, fond et se jette

Sur

Sur celle qui chantoit, quoique près du tombeau (5). Elle avoit évité la perfide machine,

Lorsque, se rencontrant sous la main de l'Oiseau,
Elle sent son ongle maligne (6).

Pendant qu'à la plumer l'Autour est occupé,
Lui-même sous les rets demeure enveloppé.
Oiseleur, laisse-moi, dit-il en son langage
Je ne t'ai jamais fait de mal.

L'oiseleur (7) répartit : Ce petit animal
T'en avoit-il fait davantage ?

(Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. Benserade, fab. 36. Fables

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(1) Telle est la loi de l'Univers. Cette máxime s'appliquet-elle aux deux premiers vers, ou bien au quatrième ?

(3) Un Manant, comme à la fable 8 du Livre I. C'est presque en général actuellement un terme de mépris; mais la vraie signification, et celle dans laquelle il est ici employé, est paysan, villageois.

(3) Au miroir. Espèce de chasse que l'on fait aux petits oiseaux avec cet instrument.

(4) Autour. Oiseau de proie d'un naturel fort sanguinaire: il excèle sur-tout à plumer les oiseaux qu'il a pris, et à les dépecer avant de les manger.

(5) Sur celle qui chantoit, quoique près du tombeau. Ce rapprochement de deux idées si contraires, l'une riante, l'autre triste et funèbre, n'échappera pas au lecteur délicat et sensible: c'est le δακρυδεν γελασασα d'Homère.

(6) Son ongle maligne. Ongle est communément masculin; la rime n'est pas plus éxacte.

(7) Oiseleur. Celui qui chasse les oiseaux: celui qui les élève et les vend s'appelle Oiselier,

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F A,B L E X V I.

Le Cheval et l'Ane.

(Avant La Fontaine). GRECS. Esope, fab. 125. Plutarque (le Chameau et le Bœuf), dans ses Préceptes de Santé. Voyez Trad. de Ricard, T. II. pag. 152. — LATINS. Anonyme, dans l'Append. du Phèdre de Barbou, pag. 133. Faerne, fab. 16. Burman, Append. ad Phædr. fab. 14.

EN

ce monde il se faut l'un l'autre secourir.
Si ten voisin vient à mourir,

C'est sur toi que le fardeau tombe.

Un Ane accompagnoit un Cheval peu courtois,
Celui-ci ne portant que son simple harnois,
Et le pauvre Baudet si chargé qu'il succombe.
Il pria le Cheval de l'aider quelque peu,
Autrement il mourroit devant qu'être à la ville (1)
La prière, dit-il, n'en est pas incivile (2) :
Moitié de ce fardeau ne vous sera que jeu.
Le Cheval refusa, fit une pétarrade (3),
Tant qu'il vit sous le faix mourir son camarade,
Et reconnut qu'il avoit tort.

Du Baudet en cette aventure,
On lui fit porter la voiture (4),
Et la peau par-dessus encor.

(Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. Groselier, Liv. I. fab. 3. Fables en chansons, L. HI. fab. 15. Florian, les Voyageurs (imitation), Liv. I. fab. 4. - LATINS. Jaius, Biblioth. Rhetor. T. I. pag. 745. Desbillons, Liv. II. fab. 16. ITAL. Luig. Grillo, fav. 15.

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OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) Avant qu'être à la ville. « Tout le monde convient que c'est 'une faute d'employer avant que et un infinitif, sans mettre de entre avant que et l'infinitif ». (Wailly.) La Fontaine a imité cette tournure des poètes d'avant lui. Malherbe :

Et qu'avant d'être à la feste

De si pénible conqueste.

(Ode à Henri IV.)

(2) La prière... n'en est pas incivile. On diroit bien la demande n'en est pas incivile; on ne dira point: la prière n'en est, etc. La demande porte sur l'objet prière s'adresse à la personne.

(3) Fit une pétarrade. Un de ces gestes dédaigneux ou de ces actions insolentes que l'on sent, mais que l'on ne dit pas. (4) On lui fit porter la voiture. Voiture est ici pour fardeau; ce qu'il voituroit sur son dos. La morale de cette fable en vaut

mieux que le style.

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Le Chien qui láche sa proie pour l'ombre.

(Avant La Fontaine). GRECS. Esope, fab. 213. Gabrias, fab. 32. Aphtone, fab. 35. Theon le Sophiste et Sim. Serte dans le Phèdre de Laurent, pag. 20. - LATINS. Phèdre, Liv. I. fab. 4. Anonyme, fab. 5.

CHACUN

se trompe ici bas i

On voit courir après l'ombre
Tant de fous qu'on n'en sait pas,

La plupart du temps, le nombre.

Au Chien dont parle Esope, il faut les renvoyer. Ce Chien voyant sa proie en l'eau représentée,

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