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tres dans le cours de leur prédication. Ce ne fut qu'après avoir annoncé l'Evangile dans la Judée, qu'ils se répandirent dans les autres pays. Et nous voyons même par les actes des apôtres, que dans les diverses villes que parcouroient ces saints personnages, ils commençoient par prêcher Jésus-Christ dans les synagogues. Nous en avons un témoignage formel dans ce que disent S. Paul et S. Barnabé aux juifs d'Antioche de Pisidie. Notre devoir étoit de vous porter d'abord la parole de Dieu; mais puisque vous la rejetez et que vous vous déclarez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, nous allons nous retourner vers les nations. Car c'est ainsi que Dieu nous l'a commandé (287). Quand Jésus-Christ dit à la chananéenne qu'il a été envoyé vers les brebis perdues de la maison d'Israël, son objet est évidemment d'éprouver la foi de cette femme. Il exclut si peu de ses bienfaits les samaritains et les gentils, qu'il accorde à cette étrangère ce qu'elle lui demande; qu'ailleurs il convertit une samaritaine et toute la ville de Sichar;

que dans un autre endroit encore il guérit le serviteur d'un centurion qui croit en lui ainsi que toute sa maison. JésusChrist donne la préférence aux juifs : il ne donne pas l'exclusion aux autres.

En troisième lieu, la loi que JésusChrist a donnée à toutes les nations est une loi nouvelle différente de celle de Moyse, et il est bon d'expliquer en quoi consiste cette différence. Ce n'est pas la partie dogmatique et morale de la loi qu'il abolit; au contraire il la confirme, l'éclaircit, la développe, la fixe, la purge des fausses traditions qui l'avoient altérée, la corrobore par des préceptes nouveaux dont le but est de la faire plus exactement observer, C'est la loi cérémonielle qu'il anéantit parce que son objet l'étoit. Plusieurs rits, tels que la circoncision, avoient pour but de séparer le peuple de Dieu des autres peuples et d'en faire une nation particulière. Ceux-là devenoient inutiles, dès que toutes les nations étoient appelées à être désormais le peuple de Dieu. D'autres étoient figuratifs, les divers sacrifices, par exemple, étoient ins

titués pour figurer le sacrifice unique, qui réunit tous leurs effets, de la loi nouvelle. La figure n'avoit plus lieu dès que la réalité étoit arrivée. Quantà la partie civile de la loi mosaïque, Jésus-Christ ne l'a pas abrogée pour les juifs. Ils ont continué d'y rester soumis jusqu'à la dissolution de leur république. Il ne l'a pas imposée aux chrétiens. Il a déclaré au contraire que tout l'ordre civil étoit étranger à sa mission; et il n'a donné sur cet objet d'autre précepte que celui de la soumission aux loix des différens pays.

V. Ce que je viens d'exposer répond à une objection que nous font nos adversaires, que Jésus-Christ lui-même a déclaré, non pour détruire, mais pour accomplir la loi et les prophètes (288). 11 suffit de lire tout son discours sur la montagne, d'où est tiré ce passage, pour voir que c'est uniquement de la loi morale qu'il parle. Il n'y est nulle part question des cérémonies judaïques. Jésus-Christ dit que loin de détruire cette loi sainte, ces préceptes moraux, il les accomplit fidellement. On peut

aussi donner à ses paroles un autre sens et dire qu'il a accompli toute la loi, parce qu'il en a réalisé les figures, tous les prophètes, parce qu'il a effectué leurs divers oracles.

VI. « Mais les juifs nous font sur » ce sujet une difficulté plus impor» tante, que les incrédules, selon leur » usage, copient d'après eux fidelle» ment. Ils disent qu'à leur loi étoit promise une éternelle perpétuité et qu'elle ne devoit jamais être abrogée. >> Ils citent pour le prouver divers pas»sages (289). Il n'y a peut-être pas,

>>

ajoutent-ils, de principe plus souvent » répété dans les livres de la loi, que celui de son indestructibilité et de son » éternelle permanence ».

Cette objection seroit véritablement très-forte, si ces mots éternellement, perpétuellement devoient être toujours entendus dans le sens le plus strict; et si, dans le langage de l'écriture, ils signifioient toujours l'éternité proprement dite. Mais si nous voyons souvent ces expressions in æternum, in sempiternum, employées dans les livres saints

:

pour signifier un temps très-long, un temps indéfini, quelquefois même un temps fini qui doit durer autant qu'un certain ordre de choses, la difficulté, qui ne porte que sur le sens strict de ces mots, tombe absolument et est nulle. Or nous voyons dans un grand nombre de textes de la sainte écriture le mot éternité employé dans ce sens restreint et impropre. Contentons-nous d'en citer quelques exemples pris entre une multitude d'autres. Quand Dicu promet à Abraham de lui donner la terre de Chanaan en propriété éternelle (290), il n'entend pas que sa postérité ne cessera jamais d'en jouir, puisque depuis plus de dix-sept cents ans elle en est dépouillée. Quand il donne aux israélites, parmi les étrangers, des serviteurs pour les transmettre éternellement par droit héréditaire à leurs descendans (291), il ne promet pas à ces serviteurs eux-mêmes une succession de descendans qui dure autant que l'éternité. Quand Josué dit que les pierres posées sur le bord du Jourdain seront un monument éternel du passage de ce fleuve (292), il ne faut

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