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visite; il est certain toutefois qu'il mit tout en usage pour rompre cette partie. (Id., Ann. gal., 1.) Ce dessein ne put être si caché que Thélémis n'en eût connoissance; il le rompit, en lui représentant le péril où il s'exposoit. (Id., Amours des grands hommes, Alcib.) Quand Assuérus, surpris par les artifices d'Aman, voulut exterminer tout le peuple juif, Dieu rompit ce dessein impie. (Boss., Polit., vi, 3.)

Rompre les desseins de quelqu'un est encore d'un usage habituel, comme rompre les mesures.

Pour rompre les malheurs dont le péril vous presse

Il est beau que Persée épouse la princesse,

L'Etat à cet hymen se doit intéresser. (TH. CORN., Pers. et Démétr., III, 3.)
Mais, comme je vois trop que rien n'est plus capable
D'arracher l'innocent aux fureurs du coupable,
Il faut rompre un péril qui, jusqu'ici douteux,
Pourroit se rendre, enfin, funeste à tous les deux.
Mais pour leur sûreté je ne saurois moins faire
Que garder un pouvoir qui rompe sa colère.

Si pour vous en secret mon cœur toujours propice
Suffit de leur courroux à rompre l'injustice,
Quelques maux qui sur vous semblent près d'éclater,
Vous me connoissez trop pour en rien redouter.
J'ai vu l'impératrice, et cru que ses avis
Pour rompre l'attentat devoient être suivis.

(Id., ibid., v, 4.)

(Théod., IV, 8.)

(Id., Maxim., 11, 4.)

(Id., ibid., Iv, 4.)

Dans la pensée que le marquis n'aura aucune répugnance à m'épouser, je ne puis souffrir qu'il pense à une autre. Rompez ce malheur, je vous en prie. Il y va de ce que je puis avoir de plus cher, puisqu'il y va de tout mon repos. (Visé et TH. CORN., La Devineresse, 11, 1.)

Dans tous ces exemples, c'est toujours le même sens d'empêcher, de prévenir.

Signalons encore la phrase suivante comme analogue, quoique plus particulière :

Tout ce qu'il put mettre en œuvre n'alla pourtant qu'à rompre un refus. (SAINTSIMON, Mém., t. 1, c. 3.)

On a dit aussi rompre que, pour signifier empêcher que :

Rompit ses hommes, que ilz ne occissent Saul.

(Hist. de David, Tresor des neuf preux, p. 36, col. 2.) Les gardes se mirent entre deux pour rompre que nulle poursuitte ne se fist. (OLIV. DE LA MARCHE, Mém., 1, 14.)

ROMPRE se trouve également chez Corneille dans l'acception de faire cesser, mettre fin à :

(La Pl. Roy., v, 6.)

Je t'ai voulu sur l'heure apprendre cet amour,
Pour te tirer de peine, et rompre ta colère.
Devant ce que je dois au secours de ses armes,
Rompre son mauvais sort, c'est épargner nos larmes. (La Tois, d'or, 111,3.)

Et les races futures

Comptant notre hyménée entre vos aventures,

Vanteront à jamais mon amour généreux

Qui d'un si grand héros rompt le sort malheureux.

(Méd., 11, 5.)

Ces emplois sont très-poétiques, comme celui-ci de Racine :

O Christ, ô soleil de justice,

De nos cœurs endurcis romps l'assoupissement.

(Hymne.)

ROMPRE (SE), fig. UN ORDRE QUI JAMAIS NE SE ROMPT, un ordre invariable:

C'est un ordre des dieux, qui jamais ne se rompt,

De nous vendre bien cher les grands biens qu'ils nous font. (Cin., 11, 1.)

ROUGEUR, fig., avec un régime :

Je l'aime, et lui dois trop, pour jeter sur son front
L'éternelle rougeur d'un si mortel affront.

(Tite et Bér., 2.)

ROUGIR, act., faire rougir. ME ROUGIT DE COLÈRE, me fait rougir de colère :

Mais votre aspect m'emporte à d'autres sentiments,
Dont je ne puis cacher les justes mouvements;
Ce teint pâle à tous deux me rougit de colère,
Et vouloir m'adoucir, c'est vouloir me déplaire.

(Clit., m, 1.)

D'autres éditions portent m'enflamme au lieu de me rougit.

ROUGIR, neutr., au sens propre :

Songe aux fleuves de sang où ton bras s'est baigné,
De combien ont rougi les champs de Macédoine,
Combien en a versé la défaite d'Antoine.

On a dit de même avant Corneille :

Et ce pendant, ton œil affamé se paissoit

De voir obstinément le lieu qui rougissoit

Tout à l'entour, de ceux desquels ta main meurdriere

(Cin., IV, 3.)

Avoit tiré du sang une large riviere. (TAHUREAU, Poés., à P. de Pascal.) L'air rougit d'éclairs ardens, la raieur au ciel s'en allume. (J. DE BAIF, Poem., 1. 11, L'Hippocrene, Œuv., t. 1, p. 39, ro.)

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Le latin employait de même volvere pour dire, rouler dans son

esprit Volvere multa secum. (SALL., Jug.)

ROYAUME. LE ROYAUME DU CODE, pour dire les écoles de

droit:

Ne vois-tu rien en moi qui sente l'écolier?
Comme il est malaisé qu'au royaume du code
On apprenne à se faire un visage à la mode,
J'ai lieu d'appréhender...

(Le Ment., 1, 1.)

RUDESSE. VOIR QUELQU'UN D'UN 'OEIL DE RUDESSE, à peu près comme on dit voir d'un mauvais œil :

Quel plaisir aura-t-il auprès de sa maîtresse,
Si mon fils ne l'y voit que d'un œil de rudesse,
Si sa mauvaise humeur ne daigne lui parler,
Ou ne lui parle enfin que pour le quereller?

(La Veuve, 111, 5.)

Cette locution paraît singulière, et nous n'en avons pas trouvé d'exemple.

-RUDESSE, employé avec le pluriel dans le style noble :

Reprends, reprends, Jason, tes premières rudesses, Leur coup m'est bien plus doux que tes fausses tendresses. (La Tois. d'or, 111, 3.) RUINE. PRENDRE UN CHEMIN POUR SA RUINE, pour se perdre, pour sa perte:

Quel chemin Exupére a pris pour sa ruine!

(Héracl., v, 7.)

Expression qui ne nous paraît pas barbare, comme l'a jugée Voltaire.

RUISSEAU. Bel emploi au figuré :

Et combien de ruisseaux coulèrent de mes yeux!
Sa vie à longs ruisseaux se répand sur le sable.
Chaque instant l'affoiblit, et chaque effort l'accable.

(Hor., 1, 1.)

(All., v, 6.)

S

SACRIFICE. FAIRE SACRIFICE, comme sacrifier :

Et je n'ai pas moins qu'elle à rougir d'un supplice
Qui profane l'autel où j'ai fait sacrifice.

SAIGNANT, comme sanglant:

Ma main, saignante encor du meurtre de Pélie,
Soulevoit contre moi toute la Thessalie.

(Theod., 111, 5.)

(Méd., 11, 2.)

SAIN, raisonnable, en parlant d'un mouvement de l'âme, d'un sentiment:

Un cloître désormais bornera mes desseins:
C'est là que je prendrai des mouvements plus sains.
SAIN, sensé, en parlant de raison :

Suis, suis dorénavant de plus saines raisons.
SAINEMENT, justement, selon la raison :

(La Pl. Roy., v, 7.)

(La Pl. Roy., iv, 8.)

Parlez plus sainement de vos maux et des miens.
SAISIR, comme se saisir, s'emparer de, occuper :

Enyoyez des soldats à chaque coin des rues;
Saisissez l'Hippodrome avec ses avenues.

Nous saisissons la porte, et les gardes se rendent.

(Hor., 111, 4.)

(Héracl., 111, 4.) (Ibid., v, 7.)

Encores falut-il de ce petit nombre saisir la ville, dans laquelle il y avoit un assez grand peuple. (D'AUBIGNÉ, Hist. univ., 1. iv, c. vi, 1re éd.)- Il avoit fait une incroyable diligence pour faire le tour d'une montagne presque inaccessible, dont les alliés avoient saisi presque tous les passages. (FENELON, Télém., 1. xvi.)

SAISIR QUELQU'UN DE QUELQUE CHOSE, le mettre en possession, lui procurer la possession de quelque chose. Corneille . aimait cet emploi :

Officieux ami d'un amant déplorable,

(La Pl. Roy., 1, 4.)

Que tu m'offres en vain cet objet adorable!
Qu'en vain de m'en saisir ton adresse entreprend!
Ce que tu m'as donné, Doraste le surprend.
Mes exemples un jour ayant fait place aux vôtres,
Ce que je vous apprends, vous l'apprendrez à d'autres;
Et ceux qu'aura ma mort saisis de mon emploi
S'instruiront contre vous, comme vous contre moi.
Vous régnez en ma place, et les dieux l'ont souffert;
Je dis plus, ils vous ont saisi de ma couronne :
Je n'en murmure point, comme eux je vous la donne.

(Sert., 11, 2.)

(OEd., 11, 1.)

Cette signification est propre au langage de la jurisprudence. Voltaire en a fait la juste remarque à propos d'un autre passage:

Sans doute il jugeroit de la sœur et du frère,
Suivant le testament du feu roi votre père,

Son hôte et son ami, qui l'en voulut saisir.

(Pomp. 1, 2.)

<< Qui l'en voulut saisir, » dit le commentateur, est un terme de chicane. Ma partie est saisie de ce testament. On a saisi ma partie de ces pièces. »

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SE SAISIR DE..., se mettre soi-même en possession de :

Elle ne s'y fait pas, madame, un grand effort,
Et feroit grâce entière à mon peu de mérite,

Si votre âme avec elle étoit assez d'accord
Pour se vouloir saisir de ce qu'elle vous quitte.

Vous vous saisissez par vos mains
De plus que votre récompense.

SE SAISIR, pour être saisi :

Ne t'étonne donc point de cette jalousie,
Dont à ce froid abord mon âme s'est saisie.

On a dit d'une manière analogue:

Mon âme à ce rapport de douleur s'est saisie.

(Agés., 1, 3.)

(Ibid., 111, 1.)

(Soph., 11, 2.)

(TH. CORN., Les Engagements du hasard, v,

Le beau vous touche, et ne seriez d'humeur
A vous saisir pour une baliverne.

2.)

(RACINE, Épigr., sur la Judith de Boyer. )

La dernière édition de l'Académie dit que se saisir s'emploie dans le sens d'être frappé subitement, d'être touché de plaisir, pénétré de douleur, mais qu'il vieillit.

SAISON. IL N'EST SAISON QUE DE, suivi d'un infinitif, la circonstance ne permet que de :

(OEd., 11, 9.)

Seigneur, il n'est saison que de verser des larmes.
Corneille dit aussi, IL EST SAISON DE, pour il est temps de:

Adieu, je prendrai soin demain de votre affaire,

Il est saison pour vous de voir votre lingère.

(Suite du Ment., iv, 7.)

Cette locution est moins particulière que la précédente.

IL N'EST PAS SAISON DE, il n'est pas temps de :

Quittez ces contre-temps de froide raillerie.

D. MANR. Il n'en est pas saison quand il faut qu'on vous prie. (D. Sanche, 1, 4.)

EN EST-IL SAISON? en est-il temps?

Si vous m'aviez parlé comme vous me parlez,
Vous auriez obtenu le bien que vous voulez.
Mais en est-il saison au jour d'une conquête

Qui doit faire tomber mon trône, ou votre tête? (La Tois. d'or, 11, 1.)

SAISON, avec le pluriel, pour circonstances:

Et qui veut être juste en de telles saisons

Balance le pouvoir et non pas les raisons.

(Pomp., 1, 1.)

En de telles saisons a été critiqué comme une expression lâche et vicieuse.

Corneille a dit encore dans un sens analogue, avec le singulier:

Vous n'y pouviez venir en meilleure saison.

(Méd., I, 1.)

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