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CHAPITRE PREMIER.

PARTAGE DES TERRES.

ཆོ

La jouissance de la terre appartient primitivement à l'homme, en général; et j'emploie ici le mot jouissance, au lieu du mot plus absolu de propriété, attendu, comme l'a dit le sage, que nous appartenons plutôt au sol que nous sommes obligés de travailler sans cesse, et dont le sein s'apprête à nous recevoir, que le sol ne nous appartient à nous-mêmes *.

Après avoir reconnu que la terre, comme corps céleste, est une dépendance de l'Etre universel, qui nous y accorde une bienveillante hospitalité, et que le sol de l'État est le patrimoine du tout national, ou d'Israël, Moïse

(v, 9).

* Le roi est asservi au champ, dit l'Ecclésiaste (v,

consacre de nouveau l'égalité positive devant Dieu et devant la loi, en dictant cet ordre :

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Quand vous serez en possession de la terrepromise, vous la partagerez au sort, par familles et par tribus, de manière qu'on en donne une plus grande portion à ceux qui seront en plus grand nombre, et une moindre à ceux qui seront moins nombreux 6. >>

Or quelle plus forte preuve de la vérité des principes sur les fonctions publiques, que j'ai déjà considérées, quelles qu'elles fussent, comme des qualités secondaires attachées à la qualité parfaite de citoyen! La terre-promise est partagée selon le nombre des personnes, sans distinction d'officiers civils, de chefs, de juges, de sénateurs, quoique ces fonctionnaires fussent depuis long-temps institués.

Bien plus; l'étranger lui-même, uni aux Hébreux, aura son égale portion. « Alors, dit le prophète Ezechiel, vous partagerez de nouveau le pays selon vos tribus, et vous donnerez leur part aux étrangers qui habitent parmi vous, comme à vos frères;....... que l'étranger, surtout, soit auprès de vous comme celui qui est né des enfans d'Israël : assignez-lui sa portion dans la tribu où il demeure; ainsi le dit Jéhovah notre Dieu 7. >>

Il fut convenu que chaque tribu choisirait un

homme de confiance, qui, réunis au prince d'Israël et au pontife, procéderaient à la répartition des lots, sous les yeux de toute l'assemblée.

Mais avant de passer le Jourdain, deux tribus, qui conduisaient de nombreux troupeaux, celles de Ruben et de Gad, demandèrent qu'on les mit en possession des pays de Jaser et de Galaad, fertiles en pâturages. Moïse, et les anciens cédèrent à leurs voeux, et leur adjoignirent la moitié de la tribu de Manassé, sous la condition formelle qu'elles laisseraient leurs familles et leurs troupeaux en -deçà du fleuve, et qu'elles marcheraient en armes à la tête même de leurs frères, pour ne retourner dans leurs foyers qu'après le partage définitif de la terre à conquérir.

Là, les enfans de Juda et de Joseph, en récompense de leurs efforts, furent les premiers à recevoir leur héritage. Mais cette manière de procéder, sans connaître l'étendue exacte du sol à partager, parut bientôt des plus vicieuses : Josué invita l'assemblée du peuple à choisir dans chaque tribu trois hommes habiles, qui seraient chargés de parcourir le pays en tous les sens, d'en tracer le plan, et de le diviser en portions, dans lesquelles on tâcherait de compenser la plus ou moins grande fertilité da sol par son étendue.

Au retour de ces envoyés, les anciens ayant comparé les divisions tracées aux lots déjà accordés, retranchèrent de Juda une partie qui fut donnée à Siméon; puis ils tirèrent au sort, sous le rapport de la position, les sept lots restans, qui furent agrandis ou resserrés, selon la population des tribus auxquelles ils échurent.

En allant du midi au nord, la première tribu était celle de Siméon, qui touchait à l'Idumée. Le bourg de Beersabée, ou puits`du serment, ainsi nommé à cause de l'alliance qu'avaient conclue Abraham et Isaac avec un chef des Philistins, se trouvait dans ses limites; il marquait l'extrémité méridionale de la république, comme le bourg de Dan, situé dans la tribu de Nephtali, marquait le point septentrional; c'est pourquoi l'on disait : depuis Dan jusqu'à Beersabée, pour indiquer tout le pays. La seconde tribu, celle de Juda, était limitrophe au nord des tribus de Benjamin et de Dan; à l'orient du lac Asphaltide, ou mer Morte, à l'occident du pays des Philistins : elle renfermait entre autres villes Hébron, Engaddi et Bethléem, patrie de David. La tribu de Benjamin était bornée à l'orient par le Jourdain, et à l'occident par la tribu de Dan qui s'étendait jusqu'à la mer : l'une avait dans son sein Jérusalem, bâtie sur un terrain rocailleux, Guilgal, Rama, Gabaon, Jéricho;

l'autre Emmaüs, Modin et Joppé, aujourd'hui Jaffa. Venaient ensuite la tribu d'Ephraïm, étendue du Jourdain à la mer, où sont Sichem et Silo; la demi-tribu de Manassé qui touche au nord le mont Carmel; la tribu d'Issachar; celle de Zabulon, remarquable par le mont Thabor, Nazareth, Cana; la tribu d'Azer longeant la mer à l'occident, et bornée à l'orient par la tribu de Nephtali qui avait pour limite le mont Liban. Enfin, les tribus en-deçà du Jourdain sur la rive orientale, étaient, comme je l'ai dit, Ruben, Gad et l'autre demi-tribu de Manassé 1o.

ΙΟ

Après la conquête successive des diverses provinces, chaque tribu répétant ce qui avait été fait pour tout le peuple, devait diviser ses terres par grandes familles ou cantons, et les subdiviser en portions applicables aux citoyens **

N'est-il pas éminemment juste l'esprit qui

dicta ces mesures? Et tout en reconnaissant combien leur opération dut être incomplète, n'est-ce pas une chose remarquable, que les

* Hécatée d'Abdère élève à trois millions d'aroures les terres fertiles de la Judée proprement dite (Josèphe, contre Appion, liv. I, chap 8). Nous avons déjà vu que l'aroure était un carré de cinquante-deux mètres environ de cóté. Fleury, estimant à cinq degrés en carré tout le pays d'Israël, en conclut qu'il renfermait, y compris les lacs et les déserts, près de quinze millions d'arpens en surface.

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