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S'il vous y survient quelque affaire,
Employez-moi; car mes parents
Y tiennent tous les premiers rangs:
Un mien cousin est Juge-Maire.
Le Dauphin dit : bien grand merci :
Et le Pyrée (4) a part aussi
A l'honneur de votre présence?
Vous le voyez souvent, je pense ?

-

Tous les jours: il est mon ami;
C'est une vieille connoissance.
Notre Magot prit, pour ce coup,
Le nom d'un port pour un nom d'homme.

De telles gens il est beaucoup,

Qui prendroient Vaugirard pour Rome;
Et qui, caquetant au plus dru,

Parlent de tout,

et n'ont rien vu.

Le Dauphin rit, tourne la tête;

Et le Mâgot considéré,

Il s'apperçoit qu'il n'a tiré

Du fond des eaux rien qu'une bête:
Il l'y replonge, et va trouver
Quelque homme afin de le sauver.

(Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. Benserade, fab. 116. Fables en chansons, L. III, fab. 21.-LATINS. Desbillons, L. V. fab. 13. Le Beau, Carm. pag. 36.

NOTE D'HISTOIRE NATURELLE.

LE DAUPHIN est un animal marin, qui ressemble peu à ces figures que l'on emploie dans le blazon, et à celles

que font les Sculpteurs et les Peintres, sous ce nom. Sa longueur ordinaire est de six pieds. Il a sur la tête deux ouvertures par où il respire et rejette l'eau. Ses mâchoires sont armées de petites dents pointues, dont les deux rangées s'enchâssent les unes dans les autres; sa queue est horizontale comme celle de la Baleine. Malgré ce qu'on dit de l'amour des Dauphins pour notre espèce, et de leur goût pour la musique, s'ils suivent les vaisseaux, c'est plutôt pour attraper ce que l'on jette, que par amour pour l'homme.

OBSERVATIONS DIVERSE S.

(1) Que sur la mer tous voyageurs

Menoient avec eux en voyage. On a quelque droit de s'étonner qu'un semblable pléonasme ait échappé au goût délicat et sévère de notre poète; oui sévère; car un des génies les plus faciles que la littérature française puisse vanter en est aussi un des plus

corrects.

(2) En son histoire

Pline le dit ; il le faut croire. Nous avons de Pline, surnommé l'ancien, une Histoire naturelle en 37 livres. Pline le jeune, son neveu, prévint le jugement de la postérité, en disant de cet ouvrage, qu'il étoit d'une étendue, d'une érudition infinies, et presque aussi varié que la nature elle-même. Ce qu'il a dit du Dauphiu dans cet ouvrage, un des plus précieux monumens de l'antiquité, il l'avoit pris d'Aristote, dans son Histoire naturelle des Animaux, comme le savant Gessner la observé (de Delph. Litt. D.). La Fontaine qui n'en croyoit rien, invite, avec une admirable simplicité, ses lecteurs à le croire.

(3) Ce chanteur que tant on renomme. Arion, menacé par des matelots qui en vonloient à sa vie, obtient la grace de chanter sur sa lyre. Emus par son chant, des Dauphins accourent: le musicien alors s'élance dans la mer; les poissons le reçoivent sur leur dos, et le portent au rivage. Cette histoire.est racontée par Plutarque, dans son Banquet des sept Sages, par Ovide, au IIe. Liv. de ses Fastes, d'après Hérodote.

(4) Et le Pyrée. Port d'Athènes.

FABLE VIII.

L'Homme et l'Idole de bois.

(Avant la Fontaine). ORIENTAUX. Lockman, f. 16.— Grecs. Esope, 128. Epigr. du IV. livre de l'Anthologie (*).

CERTAIN Payen chez lui gardoit un Dieu de bois (1),
De ces Dieux qui sont sourds, bien qu'ayant des oreilles.
Le Payen cependant s'en promettoit merveilles.
Il lui coûtoit autant que trois :

Ce n'étoit que vœux et qu'offrandes (2),
Sacrifices de Bœufs (3) couronnés de guirlandes.
Jamais Idole (4), quel qu'il fût,

N'avoit eu cuisine si grasse.

Sans que pour tout ce culte à son hôte il échût,
Succession, trésor, gain au jeu, nulle grace.
Bien plus, si pour un sou d'orage en quelque endroit
S'amassoit (5) d'une ou d'autre sorte,

(*) La voici traduite en vers français :

LIGIDOR attendoit une grace des Cieux.
Pour porter sa prière et pour offrir ses vœux,
Il s'adresse à Mercure: il donne son offrande.
Mais le Dieu ne pouvoit répondre à sa demande;
Car il étoit de bois. Licidor irrité,

Vous le brise en éclats pour en tirer vengeance.
Mercure ainsi culbuté;

Des entrailles du Dieu sort un trésor immense.
Le crime quelquefois a son utilité.

L'Homme en avoit sa part, et sa bourse en souffroit:
La pitance du Dieu (4) n'en étoit pas moins forte,
A la fin se fachant de n'en obtenir rien,

Il vous prend un lévier (7), met en pièces l'Idole,
Le trouve rempli d'or. Quand je t'ai fait du bien,
M'as-tu valu, dit-il, seulement une obole?
Va, sors de mon logis, cherche d'autres autels.
Tu ressembles aux naturels (8)

Malheureux, grossiers et stupides

:

On n'en peut rien tirer qu'avecque le bâton.
Plus je te remplissois, plus mes mains étoient vides:
J'ai bien fait de changer de ton.

(Depuis La Fontaine), LATINS. Le Beau, Carmina, pag. 8.

OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) Certain Payen, etc. Tout le monde connoît le mot si ingéna de La Fontaine à Racine: Avez-vous lu Baruch? Je ne sais si l'anecdote a précédé ou suivi la composition de cet apologue; toujours l'écrivain sacré auroit-il offert au poète le premier original de ces vers:

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De ces Dieux qui sont sourds, bien qu'ayant des oreilles. On chercheroit vainement ailleurs une déclamation plus éloquente contre les divinités du Paganisme, que dans le chapitre VI de ce Prophète.

(2) Ce n'étoit que vœux; dites: ce n'étoient. L'accord néces saire du nombre entre le verbe et le nominatif se trouve violé par-tout dans les auteurs du dernier siècle. Il y a encore aujourd'hui des écrivains qui ne savent pas se défendre ici de la séduction de l'exemple, ou de l'indolence de l'habitude.

(3) Sacrifices de bœufs. Une religion plus sublime, parce que seule elle émane de Dieu, a appris aux hommes que le sacrifice des victimes sanglantes étoit indifférent à la Divinité. «Le sacrifice

que Dieu demande, est un cœur contrit et humilié ». Ce sont là les oracles dont Racine a recueilli l'esprit dans ces beaux vers:

Quel fruit me revient-il de tous vos sacrifices?
Ai-je besoin du sang des boucs et des génisses...?
Du milieu de mon Peuple exterminez les crimes;
Et vous viendrez alors m'immoler vos victimes.

`(Athalie, Act. I. sc. 1.)

(4) Jamais Idole, quel qu'il fûtt. Idole est plus communément féminin:

Jusques à quand, trompeuse Idole.

(J. B. Rousseau, Ode à la Fortune.)

P. Corneille l'a fait pourtant masculin dans ces beaux vers :

"

Et Pison ne sera qu'un Idole sacré

Qu'ils tiendront sur l'autel pour répondre à leur gré.

l'a

« L'étymologie, observe un critique, favorise cette dernière opinion; mais l'usage, qui est l'arbitre souverain des langues, fixé au féminin ». (Ménage. Observ. sur Malherbe, p. 368.)

(5) Si pour un sou d'orage .... s'amassoit. Où est le nominatif du verbe s'amassoit? Dira-t-on que la préposition pour puisse en tenir lieu? Non. Cette construction eût été vicieus même chez les Grecs: au défaut d'un nominatif direct, ils n' mettent jamais leur article To.

(6) La pitance du Dieu. On ne se fait pas à cet étrange amalgame d'expressions triviales avec ce qu'il y a de plus auguste; avec ce mot toujours respectable, alors même qu'il est dénatu. é par la superstition, comme le caractère sacré de la royauté mérite encore des hommages même sur le front de l'usurpateur; cc mot, enfin, que Newton n'entendit proférer jamais sans se découvrir la tête par respect.

(7) Il vous prend un lévier, met en pièces, etc. On soulève, on ne brise pas avec le lévier.

(8) Tu ressembles aux naturels, ́etc. Et c'est là la morale de la fable! Qu'il faille ainsi traiter son esclave, ce seroit déjà un problême: mais son égal ou son supérieur! certes, une telle dévotion seroit un peu brutale. Il y a dans cette fable un air profane qui pourroit être d'un dangereux exemple. Voyez ce que dit Plutarque

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