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qui s'appelloient les Apostoliques, et qui nyoient le purgatoire; il y a cinq cens ans que les Petrobusiens escartoient cest article de leur creance, comme l'escrit sainct Bernard, sermons 65 et 66, In Cant., et en l'ep. 241, et Pierre de Cluny, ep. 1 et 2, et ailleurs, cite ceste mesme opinion des Petrobusiens, qui fut suivie par les Vaudois, environ l'an 1170, comme l'a observé Guidoz en sa Somme. Quelques Grecs furent soupçonnez de ceste erreur, de quoy, neantmoins, ils se justifierent au Concile de Florence, et encore en leur Apologie, presentée au Concile de Basle; enfin, Luther, Zuingle Calvin, et ceux de leur party, ont du tout nyé et tronqué de leur reforme la verité du purgatoire; car quoyque Luther in disputatione lipsica, dit qu'il croyoit tres-fermement, et sçavoit tresasseurement qu'il y avoit un purgatoire, si est-ce que par apres il s'en est dedit au livre De abroganda missa privata. Certes, c'est l'ordinaire de toutes les factions de nostre aage, de se mocquer du purgatoire, et de mespriser les prieres qui se font pour les trespassez; mais l'Eglise catholique s'est opposée vivement à tous ces ennemys, chascun en son tems. Elle a l'Escriture saincte en main, de laquelle nos devanciers ont tiré plusieurs belles preuves: car elles nous apprennent que les aumosnes, les prieres et autres sainctes actions peuvent souslager les deffuncts; d'où s'ensuit qu'il y a un purgatoire, estant vray que les ames des damnez ne peuvent recevoir aucun secours en leurs peynes, et que les sauvez d'autre part, estant bien-heureux, nous ne pouvons employer du nostre aucune chose pour ceux qui sont glorieux au ciel: reste que cela soit pour ceux qui sont en un troisiesme lieu, que nous appellons purgatoire; les Escritures nous apprennent encore qu'en l'autre monde, quelques deffuncts ne sont pas entierement deslivrez des peynes qui sont deuës à leurs pechez, ce qui ne se pouvant faire ny en enfer, ny en paradts, il s'ensuit qu'il y a un purgatoire ; de plus, elles nous apprennent encore que plusieurs ames, avant que d'arriver en paradis, doivent passer par un lieu de peyne, qui ne peut estre que le purgatoire; davantage elles preuvent que les ames de quelques-uns sont tirées d'un lieu, d'où elles vont rendre honneur et reverence à Nostre Seigneur : ce qui marque necessairement le purgatoire, puisque cela ne se peut dire de ces pauvres miserables qui sont en enfer; enfin, l'Escriture nous fournit plusieurs autres passages, d'où l'on tire des consequences, toutes neantmoins bien à propos; et en cecy l'on doit d'autant plus deferer à nos docteurs que les mesmes argumens, qu'ils alleguent maintenant, ont esté apportez à mesme subjet par nos anciens Peres et devanciers, qui, pour deffendre la verité de l'article du purgatoire ne sont point allez forger de nouvelles interpretations; ce qui monstre assez la candeur avec laquelle nous cheminons et allons en besongne, là où nos accusateurs à credit tirent des consequences de l'Escriture, qui n'ont jamais esté pensées cy-devant, et qui sont mises tout de nouveau en œuvre, pour seulement combattre l'authorité de l'Eglise. Voicy donc, Messieurs, nos raysons, que nous allons ranger en ordre : Premierement, nous cotterons les textes de l'Escriture. Secondement, les saincts Conciles. Troisiesmement, les Peres du plus grand credit; apres nous accorderons ces raysons entre elles-mesmes;

enfin nous examinerons les argumens du party contraire, et nous en monstrerons le peu de valeur; ainsi nous conclurons pour la croyance de l'Eglise catholique, et il ne restera à nos adversaires que l'aveuglement de leur passion, à qui nous souhaictons la grace de penser attentivement au merite et à l'excellence de nos preuves, et les jetter aux pieds de la Bonté divine, pour qu'ils luy puissent dire en toute humilité avec David: Da mihi intellectum, et scrutabor legem tuam, et custodiam illam in toto corde meo. S'ils le font, je ne doubte point qu'ils reviennent au giron de leur mere l'Eglise catholique.

DISCOURS LXXV.

Texte de la saincte Escriture, où il est parlé du tems, du lieu et des peynes de la purgation des ames apres ceste vie.

R ESPONDEZ, Messieurs, si vous le pouvez, voicy le premier argument, et il est invincible. S'il est vray qu'il y a un lieu de purgation pour les ames apres ceste vie mortelle, il s'ensuit avec certitude qu'il y a un purgatoire, puisque l'enfer ne peut recevoir aucune purgation, et que le paradis ne peut recevoir aucune chose qui ayt besoin de purgation or, qu'il y ayt un tems et un lieu de purgation apres ceste vie, voicy la preuve de l'Escriture:

1. Au psalme 65: Transivimus per ignem et aquam, et eduxisti nos in refrigerium; ce lieu est interpreté de la peyne du purgatoire par Origene, homel. 25 sur les Nombres; par sainct Ambroise sur le psalme 36 et au serm. 3 sur le psalme 115, où il expose par l'eau, le baptesme; et par le feu, le purgatoire.

2. Én Isaye, au 4e chapitre : Purgavit Dominus sordes filiorum et filiarum Sion, et sanguinem emundavit de medio eorum, in spiritu judicii, et combustionis. Ceste purgation faite en esprit de jugement et de bruslement, est entendue du purgatoire par sainct Augustin, au liv. 20 de la Cité de Dieu, chap. 25; et de fait, les parolles precedentes favorisent ceste interpretation, dans lesquelles il est parlé de la salvation des hommes; et encore à la fin du mesme chapitre, où il est parlé du repos des bien-heureux; donc ce qui est dit, Purgavit Dominus sordes, se doit entendre de la purgation, qui se doit faire en esprit d'ardeur et de bruslement, et ne se peut bonnement interpreter que du purgatoire et du féu pu

rifiant.

3. En Michée, au 7 chap. : Quia cecidi: consurgam, cùm sedero in tenebris Dominus lux mea est; iram Domini portabo, quoniam peccavi ei, donec causam meam judicet, et faciat judicium meum: educet me in lucem, videbo justitiam ejus. Ce lieu estoit desjà en train pour preuver le purgatoire, parmy les catholiques du tems de sainct Hierosme, il y a environ 1200 ans, ainsi que le mesme sainct le tesmoigne sur le dernier chapitre d'Isaye, là où ce qui est dit: Cùm sedero in tenebris, iram Domini portabo, donec causam meam judicet, ne se peut entendre d'aucune peyne si proprement, que de celle du purgatoire.

1. En Zacharie, c. 9: Tu autem in sanguine testamenti tui

eduristi vinctos tuos, de lacu in quo non est aqua. Ce lac duquel sont tirez ces prisonniers, n'est autre que le purgatoire, duquel Nostre Seigneur les deslivra lors de sa descente aux enfers, et cecy ne se peut entendre du lymbe où estoient les saincts Peres avant lå resurrection de Nostre Seigneur, dans le sein d'Abraham, parce que là il y avoit un lieu de consolation et d'esperance, comme l'on peut voir en sainct Luc 16. Aussi sainct Augustin, en l'epistre 99, ad Evodium, dit, que Nostre Seigneur visita ceux qui estoient tourmentez dans les enfers, c'est-à-dire dans le purgatoire, et qu'il les en deslivra; d'où s'ensuit qu'il y a un lieu où quelques fidelles sont tenus prisonniers, et duquel ils peuvent estre deslivrez.

5. En Malachie, 3e chap. : Et sedebit constans et emundans argentum, et purgabit filios Levi, et collabit eos, quasi aurum et quasi argentum, etc. Ce lieu est exposé d'une peyne purifiante par Origene: homil. 6 sur l'Erode; par sainct Ambroise sur le psal. 36; par sainct Augustin au liv. 20 de la Cité de Dieu, chap. 25; par sainct Hierosme sur ce mesme texte. Nous sçavons bien qu'ils l'entendent de la purgation qui se fera à la fin du monde par le feu, et de la conflagration generale, là où seront purgez les restes des pechez de ceux qui seront treuvez vivans; mais nous ne laissons pas d'en tirer un bon argument pour nostre purgatoire, qui doit purifier les ames avant que de ressentir l'effect de la benediction du Juge supresme pourquoy est-ce que quelques-uns de ceux qui meurent avant ce tems n'en auroient pas besoin, puisqu'il s'en peut treuver qui auront à la mort quelque reste d'imperfection? Pour vray, si le paradis ne peut recevoir aucune tache en ce tems-là, il ne le peut non plus maintenant. Sainct Irenée, à ce propos au chap. 29 du 1. 2, dit qu'en ce dernier tems l'Eglise montera dans le celeste paradis de son Espoux, et qu'il n'y aura plus de tems de purgation, parce que les fautes et pechez seront tout incontinent purgez par ce feu qui precedera le jugement universel.

6. Je laisse à part le passage du psal. 37: Domine, ne in furore tuo arguas me, neque in ira tua corripias me; lequel sainct Augustin interprete de l'enfer et du purgatoire, de sorte que, in furore argui, soit dit pour la peyne eternelle; in ira corripi, soit dit pour la peyne du purgatoire.

7. En la premiere aux Corinthiens: Dies Domini declarabit, qui in igne revelabitur: et uniuscujusque opus quale sit, ignis probabit; si cujus opus manserit, quod superædificavit, mercedem accipit; si cujus opus fuerit, detrimentum autem patitur; ipse tamen salvus erit, sic tamen quasi per ignem. On a tenu tousjours ce passage pour l'un des plus illustres et des plus difficiles de toute l'Escriture; or, dans ce texte, comme il est aysé de voir à celuy qui regardera de pres tout le chapitre, l'Apostre use de deux similitudes; la premiere, est d'un architecte qui fonde une mayson precieuse, et de matiere solide sur un roc; la seconde, est celuy qui, sur un mesme fondement, dresse une mayson de matiere non ferme, mais de matiere combustible; imaginons maintenant que le feu se mette en l'une et l'autre mayson, celle qui est de matiere solide sera hors de fortune, et l'autre sera incontinent reduitte en cendre; si l'architecte se treuve dans la premiere, il y demeurera

sain et saufve; au contraire, s'il est dans la seconde, et qu'il se veüille eschapper, il faudra qu'il se jette à corps perdu à travers le feu et la flamme, et se sauvera tellement, qu'il portera les marques de l'incendie ipse autem salvus erit, sic tamen quasi per ignem. Le fondement sous-entendu en ceste similitude, c'est Nostre Seigneur, de qui sainct Paul a dit : Ego plantavi, et ego ut sapiens architectus fundamentum posui; et puis apres: Fundamentum enim aliud nemo potest ponere, præter id quod positum est, quod est Christus Jesus. Les architectes sont les predicateurs et les docteurs de l'Evangile, comme l'on peut cognoistre en considerant attentivement les parolles de tout ce chapitre, et comme l'interpretent sainct Ambroise et Sedule, sur ce lieu; le jour du Seigneur, duquel il est parlé, s'entend de celuy du jugement, lequel, en l'Escriture a coustume d'estre appellé le jour du Seigneur; en Joël. 2: Veniet dies Domini; en Sophonie: Juxta est dies Domini; puis encore par ce qui est adjousté: Dies Domini revelabit; car c'est en ceste. journée-là que seront desclarées et manifestées toutes les actions. du monde. Enfin, quand l'Apostre dit: Qui in igne revelabitur, il monstre assez que c'est le dernier jour du jugement. En la seconde des Thessaloniciens: In revelatione Domini Nostri Jesu Christi de cælo, cum Angeli virtutes ejus in flamma ignis. Au psalme 96: Ignis ante ipsum præcedet; ce feu donc par lequel l'homme se sauve, ipse autem salvus erit, sic tamen, quasi per ignem, ne se peut entendre d'autre que du feu du purgatoire: car, quand l'Apostre dit qu'il se sauvera, il exclud le feu de l'enfer, duquel personne ne se peut jamais eschapper; et quand il adjouste, qu'il se sauvera par le feu, et qu'il parle de celuy seulement qui a sur-edifié le bois, la canne et le chausme, il monstre qu'il ne parle pas icy du feu qui precedera le jour du jugement puisque par iceluy passeront non-seulement ceux qui auront sur-edifié l'or et l'argent, mais tous les hommes qui seront alors vivans. Ceste interpretation, oultre qu'elle s'accorde tres-bien avec le texte, est encore tres-authentique, pour avoir esté suivie du commun sentiment de tous les anciens Peres. Sainct Cyprien, 1. 48, 2, semble faire allusion, pour le purgatoire, à ce passage; sainct Ambroise aussi sur ce lieu mesme; sainct Hierosme sur le 4o d'Amos; sainct Augustin sur le psal. 37; sainct Gregoire, Rupert et les autres, y sont tout clairs. Entre les Grecs, Origene, en l'homil. 6 sur l'Exode; Ecumene sur ce passage, où il allegue sainct Basile et Theodoret, exposé par sainct Thomas en l'Opuscule premier contre les Grecs. On dira peutestre qu'en ceste interpretation il y a de l'equivoque et du mal-entendu, en ce que le feu, duquel il est parlé, est prins pour le feu du purgatoire, ou pour celuy qui precedera le jour du jugement sans distinction. On respond que ceste extraordinaire façon de parler s'entend par la confrontation des textes; car voyez tout le sens de la sentence: Le jour du Seigneur sera esclairé par le feu qui le precedera, et comme ce jour sera esclairé par le feu, ainsi ce mesme jour par le jugement esclairera le prix et le merite de chaque œuvre bonne ou mauvaise; et comme chaque œuvre sera esclairée, ainsi les œuvres qui auront esté operées avec imperfection, seront examinées pour le salut par le feù du purgatoire: mais

S. François. 3

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oultre cecy, quand nous dirions que sainct Paul use diversement d'un mesme mot en un mesme passage, ce ne sera pas chose nouvelle; car il en use de ceste maniere en autres lieux, mais si proprement, que cela sert d'ornement à son langage: comme en sa seconde aux Corinthiens, c. 5, 21: Qui non noverat peccatum, pro nobis peccatum fecit, là où l'on void que le mot peccatum, dit pour la premiere fois, se prend proprement pour l'iniquité, et la seconde fois il est prins en figure pour celuy qui porte la peyne du peché. On dira encore qu'il n'est pas dit, qu'il sera sauvé par le feu, et que partant on ne peut pas conclurre le feu du purgatoire. Certes, je responds, qu'il y a de la similitude en ce passage, car l'Apostre veut signifier, que celuy duquel les œuvres ne sont pas tout à fait solides, sera sauvé, comme l'architecte qui s'eschappe du feu, ne laissant pas pour cela de passer par le feu, mais un feu d'autre calibre que n'est le feu qui brusle en ce monde. Il suffit que de ce passage on conclud ouvertement, que plusieurs de ceux qui doivent prendre possession du royaume de paradis, passeront par le feu; et celuy-cy n'est pas le feu d'enfer, ny le feu qui precedera le jugement, c'est donc le feu de purgatoire. J'advoue que le passage est difficile et mal-aysé, mais bien consideré, il nous preste la main, et fait conclusion pour nostre preuve. Voylà les lieux de l'Escriture, d'où l'on peut tirer raysonnablement, qu'apres ceste vie il y a un tems et un lieu de purgation où quelques-uns sont transferez pour se purifier : l'authorité des livres des Machabées est claire et evidente comme le jour, et c'est simplement pour eluder leur credit, que nos adversaires les rejettent, mais tres-mal à propos, comme nous l'avons monstré cy-dessus. Les livres 1 et 2'des Machabées sont justifiez au chapitre 19, contre les heretiques qui les rejettent.

DISCOURS LXXVI.

De quelques autres lieux par lesquels on preuve, en l'Escriture que la priere, l'aumosne, et les actions meritoires, servent au souslagement des deffuncts.

ONNONS un second argument que nous tirons de la saincte pa

Drolle, pour la preuve du purgatoire, et le prenons du second

livre des Machabées, au chap. 2, là où l'Escriture remarque: « Que Judas Machabee envoya en Hierusalem douze mille dragmes d'argent, pour faire offrir le sacrifice pour les morts, et apres elle adjouste Sancta ergo et salubris est cogitatio, pro defunctis exorare, ut à peccatis solvantur. Voicy nostre raysonnement: si c'est une chose saincte et profittable de prier pour les morts, il y a donc encore un tems et un lieu apres la mort pour la remission de leurs pechez; or, ce lieu ne peut estre ny l'enfer ny le paradis, c'est donc le purgatoire. Cest argument est si bien fait, si fort et si preignant, que, pour y respondre, nos adversaires ont nyé tout franc l'authoité du livre des Machabées, et le tiennent pour apocryphe; mais à la verité, ce n'est que par faute d'autre response; car ce livre a esté teneu pour authentique et pour sacré par le 3e Concile de Car

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