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prophètes

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Croyez-vous que ce soit avec des sacrifices, des oblations, des chants et des parfums, que vous plairez à notre Dieu? Non faites aimer la droiture; enseignez au peuple les lois; défendez tous les opprimés; propagez la haine de la servitude : voilà vos premiers devoirs 31. » S'ils ne les ont pas rempli ces devoirs, avec intégrité, la peine de leur faute est retombée sur eux; ils ont vu leurs autels renversés, leur patrie dévastée, et leur propre race perdue au milieu des débris

d'Israël.

Gardons-nous cependant d'être injustes à leur égard; de leur attribuer les principales fautes politiques qui ébranlèrent l'État, et surtout de faire reposer, comme on le répète chaque jour, l'emploi du mot théocratie, sur l'idée que le gouvernement fut, sinon par le droit, du moins par fait entièrement livré à leurs mains.

le

Ce n'est pas en qualité de grand-pontife que Moïse gouverna la nation; il n'était que simple lévite par sa naissance; il n'offrit des victimes qu'avant que le sacerdoce légal fût institué : c'est comme chef et législateur d'un peuple qu'il avait arraché à l'esclavage. Son successeur, Josué,' chef comme lui de la nation, appartenait à la tribu d'Ephraïm. Sous sa magistrature, le pontife Eleazar présida, de concert avec ce juge,

le

la commission des douze citoyens qui, sous les yeux des tribus, réglèrent le partage des terres, et le sacerdote Phinée, son fils, fut mis par peuple à la tête des dix députés envoyés aux hommes de Ruben et de Gad, pour leur faire des remontrances sur quelques démarches auxquelles les autres tribus avaient donné une fausse interprétation *. Hors de là, l'histoire ne parle d'eux que pour le simple service du culte; bien plus, elle ne nomme pas les sacerdotes dans l'assemblée solennelle du peuple que tint Josué vers la fin de sa vie, et où tous les fonctionnaires actifs du gouvernement sont désignés, savoir : les anciens d'Israël, les chefs des tribus, les juges proprement dits, et les officiers civils ou hommes d'autorité 32.

Les juges suprêmes qui succédèrent à Josué furent tous comme lui étrangers à la tribu de Lévi. Ce n'est que plus de trois cents ans après, et quatre siècles environ avant la fondation de Rome, que le peuple confia la judicature au pontife Héli, homme plein de douceur et d'intégrité.

Mais ne commirent-ils pas une faute capitale en réunissant sur la même tête des fonctions

Il s'agissait d'un autel élevé par les tribus fixées en - deçà du Jourdain, et qui fit croire aux autres qu'elles avaient l'intention de déserter le culte d'Israël. ( Josué xx11.)

qui, par leur nature, devaient rester séparées? Ne portèrent-ils pas une atteinte directe à la constitution de Moise qui se serait fait reconnaître lui-même grand-pontife, ou qui du moins aurait désigné pour son successeur un membre de la famille sacerdotale; Phinée fils d'Eléazar, par exemple, qui avait déjà donné des de ses talens pour la guerre?

preuves

L'essai fait sur le pontife Héli ne fut pas heureux. Après sa mort on revint à l'ordre primitif: Samuel fut revêtu de la judicature, tandis que la dignité sacerdotale resta dans la famille de son prédécesseur.

Loin de saisir les rênes de l'État, sous les rois, les sacerdotes virent le peuple abandonner fréquemment le culte dont ils étaient les ministres. Gouvernaient-ils, lorsque dans un accès de frénésie Saül se vengea d'une prétendue offense, en faisant frapper de mort le pontife Abimélec et une foule de membres de la famille sacerdotale? N'est-ce pas le juge suprême et les anciens, et non les sacerdotes, qui avaient présidé à l'élévation de ce roi? N'est-ce pas les anciens et le peuple, et non les sacerdotes, qui traitèrent avec David, qui instituèrentet oignirent Salomon, dont le premier acte fut de déposer un grand-pontife 33? Quelle place les chroniques du temps accordent-elles au pontife suprême?

I.

Elles le rangent parmi les grands-officiers du royaume 34! Quel est le but de la révolution qu'opère le pontife Joad à l'aide des chefs de l'armée et des anciens, et comment se passèrent les choses?

par

Plus de cent ans avant la fondation de Rome, Athalie fille d'Achab, roi d'Israël, et de Jézabel fille du roi de Sidon, était montée au trône de Juda le massacre des enfans de son propre fils. Un seul avait échappé à ses coups, grâce au courage de Josabeth, sœur consanguine du feu roi et femme de Jéhoiadah ou Joad. Depuis sept ans, la tyrannie de cette reine pesait sur le pays, lorsque le pontife s'entendit avec des officiers de l'armée, et les chargea de parcourir le royaume pour engager les lévites et les chefs des pères d'Israël à se réunir à Jérusalem. Toute cette assemblée jura de rendre le sceptre au rejeton du prince le plus vaillant et le plus national qu'avaient eu les Hébreux, de David. On s'arma secrètement, et au jour convenu on proclama au bruit des trompettes le nouveau roi. Athalie étonnée et furieuse se précipite sans gardes dans le temple et tombe au pouvoir de ses adversaires, en criant de toutes ses forces: Conjuration! conjuration! La perfidie à laquelle Joad a recours dans une tragédie célèbre, pour s'emparer d'elle, n'est donc qu'une fiction du

poëte. On l'entraîna et l'épée fit justice de son ambition parricide. Le texte nous montre Joad comme le généreux restaurateur des droits de la nation. Après avoir conclu une alliance avec l'armée et les anciens, il fait établir le roi par le peuple; ensuite lui-même, tout le peuple et le roi, c'est-à-dire les trois têtes qui portaient les trois couronnes d'Israël, traitent une autre alliance; ils redeviendront le peuple de Jéhovah, ils se soumettront en tout point à la loi primitive une troisième alliance est conclue entre le roi et le peuple; Joad n'accomplit rien qu'accompagné des centeniers de l'armée, des hommes les plus notables, des hommes en autorité sur le pays, et de tout le peuple du pays. Enfin, le résultat de ses efforts est de donner à toute la nation de la joie, et à la ville du repos 35. Les vers suivans de Racine, quelque sublimes qu'ils soient, se trouvent donc de beaucoup au-dessous de la vérité, en ce sens, que le texte ne se borne pas à recommander au roi de ménager le peuple; mais il montre l'importance de ce peuple lui-même par le rôle qui lui est réservé.

Bientôt ils vous diront que les plus saintes lois, Maîtresses du vil peuple, obéissent aux rois; Qu'un roi n'a d'autre frein que sa volonté même;

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