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ple, les Juifs disaient qu'il n'était pas encore temps de le rebâtir (1). Pour les y exhorter, Dieu suscite le prophète Aggée qui les y excite, en leur demandant s'il n'est pas honteux pour eux d'habiter dans des maisons lambrissées, tandis qu'ils laissaient la maison du Seigneur abandonnée; et qui les encourage la construction, en les assurant que Dieu sera avec eux, et que leur ouvrage lui sera agréable (2). Pour relever leur courage, il leur propose un dernier motif: c'est la prophétie dont il s'agit; en voici les termes: Parce que voilà ce que dit le Seigneur des armécs: Encore un peu de temps, et je remuerai le ciel et la terre; je meltrai en mouvement toutes les nations; el le désiré de toutes les nations viendra; et je remplirai cette maison de gloire, dit le Seigneur des armées. L'argent est à moi, et l'or est à moi, dit le Seigneur des armées. La gloire de cette nouvelle maison sera plus grande que celle de la première, dit le Seigneur des armées; et dans ce lieu je donnerai la paix (3).

Malachie, le dernier des prophètes, et postérieur à Aggée de près de quatre-vingts ans, a aussi une prophétie relative au même objet : Voilà que j'envoie mon unge, et il préparera la voie devant ma face. Et aussitôt viendra à son temple le dominateur que vous cherchez, et l'ange du Testament que vous désirez : voilà qu'il vient, dit le Seigneur des armées (4).

Il est évident que c'est ici une prédiction, qu'Aggée el Malachie annoncent la venue d'un personnage important; il ne s'agit que d'en faire l'application, et de montrer que ce sont des prophéties accomplies littéralement et avec toutes leurs circonstances, dans la personne de Jésus-Christ: pour le prouver, j'établis trois propositions.

1o Le personnage annoncé dans ces prophéties est le Messie.

(1) Populus iste dicit: Nondùm venit tempus doIts Domini ædificandæ, Agg. 1, 2.

(2) Et factum est verbum Domini in manu Aggæi propheta, dicens: Numquid tempus vobis est, ut habitetis in domibus laqueatis, et domus ista deserta? Agg. 1, 3, 4.

Ilec dicit Dominus exercituum: Ponite corda vestra super vias vestras; ascendite in montem, portate ligua, et ædificate domum; et acceptabilis mihi erit, et glorificabor, dicit Dominus. Ibid., 7, 8.

Et nunc confortare, Zorobabel, dicit Dominus, et confortare, Jesu, fili Josedec, sacerdos magne; et confortare, omnis populus terræ, dicit Dominus exercituum, et facite; quoniam ego vobiscum sum, dicit Dominus exercituum. Ibid., 2, 5.

(3) Quia hæc dicit Dominus exercituum: Adhuc unum modicum est, et ego commovebo cœlum et terram, et mare et aridam; et movebo omnes gentes; et veniet desideratus cunctis gentibus; et implebo domum istam gloriâ, dicit Dominus exercituuin. Meum est argentum, et meum est aurum, dicit Dominus exercituum. Magna erit gloria domûs istius novissine plus quàm primæ, dicit Dominus exercituum; et in loco isto dabo pacem, dicit Dominus exercituum. Agg. 2, 7 et seq.

(4) Ecce ego mitto angelum meum, et præparabit viam ante faciem meam ; et statim veniet ad templum suum dominator quem vos quæritis, et angelus Testamenti quem vos vultis. Ecce venit, dicit Dominus exercituum. Malach. 3, 1.

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2o Ce personnage est venu depuis longtemps. 5° Jésus-Christ seul réunit tous les caractères de la venue de ce personnage.

II. Première proposition. Le personnage annoncé par Aggée et par Malachie, est le Messie.

Ces deux prophètes présentent diverses qualités dir personnage annoncé, et diverses circonstances qui doivent accompagner sa venue, lesquelles ne peuvent convenir qu'au Messie.

1° Il est appelé par Aggée, le désiré des nations. et Malachie dit qu'il est l'objet des désirs de la nation juive. De ces deux qualifications, la première est em ployée dans plusieurs endroits de l'Écriture, pour exprimer le Messie. Nous avons vu Jacob se servir de cette expression en l'annonçant à son fils Juda; et auparavant, Dieu s'énonçait à peu près de même quand il promettait aux patriarches que dans un de lears descendants seraient bénies toutes les nations. Isaïe prédisant le Messie, le présente aussi avec ce caractère (1). La seconde désignation est, s'il est possible, plus positive encore et plus claire. Quel est le personnage que les Juifs désiraient avec ardeur, atten daient avec impatience, sinon le Messie, objet encore actuellement de tous leur vœux ?

2o Le personnage annoncé est appelé par Malachie, le dominateur, l'ange, ou, selon la force du mot, l'envoyé du Testament. Les Juifs reconnaissent si bien que ces dénominations sont propres au Messie, qu'ils emploient tous les jours dans leurs prières les expressions de cette prophétie, pour demander sa venue. Et en effet, c'est un envoyé de Dieu qui est exprimé par le mot l'ange du Testament. Or, quel autre envoyé divin que le Messie peut être appelé le dominateur par excellence, le dominateur désiré?

3o A l'arrivée de ce personnage, Dieu mettra en mouvement le ciel et la terre, et agitera toutes les nations. Il est assez souvent fait mention dans l'Écriture de cet ébranlement, soit du monde, soit des nations; et c'est toujours pour annoncer des prodiges extraordinaires et des événements de la plus haute importance. A quel autre qu'au Messie de si magnifiques expressions peuvent-elles convenir? Quel autre. pourra soulever l'univers, et mettre en mouvement toutes les nations, que celui qui, selon les autres prophéties et toutes les traditions des Juifs, doit réunir à lui les nations et les soumettre à sa loi ?

4o Le dominateur souhaité, cet ange du Testament, ce désiré des nations, cet homme dont la venue mettra l'univers en mouvement, doit venir dans son temple. De qui pourrait-on dire que le temple est le sien, sinon du personnage le plus considérable qui puisse exister?

5° En conséquence de ces événements, Dieu remplira ce second temple de gloire, et cette gloire l'emportera sur celle du premier. Je dis que c'est une conséquence de la présence du Messie dans ce second

(1) In die illà radix Jesse, qui stat in signum popu lorum. Is. 11, 10.

Legem ejus insule expectabunt. Ibid., 42, 4.

temple. D'abord, la suite du texte paraît l'indiquer, puisque c'est immédiatement après avoir dit que le désiré des nations viendra, que le prophète ajoute que le temple sera rempli de gloire. Ensuite, il est certain qu'à tous les autres égards, le temple de Salomon l'emportait de beaucoup sur celui de Zorobabel; il manquait à celui-ci beaucoup de choses qui relevaient l'éclat et la gloire de l'autre. L'arche d'alliance, la verge d'Aaron, l'urim et le tummim, les tables de la loi n'y étaient pas. Il n'était pas d'ailleurs, à beaucoup près, décoré avec la même magnificence. Nous en avons la preuve au premier livre d'Esdras, où nous lisons que les anciens qui avaient vu l'ancien temple, pleuraient en contemplant le nouveau (1). Les Juifs d'ailleurs en conviennent, et l'un d'eux dit que le temple de Salomon était autant au-dessus de celui de Zorobabel, que le soleil est au-dessus de la lune. Mais quelques-uns d'entre eux, pour détourner l'application de cette prophétie à l'apparition du Messie dans le temple, ont avancé qu'Aggée, parlant prophétiquement, avait annoncé les embellissements dont Hérode devait un jour orner le temple. Mais d'abord, il n'est pas vrai que, même avec les décorations ajoutées par Hérode, le nouveau temple égalât la magnificence avec laquelle l'avait construit Salomon. De plus, ce qui manquait de choses saintes à ce temple, pouvait-il, aux yeux d'un prophète, être balancé par une décoration extérieure? Ce n'est point par ces vains embellissements que Dieu remplit de gloire un temple; et ce qui est ajouté au nom de Dieu, que l'or et l'argent sont à lui, achève de montrer que ce n'est pas de l'éclat des choses précieuses qu'on y verra, que le temple tirera sa splendeur.

6 Il est dit qu'en ce temps Dieu donnera la paix dans son temple; et c'est encore un caractère donné au Messie, qu'il doit apporter avec lui la paix. J'aurai occasion de prouver cette vérité par plusieurs textes des prophètes qui présentent le Messie comme un dominateur pacifique (1). Je ne les rapporte pas ici pour éviter les répétitions. Quelques Rabbins ont cru expliquer cette prophétie à l'avantage de leur système, en disant que c'est au temple lui-même que Dieu promet la paix. Mais, outre que cette interprétation n'est nullement fondée sur les paroles du prophète, et fait manifestement violence au texte sacré, elle est contraire aux faits, puisque ce temple fut profané plusieurs fois, spécialement par Antiochus et par Pompée.

Il est donc certain en premier lieu, contre les Juifs, que ces deux prophéties annoncent le Messie, et que les efforts de quelques-uns d'entre eux pour les déourner à un autre objet sont inefficaces.

III. Seconde proposition. Le personnage annoncé dans ces prophéties, lequel est le Messie, est venu depuis longtemps.

(4) Plurimi etiam de sacerdotibus et levitis, et principes patrum, et seniores, qui viderant templum prius cum fundatum esset, et hoc templum in oculis eorum, flebant voce magnâ, 1 Esdr. 3, 12. (2) Voyez ci-dessous, art. 7, n. 7.

Les deux prophètes déclarent positivement que le désiré des nations, le dominateur souhaité par les Juifs. viendra dans le temple qui se bâtissait du temps de l'un, et qui venait d'être reconstruit du temps de l'autre; il devait donc paraitre pendant la durée de ce temple. Or, depuis plus de dix sept cents ans ce temple est détruit. Il est donc évident que, selon la teneur de ces prophéties, il y a plus de dix-sept siècles que le personnage prédit, lequel, ainsi que nous l'avons prouvé, est le Messie, a paru dans le monde.

IV. Cette simple, mais claire démonstration a beaucoup embarrassé les Rabbins; la plupart d'entre «eux, forcés de reconnaitre que les prédictions d'Aggée et de Malachie sont des prophéties du « Messie, disent que ce n'est pas dans le second temple << bâti par Zorobabel que le Messie doit venir, que c'est dans un troisième qu'il élèvera lui-même. Ils «prétendent que, dans tout le chapitre cité, Aggée est (occupé à rabaisser la gloire du temple qui se cons«truisait, afin de relever la splendeur de celui que doit un jour édifier le Messie. »

Ce n'est pas là une interprétation, c'est une contradiction formelle du texte prophétique. Non-seulement Aggée ne cherche point à rabaisser la gloire du temple qui se construit; mais au contraire, comme`nous l'avons fait voir par les textes positifs, afin d'encourager le prince, le grand-prêtre et tout le peuple à la reconstruction, il relève la splendeur de ce nouveau temple par diverses considérations, et spécialement par la personne du Messie dont il sera honoré. Ce n'est pas à un troisième temple qu'il compare le second, c'est au premier. Les paroles sont expresses: La gloire de cette maison nouvelle sera plus grande que celle de la première. Comment a-t-on pu imaginer qu'il parle d'un temple qui sera bâti après une longue suite de siècles, quand, à la vue de l'édifice qui s'élève actuellement, il dit je remplirai cette maison-ci de gloire; je donnerai dans ce lieu-ci la paix; la gloire de cette maison nouvelle. Le mot ista répété jusqu'à trois fois, montre évidemment que c'est l'édifice actuellement sous ses yeux qu'il a en vue. L'assertion des Rabbins, qui d'abord est purement gratuite, est de plus formellement démentie par le prophète lui-même.

:

V. Troisième proposition. Tous les caractères du personnage annoncé sont réunis dans la personne de Jésus-Christ seul.

Pour se convaincre de cette vérité, il suffit de reprendre les diverses circonstances prédites par les deux prophètes, et de les rapprocher de la vie de Jésus-Christ.

1° Immédiatement avant l'apparition du personnage annoncé, doit venir un ange, ou, selon la signification de ce mot, un envoyé qui préparera les voies devant lui. Jésus-Christ a eu un précurseur qui a déclaré qu'il n'avait pas d'autre mission que celle-là.

2o Il est dit qu'à l'arrivée du désiré des nations, le ciel et la terre et tous les peuples seront mis en mouvement. Si on veut, selon le style ordinaire des saintes Écritures, entendre ces paroles en général

d'un grand, important et extraordinaire événement, il est certain qu'il n'y en a pas eu de plus admirable depuis la création, que l'incarnation du Verbe; qu'il n'y en a pas eu dont les conséquences aient eu une parcille étendue, surtout dans l'ordre de la religion, et aussi sous le point de vue civil. Mais on peut même prendre ces expressions dans le sens le plus strict. L'histoire évangélique nous montre, à la venue de Jésus-Christ, le ciel s'ébranlant, et les anges descendant pour l'annoncer à la terre; à son baptême et à sa transfiguration, des voix célestes le proclamant le fils bien-aimé du Très-Haut; à sa passion, le soleil s'obscurcissant; au terme de sa mission, les cieux s'ouvrant pour le recevoir. La terre et les nations ont été aussi mises en mouvement, lorsqu'à la prédication de son Évangile, elles ont abandonné leurs frauduleuses superstitions, et sont accourues se ranger sous sa loi.

3o Malachie prédit un dominateur. A qui ce titre peut-il être plus justement appliqué qu'à Jésus-Christ universellement adoré ?

4° L'ange ou l'envoyé du Testament est aussi anponcé par ce prophète; et cette qualité convient encore merveilleusement à Jésus-Christ qui en a donné au monde un nouveau.

5o Ce dominateur, cet ange du Testament doit vepir dans ce temple et dans son temple. Que JésusChrist ait paru dans le temple de Jérusalem, c'est un fait hors de doute; et nous disons, avec Malachie, que c'est dans son propre temple qu'il est venu, puisqu'il est le Dieu qu'on y adorait

6o Un dernier caractère de ce grand personnage, est qu'à sa venue, Dieu devait donner la paix, et c'est le dogme fondamental de notre religion, que son divin auteur a réconcilié sur la croix le ciel avec la terre (1). On peut ajouter avec vérité qu'il a apporté la paix encore en ce sens, qu'il est venu prêcher l'union des cœurs, la charité fraternelle, et éteindre toutes les inimitiés par son précepte tout nouveau de l'amour des ennemis.

Il reste donc démontré que dans ces deux prophéties d'Aggée et de Malachie, il n'y a pas un seul mot qui ne s'applique avec une entière exactitude à notre divin Sauveur j'ajoute que ces deux oracles ne se trouvent réalisés que dans lui. Et en effet, que l'on nous cite un seul personnage qui ait paru pendant la durée du second temple, et qui réunisse tous ces divers caractères?

«Les Juifs ont fait tous leurs efforts pour le trouver, et enfin quelques-uns d'entre eux ont imaginé de << faire l'application de ces prophéties, ou à Judas Ma<chabée, parce qu'il purifia le temple, ou à Simon son «frère, parce qu'il eut un gouvernement pacifique. »

«

Mais je ne crains point de répéter ici ce que j'ai dit ailleurs. Pour appliquer une prophétie à une personne ou à un fait, il ne suffit pas de montrer une analogie

(1) Et per eum reconcilians omnia in ipsum, pacificans per sanguinem ejus, sive quæ in terris sive quæ in cœlis sunt. Coloss, 1. 20.

quelconque entre cette personne ou ce fait et quelqu'une des particularités de la prophétie; il faut faire cadrer la totalité de la prophétie avec la personne ou le fait; il faut montrer, comme nous faisons, que toutes les circonstances énoncées dans la prophétie conviennent à la personne ou au fait : si quelques-uns des caractères, surtout si les caractères principaux, si presque tous les caractères ne sont pas applicables, l'application est évidemment fausse. Judas Machabée a purifié le temple profané par Antiochus, mais ne lui a pas donné une gloire plus grande que celle du temple de Salomon. Simon son frère a gouverné pendant la paix, mais il a cela de commun avec plusieurs de ceux qui avaient gouverné depuis le temps d'Artaxerxès jusqu'à celui d'Antiochus. Qu'on nous dise en quel sens on peut donner à Judas ou à Simon, les titres de désiré des nations, d'ange du Testament? Comment on peut dire qu'ils sont venus dans leur temple? Quel est le précurseur qui a préparé les voies devant eux? Quel mouvement ils ont imprimé au ciel, à la terre, à toutes les nations?

VI. Ainsi, nous adressant d'abord aux Juifs, nous leur disons d'après ces deux textes des livres saints dont vous reconnaissez l'autorité sacrée, le Messie attendu par vos pères a dû venir pendant la durée du second temple: votre attente actuelle est donc une illusion. Ce Messie a dû réunir des caractères que nous voyons tous réalisés littéralement et pleinement dans la personne de Jésus-Christ, et qui ne l'ont été que dans lui; Jésus-Christ est donc votre Messie.

Nous retournant ensuite vers les incrédules, nous leur disons: les textes d'Aggée et de Malachie sont évidemment des prédictions; ce sont des prophéties divines si, d'une part, elles ont été exactement accomplies, et si, de l'autre, leur accomplissement n'a pu être ni prévu par la perspicacité humaine, ni effectué par le hasard. Mais 1o comment prétendre qu'Aggée et Malachie pouvaient prévoir, à la distance de tant de siècles, des événements qui étaient de leur temps si éloignés de toute probabilité? 2o Il serait également ridicule de soutenir que c'est au hasard et en l'air qu'ils ont fait leurs prédictions; et qu'ensuite un concours d'autres hasards a fait concourir avec les prédictions, non-seulement le fait principal, mais toutes les diverses circonstances prédites, et de la manière dont elles étaient prédites. 3o Nous voyons cependant l'accomplissement entier et littéral, jusque dans les plus petites particularités, de ces deux prédictions dans la personne de Jésus-Christ; donc il est incontestablement l'objet de prophéties divines; donc sa mission est divine; donc sa religion est divine.

§ 5. Conséquences et confirmation des paragraphes précédents.

I. Si nous avions une seule prophétic qui fixât l'époque de la venue du Messie à un temps passé depuis plusieurs siècles, nous aurions déjà une preuve trèsforte contre les Juifs, et nous pourrions leur dire avec vérité Comment pouvez-vous persévérer encore

dans votre attente du Messie? elle est fondée sur les prophéties qui l'annoncent, et voilà une prophétie qui vous montre qu'il a dû venir depuis long-temps. Ainsi le motif même qui l'a fait attendre à vos pères, doit vous persuader qu'il est venu, et vous faire sentir Pillusion de votre attente actuelle. Mais ce que nous leur disons est bien plus fort encore: ce n'est pas une seule prophétie, ce n'est pas une seule indication du temps où le Messie doit venir, que nous vous présentons; c'est une suite d'oracles sacrés, c'est une diversité d'indications faites en différents temps et de différentes manières, qui, par un merveilleux concert, tombent au même temps et désignent une seule et même époque; et cette époque est justement celle où Jésus-Christ est donné au monde. Le sceptre sort de Juda; les soixante-dix semaines expirent; la quatrième monarchie domine la terre; le temple de Zorobabel est renversé, précisément au même moment, et au moment de la venue de Jésus-Christ. Nous conclurons en leur disant: si vous ne croyez pas à vos prophéties, comment pouvez-vous attendre le Messie? si vous y croyez, comment encore pouvezvous l'attendre ?

Ce n'est pas tout. Outre cet étonnant concert entre les diverses prédictions sur le temps où doit paraître ce grand personnage, les prophéties rapportées offrent un rapport plus admirable encore des divers caractères qu'elles lui donnent. C'est une multitude de qualités et de circonstances prédites à des temps si éloignés les uns des autres, qui toutes, sans exception, viennent exactement se réunir dans la personne de Jésus-Christ. Nous proposons, et aux Juifs, et aux incrédules, ce merveilleux concours de particularités annoncées de plusieurs manières différentes; et nous défions les uns et les autres d'expliquer comment il a pu être si positivement prévu et si littéralement effectué, sans la prescience et sans la puissance divines. Ce fut manifestement un dessein de la providence divine qui, en montrant à divers prophètes, sous diverses formes, l'époque où devait arriver le Messie, leur révéla en même temps beaucoup de détails qui le concernaient, afin que le rapprochement de toutes ces prophéties, leur accord dans leur diversité, la réunion en un seul point de tant de traits de lumière partant de points si éloignés, éclairassent vivement tous les esprits, et fissent reconnaître avec certitude l'envoyé céleste.

II. Pourquoi donc, disent les incrédules, si des prophéties aussi claires annonçaient le Messie à une époque déterminée, le Messie, à cette époque, n'étaitil pas universellement attendu par les Juifs? Nous ayons vers ce temps-là deux écrivains juifs célèbres, qui n'auraient pas manqué de parler de cette attente des Juifs, si elle eût été réelle; ce sont Philon et Josèphe.

III. L'assertion que l'on oppose à notre preuve, devient elle-même, par sa fausseté, une confirmation de notre preuve. Ce qui achève de prouver la vérité et l'évidence des prophéties sur l'époque de la venue

du Messie, c'est qu'au temps de Jésus-Christ on était généralement persuadé parmi les Juifs que cette époque était très-prochaine, et que ce personnage si souvent promis, si longtemps. attendų, si vivement désiré, était enfin prêt à paraître nous en avons les preuves convaincantes dans l'histoire évangélique, dans les écrits des Juifs, et dans ceux des païens.

Nous voyons dans l'Évangile, non-seulement le vieillard Siméon qui avait eu une révélation particulière, compter avec confiance qu'il verrait le Messie avant sa mort, mais d'autres encore être dans la même attente, puisque la prophétesse Anne, ayant eu le bonheur de voir l'enfant Jésus, parlait de lui à tous ceux qui attendaient la rédemption d'Israël (1). Hérode, troublé de l'arrivée des mages, demande où doit naître le Christ (2). D'après cette opinion de la prochaine venue du Messie, Philippe dit à Nathanel, qu'il a trouvé dans Jésus de Nazareth, celui qu'avaient prédit Moïse et les prophètes (3). Émerveillés des vertus de saint Jean-Baptiste, les Juifs envoient une députation pour lui demander s'il est le Christ (4). A quelque temps de là, ils font, dans diverses circonstances, la même question à Jésus-Christ (5). La Samaritaine dit en propres termes que le Messie vient, qui enseignera toutes choses (6). On était tellement persuadé, à cette époque, que cet envoyé céleste si désiré apparaîtrait bientôt, que l'on vit alors plusieurs imposteurs profitant de cette opinion, essayer de se faire passer pour lui, se faire des partisans, et exciter des révoltes contre les Romains. Les actes des Apôtres et l'historien Josèphe font spécialement mention de Judas le Gaulonise et de Theudas qui, sous ce titre imposant, avaient eu des sectateurs (7). On sait que ce fut en sc

(1) Loquebatur de illo omnibus qui expectabant redemptionem Israel. Luc. 10, 38.

(2) Audiens autem Herodes rex, turbatus est, et omnis Jerosolyma cum illo: et congregans omnes principes sacerdotum et seribas populi, sciscitabatur ab eis ubi Christus nasceretur. Matth. 2, 3, 4.

(3) Invenit Philippus Nathanael, et dicit ei: Quem scripsit Moyses in lege et prophetæ, invenimus Jesum, filium Joseph à Nazareth. Joan. 1, 45.

(4) Miserunt Judæi ab Jerosolymis sacerdotes et levitas ad eum, ut interrogarent cum: Tu quis es? Et confessus est, et non negavit, et confessus est quia : Non sum ego Christus. Luc. 1, 19, 20.

(5) Convenerunt seniores plebis, et principes sacerdotum et scribæ, et duxerunt illuna in concilium suum, dicentes: Si tu es Christus, dic nobis. Luc. 22, 66.

Circumdederunt ergo eum Judæi, et dicebant ei: Quousquè animam nostram tollis? Si tu es Christus, dic nobis palàm. Joan. 10, 24.

(6) Scio quia Messias venit qui dicitur Christus. Cùm ergo venerit ille, nobis annuntiabit omnia. Joan. 4, 25.

(7) V. Act. 5, 36, 37; et Josèphe, Antiq. jud., liv. 18; Guerre des Juifs, liv. 2.

Rursus verò etiam hoc his quæ proposita sunt proximum addimus, videlicet eò quòd tempus adventûs Christi commoverat populum, quod quidem tempus jam aliquo modo instabat circa annos qui erant ab ortu Jesu, et paulò superiùs usque ad demonstrationem prædictionis. Quocircà scribis et legisperitis, ut probabile erat expectantibus eum qui sperabatur, quia tempus illius è divinis scripturis collegerunt, tumulwuatus est Theudas, non parvâ multitudine congre

donnant pour le Messie, que Barcochebas suscita la guerre qui fut si funeste à sa nation. Grotius cite un docteur hébreu, nommé Néhémiah, antérieur de cinquante ans à Jésus-Christ, qui disait que la venue du Messie ne pouvait pas être différée plus de cinquante années. Le rabbin Manasseh-Ben-Israël rapporte que, dans le temps de la guerre de Vespasien, plusieurs Juifs attendant alors l'événement prédit par leurs prophètes, se rendirent volontairement aux Romains; que d'autres, au contraire, dans la persuasion que le Messie viendrait lorsque le temple serait encore debout, et à l'expiration des soixante-dix semaines, se consolèrent, jusqu'à la fin, des malheurs de la guerre (1). On nous oppose le silence de Philon et de Josephe. J'ai déjà répondu à cette difficulté; j'ai montré les raisons qui avaient dû engager Philon à ne pas parler du Messie, et qui auraient pu y engager aussi Josèphe; mais j'ai rapporté un passage de ce dernier historien, où il dit en propres termes que ce qui porta principalement les Juifs à s'engager dans cette malheureuse guerre, fut l'ambiguité d'un passage de l'Écriture, qui portait que l'on verrait, dans ce temps-là, un homme de leur contrée commander à toute la Herre (2). › Ce n'était pas seulement parmi les Juifs qu'était établie cette persuasion de la prochaine apparition du Messie; elle s'était répandue dans tout l'Orient où ils l'avaient portée; et il fallait qu'elle fût bien générale et bien forte, puisque deux auteurs païens qui ont écrit vers ce temps l'histoire de leur pays, ont cru ne pouvoir s'empêcher d'en faire mention. Suétone rapporte que c'était une tradition ancienne, constante, publique dans tout l'Orient, que de la Judée sortirait, à cette époque, un dominateur; et Tacite dit que c'était d'après les livres des prêtres que cette persuasion s'était répandue (3).

Ainsi concourent merveilleusement ensemble les prophéties sur le temps où devait venir le Messie, et l'opinion générale au temps marqué par les prophéties. Les prophéties avaient fondé la persuasion, et la persuasion fixait le sens universellement reconnu des prophéties.

ARTICLE IV.

Prophéties sur l'origine et la naissance du Messie. Nous diviserons ce chapitre en trois paragraphes. Dans le premier, nous examinerons les prophéties

gatâ, tanquàm, opinor, Christus, esset et post illum Judas Galilæus in diebus professionis. Consentaneum est ergo cùm Christi adventus ferventiùs expectaretur divulgareturque, Judæos ab Hierosolymis sacerdotes et levitas misisse ad Joannem per illud: Tu, quis es? discere volentes nùm fateretur seipsum esse Christum. Origenes, in Joannem, tom. 8, n. 6.

(1) De Termino vitæ, lib. 3, sect. 6.

(2) Voyez ci-dessus, art. 1, n. 33, page 75.

(3) Percrebuerat in Oriente toto vetus et constans opinio, esse in fatis, ut, eo tempore, Judæâ profecti rerum potirentur. Suetonius in Vespas. cap. 4.

Pluribus persuasum fuerat antiquis sacerdotum litteris contineri eo ipso tempore fore ut valesceret Oriens, profectique Judaâ rerum potirentur. Tacitus, Ilistor, lib. 5. cap. 15.

sur la race dont devait sortir le Messie. Dans le second, celles sur le lieu où il devait naître; dans le troisième, celles sur la personae qui devait le mettre au monde.

§ 1. Prophéties qui annonçaient que o Messie descendrait de David.

Je ne m'arrêterai pas à prouver que c'était d'A braham, d'Isaac et de Jacob, que devait descendre le Messie; nous avons vu les promesses positives faites par Dieu lui-même à ces patriarches: d'ailleurs, c'était d'eux que descendait tout le peuple hébreu, dont le Messie devait faire partie : ainsi ce point ne doit faire aucune difficulté. J'ai aussi rapporté la prophćtie par laquelle Jacob prédit à son fils Juda, que ce sera la tribu issue de lui qui donnera au monde le Messie Ce que j'ai à établir ici est que parmi la tribu de Juda c'était dans la famille de David que devait naître le Messie, et que Jésus-Christ est véritablement issu de ce prince.

I. Nous voyons dans plusieurs endroits la promesse faite à David d'un royaume éternel qui doit exister dans sa postérité. Nathan, après avoir annoncé à ce prince que son fils bâtirait un temple au Seigneur, ajoute : Votre maison sera fidèle. Vous verrez votre royaume durer éternellement, et votre trône sera perpétuellement stable (1). Dans un de ses psaumes, David rappelle à peu près dans les mêmes termes cette prédiction; parlant de lui-même, il dit : Dieu l'a juré, et ne mentira pas, qu'il conservera éternellement sa postérité, et que son trône subsistera aussi long-temps que le soleil et la lune (2). Une promesse aussi magnifique ne peut regarder Salomon, dont le règne ne devait pas être éternel, à moins qu'on ne veuille la lui appliquer typiquement et comme figure du futur Messie. On ne peut non plus l'adapter à la succession des princes du sang de David, qui n'ont pas éternellement régné, et dont la souveraineté se termina à la captivité de Babylone. Il faut donc voir s'il n'y a pas un autre descendant de David qui ait fondé un royaume éternel: si nous le trouvons, nous ne pourrons pas douter que ce ne soit une prophétie de ce personnage; l'accomplissement nous en montrera le sens et nous en prouvera la divinité. Nous disons donc que cette promesse de Nathan à David fait partie de la suite d'oracles sacrés dont nous avons eu occasion de dire un mot, et que nous verrons plus amplement par la suite prononcés par divers prophètes, et réalisés en Jésus-Christ. Ce que nous considérons en ce moment, c'est qu'il est promis à David que de lui descendra le Messie, fondateur d'un nouveau royaume.

Outre la promesse faite à la personne de David,

(1) Fidelis erit domus tua et regnum tuum usquè in æternum antè faciem tuam, et thronus tuns crit firmus jugiter. 2 Reg. 7, 16.

(2) Semel juravi in sancto meo si David mentiar semen ejus in æternum manebit, et thronus ejus sicut sol in conspectu meo, et sicut luna perfecta in æternum, et testis in cœlo fidelis. Ps. 88, 36, 37, 38.

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