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bien frappant. Quand Dieu se résolut à faire éclater sa gloire au dehors par la création, c'est-à-dire à manifester sa puissance, sa vérité, son amour, il voulut que nul être créé ne pût jamais s'attribuer aucun des dons qu'il tenoit de lui seul, et concourir, en quelque sorte, à se créer lui-même. Et c'est pourquoi la puissance de l'homme dispose des choses matérielles qui sont à sa portée, les combine, mais ne produit rien véritablement. De même aussi sa raison combine, rapproche, compare les vérités qu'elle a reçues, mais n'invente aucune vérité ; et dès-lors elle ne peut non plus découvrir aucun devoir, ou inventer aucune vertu. En effet, pendant quatre mille ans, on ne voit pas que l'esprit humain, quel que fût le degré de culture et de civilisation des peuples divers, ait ajouté aucun dogme, aucun précepte, à ceux qui avoient été révélés au commencement. Ils devoient cependant se développer, mais non par l'effort de l'homme. JésusChrist paroît au temps marqué: Il redit dans le monde ce qu'il a entendu de celui qui l'envoie (1). De nouveaux dogmes et de nouveaux préceptes sortent, pour ainsi parler, des préceptes et des dogmes anciens ; et depuis cette dernière révélation, annoncée dès l'origine et perpétuellement attendue, l'esprit humain, si avide de savoir, si orgueilleux de trouver, n'a pas fait un seul pas dans la connoissance de Dieu et de nos rapports avec lui. Il a douté, il a nié, il a dévasté le royaume de

(1) Qui me misit verax est : et ego quæ audivi ab eo, bæc loquor in mundo. Joan., VIII, 26.

la vérité et de la vertu, mais jamais il ne l'étendit par de nouvelles conquêtes.

Or puisque le premier homme connoissoit de la religion tout ce que les hommes en ont connu pendant quarante siècles, et que nous ne connoissons de plus que ce que Jésus-Christ nous en a appris, elle a donc été, dans toute sa durée, entièrement indépendante de la raison humaine, qui, avant et après la venue du Médiateur, ne put jamais découvrir d'elle-même ni un dogme, ni un devoir: donc le christianisme est évidemment divin, par cela même que son auteur a proclamé de nouveaux devoirs et manifesté de nouveaux dogmes.

Que si quelqu'un contestoit cette preuve de la divinité de la religion chrétienne, nous lui opposerions Rousseau lui-même, dont voici les paroles : « Nous >> reconnoissons l'autorité de Jésus-Christ, parce que >> notre intelligence acquiesce à ses préceptes et nous >> en découvre la sublimité. Elle nous dit qu'il convient >> aux hommes de suivre ses préceptes, mais qu'il étoit » au-dessus d'eux de les trouver (1). »

Le culte n'étant que l'expression du dogme, il s'ensuit que le christianisme, saint dans ses dogmes et dans sa morale, est également saint dans son culte. L'adoration d'un seul Dieu par un seul Médiateur en est le fond, comme elle l'étoit du culte antique; mais le véritable sacrifice remplace les sacrifices figuratifs.

(1) Lettres écrites de la Montagne, p. 30. Paris, 1793.

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Accompli sur la croix, il se perpétue tous les jours sur l'autel. Depuis le lever du soleil jusqu'au couchant, le nom du Seigneur est grand parmi les nations: on sacrifie en tout lieu, et l'on offre à son nom une oblation pure (1), l'hostie sainte qui devoit opérer la réconciliation du monde (2). Le pontife des biens futurs (3), dont le sacerdoce est éternel (4); celui qui est tout ensemble le sacrificateur et la victime; après avoir consommé, par l'effusion de son sang, la rédemption de l'homme coupable, continue de s'offrir pour lui, d'une manière non sanglante, dans le sacrifice eucharistique (5), et s'offrira éternellement à son Père dans le ciel (6).

(1) Ab ortu solis usque ad occasum, magnum est nomen meum in gentibus; ct in omni loco sacrificatur, et offertur nomini meo oblatio munda. Malach., I, 11.

(2) Deus erat in Christo mundum reconcilians sibi. Ep. II ad Corinth., V, 19.

(3) Christus autem assistens pontifex futurorum bonorum... neque per sanguinem hircorum aut vitulorum, sed per proprium sanguinem, introivit semel in sancta, æternå redemptione inventâ. Ep. ad Hebr., IX, 11, 12.

(4) Hic autem; eo quòd maneat in æternum, sempiternum habet sacerdotium undè et salvere potest accedentes per semetipsum ad Deum. Ibid., VII, 24, 25.

(5) Idipsum quod semel in cruce^ perfecit, non cessat mirabiliter operari, ipse offerens, ipse et oblatio. Præfat. de SS. Sa

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(6) Scrutamini scripturas, in quibus putatis vos habere vitam æternam. Et profectò haberetis, si Christum in eis intelligeretis, et teneretis. Sed perscrutamini eas : ipsæ testimonium perhibent de hoc sacrificio mundo, quod offertur Deo Israël ; non ab unà gente vestrå, de cujus manibus non se accepturum prædixit; sed ab omnibus gentibus, quæ dicunt: Venite ascendamus in montem Domini. Nec in uno loco, sicut vobis præceptum erat in terrenà Jerusalem; sed TOME 4.

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« Lorsque nous considérons ce qu'opère Jésus» Christ dans ce mystère, et que nous le voyons par » la foi présent actuellement sur la Sainte-Table avec » ces signes de mort, nous nous unissons à lui en cet » état, nous le présentons à Dieu comme notre unique » victime, et notre unique propitiateur par son sang, >> protestant que nous n'avons rien à offrir à Dieu » que Jésus-Christ, et le mérite infini de sa mort. >> Nous consacrons toutes nos prières par cette divine » offrande; et en présentant Jésus-Christ à Dieu, » nous apprenons en même temps à nous offrir à la » Majesté divine en lui et par lui comme des hosties » vivantes.

>> Tel est le sacrifice des chrétiens, infiniment dif»férent de celui qui se pratiquoit dans la loi : sacri»fice spirituel et digne de la nouvelle alliance, où la » victime présente n'est aperçue que par la foi, où le » glaive est la parole qui sépare mystiquement le » corps et le sang, où ce sang par conséquent n'est >> répandu qu'en mystère, et où la mort n'intervient » que par représentation; sacrifice néanmoins très » véritable, en ce que Jésus-Christ y est véritable>>ment contenu et présenté à Dieu sous cette figure » de mort: mais sacrifice de commémoration, qui, » bien loin de nous détacher du sacrifice de la croix, » nous y attache par toutes ses circonstances, puisque

in omni loco, usque in ipsam Jerusalem... Aaron sacerdotium jam nullum est in aliquo templo, et Christi sacerdotium in æternum perseverat in cœlo. S. August. Tract. adv. Judæos, cap. XIII; Oper. tom. VIII, col. 39.

» non seulement il s'y rapporte tout entier, mais » qu'en effet il n'est et ne subsiste que par ce rapport, >> et qu'il en tire toute sa vertu (1).

Toute celle des sacremens vient aussi de cet ineffable sacrifice, qui nous a ouvert les trésors de la miséricorde infinie. Et voyez ce que Dieu fait, sous la nouvelle alliance, pour la sanctification de sa créature déchue. Il n'est pas une époque, pas un acte important de la vie humaine, auquel Jésus-Christ n'ait attaché des grâces particulières par l'institution d'un rit sacré. Le baptême nous régénère à notre naissance, il nous rétablit dans la justice originelle que nous avions perdue en Adam. Lorsque le penchant au mal, qui subsiste toujours en nous (2), se développe, un nouveau secours nous est préparé contre les erreurs de l'âge des passions. A la voix du pontife, l'Esprit saint descend en notre âme, pour l'enrichir de ses dons, et nous confirmer dans la foi. Bientôt, participant au mystère d'amour qui s'accomplit et se renou→ velle sans cesse, nous sommes appelés au banquet céleste, où l'Auteur de la vie se fait lui-même notre aliment incompréhensible. Avons-nous souillé par quelque faute la robe d'innocence dont nous fùmes revêtus dans le baptême, la pénitence lui rend sa première blancheur. Les anciens avoient pressenti (3),

(1) Bossuet; Exposit. de la doctr. de l'Église cath., chap. XIV, édit. de Versailles.

~(2) Sensus et cogitatio humani cordis in malum prona sunt ab adolescentiâ suâ. Genes., VIII, 21.

(3) Les Juifs avoient une sorte de confession (Maimon. in Maase

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