J'en aurai, dit le loup, pour un mois, pour autant: Commençons dans deux jours; et mangeons cependant Sur l'arc, qui se détend, et fait de la sagette Je reviens à mon texte. Il faut que l'on jouisse; Témoin ces deux gloutons punis d'un sort commun: La convoitise perdit l'un; L'autre périt par l'avarice. FIN DU HUITIÈME LIVRE. LIVRE NEUVIÈME. FABLE PREMIÈRE. Le Dépositaire infidèle. GRACE aux Filles de mémoire, J'ai chanté des animaux ; Peut-être d'autres héros M'auroient acquis moins de gloire. Des trompeurs, des scélérats. Force sots, force flatteurs: On pourroit aucunement Souffrir ce défaut aux hommes; Mais que tous, tant que nous sommes, Nous mentions, grand et petit, Si quelque autre l'avoit dit, Je soutiendrois le contraire. Comme Ésope et comme Homère Un vrai menteur ne seroit: Le doux charme de maint songe Sous les habits du mensonge L'un et l'autre a fait un livre Sans fin, et plus, s'il se peut. Un certain dépositaire, Payé par son propre mot, Est d'un méchant et d'un sot. Voici le fait : Un trafiquant de Perse, Chez son voisin, s'en allant en commerce, Mon fer? dit-il quand il fut de retour. — Qu'un rat l'a mangé tout entier. J'en ai grondé mes gens : mais qu'y faire? un grenier Tous plaisirs pour moi sont perdus. Je n'ai que lui; que dis-je! hélas! je ne l'ai plus! D'en douter un moment après ce que je dis. Où le quintal de fer par un seul rat se mange Même dispute avint entre deux voyageurs. Qui n'ont jamais rien vu qu'avec un microscope; J'ai vu, dit-il, un chou plus grand qu'une maison. L'homme au pot fut plaisant; l'homme au fer fut habile. |