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On trouve, au seizième siècle, outrageux avec un nom de pers. :

Il y avoit là auprès un bouvier nommé Sapès, mauvais homme, oultrageux et présomptueux. (AMYOT, Daphnis et Chloé, Iv.) Les peuples francs sont plus violents et plus oultrageux envers leurs bons citoyens.. (Id., Vies, Phocion.)

De même au dix-septième siècle :

En matière de procès tout homme peut aisément être obligé de commencer. Le plus injuste, le plus outrageux se donnera presque cet avantage. (PATRU, Plaid., 1.) Un ennemi insolent et outrageux. (Boss., 3o serm. pour le prem. dim. de l'Av., 111.)

Il se rencontre plus fréquemment au dix-septième siècle avec un nom de chose, comme l'a employé Corneille :

Que pouvoit-il arriver de plus outrageux à la maison de Rohan, à la mémoire des héros qu'elle a portés, qu'une cause si scandaleuse? (PATRU, Plaid., 11.) Vous voyez un triste exemple, qui peut tout seul vous remettre devant les yeux ces violences outrageuses qui excitèrent autrefois tant de plaintes toutes publiques. (Id., ibid., v.)- Effacez par votre arrêt toute la honte, tout le scandale d'un emprisonnement si outrageux, d'une condamnation si infamante. (Id., ibid.) Souffrir un mépris si outrageux. (Id., ibid., xiv.) — Je ne doute point que vous n'ayez tous regardé la seule proposition d'une entreprise si outrageuse à la dignité épiscopale comme une insulte signalée qu'on faisoit à l'Église de Paris. (RETZ, Mém, v, 1655.)-Il lui dit mille choses outrageuses. (FLÉCH., Hist. de Ximen., 11.) - C'était une charitable correction, et non une insulte outrageuse que vous aviez à lui faire. (Boss., Serm. pour le mardi de la trois. sem. de car., 11.)-Pour abattre ceux qui lui résistent, le monde est armé de traits piquants, je veux dire de railleries, tantôt fines, tantôt grossières; les unes plus accablantes par leur insolence outrageuse, les autres plus insinuantes par leur apparente douceur. (Id., Trois. serm. pour la Pent., 1.) - La fortune, pour être également outrageuse, ne se rend pas moins féconde en événements fâcheux. (Id., Serm. pour le jour des Morts, 11.)-La plume outrageuse de Luther. (Id., Hist. des variat., 11.) On étoit scandalisé, même parmi ses disciples, du mépris outrageux avec lequel il (Luther) traitoit tout ce que l'univers avoit de plus grand. (Id., ibid.) · Chacun sait combien de fois Calvin a passé par-dessus leurs décisions,.. et la manière outrageuse dont il a cru pouvoir éluder leur témoignage unanime. (Id., ibid., 1x.) —- Tout ce qu'il y a d'injuste et d'outrageux dans leurs écrits. (FEN., Lett., à l'abbé Brisac., 28 avril 1698.)- Donner au public une scène si outrageuse à sa majesté, c'est une hardiesse et une ingratitude sans exemple. (Id., Examen de l'écrit intitulé: Reponse au cardinal de Noailles, etc.)

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Voltaire, qui constatait la désuétude où était tombé de son temps le mot outrageux, l'a lui-même très-heureusement employé :

Il faut savoir douter, secouer la poussière du collége, et ne jamais s'exprimer avec une insolence outrageuse. (Dict. philos., art. BABEL, S 1.)

Ce mot indispensable a depuis été repris universellement.

OUTRE. OUTRE QUE, ajouté que :

Il n'est que curieux,

Et ne montreroit pas si grande impatience,

S'il me considéroit avec indifférence.

Outre qu'un tel secret peut souffrir un ami.

(Suite du Ment., IV.

3.)

UN PEU PLUS OUTRE, quelque temps encore, ulterius, par l'assimilation si fréquente du temps à la distance:

Tigre altéré de sang, Décie impitoyable,

Ce dieu t'a trop longtemps abandonné les siens;
De ton heureux destin vois la suite effroyable :
Le Scythe va venger la Perse et les chrétiens.
Encor un peu plus outre, et ton heure est venue.

(Pol., iv, 2.)

OUTRE, employé adv. PLUS OUTRE, fig., comme plus loin:

Tu dois aller plus outre, et m'imputer encor
L'attentat sur mon fils comme sur Rosidor.

(Clit., v, 4.)

J'irai plus outre, et dirai que tous presque ont souhaité que ces entretiens se fissent. (Exam. du Cid.)

Cette locution, très-usitée au seizième et au dix-septième siècle, se rencontre jusqu'au dix-huitième :

--

Or la foi doit bien passer plus oultre. (CALVIN, Instit. chrét., 1, 16.) 1 Je ne veulx point passer plus oultre d'un pas, sans estre accompaigné d'aucuns de mes plus confidens amis et serviteurs. (Leut. miss. de Henri IV,3 juin 1581, t. 1, p. 374.) - Je vous prie, mon cousin, que cela cesse et ne passe plus oultre. (Ibid., 4 août 1583, t. i, p. 568.) Je passe bien plus outre, et dy... (FAUCHET, De l'Origine de la langue et poésie françaises, 1, 8.) Avant que de passer plus oultre, je feray une saillie, non peut-estre mal à propos. (E. PASQ., Rech., XIV, 26.) L'amour que le prevost luy portoit lui avoit tant esblouy les yeux, qu'il ne voyoit point plus outre. (LARIV., Facét. Nuicts de Strap., 1, 2.)— Mais luy qui estoit fort advisé, voyant qu'il se présentoit occasion de passer encor plus outre... (D'URFÉ, l'Astrée, 1, 7.) — Encore un peu plus outre, et le radotage sera consommé. (D'ARGENSON, Mém., bibl. elzév., t. 11, p. 136.)

PLUS OUTRE, avec une négat., pas davantage, plus :

Soit une vérité, soit une illusion

Que ton esprit adroit emploie à ta défense,

Le mien de tes discours plus outre ne s'offense.

(La Veuve, 11, 3.)

OUTRECUIDÉ, téméraire, présomptueux, qui entreprend au delà de ce qu'il est et de ce qu'il peut; de la préposition outre, et du vieux verbe cuider, croire :

L'aveugle outrecuidé
Se croiroit mal guidé

Par l'aveugle fortune.

(La Veuve, 11, 8.)

Ce synonyme vieilli d'outrecuidant pourrait fort bien, croyonsnous, s'employer encore, à l'imitation des exemples suivants :

Sont icy venus, ne sçavons quels oultrecuidez, fiers comme Escossois. (RABEL., 1. v, c. 19.) Ta langue te portera dommage, glorieux outrecuidé que tu es.

(LARIV., Le Laq., 1, 1.)-Monsieur, voyez, je vous prie, l'audace de ce fier outrecuidé. (Id., ibid., 111, 6.) — Je n'eusse jamais pensé que tu eusse esté si volage et outrecuidé que de faire une si lourde faute. (TOURNEBU, Les Contens, Iv, 5.) — Ne les punir et ne les faire travailler, et les bien nourrir les rend superbes et outrecuidez. (LA BOETIE, Les Econom. d'Arist.) Le baron de Soupez étoit un trésbrave et vaillant jeune homme, mais un peu trop outrecuidé. (BRANT., Des Duels.) On a dit de même de nos jours, entre autres exemples:

J'ai su depuis que le prince de Condé avait fait offrir à ce hobereau-vicaire le préceptorat du duc de Bourbon. Le prêtre outrecuidé répondit que le prince, possesseur de la baronnie de Chateaubriand, devait savoir que les héritiers de cette baronnie pouvaient avoir des précepteurs, mais n'étaient les précepteurs de personne. (CHATEAubr., Mém. d'Outre-Tombe.)

Et d'une manière analogue avec un nom de chose :

Il existe une carte de la France où la victoire outrecuidée traça, en 1816, une ligne qui retranchait de notre territoire une partie de nos provinces de l'Est et du Nord. (CHATEAUBR., Captiv. de la duch. de Berry.)

OUVERT, part. passé. AME OUVERTE A LA DOULEUR :

L'âme de cette reine, à la douleur ouverte,
A toute la famille imputeroit sa perte.

(La Tois. d'or, IV, 1.)

PARLER AVEC Une ame ouverte, comme on dit parler à cœur

ouvert :

Qui s'expose au péril veut bien trouver sa perte;
Et, pour vous en parler avec une âme ouverte...

(Pol., 11, 6.)

- UNE ALLÉGRESSE OUVERTE, une allégresse qui éclate ouvertement:

Il porte sur le front une allégresse ouverte,

Que le bonheur public fait bien moins que ma perte.

OUVERTURE. L'OUVERTURE DU SUJET, l'exposition :

(Hor., iv, 6.)

La protase, où se doit faire la proposition et l'ouverture du sujet. (Prem. Disc.) DONNER OUVERTURE A, mettre sur la voie de, suggérer, faciliter les moyens de :

Les Hollandois m'ont frayé le chemin, et donné ouverture à y mettre distinction par de différents caractères, que jusqu'ici nos imprimeurs ont employés indiffé-remment. (Préf. de : Le Théâtre de P. Corn., éd. de 1682.)

On trouve de même :

Ce peu d'exemples suffira pour donner ouverture à en trouver une infinité d'autres. (FLEURY, Disc. sur la poésie, x.)

On rencontre de plus nombreux exemples de donner ouverture à, suivi d'un substantif, dans un sens analogue :

J'espere de la bonté de Dieu que ce bon succez donnera ouverture à d'autres,

Je

qui ne lui seront pas moins avantageux. (RICHEL., Lett., à la duch. de Savoie.)— Il n'y a personne qui ne voie quelles ouvertures donneroient de telles maximes au bouleversement total de l'Eglise. (Boss., Lett., aux relig. de Port-Royal.) ne le dis pas de moi-même : c'est un saint évêque d'Orient qui m'a donné ouverture à cette pensée. (Id., Serm. pour une profess. prêché le jour de l'Épiph., 11.) Si j'aperçois que le temps vienne de ne plus communiquer qu'avec Dieu seul, je vous le dirai: mais c'est à quoi je ne vois aucune ouverture ni apparence. (Id., Lett., à Me d'Alb. de Luynes, 25 janv. 1694.)

Ce mot, dans la même signification, s'employait encore de bien des manières heureuses qu'il n'est pas de notre sujet de rapporter, mais dont l'imitation ne pourrait qu'être applaudie. OUVRAGE. DEs collets d'ouVRAGE, des collets ouvrés :

Madame, montrez-nous quelques collets d'ouvrage. (La Gal. du Pal., 1, 6.) Cette locution d'ouvrage se joignait comme qualificatif et avec le sens de travaillé, ouvré, à beaucoup de mots, tels que bois d'ouvrage, etc. Voir Savary des Brulons, Dict. de commerce, article

OUVRAGE.

-L'OUVRAGE DE MES MAINS, ma créature, celui qui me doit tout :

L'ouvrage de mes mains avoir tant d'insolence !

(Théod., 1, 5.) OUVRIR. OUVRIR LES YEUX SUR, avec un nom de chose pour sujet :

Vous en savez beaucoup, ma sœur, et vos mérites
Vous ouvrent fort les yeux sur ce que vous valez.

- OUVRIR, fig., communiquer avec confiance :

Je puis donner passage à mes tristes soupirs,
Je puis t'ouvrir mon âme, et tous mes déplaisirs.
Sans y perdre de temps, ouvrez votre pensée.

Et songez qu'il est temps de m'ouvrir vos pensées.

(Agés., 11, 1.)

(Le Cid, 1, 3.)

(Sert., 11, 2.)

(Sur., 11, 2.)

Parlez, duc, et sans peine ouvrez-moi vos secrets. (ROTROU, Venc., III, 2.)

De même avec le pronom personnel :

De semblables secrets ne s'ouvrent pas à moi.

(Clit., 11, 6.)

Tu lis dans mes pensers, qui ne s'ouvrent qu'à toi. (RACAN, Les Berg., iv, 1.)

OYEZ, OIEZ, deux. pers. plur. du prés. de l'indic. de ouir, entendre:

Vous oyez l'arrogance.

Seigneur, sans mes refus nés d'une juste crainte,
Vous pleureriez ma mort où vous oyez ma plainte.

(D. Sanche, 1, 5.)

(T. CORN., Pers. et Démétr., 11, 3.)

Oyez, au dix-septième siècle, ne s'employait plus guère qu'à l'impératif, comme l'a fait Corneille dans ces vers :

Ce n'est pas tout, seigneur; une céleste flamme
D'un rayon prophétique illumine mon âme.
Oyez ce que les dieux vous font savoir par moi:
De votre heureux destin c'est l'immuable loi.

(Cinna, v, 3.)

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Paction était autrefois préféré à pacte; témoin cette remarque de Vaugelas :

<< Pact ne vaut rien du tout, pacte est bon. On dit un pacte tacite, et que les sorciers font un pacie avec le diable, mais paction est le meilleur et le plus usité, faire une paction. »

On rencontre assez souvent paction dans les tragédies du commencement et même de la seconde moitié du dix-septième siècle :

Considérez, seigneur, qu'il n'est adresse humaine

Que pour m'ôter à vous et pour vous mettre en peine,
Après la paction qu'il vous fit arrêter,

(Subtil au point qu'il est,) le roi n'ait dû tenter. (ROTR., Laure pers., iv, 8. }
Avec eux avant vous nos pactions sont faites;

Sous les lois de l'hymen ils nous donnent leur foi. (T. CORN., Circé, 1, 7.)

Dans la seconde moitié du siècle, pacte prit décidément le dessus, comme on le voit par cet article des Rem. nouv. sur la langue franç. du P. Bouhours:

<< PACTE, PACTION.

« Paction, qui était autrefois le meilleur, ne vaut plus rien. Pacte a prévalu, soit qu'il s'agisse des sorciers qui font un pacte avec le diable, soit qu'il s'agisse d'autres gens. Paction n'est plus qu'un terme de palais. »

PAIX. LAISSER EN PAIX :

Vivez heureuse au monde, et me laissez en paix.

(Pol., iv, 3.)

Cette expression est aujourd'hui familière, et ne s'emploie guère que pour exprimer l'impatience que cause quelqu'un.

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