Oldalképek
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Que vous ai-je donc fait, pour être votre élu ?
J'ai conduit votre peuple où vous avez voulu.
Voilà que son pied touche à la terre promise:
De vous à lui qu'un autre accepte l'entremise,
Au coursier d'Israël qu'il attache le frein;
Je lui lègue mon livre et la verge d'airain.

<< Pourquoi vous fallut-il tarir mes espérances,
Ne pas me laisser homme avec mes ignorances,
Puisque du mont Horeb jusques au mont Nébo
Je n'ai pas pu trouver le lieu de mon tombeau?
Hélas! vous m'avez fait sage parmi les sages !
Mon doigt du peuple errant a guidé les passages;
J'ai fait pleuvoir le feu sur la tête des rois ;
L'avenir à genoux adorera mes lois;

Des tombes des humains j'ouvre la plus antique;
La mort trouve à ma voix une voix prophétique ;
Je suis très grand, mes pieds sont sur les nations,
Ma main fait et défait les générations.

Hélas! je suis, Seigneur, puissant et solitaire, Laissez-moi m'endormir du sommeil de la terre !

« Hélas! je sais aussi tous les secrets des cieux,
Et vous m'avez prêté la force de vos yeux.
Je commande à la nuit de déchirer ses voiles;
Ma bouche par leur nom a compté les étoiles,
Et, dès qu'au firmament mon geste l'appela,
Chacune s'est hâtée en disant Me voilà.
J'impose mes deux mains sur le front des nuages,
Pour tarir dans leurs flancs la source des orages ;
J'engloutis les cités sous les sables mouvants;
Je renverse les monts sous les ailes des vents;
Mon pied infatigable est plus fort que l'espace;
Le fleuve aux grandes eaux se range quand je passe,
Et la voix de la mer se tait devant ma voix.
Lorsque mon peuple souffre ou qu'il lui faut des lois,
J'élève mes regards, votre esprit me visite;
La terre alors chancelle et le soleil hésite;
Vos anges sont jaloux et m'admirent entre eux.

Et cependant, Seigneur, je ne suis pas heureux; Vous m'avez fait vieillir puissant et solitaire, Laissez-moi m'endormir du sommeil de la terre.

« Sitôt que votre souffle a rempli le berger,

Les hommes se sont dit : Il nous est étranger;

Et leurs yeux se baissaient devant mes yeux de flamme, Car ils venaient, hélas ! d'y voir plus que mon âme.

J'ai vu l'amour s'éteindre et l'amitié tarir,

Les vierges se voilaient et craignaient de mourir ;
M'enveloppant alors de la colonne noire,

J'ai marché devant tous, triste et seul dans ma gloire,
Et j'ai dit dans mon cœur : « Que vouloir à présent?
Pour dormir sur un sein mon front est trop pesant,
Ma main laisse l'effroi dans la main qu'elle touche,
L'orage est dans ma voix, l'éclair est sur ma bouche,
Aussi, loin de m'aimer, voilà qu'ils tremblent tous,
Et quand j'ouvre les bras, on tombe à mes genoux.
O Seigneur ! j'ai vécu puissant et solitaire,
Laissez-moi m'endormir du sommeil de la terre. »

Or le peuple attendait et, craignant son courroux,
Priait sans regarder le mont du Dieu jaloux,
Car, s'il levait les yeux, les flancs noirs du nuage
Roulaient et redoublaient les foudres de l'orage,
Et le feu des éclairs, aveuglant les regards,
Enchaînait tous les fronts courbés de toutes parts.
Bientôt le haut du mont reparut sans Moïse.
Il fut pleuré. Marchant vers la terre promise,
Josué s'avançait pensif et pâlissant,

Car il était déjà l'élu du Tout-Puissant.

ŒUVRES COMPLÈTES D'A. DE VIGNY (Édit. défin.),'
Ch. Delagrave, éditeur.

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trouble encore, un ramant, l'eau Fournoyante et douce,

Tandis que suz sex flames reforme un liede mousse, sexflance

Me femilles et de Jones et el herbages essons

que apportent quer de l'un d'invisibles couraus.

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