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«ciples ! C'est la manière d'agir de Khieou (de lui

« même 1). »

Il serait très-difficile de donner une idée sommaire du Lûn-yu, à cause de la nature de l'ouvrage, qui présente, non pas un traité systématique sur un ou plusieurs sujets, mais des réflexions amenées à peu près sans ordre sur toutes sortes de sujets. Voici ce qu'a dit un célèbre commentateur chinois du Lûn-yù et des autres livres classiques, Tching-tseu, qui vivait sur la fin du onzième siècle de notre ère :

« Le Lûn-yù est un livre dans lequel sont déposées les « paroles destinées à transmettre la doctrine de la raison; « doctrine qui a été l'objet de l'étude persévérante des << hommes qui ont atteint le plus haut degré de sainteté... « Si l'on demande quel est le but du Lûn-yù, je répon<< drai: Le but du Lûn-yù consiste à faire connaître la « vertu de l'humanité ou de la bienveillance universelle « pour les hommes; c'est le point principal des discours « de KHOUNG-TSEU. Il y enseigne les devoirs de tous; seu« lement, comme ses disciples n'avaient pas les mêmes « moyens pour arriver aux mêmes résultats (ou à la pra«<tique des devoirs qu'ils devaient remplir), il répond « diversement à leurs questions. » Le Lûn-yù est divisé en deux livres, formant ensemble vingt chapitres. Il y eut, selon les commentateurs chinois, trois copies manuscrites du Lûn-yù: l'une conservée par les hommes instruits de la province de Thsi; l'autre par ceux de Lou, la province

* Lân-gù, chap. vi, § 23.

natale de KHOUNG-TSEU, et la troisième fut trouvée cachée dans un mur après l'incendie des livres cette dernière copie fut nommée Kou-lûn, c'est-à-dire l'Ancien Lûn. La copie de Thsi comprenait vingt-deux chapitres; l'ancienne copie (Kou-lûn), vingt et un; et la copie de Lou, celle qui est maintenant suivie, vingt. Les deux chapitres en plus de la copie de Thsi ont été perdus ; le chapitre en plus de l'ancienne copie vient seulement d'une division différente de la même matière.

4o MENG-TSEU. Ce quatrième des livres classiques porte le nom de son auteur, qui est placé par les Chinois immédiatement après KHOUNG-TSEU, dont il a exposé et développé les doctrines. Plus vif, plus pétulant que ce dernier, pour lequel il avait la plus haute admiration, et qu'il regardait comme le plus grand instituteur du genre humain que les siècles aient jamais produit, il disait : « Depuis qu'il existe des hommes, il n'y en a jamais eu de comparables à KHOUNG-TSEU 1. » A l'exemple de ce grand maître, il voyagea avec ses disciples (il en avait dix-sept) dans les différents petits États de la Chine, se rendant à la cour des princes, avec lesquels il philosophait et auxquels il donnait souvent des leçons de politique et de sagesse dont ils ne profitaient pas toujours. Comme KHOUNG-TSEU (ainsi que nous l'avons déjà dit ailleurs 2), il avait pour but le bonheur de ses compatriotes et de l'humanité tout

1 ♦ Meng-tseu, chap. 1, p. 249 de notre traduction. Ce témoignage est corroboré dans Meng tseu par celui de trois des plus illustres disciples du philosophe, que Meng-tseu rapporte au même endroit. 2 Description de la Chine, t. I, p. 187.

entière. En communiquant la connaissance de ses principes d'abord aux princes et aux hommes qui occupaient un rang élevé dans la société, et ensuite à un grand nombre de disciples que sa renommée attirait autour de lui, il s'efforçait de propager le plus possible ces mêmes doctrines au sein de la multitude, et d'inculquer dans l'esprit des grands, des princes, que la stabilité de leur puissance dépendait uniquement de l'amour et de l'affection qu'ils auraient pour leurs peuples. Sa politique paraît avoir eu une expression plus décidée et plus hardie que celle de son maître. En s'efforçant de faire comprendre aux gouvernants et aux gouvernés leurs devoirs réciproques, il tendait à soumettre tout l'empire chinois à la domination de ses principes. D'un côté il enseignait aux peuples le droit divin que les rois avaient à régner, et de l'autre il enseignait aux rois que c'était leur devoir de consulter les désirs du peuple, et de mettre un frein à l'exercice de leur tyrannie; en un mot, de se rendre le père et la mère du peuple. MENG-TSEU était un homme de principes indépendants, et, contrôle vivant et incorruptible du pouvoir, il ne laissait jamais passer un acte d'oppression, dans les États avec lesquels il avait des relations, sans le blâmer sévèrement.

MENG-TSEU possédait une connaissance profonde du cœur humain, et il a déployé dans son ouvrage une grande souplesse de talent, une grande habileté à découvrir les mesures arbitraires des princes régnants et les abus des fonctionnaires publics. Sa manière de philosopher est celle de Socrate et de Platon, mais avec plus de vigueur

et de saillies spirituelles. Il prend son adversaire, quel qu'il soit, prince ou autre, corps à corps, et, de déduction en déduction, de conséquence en conséquence, il le mène droit à la sottise ou à l'absurde. Il le serre de si près, qu'il ne peut lui échapper. Aucun écrivain oriental ne pourrait peut être offrir plus d'attraits à un lecteur européen, surtout à un lecteur français, que MENG-TSEU, parce que (ceci n'est pas un paradoxe) ce qu'il y a de plus saillant en lui, quoique Chinois, c'est la vivacité de son esprit. Il manie parfaitement l'ironie, et cette arme, dans ses mains, est plus dangereuse et plus aiguë que dans celles du sage Socrate.

Voici ce que dit un écrivain chinois du livre de MENG<< TSEU: Les sujets traités dans cet ouvrage sont de diver«ses natures. Ici, les vertus de la vie individuelle et de << parenté sont examinées; là, l'ordre des affaires est << discuté. Ici, les devoirs des supérieurs, depuis le sou<< verain jusqu'au magistrat du dernier degré, sont pres«< crits pour l'exercice d'un bon gouvernement; là, les << travaux des étudiants, des laboureurs, des artisans, des << négociants, sont exposés aux regards; et, dans le cours << de l'ouvrage, les lois du monde physique, du ciel, de « la terre et des montagnes, des rivières, des oiseaux, des « quadrupèdes, des poissons, des insectes, des plantes, « des arbres, sont occasionnellement décrites. Bon « nombre des affaires que MENG-TSEU traita dans le cours << de sa vie, dans son commerce avec les hommes; ses a discours d'occasion avec des personnes de tous rangs; << ses instructions à ses élèves; ses vues ainsi que ses

« explications des livres anciens et modernes, toutes « ces choses sont incorporées dans cette publication. « Il rappelle aussi les faits historiques, les dits des an<«< ciens sages pour l'instruction de l'humanité. »

M. Abel Rémusat a ainsi caractérisé les deux plus célèbres philosophes de la Chine:

« Le style de MENG-TSEU, moins élevé et moins concis «< que celui du prince des lettres (KHOUNG-TSEU), est aussi <«< noble, plus fleuri et plus élégant. La forme du dialogue, << qu'il a conservée à ses entretiens philosophiques avec « les grands personnages de son temps, comporte plus « de variété qu'on ne peut s'attendre à en trouver dans les << apophthegmes et les maximes de Confucius. Le carac« tère de leur philosophie diffère aussi sensiblement. Con<«< fucius est toujours grave, même austère; il exalte les gens de bien, dont il fait un portrait idéal, et ne parle << des hommes vicieux qu'avec une froide indignation. << Meng-tseu, avec le même amour pour la vertu, semble << avoir pour le vice plus de mépris que d'horreur ; il l'at<< taque par la force de la raison, et ne dédaigne pas même <«<l'arme du ridicule. Sa manière d'argumenter se rappro<«< che de cette ironie qu'on attribue à Socrate. Il ne cona teste rien à ses adversaires; mais, en leur accordant « leurs principes, il s'attache à en tirer des conséquences << absurdes qui les couvrent de confusion. Il ne ménage « même pas les grands et les princes de son temps, qui « souvent ne feignaient de le consulter que pour avoir « occasion de vanter leur conduite, ou pour obtenir de « lui les éloges qu'ils croyaient mériter. Rien de plus pi

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