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timètres, et que le spectre soit bien au minimum de déviation.

Un phénomène assez curieux que j'ai pu constater dans la projection de ces raies, c'est la persistance de leur apparition après que, par une circonstance quelconque, telle que le passage d'un nuage devant le soleil, les couleurs viennent à être éteintes.

D'ACCROISSEMENT ET DE DÉCROISSEMENT

DE LA POPULATION ;

PAR M. GEORGE BESNARD,

Membre titulaire.

L'économie politique, à peine née au XVIII. siècle entre les mains de Quesnay et de Turgot, se trouva en présence d'un problême qui, sous une forme plus ou moins scientifique, a préoccupé les penseurs de toutes les époques, je veux dire la loi d'accroissement de la population. Un homme a attaché son nom d'une manière impérissable à cette question qu'il a hardiment tranchée; les théories de l'anglais Malthus sont aujourd'hui acceptées dans la science officielle, comme dans les écoles socialistes que nous avons vues se produire sous le dernier règne; on en a tiré seulement des conséquences opposées, mais on n'en a pas contesté sérieusement la vérité. On sait en quoi consiste la loi formulée par Malthus, et poussée jusqu'à ses plus inflexibles résultats par quelques-uns de ses élèves. D'une part, la population, si aucun obstacle ne s'y opposait, se développerait incessamment suivant une progression géométrique, et sans limites assi

gnables. D'un autre côté, les moyens de subsistance ne peuvent jamais s'accroître que suivant une progression arithmétique. Il en résulte que, d'après la tendance inhérente à l'espèce humaine, d'après l'instinct même déposé au sein de l'humanité, nous marchons vers un but qui n'est autre que la faim, la misère et la mort, puisque fatalement la population est poussée à dépasser les moyens de subsistance. Toutefois, Malthus était obligé de reconnaître que jusqu'ici les hommes ont vécu, et ne se sont pas encore dévorés entr'eux. Aussi admettait-il que des obstacles, checks, de diverse nature s'opposaient au développement régulier de la funeste progression géométrique, et tendaient à rétablir l'équilibre entre la population et la production.

Ces obstacles sont de deux espèces, les uns extérieurs ou répressifs, les autres intérieurs ou préventifs; les obstacles répressifs ne sont autre chose que les plus affreux fléaux appelés pour la première fois au secours de l'économie politique; c'est la guerre, la famine, la peste, le choléra, la misère, les maladies qu'entraînent les privations; tout cela est nécessaire pour maintenir le niveau de l'humanité; ce sont des remèdes prévus et approuvés par Dieu lui-même, des moyens de retouche pour faire marcher sans dérangement l'œuvre éternelle de la création. Les obstacles préventifs sont d'une nature moins affligeante au premier abord; ils consistent dans la fameuse contrainte morale, moral restraint, qu'on a tant reprochée à Malthus au nom de la morale elle-même. Et cependant l'économiste anglais était logique et conséquent avec luimême. Après avoir prononcé un arrêt pénible contre

l'homme qui est de trop sur la terre, il devait essayer d'empêcher l'arrivée de ce convive voué à la faim et à la mort. Aussi Malthus conseillait-il l'abstinence et le célibat aux pauvres, et les mariages tardifs. Il s'élevait avec force contre l'aumône qui engendre l'insouciance et permet au malheureux de s'abuser momentanément sur sa position. A ses yeux, la charité n'était qu'une vertu meurtrière, et peu s'en faut que le bienfaiteur dont les largesses encouragent l'imprudent mariage du pauvre, ne se rende coupable par avance du meurtre des enfants, que la nature se chargera d'exécuter. Il n'entre pas dans mon plan de développer les raisons que Malthus donne à l'appui de son système. Qu'il me suffise de dire que la loi de Malthus a été accueillie aussi bien par Rossi que par M. Louis Blanc; le premier seulement en tirait la conclusion qu'il fallait prêcher au peuple la contrainte morale; le second, qu'il serait possible de rapprocher l'accroissement des subsistances de celui de la population en changeant l'état social, et en faisant une nouvelle distribution des richesses; mais aucun d'eux ne doutait de la fameuse progression géométrique qui pousse l'espèce humaine à se multiplier comme les sables de la mer. Cependant la religion et la morale avaient beau s'insurger contre un système qui justifiait ce que l'antiquité païenne avait elle-même regardé comme un crime (1), et qui jetait l'anathême sur des vertus contemporaines du monde; on leur répondait que, jusque-là, on avait

(1) Numerum liberorum finire, aut quemquam ex agnatis necare, flagitium habetur... (Tacite, De moribus Germaniæ, cap. 49 ).

ignoré les véritables lois de l'économie politique; qu'il fallait que la religion et la morale s'inclinassent devant la science, reine du monde moderne, et au besoin qu'elles eussent à réformer leurs doctrines vieillies. La religion ne s'était-elle pas trompée autrefois sur le système du monde !

Il faut convenir que jamais prétention novatrice ne fut plus révolutionnaire que celle-là, dans le mauvais sens du mot. Nous, hommes des temps modernes, nous voulons bien contribuer à refaire-- sagement et avec mesure le moule des vieilles sociétés; nous voulons bien réformer les institutions, adapter les choses anciennes à de nouveaux besoins, à de nouvelles idées; mais brûler ce qu'on avait jusque-là adoré; croire que ce monde est une œuvre de colère, et ne subsiste que par le malheur physique ou l'angoisse morale des créatures, quand Dieu, après chaque jour de la création, a vu les choses faites et a déclaré qu'elles étaient bonnes; penser que la vertu et le sens moral, au lieu de s'élargir, peuvent aller en se restreignant, c'est là une tentative qui a profondément révolté tous ceux qui ne considèrent pas l'humanité comme une matière à expériences scientifiques. Toutefois, il faut en convenir, les protestations contre la loi de Malthus et ses désolantes doctrines sont plutôt, en France, parties du cœur que de la raison; on s'est appuyé plutôt sur un instinct secret que sur l'observation des faits, sur la foi que sur la science; et certains écrivains, plus égarés peut-être encore que coupables, ont continué à flétrir du nom de Malthusiens et d'ennemis des classes pauvres, les repré

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