Oldalképek
PDF
ePub
[ocr errors]

miste: «Les cieux racontent la gloire de >> Dieu, et le firmament publie la grandeur » de ses œuvres. » Dieu a donc parlé une fois, dit David; et qu'est-ce qu'il a dit, grand prophète ? « Il a parlé une fois; et j'ai, dit-il, entendu ces deux choses: » Qu'à Dieu appartient la puissance, et » qu'à lui appartient la miséricorde ; » par où vous voyez manifestement que Dieu ne se glorifie que de sa puissance et de sa bonté. C'est la véritable gloire de Dieu, parce que la miséricorde divine, touchée de compassion de la bassesse des créatures, ét sollicitant en leur faveur la puissance, en même temps qu'elle orne ce qui n'a aucun ornement par soi-même, elle fait retourner tout l'honneur à Dieu, qui seul est capable de relever ce qui n'est rien par sa condition

naturelle.

Ces choses étant ainsi supposées, passons outre maintenant, et disons: La gloire de notre Dieu est en sa puissance et en sa bonté, ainsi que nous l'avons vu fort évidemment; or, c'est en la Croix que paroissent le mieux la puissance et la miséricorde divine; ce que je me propose de vous faire voir avec la grâce du Saint-Esprit. C'est pourquoi l'apôtre saint Paul, qui dit «< Que tout l'Evangile » consiste en la Croix, » appelle l'Evan

gile « la force et la puissance de Dieu. » Et d'ailleurs il ne nous prêche autre chose, sinon que «< la Croix nous rend Dieu pro

>>

pice, et nous assure sa miséricorde par >> notre Seigneur Jésus-Christ. » Par conséquent il est vrai que la Croix est la gloire des chrétiens; et quand je vous aurai montré dans le supplice de notre maître ces deux qualités excellentes, je pourrai dire avec l'apôtre saint Paul : « A Dieu ne plaise que »je me glorifie en autre chose qu'en la » Croix de Jésus! » C'est le sujet de cet entretien. Je considère aujourd'hui les deux bras de la Croix du Sauveur Jésus dans l'un, je me représente un trésor infini de puissance; et dans l'autre, une source immense de miséricorde.

Inspirez-nous, ô Seigneur Jésus, afin que nous célébrions dignement la gloire de votre Croix. Et vous, ô peuple d'acquisition, vous que le sang du prince Jésus a délivré d'une servitude éternelle, contemplez attentivement les merveilles de la mort triomphante de votre invincible libérateur. Commençons avec l'assistance de Dieu, et glorifions sa toute-puissance dans l'exaltation de sa Croix.

Ire PARTIE. SI vous voyez notre Seigneur Jésus-Christ abandonné à la fureur

des bourreaux, s'il rend l'ame parmi des douleurs incroyables, ne vous imaginez pas, chrétiens, qu'il soit réduit à cette extrémité par foiblesse ou par impuissance, ce n'est pas la rigueur des tourmens qui le fait mourir : il meurt parce qu'il le le veut, « et il sort du monde sans con» trainte, parce qu'il y est venu volontai»>rement » Abscessit potestate quia non venerat necessitate ( S. Augustin). La mort dans les animaux est une défaillance de la nature; la mort en Jésus-Christ est un effet de puissance. C'est pourquoi luimême parlant de sa mort, il dit : « J'ai » la puissance de quitter la vie, et j'ai la puissance de la reprendre. » Où vous voyez manifestement qu'il met en même rang sa résurrection et sa mort; et qu'il ne se glorifie pas moins du pouvoir qu'il a de mourir, que de celui qu'il a de ressus

citer.

Et en effet, ne falloit-il pas qu'il eût en lui-même un préservatif infaillible contre la mort, puisque par sa seule parole il faisoit revivre des corps pourris, et ranimoit la corruption? Ce jeune mort de Naïm, et la fille du prince de la synagogue, et le Lazare déjà puant, n'ont-ils pas ressenti la vertu de cette parole vivifiante ? Celui donc qui avoit le pouvoir de rendre la vie

:

aux autres, avec quelle facilité pouvoit-il se la conserver à lui-même ? En vain s'efforceroit-on de faire sécher les grandes rivières, ou de faire tarir les fontaines d'eau vive; à mesure que vous en ôtez, la source toujours féconde répare sa perte par elle-même, et s'enrichit continuellement de nouvelles eaux ; ainsi étoit-il du Sauveur Jésus il avoit en lui-même une source éternelle de vie, je veux dire le Verbe divin; et cette source est trop abondante pour pouvoir être jamais épuisée. Frappez tant que vous voudrez, ô bourreaux; faites des ouvertures de toutes parts sur le corps de mon aimable Sauveur, afin de faire, pour ainsi dire, écouler cette belle vie il en porte la source en luimême, et comme cette source ne peut tarir, elle ne cessera jamais de couler, si lui-même ne retient son cours. Mais ce que votre haine ne peut pas faire, son amour le fera pour notre salut. Lui qui commande, ainsi qu'li lui plaît, à la santé et aux maladies, il commandera à la vie de se retirer pour un temps de son divin corps: il ne veut pas que la nécessité naturelle ait aucune part dans sa mort, parce qu'il en réserve toute la gloire à la charité infinie qu'il a pour les hommes. Par où vous voyez, chrétiens, « Que notre maître est

» mort par puissance, et non pas par infirmité » Potestate mortuus est, dit saint Augustin.

Aussi l'évangéliste saint Jean observe une chose qui mérite d'être considérée; c'est que le Sauveur étant à la Croix, fait une revue générale sur tout ce qui étoit écrit de lui dans les prophéties; et, voyant qu'il ne lui restoit plus rien à faire que de prendre ce breuvage amer que lui pormettoit le psalmiste, il demanda à boire. « J'ai soif, dit-il aussitôt, afin que toutes choses » fussent accomplies. » Puis, après avoir légèrement goûté de la langue le fiel et le vinaigre qu'on lui présentoit, il remarqua lui-même que tout étoit consommé, qu'il avoit exécuté de point en point toutes les volontés de son père; et enfin ne voyant plus rien qui le pût retenir au monde, élevant fortement sa voix, il rendit l'ame avec une action si paisible, si libre, si préméditée, qu'il étoit aisé de juger que personne ne la lui ôtoit, mais qu'il la donnoit lui-même de son plein gré, ainsi qu'il l'avoit assuré « Personne, dit-il, ne m'ôte mon »ame; mais je la donne moi-même de » ma pure et franche volonté. »

O gloire! ô puissance du crucifié! Quel autre voyons-nous qui s'endorme si précisément quand il veut, comme Jésus est

« ElőzőTovább »