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cipe. Cet amour n'a aucun rapport, aucune liaison avec tout le reste, on pourrait le retrancher sans toucher à la fable du poëme; aussi n'y a-t-il été ajouté qu'après coup. Ce n'est pas ainsi que Virgile s'est servi de Didon, qui tient à l'objet principal de l'Enéide, qui fonde long-temps d'avance l'irréconciliable haine de Carthage et de Rome, suivant les desseins de Junon et les décrets de Jupiter; qui forme pendant les quatre premiers chants le plus puissant obstacle aux destins d'Enée, et qu'il retrouve même dans les enfers au sixième chant. Le Tasse, avec plus d'art encore, quoique avec une exécution moins parfaite, a lié son Armide à toute l'action de sa Jérusalem délivrée, et c'est un des plus beaux ornemens de ce poëme, dont l'ordonnance est irréprochable. Toutes ces conceptions sont grandes celle de la Henriade est petite.

La partie dramatique, celle qui consiste à mettre les personnages en action et en scène, n'a pas essuyé moins de reproches, et ils ne sont pas moins mérités. Valois ne parait que pour être assassiné. Mayenne, le rival de Bourbon, Mayenne annoncé comme un grand homme, est nul; on ne le voit point agir, on ne l'entend point parler, pas même dans les états assemblés pour le faire roi. D'Aumale son frère, qui devait rappeler le Turnus de l'Enéide, ne paraît point assez souvent dans les combats, ne fait aucun de ces exploits qui doivent caractériser un guerrier du premier rang. Il est trop perdu dans la foule, hors dans le combat singulier où il perd la vie, et Turenne, son vainqueur, ne se montre non plus que dans ce seul combat. C'est un art des anciens, et que parmi les modernes le Tasse seul a su imiter, de placer dans le large cadre de l'épopée une foule de figures héroïques, qui toutes se font reconnaître à une physionomie distincte; de les faire mouvoir à nos yeux dans des scènes animées et dans des périls éminens; d'inspirer pour ces divers personnages, ou de l'admiration, ou de l'intérêt, mais de façon que leur éclat serve à faire ressortir davantage la tête principale, celle du héros de l'épopée, et à le faire paraître d'autant plus grand, qu'il s'élève au-dessus de tout ce qui est grand autour de lui. Ainsi, dans Homère, Agamemnon, les deux Ajax, Diomède, Ulysse, Idoménée, Patrocle, Sarpédon, Hector, Enée, sont des hommes supérieurs, et Achille l'emporte sur tous. Ainsi, dans les six derniers livres de Virgile, calqués sur l'Riade, Turnus, Mézence, Pallas, Camille, se signalent par des exploits éclatans, et tous le cèdent à Enée. Ainsi, dans le Tasse, Godefroy, Tancrède, Argant, Clorinde, Soliman, sont distingués par différens caractères de valeur et de gloire, et Renaud les efface tous. On voit tous les acteurs de ces trois poëmes exécuter de grandes choses; on les connait, on vit avec eux, et l'épopée est là ce qu'elle doit être, le champ de l'imagination.

Cette richesse d'invention qui produit l'intérêt, manque certainement à la Henriade: les personnages agissent peu, et parlent encore moins. On a été surpris, avec raison, que l'auteur, né avec un génie si dramatique, en ait mis si peu dans son poëme; qu'il n'ait pas, à l'exemple des anciens, fait dialoguer les acteurs, et amené de ces scènes vives et passionnées qui font connaitre les personnages par eux-mêmes, et ne laissent au poëte que l'unique soin de faire les portraits; qu'il ait porté si loin cet oubli du dialogue, que, même dans les amours de Henri et de Gabrielle, on n'entende ni l'un ni l'autre proférer une parole. Mais alors Voltaire était un peu contempteur des anciens, et ne s'en est corrigé qu'en mûrissant son jugement; il ne voyait dans Homère que ce qu'il y a de trop en combats et en discours, et, frappé seulement de la profusion d'une richesse réelle et nécessaire, il tomba dans un excès tout autrement dangereux, la disette et la stérilité. En abrégeant trop ses combats, il s'est privé des détails épisodiques qui en varient la description dans le Tasse

comme dans les anciens. Aussi les dix chants de la Henriade ne sont-ils guère plus longs que les quatre premiers de l'Iliade ou de l'Eneide; et ce n'est pas là remplir la carrière de l'épopée. Resserré dans des bornes si étroites, il n'a qu'ébauché ce qu'il devait finir.

On se plaint encore que son héros ne soit pas présenté sous tous les aspects qui nous le font aimer dans l'histoire; que sa vie, qu'il expose si souvent, ne soit qu'une fois en danger; qu'on ne le voie point dans la cabane du laboureur amener de ces scènes d'une simplicité naïve et champêtre, qui coupent la continuité du ton héroïque, et font, dans le Tasse, le charme de l'excellent épisode d'Herminie.

Enfin, la machine du merveilleux, qui doit mouvoir tous les ressorts de l'épopée, est très-faiblement construite dans la Henriade. Sans doute un sujet moderne n'admettait pas les fables de l'antiquité; mais notre religion est très-susceptible d'une espèce de merveilleux que Voltaire luimême a jugé praticable, puisqu'il a essayé de le mettre en œuvre, et il n'a su qu'une fois en tirer parti. Le Fanatisme sortant des Enfers sous la figure de Guise massacré à Blois, et venant dans la cellule du moine Clément lui demander vengeance, et lui remettre un glaive pour frapper Henri III, n'est-il pas une belle fiction? C'est la meilleure de l'ouvrage ; et pourquoi n'y en aurait-il pas d'autres de cette espèce? Il se sert de la Discorde, et même trop: c'est un personnage froidement allégorique, qui revient à tout moment, Mais quand on personnifie ces êtres moraux il faut les lier aux passions humaines, et les tirer de la classe de l'allégorie purement philosophique. Il est de la poésie épique de substituer des images sensibles aux idées spéculatives; et, sous ce rapport, le ciel, la terre et les enfers sont du domaine de cette poésie, même dans notre religion. L'intervention des substances célestes, celle des héros et des saints qui ne sont plus, les bons et les mauvais anges, ces puissances intellectuelles, ennemies ou protectrices des habitans du monde physique, et cette puissance première dont elles ne sont que les instrumens, l'Etre éternel qui voit et conduit tout, voilà ce qui doit composer la machine épique. Mais il faut que tout soit pour ainsi dire revêtu de formes palpables: c'est le privilége de la poésie de nous rappeler à ces premiers âges, où la Divinité communiquait sans cesse avec les mortels, et se rendait visible à leurs yeux. C'est ainsi que l'épopée agit sur nous par ce pouvoir si grand sur tous les hommes, celui du merveilleux qui règne sur leur imagination.

Quelques personnes ont pensé que ces fictions ne pouvaient pas s'accorder avec la gravité d'un sujet historique et récent. Je crois cette opinion outrée ; j'accorderai seulement que la distance des temps et des lieux, la différence de religion, permettaient au poëte plus ou moins en ce genre. La conquête du Nouveau-Monde, inconnu pendant une longue suite de siècles, ouvrirait, par exemple, un champ plus étendu et plus libre aux fictions de toute espèce : l'ignorance absolue de ce qui était, étendrait la sphère du possible. J'avouerai aussi que la magie et les enchantemens, qui nous plaisent dans le Tasse quand il n'en abuse pas, ne nous plairaient pas plus dans la Henriade, que Jupiter, Mercure et Alecton; et j'ajouterai en passant que Voltaire a péché contre l'analogie du merveilleux, introduisant en action l'Amour de la Fable, avec ses ailes et son carquois, près de saint Louis et de la grâce divine. Mais je persiste à croire que le merveilleux dont j'ai parlé, et que Voltaire n'a fait qu'ébaucher, pouvait figurer heureusement dans la Henriade, et n'aurait ni blessé la raison, ni dérogé au sujet. Tout dépend du choix et de la manière. Les Harpies souillant les tables d'Enée, les vaisseaux Troyens changés en nymphes, et les compagnons d'Ulysse en pourceaux, ne choquent pas moins le goût dans les anciens, que les guerriers chrétiens transformés en perroquets par

en

la baguette d'Armide, dans un poëme moderne. Pourquoi? c'est que ces inventions, gratuitement merveilleuses, sans objet et sans moralité, sont aussi sans intérêt; mais la raison même approuve le merveilleux où elle se reconnaît. Dire qu'il n'en faut point du tout, est d'une philosophie très facile, et qui n'est point la règle de la poésie; mais trouver celui qu'il faut, est d'un talent difficile et rare.

Si la Henriade manque de tant de parties essentielles, quel est donc le mérite qui en balance les défauts? celui qui donne la vie aux ouvrages en vers, la poésie de style; c'est pourtant celui que les ennemis de l'auteur ne lui ont pas plus accordé qu'aucun autre. Ils ont même été en ce genre au dernier excès de l'injustice; et soit aveuglement, soit mauvaise foi, soit l'un et l'autre ensemble, comme il arrive quand la passion s'érige en juge, ils ont porté l'infidélité jusqu'à l'impudence, les invectives jusqu'à la fureur, le dénigrement jusqu'à l'extravagance. Je parle ici des plus emportés et des plus maladroits, et ce n'étaient pourtant pas des hommes sans connaissances et sans esprit. Batteux, Desfontaines, La Baumelle, quoique fort médiocres, et comme écrivains et comme critiques, n'étaient pourtant pas de ces auteurs que leur nom seul nous dispense de réfuter. J'ai regret d'être obligé d'y joindre ici un homme qui a beaucoup plus de goût et de littérature que tous les trois, et qui a prouvé, dans ces dernieres années (1), qu'il était capable de juger et d'écrire en homme de lettres et de talent. Mais une animosité particulière contre l'auteur de la Henriade égara long-temps son jugement et sa plume; et comme il s'est depuis montré digne de dire la vérité, il me pardonnera sans doute de la défendre contre ses anciennes erreurs, dans un ouvrage où mon premier devoir, mon premier intérêt doit être l'instruction générale. Je désire de le combattre sans le blesser; mais mon objet en ce moment étant de tirer des critiques mêmes de la Henriade la preuve de ses différens mérites, je ne puis passer sous silence une critique aussi connu et aujourd'hui aussi estimé que M. Clément, qui autrefois avait pris à tâche d'enchérir sur tous les détracteurs de Voltaire, et à qui sa jeunesse peut d'ailleurs servir d'excuse, puisqu'il a entièrement changé de ton et de style dans sa maturité.

SECTION II.

Des beautés poétiques de la Henriade, prouvées contre ses détracteurs.

La haine, qui, comme toutes les passions, rassemble les extrêmes et les contraires, qui est souvent si maligne et souvent si étourdie, tourna la tête à La Baumelle, au point que, dans son commentaire sur la Henriade, il imagina de rassembler toutes les critiques qu'on en avait faites, sans s'apercevoir qu'en se contredisant, elles se détruisaient l'une par l'autre, et s'avisa de refaire des morceaux considérables de ce poëme, sans avoir la première idée des principes de la versification. Il avait beaucoup à se plaindre des excès très-condamnables où Voltaire s'était porté contre lui: mais quand son ennemi l'aurait payé pour consentir à se youer luimême au ridicule, jamais La Baumelle n'aurait pu mieux faire. Ses vers sont à mourir de rire, et prouvent, encore plus que son commentaire, qu'un homme d'esprit peut n'avoir pas la plus légère connaissance de la poésie. Celui-là ne pouvait pas s'excuser sur sa jeunesse; il avait plus de cinquante ans quand il donna dans ce travers étrange, et n'avait jamais fait de vers quand il voulut apprendre à Voltaire comment on en faisait de bons. Je me garderai bien d'en rien citer; ce serait abuser du temps et de votre attention, Messieurs; et je n'ai même parlé de sa critique de la

(1) Tout cet article de la Henriade est de 1796.

Henriade, que parce qu'il y a réuni toutes celles qui avaient paru avant la

sienne.

Il cite l'abbé Desfontaines, qui nous dit : « Le principal défaut de la » Henriade, c'est d'être prosaïque et negligée dans le style. Il y a plus de » prose que de vers, et plus de fautes que de pages. Ce poëme est sans » feu, sans gout, sans génie

».

Il cite Fréron, qui nous dit : « Ce poëme est l'ouvrage d'un homme » de beaucoup d'esprit, incapable d'aller au génie, qui quelquefois tâche » de couvrir ce défaut à force de goût, et souvent ne le consulte pas assez ». Il cite l'abbé Trublet, qui nous dit : « Je ne sais pas comment la Hen» riade, avec une poésie et une versification si parfaite, a pu réussir à >> m'ennuyer

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Et la même contradiction s'offre à tout moment dans les censures de détail.

La critique qui fit le plus de bruit dans son temps, est celle qui parut en 1744 (1), sous le titre de Parallèle du Lutrin et de la Henriade. Ce titre était tout ce qu'il y avait de piquant dans cette brochure, et suffit alors pour la faire lire. Elle est ausei mal pensée que mal écrite, et, l'oubli en avait bientôt fait justice: La Baumelle ne réussit pas à l'en tirer. On y trouve que le grand est plus aisé à peindre que le plaisant à saisir; qu'un bon mot assaisonné dans un degré exquis est plus rare qu'un sentiment noble, qu'une belle image. C'est comme si l'on disait qu'il est plus difficile d'être Lucien qu'Homère, et que le Voyage de Chapelle est d'un talent plus rare que l'Eneide. On me dispensera de réfuter ces inepties. Il est triste qu'elles soient d'un professeur qui, dans d'autres écrits, n'a point paru étranger aux bons principes. On est affligé de voir un littérateur instruit, qui s'est assis depuis à l'Académie française, nous débiter gravement qu'il faut étre héros pour peindre les héros; que c'est une espèce de génération et de paternité qui produit son semblable. Cependant Homère n'était pas un Achille, ni Bossuet un Condé. Il est rare de déraisonner en plus mauvais style. Ailleurs, la Discorde va dire |des sottises aux papes. L'auteur a cru que sottises était synonyme d'injures cela est vrai dans la bouche du peuple et sous la plume des mauvais critiques, mais non pas chez ceux qui savent le français. On lit encore dans cette diatribe que le peuple ouvre de grands yeux vis-à-vis du mérite vanté qui n'est que de l'ombre: qu'un Amour des environs de Paris aurait aussi bien fait cet office qu'un vieux Cupidon de Cythere; que la simplicité, la candeur, la bonne intention de Jacques Clément le rendent un personnage intéressant; qu'on lui pardonnerait presque, en lisant ce poëme, de l'avoir débarrassé d'un acteur qui le surchargeait; que le plan de la Henriade est ridicule; que Henri IV y est presque un sot, etc. Ces jugemens, ces plaisanteries et ce style sont de la mème force.

:

Au reste, l'auteur prouve assez bien que l'exécution du Lutrin, proportion gardée de la différence des sujets, est plus fidèlement rapprochée des règles de l'épopée que la Henriade; mais il fallait ajouter que les beautés de celle-ci sont d'un ordre bien supérieur, et que, si Voltaire n'a pas été aussi parfait dans un grand sujet que Boileau dans un petit, il n'a pas laissé de montrer dans son ouvrage un génie que n'avait sûrement pas l'auteur du Latrin. On peut penser, sans être injuste envers Despréaux, qu'il n'aurait fait ni le second, ni le septième, ni le neuvième chant de la Henriade. On n'aperçoit chez lui rien qui ressemble à ce mélange heureux de pathétique, de philosophie et d'imagination, que les uges impartiaux admireront toujours dans les beaux morceaux de la Hen

(1) Elle était de l'abbé Batteux.

riade. La mort de Coligny, le songe où Henri IV est transporté dans les cieux et dans les enfers, l'allégorie du temple de l'Amour, le combat de Turenne et de d'Aumale, la bataille d'Ivry, l'attaque des faubourgs de Paris, le portrait du vieillard de Jersey, le tableau des amours de Henri et de Gabrielle, et beaucoup d'autres détails, sont d'une couleur épique, et d'un ton de poésie qui, ce me semble, était nouveau dans notre langue.

Qu'importe que La Baumelle s'écrie: Qui, dans cinqnante ans, lira ce recueil de pers? Cette exclamation n'est que risible; elle ne veut rien dire, si ce n'est que, ne pouvant nier à la Henriade cinquante ans de succès, on en demande cinquante autres pour avoir raison contre elle. Il y a trop peu de risque à parier pour son opinion à une telle distance. C'est ainsi que de nos jours un autre fou pariait contre Racine, et ne lui donnait plus que cent cinquante ans à vivre. Il y a aussi trop de modestie à reculer si loin l'effet de ses critiques.

Après tout, chacun fait ce qu'il veut de l'avenir; mais il ne faut pas mentir sur le présent. La Baumelle affirme que les amis et les admirateurs de Voltaire abandonnent eux-mêmes sa Henriade. La vérité est que les amis du talent et ses admirateurs éclairés ne dissimulent point les défauts de ce poëme, et qu'ils y reconnaissent en même temps, non pas seulement de l'esprit, comme on l'a dit ridiculement, mais du génie, et une sorte de génie qu'aucun poëte français n'avait eu avant Voltaire. Ils pensent que, quoique son style n'ait pas la richesse poétique de Virgile, quoique sa tête ait été beaucoup moins épique que tragique, la versification de la Henriade en a fait un des beaux monumens de la poésie française.

Ce n'est pas qu'il n'y ait, même dans cette partie, à reprendre ou à désirer; qu'il ne s'y rencontre des vers faibles, des négligences, des répétitions, des réminiscences; que l'auteur n'abuse quelquefois de l'antithèse; qu'en quelques endroits il ne mette de l'esprit au lieu d'imagination. Mais ces défauts sont clair-semés; et lorsque les beautés prédominent, il faut dire avec Horace: Ubi plura nitent, etc. « J'excuse les fau» tes quand les beautés l'emportent ».

Pour exagérer les unes et anéantir les autres, on a tenté tous les moyens. Un des plus usés, et qui pourtant fait toujours des dupes, c'est de rapprocher un certain nombre de vers qui, chacun à leur place, n'ont rien de répréhensible, et qui, réunis les uns près des autres, ressemblent à la faiblesse et au prosaïsme. Avec cet édifice, on ferait de Racine un mauvais versificateur. C'en est un autre du même genre, d'accumuler des vers qui, alignés ainsi dans la critique, offrent des tournures uniformes mais qui, à la distance où ils sont dans l'ouvrage, n'ont point cet inconvénient. On a été jusqu'à supputer combien de fois le même mot revient dans toute l'étendue du poëme. Ces pitoyables ressources sont les puéri– lités de la haine. Fréron, à qui elles étaient si familières, n'avait pas même l'honneur de l'invention. On avait calculé, du temps de Boileau combien de fois le mot affreux se trouvait répété dans ses écrits. Je ne me souviens pas du total, mais j'ai vu le bordereau. Si l'on eût prouvé que le mot était mal employé, ou répété à peu de distance, on aurait au moins dit quelque chose; mais quand Fréron s'est donné la peine de noter le mot tranquille dans la Henriade, vingt fois sur quatre mille vers, il y a de quoi s'amuser de cette censure arithmétique. Et quel en est le résultat? c'est que ce mot, examiné à sa place, est presque par tout d'un très-bel effet. Il ne s'agit pas ici

De ces mots parasites,

Qui, malgré nous, dans le style glissés,
Rentrent toujours, quoique toujours chassés ;

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