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L'Esclave Vindex.) — Alfieri, en haine des mollesses et des afféteries italiennes, s'était proposé un idéal dramatique vraiment trop abstrait, qu'on peut admirer à un certain point de vue, mais qui, à la longue, produit pour résultat ce qu'on doit le plus éviter en l'art, l'ennui. (TH. GAUTIER, Moniteur, 14 avril 1857.)

MON, particule affirmative :

J'enverrai tout à bas, puis après on verra.

Ardez, vraiment c'est mon, on vous l'endurera!

Vous êtes un bel homme, et je dois fort vous craindre.

(Gal. du Pal., iv, 12.)

On a donné de ce mot bien des explications dont plusieurs sont insoutenables. Ainsi, on lit dans Henri Estienne, Gramm. gallic., au chap. des adverbes, p. 77: « Unum est (adverbium), quod in responsione affirmat, videlicet, c'est mon, pro c'est moult, tanquam quis diceret latine, est multum. Utimur eo pro his verbis, il est ainsi que tu dis. » Nicot écrit mont, et c'est mont, et il le dérive pareillement de multum. Ce lexicographe donne aussi mon, et l'explique ainsi : « Mon solemus dicere, quod a græco μèv, pro quidem et certe positum est; cujus exemplum est hujusmodi.... C'est mon, c'est ainsi. » On lit dans le Dictionnaire de Furetière « Dans c'est mon, il faut sous-entendre avis qu'on a retranché pour abréger; mais il se dit d'ordinaire ironiquement.» « C'est mon. Sit modo; comme si l'on écrivait soit mon, prononçant soit par sait, » dit La Monnoie dans son édition des Nouvelles de Despériers.

Toutes ces interprétations ne valent pas celles de Ménage et de plusieurs anciens hellénistes comme Périon, Trippault, Lancelot, qui dérivent mon du grec po dans le sens de certes. C'est l'opinion généralement adoptée aujourd'hui, et nous nous y rangeons. Nous allons maintenant présenter les principales formes sous lesquelles on rencontre la particule mon.

C'EST MON:

Il en avoit la guerre :

Eschecq à l'huys, c'est fait, c'est mon.

C'est fait.

--

C'est mon.

(COQUILLART, Playdoyer.)

(Les Secretz et Loix de Mariage, composez par le Secrét. des Dames, Jean d'Ivry.)

Or c'est mon, par mon serment. (Farce de la Résurr. de J. Landore.)
Est-ce point Juda ou Symon?

Non est, cy est; c'est il, c'est mon.

(CL. MAR., 3 Epist. du Coq à l'Asne.)

Perrette, il est beau garçon, c'est dommage de quoy il est ainsi fol.-Mananda, disoit la garse, c'est mon madame, il est net comme une perle. (DESPÉRIERS, Nouv., LXVI, éd. La M.)

LUQUAIN. Monstrez un petit. Vertu de moy! c'est une vieille lame!

NICOLAS. Oy, par sainct Jean! et les vieilles sont les meilleures. Mais fay tout bellement, que tu ne la rompes.

LUQUAIN. N'ayez peur. C'est mon, vrayment, elle est bonne. (LARIV., Les Ecol., v, 3.)

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Un medecin vantoit à Nicocles son art estre de grande auctorité. Vrayement c'est mon, dit Nicocles, qui peut impunément tuer tant de gens. (Montaigne, Ess.. 11, 37.) — Mais il se repentira par après de s'y étre amusé. C'est mon; mais il s'y sera toujours amusé. (Id., ibid., x11, 9.)

-

Nous montons, et montant, d'un c'est mon, et d'un voire
Doucement en riant j'appointois nos procès.

Cestuy, les saluant: Vous arrivez bien tost!

C'est mon, ce disent-ils, c'est pour soigner au rost.

(REGNIER, Sat., XI.)

(Disc. de deux marchants fripiers et de deux tailleurs, 1614, in-8°.) Mme CRISARD. Ah! monsieur, vous ne deviez pas avoir cette opinion-là de votre fille il n'y en eut jamais une si bien née. PERRETTE. C'est mon. Ma foi, vous vous y connoissez! (ST-EVREM., Les Opéras, 1, 3.) —Vraiement, c'est mon (dit Collantine), vous me renvoyez là à de belles gens. (FURETIÈRE, Le Rom. bourg., 11.) -Tu es bien chanceux: tu as perdu ton procès? Ce Manceau lui dit pour toute réponse Vraiement, c'est mon, v'là bien de quoi! N'en aurai-je pas un autre tout pareil quand je voudrai? (Id., ibid.)

Ardez, voire, c'est-mon.

(REGNIER, Sat., XI.)

Corneille, en écrivant le vers plus haut cité, a dû se souvenir de celui-ci.

Le vieux dictionnaire anglais-français de Cotgrave indique la forme c'est mont, dans le sens de c'est à savoir.

Mon s'employait de même avec différents temps et différentes personnes du verbe être.

Tu es venu de l'ost des Tartarins? Sire, fit-il, suis mon. (JOINv., C. LIX.)

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LE PARDONNEUR. Sang bieu, il estoit de nos gens.

LA TAVERNIÈRE. Ha, c'estoit mon; j'en suis bien ayse. (Farce d'un Pardonneur.)

ÇA MON, abrégé de ce a mon, se trouve dans de vieux textes,

de même que la forme négative ce n'a mon:

Saint Jehan! ça mon! dit-il. (Cent Nouv. du roi Louis XI, xxx111.)

Hé! je pense que voire ça mon vrament

Qui ne sauroit ce que vous sçavez dire.

(Com. de Chans., 111, 2.)

Ça mon, vraiement! il a fort à gagner à fréquenter vos nobles, et vous avez bien opéré avec ce beau monsieur le comte, dont vous vous êtes embéguiné! (MOL., Le Bourg. gentilhomme, 111, 3.)

On écrivait aussi samon:

JEANNE.

SILVIE.

On fait courir par la ville

D'assez mauvais bruit de toy.
Vraymen, samon, il y a bien de quoy.

(Com. de Chans., 11, 1.)

Mais samon est exactement la même chose que çamon, et tient à une confusion d'orthographe très-fréquente dans l'ancienne langue, où l'on rencontre à chaque instant s employé pour c et réciproquement.

A SAVOIR MON, ASSAVOIR MON, ASÇAVOIR MON:

Assavoir mon aucunement

Se le mary doit enquerir

A la femme dont cela vient,

Ne qui la peult si bien fournir?

Examiné assavoir mon,

COQUILLART, Droitz nouv., 1, De Statu Hominum.)

S'il scet point, sur ce contenu,
Que aucunes fois ledict Mignon
Ait à la Simple appartenu.
Examiné se ce Mignon

Est à la Simple; et, se ainsi est,
Qu'il nous declaire assavoir mon
S'il vient de propre ou de conquest,
S'il vient de naissant ou d'acquest,
S'il vient d'apport ou de douaire.

En effect, je concludz ainsy,
Et sy le cuyde entendre bien,
Qu'on doit aymer en lieu de bien.
Asçavoir-mon se ces fillettes,
Qu'en parolles tout le jour tien,
Ne furent pas femmes honnestes?

(ld., Enqueste.)

(Id., ibid.)

(VILLON, Grant Testam., Doctr. de la belle Heaulmière, L.)

A savoir mon, si toute arismetique
Sçauroit nombrer le sexe folatique,
Je ditz que non ; il est inestimable.

GEORGE LE VEAU. Ne seroys-je point de la ligne

LE CURÉ.

Des pers de France?

Assavoir mon.

(Sermon des Foulx.)

(Farce nouv., très-bonne et fort joyeuse, de George le Veau.)

Or luy soit l'affaire conté,

Ma dame, ce c'est vo plaisir;
Assavoir mon, se resjouir

Se vouldra quant il l'orra dire.

(La Vie du maulv. Riche.)

Le différend estoit à sçavoir-mon si de toutes les bestes qui sont aujourd'hui au

monde, y en avoit deux de chacune dans l'arche de Noé. (DeSPériers., Nouv., LXVIII, éd. L. M.)

Assavoir mon si les bossus

Seront tous droit en l'autre monde.

(CL. MAROT, 11 Epist. du Coq à l'Asne.)

Il me semble, dist Oisille, que la comtesse en feit si bonne punition, que ses compaignons y povoient prendre exemple. Mais assavoir-mon, dist Nomerfide, si elle fit bien de scandaliser ainsy son prochain. (MARG. D'ANG., Hept., XLI® nouv.) Si le long temps donne aux vers la bonté

Ainsi qu'aux vins, quelle est la quantité

Qu'il leur faut d'ans pour estre en bonne estime?
A-sçavoir-mon si bon poëte on estime

Celuy qui ja depuis cent ans est mort,

Ou rien de bon de sa vene ne sort? (H. EST., Apol. pour Hérod., c. 11.) Nous venons à des tavernes, hosteleries, estuves, et autres bons lieux : nous trouvons là des chambrieres au mestier, et qui ne valent pas beaucoup d'argent : asçavoir-mon si c'est mal faict d'en user comme de sa femme. Voilà (di-je) une question qu'il fait en la personne de quelques bons compagnons. (Id., ibid., vì.) On trouve dans Sainte-Palaye la forme à sçavoir mont dans le sens de savoir.

SCAVOIR MON, SAVOIR MON :

En treis manieres est dotis,
Destreiz, angoissus e pensis :
Saveir s'en Dace turt u nun
Sur le rei traïtur felun
Qui si l'aveit deshérité

E de la terre fors jeté,

U saveir mun s'il aut en France

Senz plus targer, senz demorance,
U saveir mun si cele Anglée
Que de morz a ensanglantée,
Gastera plus ne destruira,

U si à son oés la retendra. (BEN., Chron. des ducs de Norm., 11, 1337.) Assez pensa... a celle chose, sçavoir mont s'elle la diroit a son frere. (LANCELOT DU LAC, t. 111, fol. 125, vo, col. 1 et 2.)

On rencontre plusieurs fois chez Marot sçavoir mon, de mêmeque assavoir mon. On trouve la même forme chez divers écrivains du seizième siècle :

J'ay entrepris ce discours, sur ce que j'ay veu souvent faire ceste dispute parmy de grands capitaines, seigneurs, braves cavalliers et vaillans soldats, savoir mon si l'on doit praticquer grandes courtoisies et en user parmy les duels, combats, camps clos, estoquades et appels. (BRANT., D'aucuns duels, etc.)

Cy gist un prélat honoré,

Qui porte la barbe prolixe,
De couleur de vermeil doré,
Brillant comme une estoile fixe.
Preschant sur un enterrement,
Il sermonna si longuement,

Qu'il en trespassa de destresse,
Non sans laisser un sçavoir-mon
Laquelle de ces deux choses est-ce
Qui fut plus longue en son espèce.

De sa barbe ou de son sermon. (TALLEM. DES RÉAUX, Les Historielles,
Epitaphe de M. de Rouen. Monm. et P. Paris, t. iv, p. 78.)

A la page 84 du tome iv de la belle édition de Tallemant qui vient d'être citée, on lit cette note:

. L'expression sçavoir-mon, employée dans l'épitaphe, répond ici bien clairement à savoir; et je la crois venue de la façon de parler latine, fort usitée dans les écoles, scire meum, à mon savoir, suivant ma façon de penser. Des bancs de l'école, elle sera passée dans le monde. Et l'on a dit aussi; C'est mon, saimon, samon et ça mon, ce sont autant de formes corrompues du primitif savoir-mon ou à savoir-mon. Dulorens, dans une satire imprimée en 1654, Nouveau Recueil des plus belles poésies..., p. 112:

Il se prise si fort, il s'en fait tant accroire,

Qu'à tout ce qu'il nous dit il faut respondre voire,
Cesmon, ou pour le moins se taire.

Là, cesmon répond encore à c'est mon opinion, mon avis. M. Boissonade, qui a bien voulu nous communiquer ses recherches sur cette façon de parler, l'a trouvée pour la dernière fois dans Regnard et Dancourt. »

Tous les faits qui vont encore suivre, comme ceux qui précèdent, ne permettent pas, croyons-nous, d'adopter cette étymologie, applicable au plus à quelques cas particuliers.

Mon se trouve aussi avec savoir à d'autres temps que le présent de l'infinitif:

Beau fils, dit l'amiral, say mon. (Le Roman de Mabriant, xxvIII.) — Galien lui va dire Mamie, moult avez eu de poureté depuis que ne vous vis. Hélas! dit la dame, say mon. (Le Roman de Galien restauré, 75.)

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(Colin qui loue et despite Dieu en ung moment à cause de sa femme.) Un boulanger, prenant la parole pour le meusnier, qui estoit, comme je croy, son compère, dit que cela estoit estrange que l'on blasmoit les personnes les plus necessaires et desquelles on ne se pouvoit passer. - Sçay mon! ma foy, dit un relieur; voilà des gens bien necessaires, mais c'est pour tirer l'argent et ruiner entièrement le pauvre peuple. (Les Contens et Mescontens sur le sujet du temps, 1649, in-4°.)

M. E. Fournier pense que sçay mon est ici pour ce mon, ca mon. (Var. hist. et litt., t. v, p. 335.) Les exemples précédents prouvent que l'estimable philologue est dans l'erreur, et que mon se joignait au verbe sçavoir, savoir, à différentes personnes et à différents temps.

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