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La locution secrétaire de mes pensées, pour confident de mes pensées, est celle qu'on rencontre le plus souvent.

SECRÉTAIRE, écrivain public:

Proche saint Innocent il se fit secrétaire,
Après, montant d'état, il fut clerc d'un notaire.

SÉDUIT DE, trompé par :

En ce déguisement on ne peut nous connoître,

Et sans doute bientôt le jour qui vient de naître
Conduira Rosidor, séduit d'un faux cartel,

Aux lieux où cette main lui garde un coup mortel.

SÉJOUR, retard, délai :

C'est comme doit agir un véritable amour;

(L'Illus. com., 1, 3.)

Un feu moindre eût souffert quelque plus long séjour,
Et nous voyons assez par cette expérience
Que le sien est égal à son impatience.

N'y perdons point de temps, et sans plus de séjour,
Allons sacrifier au tout-puissant amour.

Sans discourir faites ce qu'il faut faire ;
Un moment de séjour peut tout déconcerter.

(Clit., 1, 5.)

(La Veuve, v, 6.)

(La Tois. d'or, 1, 6.)

(Oth., iv, 2.)

Séjour était très-usité autrefois dans le sens de retard ou de repos, ce qui au fond revient au même :

Voyez comme un peu de séjour quelquefois porte dommage. (MONTLUC, Commentaires, 1.)-Je n'ai jamais été en séjour, ains toujours prêt au premier son du tambourin. (Id., ibid.)

Qui a veu le passereau

Dessus le printemps nouveau,

Pipier, battre de l'esle,

Quand d'un infini retour

Il mignarde sans séjour
Sa lassive passerelle.

De même avec un régime indirect :

(J. TAHUREAU, Poés., Les Baisers.)

Je suis fort de cet advis, qu'il est bien plus aisé et plus plaisant de suivre que de guider, et que c'est un grand sejour d'esprit, de n'avoir à tenir qu'une voye tracée et à respondre que de soy. (MONTAIGNE, Ess., 1, 42.)

Il s'employait aussi pour loisir, ce qui est toujours le même sens :

Ce ne sera chose inutile, ni oisive, vu que nous sommes de séjour, vous ramentevoir la première source et origine dont nous est né le bon Pantagruel. (RABELAIS, II, 1.)

SEMER, v. a., fig. SEMER QUELQU'UN PAR MORCEAUX, en disperser les membres :

Pour jeter un obstacle à l'ardente poursuite

Dont mon père en fureur touchoit déjà ta fuite,
Semai-je avec regret mon frère par morceaux?

(Méd., 111, 3.)

En parlant de la renommée :

Là nous n'avons rien su que de la renommée,
Qui par un bruit confus diversement semée,
N'a porté jusqu'à nous ces grands renversements
Que sous l'obscurité de cent déguisements.

(Rodog., 1, 1.)

Cette image ne plaisait pas à Voltaire qui la critique ainsi : << Il ne faudrait pas imiter cette phrase, quoique l'idée soit intelligible. On ne dit pas, semer la renommée, comme on dit, dans le discours familier, semer un bruit. La renommée diversement semée par un bruit; cela n'est pas français. La raison en est qu'un bruit ne sème pas, et que toute métaphore doit être d'une extrême justesse. »

Palissot lui répond justement :

« Semer se dit très-bien et très-poétiquement pour répandre; or la renommée se répand comme le bruit. Racine ne balance pas à dire dans Phèdre :

Qu'à bon droit votre gloire en tous lieux est semée !

ce qui est beaucoup plus hardi. Mais pourquoi ne pourrait-on pas semer la gloire, si l'on peut en faire des moissons? Boileau n'a-t-il pas dit :

< Que de moissons de gloire en courant amassées ! »

Un poëte très-distingué, quoique peu connu aujourd'hui, du commencement du dix-septième siècle, avait dit avant Corneille:

Mon âme s'en alloit tristement abattue

Sous le pesant fardeau de cent soucis divers,
Et la nécessité, qui la ronge et la tue,

L'éloignoit pour jamais de la source des vers:
Mais le bruit glorieux que fait ta renommée,
De climat en climat superbement semée,
M'empêcha d'écouter ces lâches passions.

(ADAM BILLAUT, Ode à Monseigneur le cardinal de Richelieu.)

L'adjectif publique, accompagné de l'adverbe partout, rend ici l'expression redondante et vicieuse.

SEMER LA HAINE, pour signifier faire naître la haine dans tous les cœurs :

J'ai ma part comme un autre à la haine publique
Qu'aime à semer partout son orgueil tyrannique.

NE SEMER QU'ÉPOUVANTE ET QU'HORREUR :

Et comme il n'a semé qu'épouvante et qu'horreur,
Il n'en recueille enfin que trouble et que terreur.

(Au.,

11,

6.)

(Héracl., 1. 1.)

- Corneille emploie encore semer au figuré pour signifier répandre à profusion :

Qu'elle a fait un beau choix ! jamais éclat pareil
Ne sema dans la nuit les clartés du soleil.

SENSÉ, qui a du sens, précédé de l'adverbe bien :

Apprends que les discours des filles bien sensées
Découvrent rarement le fond de leurs pensées.

(Med., 11, 4.)

(Mėl., III, 4.)

Sensé, jusqu'à la fin du dix-septième siècle, se trouve souvent ainsi employé avec bien, ou mieux, le mieux :

Sa réputation étoit plutôt l'effet d'une ferveur et d'une inclination indiscrète de jeunes gens que d'un consentement de personnes savantes et bien sensées. (MALEBRANCHE, Rech. de la vérité, m.) — Cette importante difficulté de la justification, de laquelle leurs premiers auteurs ont fait leur fort, n'est plus à présent considérée comme capitale par les personnes les mieux sensées qu'ils aient entre eux. (Boss., Expos. de la Doctr. de l'Église, vii.)

SENTIMENT. PARLER DE SON SENTIMENT, parler d'après, suivant son sentiment :

Vous me connoissez mal pour m'aimer de la sorte,

Et vous en parlez moins de votre sentiment,
Qu'à dessein de railler par divertissement.

SENTIR, entendre:

C'étoit fait de ma vie, ils me traînoient à l'eau,

(L'Illus. com., III, 7.

Mais sentant du secours ils ont craint pour leur peau,

Et jouant des talons tous deux en gens habiles,

Ils m'ont fait trébucher sur un monceau de tuiles. (Suite du Ment., iv, 7.)

On retrouve très-loin dans l'ancienne langue sentir, employé comme l'italien sentire, dans le sens d'entendre, de connaître, et même de voir :

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Sentant la rumeur que l'en faisoit pour la fuite de son père, dont elle estoit fort dolente, et doubtant la fureur du peuple, se vint getter aux piez de Hetor. (Le Roman de Troilus.) Et se pourpensa en son cueur, avecques divers argumens, essaier s'il en porroit sentir quelque chose quant temps et lieu seroit. (Ibid.) - Et eux, sentans que le roy et son ost approchoient d'eux, ils leverent leur siege assez hastivement. (JuV. DES URS., Hist. de Charles VI, 1383.) - Ainsi donc qu'elle le sentit monter les degrez, elle pria le premier de se cacher en la ruelle du lict, jusques à ce que ce second s'en fust allé. (H. ESTIENNE, Traité préparatoire à l'Apologie pour Herodote, c. xv.)

Mais ayant beu vingt fois d'autant

Nul de vous n'est jamais content,
Sentant vuider son gobelet.

(Id., ibid., c. xx.)

Quand Pompeius sentit Cæsar approcher, il n'oza demeurer en la ville. (AMYOT, Vies, Cicero.) - Et luy-mesme y passa aussi, puis apres, quand il sentit que Cæsar estoit arrivé. (Id., ibid., J. Cæsar.) — Il y avoit deux chiens qui ne ces

soient de crier et glappir au moindre bruit qu'ils sentoient. (Du VILLARS, Mém., in, 1552.) Comme ils nous sentirent approcher, les conseils se saisirent de quatre ou cinq des principaux séditieux. (MONTLUC, Comment., v.)

Cette signification se rencontre plusieurs fois chez Montaigne.

Aussytost que le duc de Mayenne et le comte Charles m'ont senty approcher d'eulx, ils se sont retirés devers Ham. (Lett. miss. de Henri IV, t. m, p. 748.) Entrons, je sens l'huys entr'ouvert, J'apperçoy la chandelle.

(ST-AMANT, La Nuict.)

Plus anciennement, on a de même dit ressentir pour entendre. On trouve aussi se sentir pour se voir, toujours par le même italianisme :

La seconde joie, si est quant la dame se sent richement abillée, comme dit est, et sçait bien que elle est belle (et si elle ne l'est, si le pense-elle, et le croit ainsi), et va à plusieurs festes, assemblées et pelerinages. (Les quinze Joyes de mariage, La seconde Joye.)

SENTIR, avec un nom de chose pour sujet, indiquer, trahir, respirer:

Que ces prétentions sentent les âmes basses!
Cependant je dirai que cette retenue

Sent une âme de trouble et d'ennuis prévenue.

(Tite et Bér., v, 3.)

(Sur., III, 1.)

Elle (cette prière) n'a pas l'élévation d'un docteur de l'Eglise, mais elle a la simplicité d'un saint, et sent assez le zèle de son siècle où, dans les hymnes, proses et autres compositions pieuses que l'on faisoit en latin, on recherchoit davantage les heureuses cadences de la rime. (Louanges de la Vierge.)

Quelque revers d'amour vous conduit en ces lieux,
N'est-il pas vrai, monsieur? et même cette aiguille
Sent assez les faveurs de quelque belle fille.

(Clit., 11, 5.)

Nous citons ces exemples comme vieillis. Corneille en offre d'autres, dans le même sens, qui sont plus conformes à l'usage moderne. Tel est le suivant:

Dis-moi, me trouves-tu bien fait en cavalier?
Ne vois-tu rien en moi qui sente l'écolier?

(Le Ment., 1, 1.)

Dans un sens analogue, avec un nom de personne :

Quand je considere le peu de bruit qu'elle fit à son arrivée à Paris, venant d'un homme qui ne pouvoit sentir que la rudesse de son pays, et tellement in tonnu qu'il étoit avantageux d'en taire le nom; quand je me souviens, dis-je, que... (Mel., à M. de Liancour.)

Il vint hier de Poitiers, mais il sent peu l'école.
SENTIR, suivi de son. SENTIR SON MOQUEUR,

querie:

Supplice imaginaire, et qui sent son moqueur.

(Le Ment., 11, 1.)

sentir la mo

(Mél., 1, 8)

SENTIR SON ABANDON, en parlant de poésie, avoir un air négligé :

Cela sent un peu trop son abandon, messéant à toute sorte de poëme, et particulièrement aux dramatiques, qui ont toujours été les plus réguliers. (La Veuve, Au lecteur.)

SENTIR SA FIN DE COMÉDIE, avoir l'air d'être amené exprès pour finir la comédie :

Outre l'âge, en tous deux un peu trop refroidie,
Cela sentiroit trop sa fin de comédie.

(La Gal. du Pal., v, 8.)

se sentir, suivi d'un verbe actif, avec le sens passif:

Sa vue accroît l'ardeur dont je me sens brûler.
Elles virent ma fille, et leurs regards à peine
Rencontrèrent les siens sur cette humide plaine,
Que par des traits plus forts se sentant effacer,
Eblouis et confus je les vis s'abaisser.

Mais il manque le comble à cet excès de joie,
Dont vous vous sentiriez encor bien mieux saisir,
Si vous voyiez qu'Erixe en eût du déplaisir.
Par d'inquiétants transports me sentant émouvoir;
J'en connus le sujet, quand j'osai vous revoir.

(Le Ment., 11, 4.)

(Androm., 1, 1.)

(Sophon., 11, 5.)

(Poés. div., Elégie.)

Ce gallicisme, encore usité, l'était beaucoup plus autrefois, que sentir fût employé d'une manière active ou réfléchie :

Je crois que le tyran qui d'eternelles flames
Donne le chastiment ordonné pour les ames,
Quand je serois esclave au fonds de ses enfers,
S'il savoit le sujet de mon impatience,
Sentiroit, me voyant, blesser sa conscience,
S'il ne me permettoit de sortir de mes fers.

(THEOPH., Sonnet pour une amante captive.)

O double desespoir dont je me sens poursuivre,
Ne pouvant esperer de mourir ny de vivre!

(SCHELANDRE, Tyr et Sidon, 2o journ., iv, 3.) Nous devons travailler sans cesse à nous conserver cette joie qui modère notre crainte, et à conserver cette crainte qui conserve notre joie, et selon qu'on se sent trop emporter vers l'une se pencher vers l'autre pour demeurer debout. (PASCAL, Lett., vi, à Mile Roannez.)

Ah! je me sens saisir d'horreur!

Mon cœur tremble, soupire et se sent déchirer.

Il sent soudain frapper et son cœur et ses yeux
Par l'objet le plus agréable,

Le plus doux et le plus aimable
Qu'il eût jamais vu sous les cieux.

(QUIN., Phaet., 1, 8.)

(Id., ibid., 11, 4.)

(PERRAULT, Contes en vers,

Griselidis.) L'empereur se sent émouvoir par l'émotion des autres. (Mme de VILLED., Annales Aussi je vous avoue que je sens déchirer mes entrailles quand on

galantes, 11.)

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