Saison, pour occasion, circonstance, temps, s'est dit avant Corneille, et se rencontre assez fréquemment dans ses contemporains: Monsieur du Plessis, j'estime qu'en nulle autre saison ny en meilleure occasion, vous ne me sçauriés faire paroistre ce que je me suis tousjours promis de vous, qu'en celle qui se presente maintenant en l'assemblée de ceulx de la Religion. (Lell. miss. de Henri IV, t. iv, p. 780, 23 juin 1597.)- Nous continuerons tousjours en la mesme affection et bienveillance en vostre endroict que vous avés esprouvée et recogneue en nous en tant de diverses et perilleuses saisons. (Ibid., t. 1, p. 780, à Mers des églises réformées, 25 mai 1593.) Comme tout n'est icy bas qu'une vicissitude perpétuelle, et qu'en un moment toutes les affaires peuvent avoir changé de face, il arrive que ce qui estoit bon à dire en une saison ne l'estant plus en une autre, l'esprit se trouve d'abord embarrassé à le comprendre. (ST-AMANT, La Génér., au lect.) — Ajoutez à vostre louange que vostre ame n'a jamais pu estre vaincue par les presens, et que dans une saison où l'avarice regne si souverainement, vous n'avez jamais porté la main sur le gain et sur le profit. (DU RYER, Trad. des Quest. nat. de Sénèque, 1. iv, préf.) SALAIRE, au pluriel, dans le sens du singulier: Tôt où tard le mérite a ses justes salaires, (Agés., 1, 1.) SALUTAIRE, subst., en langage de l'Écriture sainte, le Sauveur, Salutare: Élevons avec joie et nos cœurs et nos voix Au vrai Dieu, notre Salutaire. Où s'élevoit ma joie en votre Salutaire. En toutes les nations. Ce divin Salutaire est bien près de paroître. (Trad. du Ps. XXIV.) (Trad. du Ps. L.) (Trad. du Ps. LXVI.) (Trad. du Ps. LXXVI.) (Trad. du Ps. LXXXIV.) (Trad. du Ps. XCVII.) SANG. ÊTRE LE SANG DE QUELQU'UN, être de son sang, de sa race, de sa famille : En deviendroient jaloux, s'il n'étoit pas leur sang. SE FAIRE LE SANG DE QUELQU'UN, se lier de la parenté à quelqu'un : N'écoutez point pour lui ces maximes cruelles. En épousant Pauline il s'est fait votre sang. La Harpe souligne l'expression comme singulière. SON SANG, en parlant d'un frère : Et qu'à nos yeux Camille agit bien autrement! Son frère est votre époux, le vôtre est son amant : (Androm., prol.) (Hor., iv, 6.) plus étroite (Pol., 11, 3.) Mais elle voit d'un œil bien différent du vôtre SANGLANT, fig. SANGLANT DÉSESPOIR : Qu'avec des mots si doux vous m'êtes inhumaine ! (Hor., 1, 1.) (La Suiv., IV, 9.) La métaphore est trop violente, surtout pour une comédie. SANS. JE LE SAIS BIEN SANS VOUs, sans qu'il soit besoin que vous me le disiez : Ne me contez point tant que mon visage est beau, Ces discours n'ont pour moi rien du tout de nouveau, Je le sais bien sans vous. SATISFAIRE, absol., obéir: - (La Gal. du Pal., II, 1.) Commandez que son bras, nourri dans les alarmes, SATISFAIRE (SE) DE, être satisfait de : Les causes, comme à vous, m'en semblent fort obscures; (Le Cid, 11, 7.) (Hor., 1, 1.) SAUVER SES REGARDS DE..., les détourner de..., pour les pré server: Il s'écrie aussitôt : Amis, fermez les yeux, Et sauvez vos regards de ce présent des cieux. (Androm., v, 5.) SAVANT, adj. SAVANT DE, qui sait, qui connaît telle chose : Rome l'eût laissé vivre, et sa légalité (Nicom, 1, 5.) Voltaire relève la répétition savante, savoit, et taxe de barbarisme la locution savante de. La répétition est réellement fautive. Mais savant de était trèsfrançais. Corneille a pu se servir de cette locution dans la tragédie de Nicomède, comme il l'avait déjà employée dans la comédie de Mélite : Tes protestations ne font que m'offenser; Savante à mes dépens de leur peu de durée, (Acte v, sc. 3.) On en trouve de fréquents exemples dans les meilleurs écri vains en prose et en vers du seizième et du dix-septième siècle : Je me suis fait sçavant de tout ce beau mystère. (J. de SchelandRE, Tyr et Sid., 1TM journ., v, 1.) Vous estes desormais sçavant de ma demande, Sans que par long discours plus claire je la rende. Quelle voix favorable offre à m'oster de peine (Id., ibid., 2e journ., v, 5.) Et me rendre sçavant de cela que je veux? (L'Archi-Sot, Écho sat., 1605.) Quoiqu'il fust très-sçavant de son humeur et de ses tromperies, si ne se peust-il empescher de se plaire à ses flatteries. (D'URFÉ, l'Astrée, 1, 5.) - Sans le péché du premier homme, nous naissions tous sçavans des arts et des sciences nécessaires pour nostre conservation. (RACAN, Harangue à l'Académie.) Je mandai à madame de Brienne que l'on estoit bien plus sçavant à Paris de ce qui se passoit à Saint-Fargeau que ceux qui y estoient. (Mile DE MONTPENS., Mém., 1656.) — Je demanderois volontiers à ces gens-là... qui leur a dit que l'âme se va divertir ainsi, et d'où ils sçavent qu'elle se détache ainsi du corps, pour aller pénétrer dans les choses futures, et se faire soy-mesme sçavante de l'avenir. (DASSOUCY, Pensées dans le saint office de Rome.) — Cependant par je ne sçai quelles raisons d'État dont je ne suis pas plus sçavante que des autres, on fit peu de tems après arrêter Megabise. (M DE VILLED., Annales galantes de Grèce, vii.) On disait de même en latin sciens alicujus rei. SAVANTE EN POISON, habile à en composer : Accoutumée au meurtre, et savante en poison, (Méd., iv, 2.) SAVANT A (un subst.), qui se connaît à : Pour peu savant qu'on soit aux mouvements de l'âme, Un homme si savant au langage des yeux SAVANT A (un infin.), qui sait très-bien : Eduige à fourber n'est pas assez savante. Nul plus que toy sera sçavant A tourner les bandes en fuite. (La Suiv., 1, 9.) (Ibid., ш1, 9.} (Perth., 111, 4.) (RONS., Odes, ш, 5.) (Suite du Ment., 11, 3.) SAVOIR, V. EN SAVOIR BEAUCOUP, comme en savoir long : A vous dire le vrai, vous en savez beaucoup. SAVON, pour savonnage. Parlant de collets : Ceux-là sont assez beaux, mais de mauvais service, En moins de trois savons on ne les connoît plus. (La Gal. du Pal., 1, 6.) SCRUPULE. NE POINT FAIRE DE SCRUPULE DE, ne point faire scrupule de : J'ai suivi la peinture que fait Quintilien d'un vieux mari qui a épousé une jeune femme, et n'ai point fait de scrupule de l'appliquer à un vieillard qui se veut marier. (Exam. de la Suiv.) SEC. PRONONCIATION SÈCHE, par opposition à prononciation mouillée : La double l, dont je viens de parler à l'occasion de l'e, a aussi deux prononciations en notre langue : l'une, sèche et simple, qui fait l'orthographe; l'autre, molle, qui semble y joindre un h. (Préf. de: Le Théâtre de P. Corn., éd. de 1682.) SECOND, s., celui qui soutient un autre dans un combat, employé avec le plur., au figuré comme au propre : Vous vous défaites bien de quelques droits d'aînesse, SECONDER, suivre : Je ne vanterai point les exploits de mon bras; (Nicom., 111, 6.) (OEd., iv, 5.) (Androm., iv, 5.) (Hor., V, 2.) Le sens de suivre, accompagner, venir après, plus voisin de l'étymologie que l'acception usuelle, se trouve assez souvent, avec diverses nuances, après comme avant Corneille : Vous pouvez juger par ce riche eschantillon quel estoit le demeurant de la piece. Bien vous dirai-je qu'il m'en recita par cœur une vingtaine d'autres, qui secondaient cestuy de bien près. (PASQ., Rech., V11, 6.) — La plus belle de toutes estoit criee la premiere, et elle ayant esté achetee à bien haut pris, on crioit celle qui la secondoit en beauté, et puis ainsi les autres consecutivement. (H. EsTIENNE, Apol. pour Hérod., Disc. prél.) La corruption estoit desja si grande qu'il (Ovide) pense qu'il fust eschappé à meilleur marché s'il eust esté né ou devant ou apres le cinquieme siecle: comme jugeant que tant s'en falloit qu'il en peust venir un pire, que mesme il n'estoit possible qu'il en veint un autre qui le secondast en meschanceté. (Id., ibid., c. 1v.) Je te prie, comment se porte Qui en honneur la passe ou la seconde. (PASSERAT, Hymne de la nuit.) Cent discours obligeants secondent cet hommage. Que d'esprit! on ne peut en montrer davantage. (T. CORN., César d'Avalos, 1, 1.) -SECONDER, absolument, répliquer sur le même ton: Il m'aborde en tremblant avec ce compliment: Vous m'attirez à vous ainsi que fait l'aimant. Et réponds brusquement sans beaucoup m'émouvoir : (La Veuve, 1, 4.) SECOURS. APPELER QUELQUE CHOSE AU SECOURS, l'appeler à son secours : Appelez la mémoire, ou l'esprit au secours. (Le Ment., v, 3.) SECRET, ressort, employé fig. pour signifier expédient, moyen: Le secret a joué. C'est-à-dire le moyen a réussi. (Le Ment., iv, 6.) SECRÉTAIRE, celui à qui l'on confie ses secrets, confident, comme l'italien secretario: Tu seras de mon cœur l'unique secrétaire, (Le Ment., 11, 6.) Ce sens si naturel se rencontre très-fréquemment à partir du quatorzième siècle jusqu'à la seconde moitié du dix-septième : En telle maniere que vous dictes que je suis vostre secretaire, dis-je que vous estes la mienne dessus toutes autres. Et pour ce vous diray-je comment il m'en est. (Rom. de Perceforest, vol. vi, fo 85, r°, col. 1.) — Racomptez tout ce que advenu vous est, depuis que partistes de nous jusques à maintenant, par devant la reyne, qui cy est; car c'est nostre secretaire. (Ibid., vol. vi, fo 92, ro, col. 2.) Son chapelain (du comte de Foix) qui luy estoit moult secretaire. (FROISSART, Cron., liv. IV.) .... Avoit ceste damoiselle une chamberiere qui estoit secretaire de leur fait. (Les Cent Nouv. du roy Louis XI, 56° Nouv.) Vous, qui des puissans Dieux êtes les secretaires, Si jamais vos conseils me furent salutaires, Ouvrez-moi votre cœur en cette extrémité. (GOMBAULD, Les Danaïdes, 1, 2.) Voir encore Du BELLAY, Regrets, sonnet 1; PASSERAT, Jardin d'amour; GOMBAULD, Amarante, v, 1; MÉNAGE, Idylle du Jardinier. |