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848

G58

V12

LANGUE DE CORNEILLE

LA, adv. de temps, alors:

L

Là, par un long récit de toutes les misères
Que durant notre enfance ont enduré nos pères,
Renouvelant leur haine avec leur souvenir,
Je redouble en leurs cœurs l'ardeur de le punir.

LAIRRAI pour laisserai :

Mais ta muse du moins s'en lairra suborner.

Vous lairra par la mort don Sanche pour époux.

(Cin., 1, 3.)

(Mél., 1, 3, 1TM éd.) (Le Cid., v, 4.)

Corneille a fait disparaître cet archaïsme dans sa révision de 1660; mais les contemporains de sa jeunesse et ses prédécesseurs immédiats employaient encore la vieille forme lairrai pour laisserai :

Nous qui sommes si braves

Nous lairrons des enfants qui seront des esclaves. (D'AUB., Les Trag-, 11.)

Cependant Vaugelas la condamne absolument :

<< LAIRROIS, LAIRRAY. Cette abreviation de lairrois, lairray, en toutes les personnes et en tous les nombres, pour laisserois et laisseray, ne vaut rien, quoy qu'une infinité de gens le disent et l'écrivent. Quelques poëtes ont creu que les vers leur permettoient d'en user; mais ceux qui aiment la pureté du langage le souffrent aussi peu dans la poésie que dans la prose. »

M. le comte Jaubert, dans son savant Glossaire du centre de la France, a présenté de nombreux exemples de l'emploi de cette forme au seizième siècle. Nous nous abstiendrons d'en citer ici, pour nous conformer à notre principe d'éviter les redites inutiles.

LAISSER, suivi d'un infinitif, dans le sens de permettre, avec un nom de chose pour sujet :

Je crois vous avoir dit

Que je ne l'ai point vu depuis qu'on le perdit.
Madame, un si long temps laisse mal reconnoître
Un prince qui pour lors ne faisoit que de naître.

(OEd., iv, 3.)

LAISSER A (un subst. ou un pron.), suivi d'un infinitif, permettre à.. de, ou abandonner à.. le soin de :

Faites voir, si je meurs, une entière tendresse :
Mais vivez après moi pour toute notre Grèce,

Et laissez à l'amour conserver par pitié

De ce tout désuni la plus digne moitié.

(OEd., 1, 1.)

Fritigerne leur laissa assouvir leur première rage. (FLÉCH., Hist. de Théod., 1, LII.)

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Je lairray au sieur de Ségur à vous discourir le surplus. (Lett. miss. de Henri IV, t. 1, p. 55.) Je brise là-dessus, et laisse à discourir de ce qui en est à cenx qui ont juste suject de s'en plaindre. (Caq. de l'acc., 5o journ.)— Laissons à ceux qui ne jugent jamais des événements que par les vues fausses et bornées de la sagesse humaine à s'enorgueillir et à ne chanter que des chants d'allégresse sur nos victoires. (Mass., Mandem., 28 juill. 1734.)

Va, dit-elle, vieux fou, songe à ta sépulture,

Et laisse aux jeunes gens à songer à l'amour. (SÉNECÉ, Cont., Miron et Laïs.) Laissons aux astronomes à mesurer la grandeur et le mouvement des astres pour en prédire les éclipses. Laissons aux anatomistes à décomposer les corps des animaux et des plantes pour en reconnaître les ressorts et la liaison des parties. Laissons, en un mot, aux physiciens à étudier le détail de la nature pour en admirer toutes les merveilles. Arrêtons-nous principalement aux vérités générales de votre métaphysique. (MALEBR., Entret. sur la métaph., x, 7.)

Dans ce sens on trouve quelquefois de au lieu de à devant l'infinitif:

Je laisse au sieur Roger Wilemes et aultres principaux de sa trouppe de dire comment combattirent les François qui s'y trouverent. (Leu. miss. de Henri IV, t. iv, p. 623, 1er mai 1592.)

-

LAISSER (SE), avec un verbe suivi de à au lieu de par :

Lysarque et vos archers depuis ce lieu funeste
Se laissèrent conduire aux traces de mon sang
Qui durant le chemin me dégouttoit du flanc.

(Clit, in, 1.)

Notre plume à lui seul doit se laisser conduire.
Ecoute ses soupirs, considère ses larmes,
Laisse-toi vaincre enfin à de si fortes armes.

Aveugle que j'étois, mon peu de jugement
Ne se laissoit guider qu'à mon ressentiment.

(La Gal. du Pal, 1, 7.)

(La Pl. Roy., 1v, 5.)

(Ibid., sc. 7.)

Elle (Sabine) ne sert pas davantage à l'action que l'infante à celle du Cid, et ne fait que se laisser toucher diversement comme elle à la diversité des événements. (Exam. d'Hor.) - Les uns se laissent si bien persuader à cet enchaînement, que... (Pol., Abr. du mart. de S. Pol.)

Il soupçonne aussitôt son manquement de foi,
Et se laisse surprendre à quelque peu d'effroi.
Impatient déjà de se laisser séduire

Au premier imposteur armé pour me détruire.

Le commentateur fait cette remarque :

(Pomp., 11, 2.)

(Héracl., 1, 1.)

<< Se laisser séduire à quelqu'un » n'est plus d'usage, et au fond c'est une faute; je me suis laissé aimer, persuader, avertir par vous; » et non pas, « aimer, persuader, avertir à vous. >

Ce n'est pas du tout une faute au fond. A, dans ce sens, vient du latin a, ab, et la forme française n'est que la reproduction exacte de la forme latine. Cette manière de parler, très-ancienne dans la langue, s'est conservée sans interruption, au moins grâce à quelques écrivains, jusqu'à nos jours :

Et enfin, se laissant à ce sexe conduire,

S'est vu consumer vif en feu par Déjanire.

(Le Dang. de Mar.) Son fils se

Ne vous laissez vaincre au desespoir. (LARIV., Le Fid., 11, 2.) · laissoit plus gouverner à d'autres qu'à elle. (La Sat. Ménipp., Har. de M. d'Aubray.) — Cédés donc un peu à vos passions, et vous laissés conduire à ceux qui vous aiment. (Lell. miss. de Henri IV, t. v, p. 23.) - Ne vous laissez point estourdir à la tristesse. (THÉоPH., Lett., à Des Barreaux.) - Les plus incredules se laissoient vaincre au rapport d'une infinité de gens de bien qui croyoient avoir veu veritablement des effects par dessus les forces de la nature en la personne de ceste fille-la. (Id., Fragm. d'une hist. com., c. m.) Ne nous laissons donc pas abattre à la tristesse, et ne croyons pas que la piété ne consiste qu'en une amertume sans consolation. (PASC., Leu., à Me de Roannez, vi, édit. L.) — Au lieu donc de se laisser persuader à Montanus, il se mit à le flater, si bien qu'il l'obligea de se ranger au parti de la liberté. (MÉZER., Hist. de Fr. av. Clovis, 11, 6.) L'antiquité s'est étrangement laissé jouer aux astrologues. (BAYLE, Leu. sur les com., 1682, p. 52.) - Don Juan n'osoit se laisser flatter aux conjectures de l'amiral. (Me DE VILLED., Journ. amour., 5o p., 7e j.) — Vous laissez-vous abattre aux rigueurs de la fortune? (FÉN., Fabl., 11.)

Racine a dit, dans Phèdre :

A quel affreux dessein vous laissez-vous tenter?

Et dans un chœur d'Athalie :

A leurs traits délicats se laissent pénétrer.

(a. i, sc. 3.)

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Ils n'ont pas voulu voir les défauts de sa conduite et ont laissé enlever leurs suffrages au plaisir que leur a donné sa représentation. (Exam. du Cid.) Je me suis résolu de commencer les lettres que je vous enverrai sans préparation, et de laisser conduire ma plume au hazard, comme mes pas dans mes promenades. (RACAN, Lett., x1, à Chapel.) — Laissez conduire les détails à la supérieure. (Mae DE MAINTEN., Lell. sur l'éduc., Avis sur les class., 1705.) — Laissons discuter ces questions à l'homme juste qui n'a point failli. (J.-J. Rouss., Contr. soc., 11, 5.) Les chrétiens, invincibles sous le fer et dans les flammes, se sont laissé amollir aux délices de la paix. (CHATEAUBR., Les Mart., 111.)

Voltaire lui-même a très-heureusement oublié sa fausse théorie, lorsqu'il a dit :

Ah! si le ciel enfin vous parle et vous éclaire,
S'il vous donne en secret un remords salutaire,
Ne le repoussez pas; laissez-vous pénétrer
A la secrete voix qui vous daigne inspirer.

Laissez toucher à mes tremblantes mains...

(Oreste, 1, 3.)

(Ibid., 11, 4.)

LANGAGE. SANS PLUS DE LANGAGE, comme sans plus de paroles :

Donc sans plus de langage,

Tu veux bien m'en donner quelques baisers pour gage?

(Suite du Ment., v, 1.) EN LANGAGE COMMUN, dans le langage de la plupart du monde :

Oui, dans Paris, en langage commun
Dorante et le menteur à présent ce n'est qu'un.
LANGAGE, fig. LE LANGAGE DES YEUX :

Et lorsqu'on se retranche au langage des yeux,
Je suis muette à la réplique.

LANGUEUR, avec le pluriel :

Je ne vous dirai point avec quelles langueurs
D'un si cruel exil j'ai souffert les longueurs.

LANGUIDE, languissant:

(Suite du Ment., 1, 3.)

(Agés., Iv, 4.)

(Tite et Bér., 11, 5.)

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