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Et ne puis démentir cette horreur magnanime
Qu'en recevant le jour je conçus pour le crime.

MAGNIFIER, exalter:

Après un si haut privilége

Dont il plaît au Seigneur de me gratifier,
Je me dois tout entière à le magnifier.

Remplissez de tant d'allégresse
Quiconque en vous s'est confié;
Qu'il ait lieu de dire sans cesse :

Le Seigneur soit magnifié.

(Tite et Bér., 11, 1.)

(Trad. du Cant. de la Vierge.)

(Trad. du Ps. LXIX.)

Ce verbe figure encore dans la dernière édition de l'Académie avec la qualification de vieux. Il l'était devenu dès le temps de Corneille; témoin cette remarque de Vaugelas :

‹ Magnifier. Ce mot est excellent, et a une grande emphase pour exprimer une louange extraordinaire. M. Coëffeteau en use souvent après Amyot et tous les anciens. Encore tout de nouveau, un de nos plus célébres escrivains ne fait point de difficulté de s'en servir. Mais, avec tout cela, il faut avouer qu'il vieillit, et qu'à moins que d'estre employé dans un grand ouvrage, il auroit de la peine à passer. (Rem. cxx111.)

Témoin aussi cette observation du P. Chifflet:

Magnifier est un mot des bons auteurs, et qu'il ne faut pas laisser perdre ny vieillir.» (Nouv. et parf. gramm. franç., éd. 1706, p. 100.)

On trouve, avant comme après Corneille, d'heureux emplois de magnifier. Peut-être pourraient-ils encourager des écrivains de goût à s'en servir à l'occasion:

On magnifiait les anges outre mesure, en leur attribuant ce que la parole de Dieu ne porte point. (CALV., Instit. chrét., 1, 14.) — Là où les empereurs magnifièrent auparavant et Rome et l'Italie... (PASQ., Rech., 11, 4.) S'il les exalte, ce n'est point tant eux qu'il exalte, que ses dons qu'il exalte en eux, qu'il couronne en eux, qu'il magnifie et qu'il canonise en eux. (BOURD., Panég. de S. Franç. de Paule, 11.)

De même avec le pronom personnel :

Il se louoit et magnifioit trop luy-mesme. (AMYOT, Vies, Cicero.) - Charles-leChauve voulut..., pour se magnifier en qualité d'empereur, faire tenir un concile général. (PASQ., Rech., 111, 12.) — Elle rapporta uniquement à Dieu la gloire de ce qu'il avoit opéré en elle. Elle le magnifia; mais elle ne se magnifia point ellemême. (Nic., Contin. des Ess., Pens. sur les myst.)

MAIN. LA MAIN A L'ÉPÉE, pour l'épée à la main :

Votre rival vous cherche, et, la main à l'épée,
Vient demander raison de sa place usurpée.

On trouve de même :

Il repousse l'insulte, et d'un air peu commun

(Mel., v, 6.)

Met la main à l'épée, et fait fuir l'importun. (T. CORN., Cés. d'Aval., 1,.)

On a dit d'une manière analogue:

La fureur me saisit, je mets la main aux armes.
(MALH., Stances,
Alcandre plaint la captivité de sa maîtresse.)

FAIRE VENIR Quelqu'un aux mAINS, le forcer d'en venir aux mains, de se battre :

J'ai fait venir aux mains celui qu'on me préfère. (La Gal. du Pal.,

LA MAIN, pour signifier la personne :

Je vous le dis encor, redoutez ma vengeance,
Pour peu que vous soyez de son intelligence.
On ne pardonne point en matière d'État.
Plus on chérit la main, plus on hait l'attentat.

DONNER LA MAIN, pour signifier épouser. par opposition au cœur :

TITE.

On prend soudain au mot les homines de sa sorte,
Et sans rien hasarder, à la moindre longueur,
On leur donne la main dès qu'ils offrent le cœur.
Que c'est un sort cruel d'aimer par politique,
Et que ses intérêts sont d'étranges malheurs,
S'ils font donner la main quand le cœur est ailleurs!
Adieu, donnez la main, mais gardez-moi le cœur.
De même, dans des alliances différentes :

Et c'est faire un hommage et ridicule et vain,
De présenter le cœur et retirer la main.
Vous êtes maître ici, commandez, disposez,
Et recevez enfin ma main si vous l'osez.
Seigneur, faites-moi grâce, épousez Sulpitie,
Ou Camille, ou Sabine, et non pas Domitie.
Choisissez-en quelqu'une enfin dont le bonheur
Ne m'ôte que la main, et me laisse le cœur.
Domitie aisément souffriroit ce partage.

Ma main satisferoit l'orgueil de son courage,

Et pour le cœur, à peine il vous sait en ces lieux,

v, 4.)

(Othon, v, 1.)

DONNER LA MAIN,

(Mél., 11, 4.)

(Sert., 1, 3.) (Oth., 1, 4.)

(La Tois. d'or, 111, 3.)

(Sert., v, 4.)

Qu'il revient tout entier faire hommage à vos yeux. (Tite et Bér., 111, 5.)

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- PRÊTER LA MAIN A QUELQU'UN, pour dire l'épouser, au moins apparemment :

(Pulch., v, 3.)

Prêtez-moi votre main, je vous donne l'empire. Suivant Ménage, Corneille a emprunté des Espagnols et osé le premier en français cette expression, de même que celle de donner la main, pour épouser. Le savant philologue s'en explique

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ainsi, en combattant le P. Bouhours qui, dans ses Remarques nouvelles sur la langue française, désapprouvait ces locutions:

<< Les Espagnols disent darse las manos, pour dire, se promettre mariage, se marier, s'épouser, parce que, dans la cérémonie des épousailles, les personnes qui se marient se donnent la main en signe de foi conjugale. M. Corneille a introduit dans nos poëmes dramatiques cette façon de parler, afin de diversifier, comme je lui ai ouï dire, les mots de mariage, de marier et d'épouser, qui se rencontrent souvent dans ces sortes de poëmes, et qui ne sont pas fort nobles. Comme M. Corneille est le prince des poëtes dramatiques, il a été suivi en cela par tous nos autres poëtes dramatiques et il serait difficile de trouver une pièce de théâtre nouvelle où cette façon de parler ne fût pas employée. Le P. Bouhours, au lieu de louer M. Corneille de cette hardiesse, qui a réussi, l'en a blâmé. Et comme il n'a point remarqué que cette phrase fût espagnole, ce qui était sans doute à remarquer, je conclus de là qu'il ne sait point l'espagnol. Voici les termes du P. Bouhours:

« Quelque mérite et quelque réputation qu'ayent ces poëtes, je ne puis m'empêcher de dire que donner la main en ce sens-là n'est pas une phrase bien française. Donner la main à une dame, c'est lui aider à marcher, ou à monter en carrosse. Ainsi toutes les antithèses qui roulent sur le cœur et sur la main me paraissent jausses. Mais comme ces poëtes se sont persuadés que la main signifiait le mariage, ils ne se contentent pas de dire donner la main, ils disent prêter la main, en voulant parler d'un mariage apparent :

Prêtez-moi votre main, je vous donne l'empire.

« On dit à un homme .dont le secours nous est nécessaire pour nous venger par la plume ou par l'épée, prêtez-moi votre main, prêtez-moi votre bras; mais sans cela je ne sais ce que signifie en notre langue prêtez-moi votre main : et j'aimerais autant dire, prêtez-moi votre pied. »

Ménage ajoute un peu plus loin:

< Pour revenir à notre phrase de donner la main, en la signification de se promettre mariage, puisqu'elle est reçue parmi nous dans les pièces de théâtre, il est sans doute que M. Corneille a pu dire, comme il l'a dit dans sa Pulchérie, prêtez-moi votre main, pour dire, faites semblant de m'épouser. Et j'ai ouï dire plus d'une fois à M. Corneille que ce vers:

Prêtez-moi votre main, je vous donne l'empire,

était un des plus beaux qu'il eût jamais faits. Notre docteur, qui dit qu'il aimerait autant dire prêtez-moi votre pied, n'est pas en vérité un grand docteur. » (Observ. sur la langue franç., 2o p., c. XLVI.)

IL EST EN MA MAIN DE, suivi d'un infinitif, il est en mon pouvoir de :

Car vous aimez la gloire, et vous savez qu'un roi
Ne vous en peut jamais assurer tant que moi :
Il est plus en ma main qu'en celle d'un monarque

De vous faire égaler l'amante de Pétrarque;

Et mieux que tous les rois je puis faire douter

De sa Laure, ou de vous, qui le doit emporter.

(OEuv. div. Sur le départ de Me la marq. de B. A. T*.)

— A MAIN FORTE, la force en main, par la force, par la violence :

Mais on ouvre la porte,

C'est Doraste qui sort, et nous suit à main forte. (La Pl. Roy., iv, 6.)

Avec trente soldats elle a saisi la porte,
Et tirant de ce lieu Théodore à main forte...
Le voici qu'Amintas vous amène à main forte.
Marcelle a fait armer Lycante et sa cohorte,
Mais sur elle et sur eux il va fondre à main forte.
Le duc ayant appris quelles intelligences
Déroboient un tel fourbe à vos justes vengeances,
L'attendoit à main forte, et lui fermant le pas...

On a dit exactement de même :

(Théod., IV, 4.)

(Ibid., IV, 5.)

(Ibid., v, 7.)

(Perth., v, 4.)

Gardez d'entrer par les murs, à main forte.

(GRING., Les folles Entrepr., bibl. elzév., p. 65.) Sous feinte de vouloir estre protecteur et garde des biens de ladicte Marie, sa parente et filleule, sous umbre d'amitié, et à main forte, il prit en sa main tous les païs de Bourgongne. (OLIV. DE LA MARCHE, Mém., introd., ch. vi.)

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Tout le peuple assemblé nous poursuit à main forte. (RAC., Androm., v, 5.)

Ou, si pour l'entraîner l'argent manque d'attraits,
Bientôt l'ambition et toute son escorte

Dans le sein du repos vient le prendre à main forte,
L'envoie en furieux, au milieu des hasards,

Se faire estropier sur les pas des Césars.

Et d'autres sont bientôt arrivés sur ses pas,

Qui sur l'heure formant une nombreuse escorte,

(BoiL., Sat., vin.)

Conduisent aux tribuns Manlius à main forte. (LA FOSSE, Manl., v, 7.)

Il a trouvé à propos de signaler la puissance de son bras dans la conversion de Paul. Il s'est apparu à lui; il l'a renversé par terre; en un mot, il a conquis cette âme à main forte et à bras étendu. (BAYLE, Comment. philos., 111, 9.)

On trouve d'une manière analogue à forte main :

Ne edifiez la haulte tour Babel
Pour assaillir le ciel à forte main.
Il y en a qui par leurs fiers oultraiges
Veullent avoir d'autruy les heritages,
Contre raison y vont à forte main.

De même, par main forte :

(GRING., Folles Entrepr., p. 20.)

(Id., ibid., p. 24.)

Dites de quel côté vous prendrez à plaisir
Que j'aille par main forte un empire choisir.

(J. DE SCHEL., Tyr et Sidon, 2o journ., v, 5.)

On trouve aussi avec main forte, employé au sens moral, pour signifier violemment, de haute lutte :

Tu ravis d'Apollon la lyre avec main forte.

(Sonnet de très-ill. princesse Anne de Rohan, A Prométhée sur son larcin, en tête des Trag. de d'Aub.)

Du reste, main forte s'est dit pour violence en général :

Le premier fut qui par guerre et main forte

A mis soubz pied mon renom d'invincible. (J. MAROT, Le Voy. de Gênes.)

Or je vay donc user d'une main forte
Pour vous avoir.

(RONS., Amours, 11, 65, Amourette.)

Pour autant que tous me cognoissent,
De crier et heurter ne cessent,
Usans quasi d'une main forte
Pour rompre et enfoncer ma porte,
Depuis quinze jours seulement
Qu'ils ont peu entendre le vent

De dame Agnès, qui est chez moy.

(GREVIN, Les Esbahis, m, 1.)

EN MAIN. Heureuse alliance de mots. AVOIR LA FOURBE BIEN

EN MAIN, fourber avec une extrême facilité :

C'est bien aimer la fourbe, et l'avoir bien en main,
Que de prendre plaisir à fourber sans dessein.

Dans un sens analogue:

Ayant si bien en main le festin et la guerre,

Vos gens en moins de rien courroient toute la terre.

(Le Ment., 11, 3.)

(Le Ment., 1, 6.) C'est-à-dire parlant si aisément et avec tant d'à-propos de.

JE TIENS LE COUP DANS MA MAIN, pour signifier je tiens la chose faite, je ne doute pas du succès de l'entreprise :

Adieu. Je tiens le coup, autant vaut, dans ma main.

(La Veuve, 11, 6.)

LE SUCCÈS EST ENCORE EN MA MAIN, dépend encore de moi :

Tandis que le succès est encore en ma main,

Si mon soupçon est vrai, je lui ferai connoître
Que je ne suis pas homme à seconder un traître.

(La Veuve, iv, 6.)

On trouve d'une manière analogue avoir en sa main :

Une âme craintive, qui, commençant à s'éloigner de la loi de Dieu, n'a pas encore perdu la vue de ses jugements, se laisse emporter aux premiers péchés, espérant de s'en retirer quand elle voudra; et très-assurée, à ce qu'elle pense, d'avoir toujours en sa main sa conversion, elle croit en attendant qu'elle peut donner quelque chose à son humeur. (Boss., Prem. Serm. pour le jeudi de la Pass.) Habituellement on dit en main, sans l'adjectif possessif.

-ÊTRE EN LA MAIN DE QUELQU'UN DE (un infin.), être au pouvoir de quelqu'un de :

Quelle faveur du ciel voulez-vous que j'espère,
S'il n'est pas en sa main de m'arrêter au jour,
Sans faire soulever et l'honneur et l'amour?

Mais il est en ta main de le rendre impuissant.

(OEd., 1, 1.)

(Imit., iv, 10.)

CELA NE VIENT PAS DE MA MAIN, cela ne vient pas de moi :

Vous sortirez bientôt, et peut-être demain.

Mais un si prompt secours ne vient pas de ma main,
Les amis de Philiste en ont trouvé la voie.

(Suite du Ment., mı, 1.)

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