Oldalképek
PDF
ePub
[blocks in formation]

Bien leur enjoint de fermer la porte purement et simplement audit MardyGras et ses supposts le Vendredy et Samedy, sur peine d'estre injuriés, querellés et appellez de leur nom; particulierement l'enjoint à ceux qui ont encore quelques rays du soleil de la vraye recognoissance illuminant leur âme. (Exil de Mardy-Gras. 1603. In-8°.)

Quelques dictionnaires citent des emplois modernes de ce mot, même en prose; le désir de contribuer à le faire plus décidément rentrer dans l'usage nous a déterminé à l'inscrire dans ce Lexique.

RAISON. TIRer sa raison, comme tirer raison :

Il fut toujours permis de tirer sa raison
D'une infidélité par une trahison.

Mourir sans tirer ma raison!

On trouve d'une manière analogue:

Quant li rois Phelippe connut

Que li papes su raison ut

Vers France ses oz ravoia.

(Mél., 11, 3.)

(Le Cid, 1, 9.)

(G. GUIART, Branches aux royaux lignages, ms., fol. 109, v°.)

J'en auray tousjours ma raison;

Il m'aime, et sçay qu'il est de race

De gens de bien; puis une place
Ne luy peut manquer chez le roy.

Par le sang! j'auray ma raison
De ce villaque et ce poltron

(BELLEAU, La Reconnue, 1, 3.)

Qui mon bien ne me veut pas rendre. (GODARD, Les Desguis., 111,4.) Vous estes méconnaissantes, ha! j'en auray ma raison. (LARIV., Les Tromper., 1, 1.)

Et dans un sens différent, dans celui de répondre, particuliè

rement:

Que la rusée principalement

Se mesloit d'aimer par amours,
Et qu'elle sçavoit tant de tours,

Tant de ruses, tant de blason,
Qu'elle entretenoit les plus gours

Et leur faisoit bien leur raison.

(COQUILLART, Enqueste.)

On disait plus habituellement, sans l'adjectif possessif, tirer la raism:

Et tirer la raison courageuse et publique
D'un outrage si grand, aussi lasche qu'oblique.

(SCHELANDRE, Tyr et Sid., 2o journ., 11, 8.)

Enfin, las d'employer la force de mes mains
A punir icy bas l'audace des humains,
Contre le firmament j'ai planté l'escalade
Pour tirer la raison de la mort d'Encelade.

(RACAN, Épigr. pour un Capitan.)

Cette locution se modifiait de diverses manières; ainsi on trouve :

De sorte que le dit Martissant, se voyant par la perte d'iceluy navire et marchandises quasy du tout ruyné, seroit allé en vostre royaume, où il a demeuré. l'espace de deux ans, sans avoir peu tirer aucune raison de la dicte prinse, quelque poursuite qu'il en ayt faite. (Lett. miss. de Henri IV, 20 janv. 1593.)

On trouve de même avoir la raison de, pour avoir raison de :

-

[ocr errors]

Et, pensant avoir aisement la raison de moy, d'autant qu'ils me voyoient seul, de tout loing qu'ils m'ont aperceu se sont pris à crier Mets la main à l'espée, poltron! (TOURNEBU, Les Contens, iv, 2.) Il me coustera plustost la vie que je n'en aye la raison. (Id., ibid., v, 4.) Le roi s'estime avoir été infiniment offensé, et prend toutes sortes d'avis pour en avoir la raison. (PASQ., Lett., x1, 11.) C'étoit l'occasion pour laquelle il se résolvoit d'en avoir la raison. (Id., ibid., XIII, 5.) Si Sa Saincteté faict autrement, je sçay bien comment il en faut avoir la raison. (Sat. Mén., Har. de M. le Lieut.)-Pour le regard de ce que mes ennemys ont entrepris en vostre gouvernement durant vostre absence, il en fault avoir la raison. (Lett. miss. de Henri IV, t. m, p. 737.) Le mareschal d'Aumont a eu la raison du château de Morlais. (Ibid., t. iv, p. 235.) Le moyen par lequel nous pensions en avoir la raison. (Ibid., p. 589.) Si la reddition ne se fust faicte ce jour-là, à grande peine en eussions-nous jamais eu la raison. (Du VILLARS, Mém., 11, 1551.) — Ah! dit-elle, traistre visage à ma maladie, pour laquelle tu n'as changé (car elle le monstroit aussi beau que jamais)! mais bientost la mort qui s'approche en aura la raison, qui te rendra pourry et mangé des vers. (BRANT., Les Dames gall., 8e disc.)

...

Cette locution se variait encore de diverses manières :

Et voila que ces debauchez qui ont esté cause de toute nostre peine, voyant qu'ils n'en pouvoient avoir autre raison, se sont resolus de le tuer dans son lict. (D'URFÉ, l'Astrée, 1, 8.)

Après avoir dit que Rapin fut chassé de Paris pour être bon serviteur du roi, Lestoile ajoute :

De laquelle justice il se vengea sur le papier par des vers, n'en pouvant avoir autre raison. (Journal de Henri IV.)

FAIRE LA RAISON DE, au lieu de faire raison de :

Que ma froideur lui semble injuste ou légitime,
La raison que vous peut en faire sa bonté,

Je consens qu'elle vous la fasse.

(Agés., 1, 2.)

Corneille a fréquemment employé cette locution dans le sens de réduire, gagner, venir à bout de; d'abord dans ses comédies:

Mais deux ou trois baisers t'en feront la raison.
Nous pourrons feindre alors que par ma diligence
Le concierge, rendu de mon intelligence,
Me donne un accès libre aux lieux de sa prison,
Que déjà quelque argent m'en a fait la raison.
Le temps de cet orgueil me fera la raison.

Puis, plusieurs fois aussi dans ses tragédies:

Sus, sus, brisons la porte, enfonçons la maison,
Que des bourreaux soudain m'en fassent la raison.
Ta tête répondra de tant de barbaries.

Non, l'échafaud bientôt m'en fera la raison.

(Mél., v, 5, 1гe éd.)

(La Veuve, v, 3.) (La Gal. du Pal., 11, 2.)

(Méd., v, 7.)

(Perth., 11, 5.)

On a dit de même très-anciennement et jusqu'après Corneille,

avec des nuances de significations faciles à saisir :

Et, pour bien entendre son cas,

Quand il vit qu'il estoit saison

A bien jouer ne faillit pas,

Pour faire aux seigneurs la raison. (Poés. attrib. à Villon, La Repue.)

Si elle te triche, voicy

Martin baton qui en fera

La raison.

(Farce du Badin.)

Pour en faire la raison comme il appartiendra. (Le Roman de Jehan de Paris.) - Les biens que je te laisse viennent de mes grands-pères et bisayeuls, et profiteront à tes enfans, s'ils sont gens de bien et qu'ils facent la raison à la vefve et à l'orfelin. (Caquets de l'Accouchée, 1re journ.)

On peut tenir mon corps, non mon ame, en prison;
Une corde, un couteau, m'en feront la raison!

(SCHELANDRE, Tyr et Sid., 1re journ., 11, 2.)

Corneille, variant cette locution, dit FAIRE UN PEU DE RAISON, pour signifier tirer quelque vengeance :

Et quand vous aurez vu toute cette injustice,
Faites-m'en un peu de raison.

(Agés., 1, 1.)

Un contemporain de Corneille a dit d'une manière approchante :

Je ne me trompay pas dans l'opinion que j'eus de l'arrivée de ces Turcs et de la trahison du janissaire, qui, se doutant bien que nous ne manquerions pas

d'aller manger au retour sur le perron, fut en donner avis au cadi, pour se vanger par l'avanie qu'il nous suscita du peu de raison qu'on luy avoit fait du valet dont il s'estoit plaint avec justice. (TAVERNIER, Voyage de Perse, 1, 7.)

On trouve d'autres modifications tout à fait analogues, comme celles-ci :

J'ay encore commandé au sieur de la Varenne vous en faire instance de ma part, et vous prier, en conformité de nos traictez, luy faire si bonne raison en ses justes prétentions, qu'il ayt occasion de se louer de vostre justice. (Leu, miss. de Henri IV, 9 mars 1604, t. vi, p. 211.)

Ma famille outragée,

Sur le tombeau d'un seul, n'est qu'à demi vengée.
Si je veux donc m'en faire une entière raison,
Ta tête, pour victime, est due à ma maison.

(CYRANO, Mort d'Agripp., v, 7.)

Vous ne daignâtes me faire aucune raison sur les plaintes que je vous avois faites des manières injurieuses dont vous m'aviez traité dans votre Réponse à mon livre des Idées. (ARNAULD, Quatre leu. au P. Malebr., 4o lett.)

On disait aussi se faire la raison, comme se faire raison :

Je veulx desaccoustumer mes subjects d'entreprendre de se faire la raison d'eulxmêmes, et leur apprendre à la requerir de ceulx qui la leur doivent rendre. (Lett. miss. de Henri IV, t. 5, p. 218.)

Faire faire la raison, comme faire faire raison :

Qu'il me faisoit tort et que je m'en plaindrois à tel qu'il m'en feroit faire la raison. (LARIVEY, Les Esprits, III, 5.) Je serois bien aise de sçavoir quelle raison le dict roy mon dict frere aura faict faire aux Estats de leur vaisseau arrêté par le vice-amiral Mousson. (Lett. miss. de Henri IV, 6 mars 1605, t. vì, p. 361.)

Nous observerons que de même qu'on disait faire la raison pour faire raison, on a dit aussi faire la justice pour faire justice : Et de ma part, je voudrois moy-mesme faire la justice de celuy qui te voudroit oster ton honneur. (LARIVEY, Facét. Nuicts de Strap., 11, 3.) Le roy commanda que la justice en fust faite. (D'URFÉ, l'Astrée, 11, 6.)

Du reste, Corneille dit également, sans article ni pronom possessif, TIRER RAISON :

Demain je suis Médée, et je tire raison

De mon bannissement et de votre prison.

(Méd., iv, 5.)

La comédie de la Veuve offre encore un exemple semblable.

[blocks in formation]

L'armée à son mérite enfin a fait raison.

SE FAIRE RAISON, se rendre justice :

Qui ne vous craindra point, si les reines vous craignent? CARLOS. Elles se font raison lorsqu'elles me dédaignent.

(Oth., v, 6.)

(D. Sanche, iv, 4.)

C'EST BIEN LA RAISON QUE, il est bien raisonnable, il est bien juste que :

Et c'est bien la raison que pour tant de puissance
Nous vous rendions du moins un peu d'obéissance.

(Rod., 11, 3.)

« C'est bien la raison est du style de la comédie, »> observe Voltaire.

On a dit comme Corneille, dans le style sérieux :

[blocks in formation]

Néanmoins, il est certain que cette locution se rencontre plus ordinairement dans le genre familier :

[blocks in formation]

D'avoir trop soupiré sous l'amoureux empire. (VÉRONN., L'Impuiss., v, 2.)

On dit encore dans le style familier, c'est bien raison:

C'est bien raison que la divine Émilie l'emporte sur ces faquins qui... (VOLT., Lett., à Cideville, 6 mai 1735.)

RAISONNABLE, employé subst. AGIR EN RAISONNABLE, agir comme une personne raisonnable :

Vous le savez, madame, et que les grandes âmes
Ne s'abaissent jamais aux foiblesses des femmes,

Ne s'aveuglent jamais ainsi hors de saison,
Que leur désespoir même agit avec raison,

Et que...

RODELINDE.

C'en est assez, sois-moi juge équitable,
Et dis-moi si le mien agit en raisonnable,
Si je parle en aveugle, ou si j'ai de bons yeux.

(Perth., II, 3.)

« ElőzőTovább »