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que la joie n'est qu'un épanouissement du cœur, et, si j'ose me servir d'un terme dont la dévotion s'est saisie, une certaine liquefaction intérieure, qui, s'épanchant dans l'homme tout entier, relâche toutes les puissances de son âme; de sorte qu'au lieu que les autres passions y excitent des orages et des tempêtes, dont les éclats sortent au dehors avec impétuosité et violence, celle-ci n'y produit qu'une langueur qui tient quelque chose de l'extase, et qui, se contentant de se mêler et de se rendre visible dans tous les traits extérieurs, laisse l'esprit dans l'impuissance de l'exprimer. (Disc. de récept. à l'Acad.)

Tout ce qui coule au cœur de doux saisissements,

De liquefaction, d'épanouissements,

Marque bien les effets de ma grâce présente.

LIRE. IL NE SE LIT POINT QUE, on ne lit point que :

(Imit., 111, 6.)

Il ne se lit point que jamais un tableau tout entier ait été produit de cette sorte. (Mélite, préf.)

LITIÈRE. FAIRE LITIÈRE DE PISTOLES:

C'est un homme qui fait litière de pistoles.

Voltaire fait cette remarque :

(Le Ment., iv, 7.)

<< Litière de pistoles; » expression aujourd'hui proscrite et entièrement hors d'usage.

D

On trouve aussi : Faire litière d'or, faire litière d'argent :

Il n'a fait tout le soir que jouer très-beau jeu;
Il fait litière d'or, beaucoup lui est un peu.

(LASPHRISE, La Nouv. Tragicom.) Ce capitaine fait litière d'argent : c'est un marquis de vingt mille livres de rente. (BRUEYS, Le Grondeur, 111, 2.)

LIVRE, remarquable emploi de livre ouvert au fig., avec le plur. :

Il connoît l'avenir et les choses passées :

Rien n'est secret pour lui dans tout cet univers,
Et pour lui nos destins sont des livres ouverts.

(L'Illus. com., 1, 1.)

LOI. FAIRE DES LOIS A QUELQU'UN, comme lui faire la loi :

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<< Par un caprice de langue, observe Voltaire, on dit faire la

loi à quelqu'un, et non pas faire des lois à quelqu'un. »

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prendre des lois DE, suivi d'un nom de personne, subir la loi de, obéir à la loi de :

Ceux dont avant deux jours nous y prendrons des lois,
Regardent d'un autre œil la majesté des rois.
Je veux qu'il obéisse aux lois que je prends d'elle,
Qu'il laisse à notre amour régler notre intérêt.

(Sophon., 111, 3.)

(Tile et Bér., v, 5.)

Dans le même sens, PRENDRE LOI DE QUELQU'UN : Nous craignons votre exemple, et doutons si dans Rome Il n'instruit point le peuple à prendre loi d'un homme. (Sert., in, 1.) prendre Loi de, suivi d'un nom de chose, obéir à, se conformer à :

Ses désirs prendront loi de mes propres désirs.

On a dit de même, prendre la loi de :

(Agés., iv, 1.)

Pour qui m'est trop cruel je veux être barbare,

Dépouiller le respect dont j'ai trop pris la loi,

Et perdre une pitié que l'on n'a pas pour moi. (T. CORN., Comm., 111. 2.)

Je n'ai plus recours qu'à ma rage;

D'elle seule aujourd'hui je veux prendre la loi.

(Id., Circé, 11, 8.)

PLUS IL (cela) VOUS FAIT DE LOIS POUR, pour dire plus cela vous oblige de :

Je fus ambitieuse, inconstante et parjure.

Plus votre amour fut grand, plus grande en est l'injure.

Mais plus il a paru, plus il vous fait de lois,

Pour défendre l'honneur de votre premier choix.

LOIN. DE LOIN, en parlant de temps:

J'ai prévu d'assez loin ce que j'en viens d'apprendre.

LOISIR. N'AVOIR PAS LOISIR DE, suivi d'un subst. :

Nous n'avons pas loisir d'un plus long entretien.

(Soph., 11, 4.)

(Rodog., V, 4.)

(Le Ment., 1, 3.)

LONGTEMPS, employé comme une locution substantive :

C'est par là, Madame, que j'espère obtenir de Votre Majesté le pardon du long temps que j'ai attendu à lui rendre cette sorte d'hommage. (Pol., à la reine rég.)

Avoir un si long temps des sentiments si vains,
C'est assez mériter l'honneur de vos dédains.

(Poés. div., Sur le départ de la marquise de B. A. F.)

Son père peut venir, quelque long temps qu'il tarde.

(Le Ment., 1, 2.)

qu'il a été dé

C'est seulement depuis la fin du dernier siècle cidé par la tyrannie grammaticale que longtemps serait toujours adverbe. Rien assurément n'empêcherait de le faire encore substantif comme dans les exemples suivants, où naturellement il est écrit en deux mots :

Le long temps qu'il y a que j'ay eu advis de votre partement. (Lett. miss. de Henri IV, t. iv, p. 122.) — Vous savez le long temps qu'il y a que j'ay resolu un ambassadeur en ce pays-là. (Ibid., t. 1, p. 846, 30 sept. 1594.) — Je n'ai pas délibéré le faire pour un si long temps. (Ibid., t. iv, p. 41.) Le long temps qu'il ya que sa compagnie tient la campagne. (Ibid., p. 256.) Les Frères de Bohême... composent une secte particulière séparée des Albigeois et des Pauvres

de Lyon; lorsque Luther s'éleva, il en trouva quelques églises dans la Bohême et surtout dans la Moravie, qu'il détesta durant un long temps. (Boss., Var., x1, CXLIX.) J'ai repris ces études, qu'à la vérité je n'avois jamais abandonnées, mais que d'autres occupations avoient ralenties quelquefois et interrompues un fort long temps. (MAUCROIX, Prem. Tuscul. de Cic.) - L'on ne peut détruire les habitudes vicieuses que par un long temps. (FLEURY, Mœurs des chrét., 11, 5.) — On voit que les parois de ces fentes ont été usées et même polies par l'eau, et que par conséquent elle les a remplies et baignées pendant un assez long temps. (BUFF., Époq. de la Nat., 3o époq.) — Un long temps s'écoula avant qu'Amélie pût amener le docteur à l'écouter. (Me RICCOB., Amélie, 11.) — Un long temps s'est passé avant qu'il osât se l'avouer à lui-même. (Id., Miss Jenny, 111.) D'autres destinées appelaient déjà Daru et l'arrachaient pour un long temps à cette habitude littéraire et académique qui lui plaisait avant tout. (STE-BEUYE, Caus., 13 fév. 1854.) - Sans autoriser d'ici à un long temps la publication de ces récits. (Id., ibid., 20 fév. 1854.)-Nous sommes arrivés à une période en apparence stable, parce que nous ne considérons la terre que pendant sa vie de quelques siècles; cette stabilité ne saurait être admise pour un long temps. (ALPH. MAURY, Prem. âges de notre planète, 2e p., 111.)

Dans tous ces exemples long temps est mis pour temps long. Nous les avons rapportés pour montrer que souvent cette forme remplace avantageusement l'adverbe actuel, lequel n'est pas susceptible des mêmes variétés d'emploi.

LOUANGE, dans le sens de laus, gloire:

Couvert ou de louange ou d'opprobre éternel.

{Héracl., IV, 4.)

Le latinisme n'a pas encore été compris par Voltaire. Ce sens ancien s'est longtemps soutenu et a été, de notre temps, rajeuni par de grands écrivains :

C'est la louenge d'ung religieux d'aller peu souvent hors de son cloystre. (Intern. consol.. 111, 20.) —Quant à la piété, religion, intégrité de mœurs, magnanimité de courages et toutes ces vertus rares et antiques (qui est la vraie et solide louange), la France a toujours obtenu, sans controverse, le premier lieu. (DUBELLAY, Illustr. du lang fr., 11, 12.) -... Qui vous sera une grande louange, et à moy un grand contentement. (Lett. miss. de Henri IV, 25 sept. 1589, t. 1, p. 45.) Comme le mérite des orateurs n'est pas de se servir de figures, mais de s'en bien servir, la louange d'un architecte n'est pas aussi d'employer des colonnes, des pilastres et des corniches, mais de les placer avec jugement, et d'en composer de beaux édifices. (PERR., Parall. des anc. et des mod., 1er dial.)- Je ne conviendrai jamais que ce soit une petite louange d'imiter bien la nature. (Id., ibid., ive dial.) — S'il est vrai que l'obscurité soit le plus grand de tous les vices, en fait de style, comment lui conserver la louange d'avoir excellé dans cette partie? (Id., ibid., 11o dial.)

On a dit de même de nos jours :

Il a gardé le mérite de la clarté du récit intéressant et rapide, et cette louange d'avoir été quelquefois peintre dans un abrégé. (VILLEM., Tabl. de la littér, franç, au dix-huitième siècle, xvii lec.)

LOURD, fig. ARTIFICE LOURD, artifice grossier:

L'artifice est trop lourd pour ne pas l'éventer.
Tu te laisses donc prendre à ce lourd artifice?

(Pol., v, 1.) (La Veuve, IV, 5.)

LUI, se rapportant à un nom de chose:

(D. Sanche, 1, 1.)

Qui vous aima sans sceptre, et se fit votre appui,
Quand vous le recouvrez est bien digne de lui.
C'est et d'elle et de lui (du trône) tenir bien peu de compte...
Que faire une révolte et si pleine et si prompte.

(Rodog., 111, 5.)

Quelque heureux que soient vos penchants, vous n'y entrerez jamais bien avant, tandis que vous ne ferez que vous prêter à eux, et les suivre. (Mass., Disc. sur les œuvr. de misér., 11.)

A LUI, A ELLE, pour lui, datif:

Un acteur occupant une fois le théâtre, aucun n'y doit entrer qui n'ait sujet de parler à lui. (Trois. Disc.) Simon et Chrémès qui demeurent sur le théâtre ne disent que chacun un vers, qui ne sauroit donner tout au plus à Pamphile que le loisir de demander où est Criton, et non pas de parler à lui, et lui dire les raisons qui... (Ibid.) Rodogune vient trouver Laonice qu'elle devroit mander pour parler à elle. (Ibid.)

On a dit de même au dix-septième siècle, avant et après Corneille :

Tout à coup elle se leva, et sans parler à luy partit pleine de dépit que quelqu'un l'osast aymer. (D'URFÉ, Astrée, 1, 3.) — Quand je la voyois, je prenois bien plaisir de parler à elle. (Id., ibid., 1, 8.) - Venez avec moi, je vous ferai parler à elle. (MOL., George Dandin, 11, 6.) —Il se détermina à ne se point faire connoître à Zaide, et à suivre sa barque jusques au port. Il espéra d'y trouver quelque moyen de parler à elle en particulier. (Mme DE LA FAYETTE, Zaïde, 1.)

Et encore au dix-huitième siècle :

Je demandai qu'on me fit parler à lui. (PRÉVOST, Mém. d'un homme de qual., 1. 11.)

Cette forme avait cela d'avantageux qu'elle permettait de distinguer les genres.

LUIRE, fig., comme briller :

Je vous crois, mais souvent l'amour brûle sans luire,
Dans un profond secret il aime à se conduire.

LUISANT, adj., comme brillant:

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(Théod., 11, 4.)

(Androm., 1, 2.)

(D. Sanche, Iv, 3.)

(Imil., 111, 22.

(Ch. FONTAINE, Chanı sur la naissance de son second fils.)

Four un temps, la carte du soled fest ravie,
Mais tu is reverras bien plus insome LI JOLI.

P. MATHIET, Tub de la rice de la mort, ICU.)

LUMIÈRE, fig. AVOIR DE LA LUMIÈRE, avoir de l'intelligence,

de la sagesse :

Il faut de la prudence, il faut de la lumière:
Il faut de la vigueur adrille autant que fiere.

LUMIÈRE, éclaircissement :

Othon, 11, 4.)

Je n'a point fait la piece qui vous pique; je l'ai regne de Paris avec une lettre qui m'a appris le nom de son auteur: il l'adresse a un de nos amis qui vous en pourra donner plus de lumière. Lex. apolog.

Significations ordinaires au dix-septième siècle.

LUMIÈRE, vie :

La Parque a ce mot lui coupe la parole.

Sa lumière s'éteint, et son âme s'envole.

Rodog., V. 4.)

M

MACHER A VIDE, se repaître de chimères, avec le nom de chose, espérance, pour sujet :

Cette légere amcree irritant tes désirs,

Fait que l'illusion d'autres meilleurs plaisirs
Vient la nuit chatouiller ton espérance avide,

Mal satisfaite apres de tant mécher à vide. Mél., a. 1, sc. dern., 1o éd.)

MACULE, tache, au sen's moral:

Je saurai conserver d'une âme résolue

A l'époux sans macule une épouse impollue.

Theod., 11, 2.)

A l'époque de Corneille, ce mot était réservé au langage de la théologie et de la dévotion, et ne s'employait que dans certaines locutions consacrées, comme l'Agneau sans macule. Banni du style élevé, il était tombé dans le domaine du style comique. Scarron a dit :

Ainsi lorsque de sa maison
Oreste eut vengé la macule,

Sur sa mère un peu canicule.

Virgile travesti, IV.) MAGNANIME. HORREUR MAGNANIME, horreur telle que doit la concevoir une grande âme :

J'aime mieux, Flavian, l'aimer que l'immoler,

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