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l'ol, incommodes à l'usage, qui font s'évanouir d'horreur les peintres et les rapins. (Mme DE GIRARDIN, Lett. paris., 3 sept. 1848.) Déjà la mémorable guerre de Grèce avait fait se retourner tous les peuples de ce côté. (V. HUGO, Les Orientales, préf.)

Le malheur, ce vieillard à la main desséchée,
Voit s'incliner leur tête avant qu'il l'ait touchée.

(ALFRED DE MUSSET, Prem. poés., Le Saule.) Depuis quelque temps Robin Hood se sentait s'affaiblir. (NISARD, Étud. de crit. litt., p. 261.)

Le scrupule grammatical a bien mal inspiré l'illustre académicien qui nous a fourni ce dernier exemple. Nous avons vu plus haut Jean-Jacques Rousseau dire, suivant le génie de la langue, me sentant affaiblir, et non pas me sentant m'affaiblir.

Nous sommes loin de vouloir ici faire de la critique à l'encontre de nos maîtres. Nous constatons seulement la différence tranchée de la pratique de notre époque et de celle du dix-septième siècle sur un point de grammaire très-considérable, et nous hasardons d'indiquer notre préférence, au moins quant à la généralité des cas, et lorsque la clarté est parfaite, pour la manière de notre grande ère littéraire et pour la tradition ancienne de la langue.

Nous devons ajouter que l'emploi de la forme complète et rigoureusement grammaticale, c'est-à-dire avec le pronom personnel exprimé, constitue souvent une nuance de signification assez différente de la forme elliptique. Alors, comme dans un certain nombre des exemples précités, notre théorie doit céder à l'instinct du goût.

Bien que l'usage ait changé profondément sur ce grand point de langue, comme nous venons de le voir surabondamment, nous devons conclure en observant qu'on trouve néanmoins dans les écrivains de notre siècle des exemples de la suppression du pronom personnel; entre mille nous citerons les suivants, uniquement parce que nous les avons sous la main :

Le Parnasse français voyait ternir son lustre. (J. CHÉN., Ess. sur la sat.) Lumay, de ses transports laissant calmer l'ardeur... (Id., La Bataviade, 1.) On m'envoya coucher à neuf heures, comme à l'ordinaire. (G. SAND, Histoire de ma vie; La Presse, 10 mars 1855.)- J'aurais dû vous laisser débrouiller avec le follet comme vous auriez pu. (Id., La Petite Fadette, x111.)- Hier je voulais aller voir lever la lune sur l'Adriatique. (Id., Leu. d'un voyag., 11.)—Regarder lever la June. (Id., ibid., vi.)-Pour le retenir dans ses pénates, son père imagina de lui donner un carré de terre, sur un côteau ravissant, où je peux te mener promener la première fois que tu viendras nous voir. (Id., ibid.) — J'ai vu lever le soleil.

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(Id., Jocelyn, 8 époque.)

Que mon œil ébloui qui plongeait dans le sien Fixait son œil ouvert et fixe sur le mien, Comme si tout son sang eût coulé par sa vue, Je la voyais pâlir et changer en statue. On me laissait croître, fortifier et embellir en luttant l'hiver et l'été avec les éléments. (Id., Les Confid.; La Presse, 13 janv. 1849.)-Les sentiments de piété que j'avais rapportés de mon éducation, et la crainte d'offenser les chastes et religieux scrupules de ma mère, m'empêchérent néanmoins de laisser égarer mes mains et mes yeux sur des livres dépravés ou suspects. (Id., ibid.) — Il faut attendre, voir éloigner le but, et cependant marcher, étouffer tout murmure. (L. VEUILLOT, Çà et là, 1. m, vin, 1re éd.) Les mains qui tiennent des fleurs

en sentent les épines, et les verront flétrir. (Id., ibid., 1. xvi, v1.)

Enfin, il est des cas nombreux où tout le monde, même sans s'en apercevoir et sans s'en rendre compte, pratique cette ellipse.

PROPOS, subst. plur., paroles. DERNIERS PROPOS, dernières paroles:

Il me souvient toujours de ses derniers propos,
Il mourut en mes bras avec ces tristes mots.

(D. Sanche, IV, 1.)

PROPOSER Des peines A, dans le sens de décréter, établir des peines contre :

Vu les peines qui y étoient proposées ceux de la religion, et les honneurs promis à ceux du parti contraire. (Pol., Abr. du Mart. de S. Pol.)

PROPRE A, suivi d'un verbe actif avec le sens passif:

Cet avis est plus propre à donner à la reine.

PROSPÈRE, heureux, favorable :

Pour moi, ma passion m'a fait suivre vos frères :
Et mes désirs ont eu des succés si prospères
Que l'auteur de vos jours m'a promis à demain
Le bonheur sans pareil de vous donner la main.

(Nicom., . 3.)

(Hor., 1, 4.) Cet emploi de prospère paraît avoir été peu accepté un moment, au commencement du dix-septième siècle, si l'on en juge par ce petit fait :

Un jour que M. de Termes reprenoit Racan d'un vers qu'il a changé depuis, et où il y avoit, parlant d'un homme champestre :

Le labeur de ses bras rend sa maison prospère,

Racan lui respondit que M. de Malherbe avoit usé de ce mot prospère en ces

vers:

O que nos fortunes prospères....

M. de Malherbe, qui estoit present, lui dit assez brusquement : « Eh bien, mort Dieu! si je fais un p.., en voulez-vous faire un autre ? » (RACAN, Vie de Math.) Racan, plus tard, ne s'est pas fait scrupule d'employer encore prospère exactement comme Malherbe :

La fortune prospère

Veut déjà me tourner le dos.

(Psaum., xxx.)

Du reste, ce scrupule sur l'emploi de prospère dans le sens de favorable, heureux, est étonnant; car cette signification est ancienne dans la langue et s'est maintenue sans interruption : Je veux retenir ceste consolation de ne luy avoir jamais manqué de loyauté, tant en prospère comme en adverse fortune. (Id., ibid.)

Un vent prospère. (LARIV., Le Fidèle, 1, 7.)

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Voici, bien avant Malherbe et Racan, l'expression de fortune prospère, et nous allons encore la rencontrer dans une tragédie du cardinal de Richelieu.

C'estoit à la verité une façon de traicter peu sortable pour donner prospere acheminement aux affaires. (DU VILLARS, Mém., 11, 1551.)

Quant à moy, j'espère aujourd'huy
Voir la fin de tout nostre ennuy:
Car ce mal-ci, comme j'espère,
Vous sera heureux et prospère.

O Dieu, le bon Dieu soit loué,
Qui m'a aujourd'huy envoyé
Une rencontre si prospère!

(GODARD, Les Desguis., v, 4.)

(Id., ibid., v. 5.)

(RICHELIEU, Mirame, v, 4.)

Que Tancrède est heureux ! que ce jour m'est prospère!

(VOLTAIRE, Tancrède, 111, 1.)

Est-ce donc Azamor? ô fortune prospère!
Il servira lui-même à l'éclaircissement.

PROSTERNER, act., faire prosterner, jeter, mettre à terre :

Qu'une douleur sensible, un véritable ennui,
Un profond repentir le prosterne à ma face.
Exauce cette indigne et vile créature,
Que prosterne à tes pieds un humble repentir.
Oui, tandis que le roi va lui-même en personne
Jusqu'aux pieds de César prosterner sa couronne,
Cléopâtre s'enferme en son appartement,

Et, sans s'en émouvoir, attend son compliment.

(Imit., iv, 7.)

(Ibid., iv, 9.)

(Pomp., 111, 1.)

Voltaire n'a pas senti la beauté de cette hardiesse. Il dit ennuyeusement:

« On ne prosterne point une couronne; on se prosterne. On dépose une couronne; on la dépose aux pieds, et non jusqu'aux pieds. »

Palissot a très-bien justifié le grand tragique :

<< Que voulait peindre Corneille? L'extrême avilissement d'un roi; et toute autre expression que celle de prosterner sa couronne eût affaibli sa pensée.... Prosterner sa couronne est une figure hardie qui sera toujours applaudie de tous ceux qui se connaissent en poésie.

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Nos anciens auteurs se sont servi de prosterner, activement, avec diverses nuances de signification :

Ce faict ont presenté leurs articles au roy,

Lors genoux prosternez en toute esjouissance.

(J. MAROT, Voyage de Venise, La Prinse du chasteau de Pasquiere.)

Il a été employé activement au dix-huitième siècle dans le sens d'abattre, de consterner, acception que Desfontaines a placée dans son Dictionnaire néologique parmi les mauvaises locutions:

Les ames foibles que prosterne le ton hardi de la confiance. (HOUTTEVILLE, La Religion prouvée par les faits.)

On le rencontre plus tard dans la signification de représenter prosterné :

L'artiste a prosterné les deux sœurs aux pieds du Christ. (DIDEROT, Le Salon de 1763.)

On le trouve, dans le dix-neuvième siècle, employé d'une manière qui se rapproche des acceptions de Corneille :

Nous irons, dans les lieux que la ferveur habite,

Sous l'obscur vêtement du pieux cenobite,

Prosterner à l'autel notre humble repentir. (LANCELOT, Marie de Brab., VI.) Ce verbe a encore, de nos jours, été pris activement dans le sens de renverser :

Ces arbres ne dépassent pas la hauteur d'un homme, le vent océanique les prosterne à l'instar des fougères. (CHATEAUBR., Mém. d'outre-tombe, t. 11, p. 169. La soif qui brûlait leur cœur, la furieuse passion qui les prosternait aux genoux du maître, l'âpre aiguillon du désir invincible qui les précipitait dans les extrêmes terreurs et jusqu'au fond des plus basses complaisances, était la vanité insatiable et l'acharnement du rang. (TAINE, Essais de critiq. et d'hist., Sr-Simon.)

PROTECTION. PRENDRE LA PROTECTION DE QUELQU'UN :

Quand cela paraîtra, je ne doute point qu'il ne donne matière aux critiques: prenez un peu ma protection. (Leul. à M. l'abbé de Pure, 25 août 1660.)

PROTESTER D'INNOCENCE, protester de son innocence :

Mais comme enfin le mort étoit votre rival,

Et que le prisonnier proteste d'innocence,

Je dois sur ce soupçon vous mettre en sa présence. (Suite du Ment., 1, 4.)

PROVINCE, pour contrée :

Je tiens l'éloignement pire que le trépas;

Et la terre n'a point de si douce province

Où le jour m'agréât loin des yeux de mon prince.

(Clit., IV, 6.)

PRUNELLE. FAIRE jouer la prUNELLE, comme jouer de la pru

nelle :

Mon baladin muet se retranche en un coin,

Pour faire mieux jouer la prunelle de loin.

(La Veuve, 1, 4.)

PUBLIC. LE PUBLIC, pour dire le peuple, ou l'État, la patrie :

Mourir pour le pays est un si digne sort,
Qu'on brigueroit en foule une si belle mort.
Mais vouloir au public immoler ce qu'on aime,
S'attacher au combat contre un autre soi-même,
Attaquer un parti qui prend pour défenseur
Le frère d'une femme et l'amant d'une sœur,
Et, rompant tous ces nœuds, s'armer pour la patrie
Contre un sang qu'on voudroit racheter de sa vie,
Une telle vertu n'appartenoit qu'à nous.

(Hor., 11,

3.)

La Harpe souligne cette expression comme impropre. A la vérité public désigne exclusivement aujourd'hui le peuple considéré comme spectateur et juge des événements ou des productions de l'esprit, mais il se prenait autrefois pour peuple en général : Il (Richelieu) étoit bon ami; il eût même souhaité d'être aimé du public. (Retz, Mémoires.)

PUBLIER, avec un régime de personne, suivi d'un qualificatif, célébrer publiquement comme :

Déjà ce bruit fâcheux a frappé mes oreilles,
Et je l'entends partout publier hautement
Aussi brave guerrier que malheureux amant.

(Le Cid, iv, 2.)

Et ne sera jour de ma vie que je ne vous publie pour la plus ingrate et plus trompeuse femme qui soit sous le ciel. (D'URFÉ, l'Astrée, 1, 5.)

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PUISSANCE. DE PUISSANCE ABSOLUE, comme on dit d'autorité.

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