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Telle qu'on voit la colombe amoureuse

En son mal-heur s'estimer bien-heureuse
Quand elle rompt les rets qui la pensoient tenir,
Et que dans les douceurs de l'amour conjugale
On la voit reunir

A celuy dont la flâme à la sienne est égale.

(RACAN, PS., cxx111.)

Vous la verrez alors (la femme) enfler d'orgueil, et enflammer ny plus ny moins qu'une chienne enragée, ou un tigre. (TAHUREAU, Premier Dial. du Democritic, éd. 1602, p. 47.)-Quand il sera aux abois, tu me verras jeter sur son corps et pleurer sur son visage, ni plus ni moins que si j'étois son fils. (DASSOUCY., Avant. d'Italie, c. 18.) —Le dépit de les voir multiplier s'étoit tourné en fureur. (FLEURY, Mœurs des chrét., XVIII.)—Il se donna bien de garde de séparer ces combattants qui s'embrassoient fort peu amoureusement; mais disant aux assistants qu'il les prenoit à témoins, il écrivoit cependant à la hâte une requête de plainte, et tant plus il les voyoit battre, tant mieux il rôloit. (FURET., Le Roman bourg., 11.)

Les peuples, pipés de leur mine,
Les voyant ainsi renfermer,

Jugeoient qu'ils parloient de s'armer

Pour conquérir la Palestine

(MALH., Invectives contre les mignons d'Henri III.)

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Rui Gomez se retira après l'avoir vu coucher. (Me DE VILLED., Don Carlos.) Donnez-moi la satisfaction de vous voir défier de toutes choses, et je vous tiendrai compte de ce que vous ferez pour vous mettre à couvert de vos ennemis. (Id., Astérie, 11.) — Voilà pourquoi j'avois tant de peur de vous voir raccommoder avec votre première maîtresse. (Id., Le Porte-feuille.)

Le peuple fut timide, et, vous voyanı armer,
Préféra le tyran qui pouvoit l'opprimer.

(T. CORN., Comm., 1, 2.)

Il semble que tu sois fâchée de me voir si bien porter. (DUFRESNY, Le Malade sans maladie, 11, 5.)

De même, en plein dix-huitième siècle, et avec le relatif pour régime :

Accord admirable de l'intérêt et de la justice, qui donne aux délibérations communes un caractère d'équité qu'on voit évanouir dans la discussion de toute affaire particulière, faute d'un intérêt commun qui unisse et identifie la règle du juge avec celle de la partie. (J.-J. Rouss., Le Contrat social, 11, 4,

Après voir, suivi du régime:

Un bien qui nous est dû se fait si peu priser,
Qu'une femme fût-elle entre toutes choisie,
On en voit en six mois passer la fantaisie.

(Mél., 1, 1.)

Voit passer, et non pas voit se passer. On pourrait, dans cet exemple, regarder passer comme un verbe neutre.

Jamais étoile, lune, aurore, ni soleil,
Ne virent abaisser sa paupière au sommeil.

Virent abaisser, et non pas virent s'abaisser.

(Méd., 11, 2.)

Et sitôt que je pense à tes divins attraits,
Je vois évanouir ces infâmes portraits.

Vois évanouir, et non pas vois s'évanouir.

L'onde qui les reçut s'en irrita pour elles,
J'en vis enfler la vague, et la mer en courroux
Rouler à gros bouillons ses flots jusques à nous.

Vis enfler, et non pas vis s'enfler.

(L'Illus. com, iv, 7.)

(Androm., 1, 1.)

Flaminius y demeure en assez méchante posture, voyant réunir toute la famille royale, malgré les soins qu'il avoit pris de la diviser. (Exam. de Nicom.)

Voyant réunir, et non pas voyant se réunir.

Qu'il attende le temps qu'avecque ma fortune
Nous voyons appaiser et les vents et Neptune.

(JOD., Didon, 111.)

A peine de leurs lacs voi-je sauver personne. (D'AUBIG., Les Trag., 1, 2.) Le roi de Navarre, les mains derrière l'eschine, void lever une bande de mandilles orengées qui couchoient en jouë. (Id., Hist. univ., 11, 7, 1re éd.)

(VERONN., L'Impuiss., iv, 1.)

Ne vis-tu pas hier eclipser un soleil? Eux, aussi gaillards que s'ils n'eussent combattu de tout le jour, recommencèrent à verser leur sang, et à r'ouvrir leurs blessures avec tant de cruauté que chacun avait pitié de voir perdre deux personnes de telle valeur. (D'URFÉ, l'Astrée, 1, 9.)

Tandis que vous verrez couvrir en la saison

Vos costeaux de raisins, vos campagnes de gerbes. (RACAN, Ps., XXXVI.)
Que je perde à jamais la raison et la voix

Si mon plus grand desir n'est de voir sous tes lois
Soumettre avecque moy tout le reste des hommes.
Chacun prepoit plaisir à voir de jour en jour
Augmenter à la fois notre àge et notre amour.

(Id., ibid., xxxvII.)

(Id., Berg., 1, 2.)

Le ventre couché sur le gazon d'une rivière et le dos étendu sous les branches d'un saule, qui se mire dedans, je vois renouveler aux arbres l'histoire de Narcisse. (CYRANO. Lett. div., Sur l'ombre que font des arbres dans l'eau.)-A cet aspect, je vis rasserener son beau visage, et je sentis aussi rassurer mon cœur. (DASSOUCY, Avant. d'Italie, c. 2.) - Un peintre qui travailloit dans une chambre haute répondant sur cette rivière, ayant mis la teste à la fenestre pour prendre un peu d'air, et voyant noyer Pierrotin, courut promtement. (Id., ibid., c. 9.)

Verroient-ils transformer le chyle en crudités?

(SENECÉ, Sat., à M. le maréchal de Noailles.) (TH. CORN., Dar., v, 2.)

Nous en verrons bientôt ralentir son audace.
L'État, pour qui cent fois on vit armer son bras,

Lui doit peut-être assez pour ne l'oublier pas. (Id., Comte d'Essex, 11,3.)
Il pense voir en pleurs dissiper cet orage. (RACINE, Androm., v, 1.)

L'année 1661 fut troublée sur la fin par la crainte de voir rallumer la guerre entre les couronnes de France et d'Espagne. (PELLISS., Hist. de Louis XIV, 1. 1, 1661.) — L'on crut voir renouveler en nos jours l'ancien zèle des chrétiens pour la continuelle méditation de la parole de Dieu les nuits et les jours. (Boss., Justif. des Réflex. mor., § 1.) — A vu briser son vaisseau. (EEN., Télém., 1.) — Les assemblées profanes cessent pour venir grossir l'assemblée sainte au temps de l'instruction; et les siècles qui ont vu refroidir le zèle des chrétiens sur tous les

autres devoirs de la religion, n'ont pu, ce semble, le ralentir sur celui-ci. (Mass., Serm. pour le 1er dim. de car., 1.- La France, en voyant perpétuer le sang de saint Louis sur le trône, verra perpétuer avec lui sa gloire et sa félicité. (Id., Mandement, 22 sept. 1730.) Serions-nous destinés à la douleur cruelle de voir tant de dispositions magnanimes devenir la proie de quelque langue servile; de voir démentir des commencements qui promettent de si grandes suites? (SAINT-REAL, Panég, de la rég. de Madame Royale.) — L'on voit évanouir comme une ombre la probité purement humaine quand elle a perdu ses appuis. (DUGUET, Instit. d'un prince, 3 p., c. 6, art. 3.)

De même chez des auteurs appartenant pleinement au dixhuitième siècle :

(CREB., Pyrrh., v, 2.)

Vous verrez contre vous armer tout l'univers. Tout affligée que j'étois de voir toujours prolonger mes inquiétudes. (MARIV., Marianne, x1.) A l'avènement de Louis XIII au trône, le gouvernement se trouvoit dans la même situation où il avoit été sous les règnes des princes qui virent allumer les guerres que Henri IV avoit éteintes. (MABLY, Observ. sur l'Hist. de France, viii, 5.) A ce léger mouvement, je vois changer la face de la terre et décider la vocation du genre humain. (J.-J. Rouss., De l'oriy. des lang., c. 9.) C'est un château en Espagne; et de tous ceux que j'ai faits en ma vie, je n'en ai jamais vu réaliser aucun. (Id., Lett., à M. Dupr., 3 févr. 1778.)

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Je t'écoute vanter, et non pas je t'écoute te vanter.
Voir les exemples de Régnier à l'article PLAINDRE.

Après ouïr, suivi du régime :

Elvire qui avoit ouï lever dom Gusman et qui, au travers de la jalousie dont je pense avoir parlé, avoit eu la joye de le voir partir pour se rendre où elle lui avoit promis de le revoir, s'étoit contentée de lui souhaiter un bon voyage, puis s'étoit recouchée fort judicieusement. (BOURS., Ne pas croire ce qu'on voit, 1.)

Après envoyer, précédé du régime :

Je connois des gens d'esprit, et des plus savants en l'art poétique, qui m'imputent d'avoir négligé d'achever le Cid, et quelques autres de mes poëmes, parce que je n'y conclus pas précisément le mariage des premiers acteurs, et que je ne les envoie point marier au sortir du théâtre. (Premier Discours.)

Je ne les envoie point marier, et non pas je ne les envoie point se

marier.

Les troupes victorieuses n'ayant plus d'ennemis à combattre, et estant riches du butin de plusieurs abondantes provinces, Araxez les envoya rafraichir dans les lieux les plus propres à passer l'hyver. (GOMBERV., Cythér., 1oo p., 1. 6.)

Que le verbe pronominal ait le sens réfléchi ou le sens passif, la règle est la même. Pour exemple du sens passif nous nous contenterons de citer la phrase suivante :

Prenez garde que, voyant un caillou, vous n'y apercevez point de feu, mais si

vous le frappez, ou avec un autre caillou, ou avec quelque chose de plus dur, vous le voyez incontinent tout couvrir d'estincelles, et par ainsi le feu caché se découvre. (D'URFÉ, l'Astrée, 11, 6.)

L'ellipse se rencontre même dans des cas où le verbe réfléchi est séparé par plusieurs mots de faire, laisser, voir, etc. :

Ces dains, ces cerfs, ces animaux craintifs
Qui dans vos rets deviennent vos captifs,

Ces hostes des bocages,

Tous ceux qu'on voit dans l'air et la terre mouvoir,

Ou privez, ou sauvages,

Sont tous également soumis à mon pouvoir.

(RACAN, PS.. XLIX.)

Dans des cas aussi où le régime est séparé du second verbe par plusieurs mots :

On voyoit baisser sous le joug de l'obéissance des têtes faites pour commander, et destinées à porter des couronnes. (FLÉCH., Punég. de S. Bern., 1.)

Des exemples analogues se trouvent répandus dans cette étude.

Quelquefois on ellipse le pronom personnel dans un premier membre de phrase, et on l'exprime devant un second verbe qui a le même régime:

Ainsi, Dieu m'ayme, on voit icy
Maints aveuglez, qui sont ainsi
Que les flots enflez de la mer,
Qu'on voit lever, puis s'abymer
Jusques au plus profond de l'eau.

(JOD., Eugène, n, 2.)

Il est assez du bon sens de laisser un peu consumer les ennemis, et se rebuter par la résistance des assiégés, avant que de rien entreprendre. (PELLISS., Lell. hist., 15 sept. 1673.)

Quelquefois laisser, voir, etc., est suivi d'un verbe neutre, puis d'un verbe réfléchi. Dans ce cas, on emploie devant ce dernier le pronom personnel :

Que sera-ce de ceux dont le cœur languissant,
Ou rarement en soi forme un projet semblable,
Ou le laisse flotter et s'éteindre en naissant?

Lors sentiray croistre et se réjouïr

Mes os, ma force, et vertu déclinee.

(Imit., 1, 19.)

(CL. MAR., Psalm.,LI.)

Ce corps fut encore repoussé et relâché par eux, jusques à ce que la deuxième ligne, et le comte de Lorge s'avançant, les firent plier, et se retirer à la hâte et en désordre. (PELISS., Lett. hist., 10 oct. 1674.) Ce n'était point une tristesse superficielle que le même moment peut voir naître et se dissiper. (PRÉV., Clével., 11.)

Ce n'est pas là cependant une règle. Des exemples nombreux

et de très-bonne autorité montrent la pratique contraire, c'est-àdire un verbe neutre après laisser, voir, etc., et un second verbe, qui devrait être réfléchi, subissant l'ellipse du pronom :

Grand Dieu, qui fais naistre et calmer,
Et sur la terre et sur la mer,
Nostre crainte et nostre assurance,
Preste l'oreille à ceux qui reverent tes loix.

Et qui fait tout vivre et mouvoir.

(RACAN, PS., LXIV.) (ST-AMANT, La Généreuse.)

A la moindre chose qui leur arrive, vous les voyez fondre et resoudre en larmes. (Inventaire universel de Tabarin, XXVI.)-II voit, à la faveur de cette lumière céleste, et des grâces intérieures qu'il reçoit, décroître ces grandeurs, que nous élevons dans notre opinion et dans notre estime; rétrécir ces vastes espaces, que l'ambition dilate dans l'imagination des hommes. (FLÉCH., Panég. de S. Bern., 1.) — La grâce de l'imposition des mains est éteinte en eux; vous ne la ressusciteriez pas, et vous verriez infailliblement périr et éteindre la vôtre. (Mass., Confer., Conduite des clercs dans le monde, 2 réflex.) - Nos siècles, encore plus dissolus que ceux qui nous avoient précédés, ont vu encore croître et multiplier à l'infini ces recueils énormes de cas et de résolutions. (Id., Serm. pour le dim. de la Pass.) De même au dix-huitième siècle :

Milord maréchal me marquait qu'il se sentait vieillir et affaiblir. (J.-J. Rouss., Lett. sur la botanique, à la duch. de Portl., 11.) —La puissance législative ne pouvant pas faire des lois qui aient tout prévu, il faut nésessairement qu'elle voie languir une foule d'affaires, multiplier les abus, et perdre les conjonctures les plus favorables pour agir. (MABLY, Observ. sur l'Hist. de France, 11, 3.)

Les exemples suivants, malgré l'inversion qu'ils présentent, rentrent dans la classe de ceux qui précèdent, mais moins rigoureusement, à cause de la si fréquente habitude qu'avaient les écrivains du seizième siècle d'employer le neutre pour le réfléchi : Croistre je voy d'un costé ta douleur, Et amoindrir d'un aultre ta couleur.

(CL. MAR., Epistre à Papillon, contre le fol amour.)

Nonobstant que vostre amitié ferme

Toujours fleurisse en sa verdeur fréquente,
Certes encor ton épistre éloquente

Près du ruisseau Cabalin composée,
Lui a servi d'une douce rosée,

Qui reverdir la fait et eslever

Comme la rose au plaisant temps de ver.

(Id., Épistre pour un gent. répond., etc.)

Le marchant tout effrayé de ce que devant ses yeulx perir voyoit et noyer ses moutons, s'efforçoit les empescher et retenir de tout son povoir. (RABEL., I. Iv, c. 8. )

L'ellipse se pratique dans des cas où le pronom personnel est régime indirect :

Je me souviens d'avoir vu dans une de vos lettres de l'inquiétude sur la course qui me fit démettre le pied. (M DE COURC., Lett., XII.)

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