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plus libertin que lui. Une honnête femme dira de même, jusqu'à s'en faire honneur, je suis née libertine. Libertin et libertine, en ces endroits, ont un bon sens et une signification délicate.» (BOUHOURS, Doutes, p. 270.)

Tout le monde cependant, à cette époque déjà, ne convenait pas de ce bon sens et de cette signification délicate; et Ménage, avec l'amabilité qui lui est coutumière quand il parle du disert jésuite, s'inscrivait en faux contre cette décision en ces termes :

<< Je veux croire que les honnêtes femmes que voit le P. Bouhours parlent de la sorte, mais pour celles que j'ai hantées, je ne leur ai jamais ouï dire qu'elles fussent libertines. (Observ. sur la langue franç., 2o p., c. 59.)

Quelques exemples, se rapportant à des noms de personne ou de chose, achèveront de bien faire comprendre comment le mot libertin s'employait dans les significations ci-dessus indiquées :

Vous voyez, Messieurs, combien la jeunesse est libertine, et le peu d'autorité que les pères ont sur leurs enfants. (FURETIÈRE, Le Roman bourg., 1.) Soyez persuadées que c'est à cause que vous êtes si exactes à les veiller qu'elles sont si aisées à conduire, et qu'aussitôt que vous cesserez de les observer, elles deviendront libertines. (Mme DE MAINTENON, Entret. sur l'Éduc., juin 1704.)— Pourvu que le magistrat les laisse en repos, ils jouiront tranquillement de la liberté qu'ils se donnent à eux-mêmes de penser tout ce qu'il leur plaît, qui est le charme par où les esprits sont jetés dans ces opinions libertines. (Boss., Sixième Avert. aux prot., 11.) - C'est qu'ils s'abandonnent à toutes sortes de pensées; et leur esprit libertin, qui ne veut point se gêner, se laisse gagner à celles qui se présentent, quoiqu'elles l'éloignent de ce qu'il devrait considérer. (LAMY, Entret, sur les sciences, Id. de la log., 11.) - C'est aujourd'hui notre style ordinaire, décousu et libertin, vagabond et inégal, sans nombre, sans mesure, sans liaison, sans proportion ni entre les choses ni entre les mots. (P. ANDRÉ, Ess. sur le beau, e. 3.)

LIBERTINAGE, liberté excessive, dans le même sens qu'autrefois on employait aussi le mot licence :

Pour le lieu, il a encore plus d'étendue, ou, si vous voulez souffrir ce mot, plus de libertinage ici que dans Mélite. (Exam. de Clit.)

On a dit d'une manière analogue:

Voyez un peu où me porte le libertinage de ma plume! mais vous jugez bien que les conversations sont pleines de ces grands événements. (Mme DE Sévigné, Leų!., à Ma de Grignan, 5 janv. 1689.)

Le mot libertinage, dans la langue du dix-septième siècle, n'emportait pas habituellement, employé seul, l'idée de désordre dans les mœurs qui en est aujourd'hui inséparable. Il se disait de toute liberté excessive, et signifiait particulièrement indépendance d'esprit poussée jusqu'à la témérité :

Les enregistrements des traités faits entre les couronnes, et les vérifications des édits pour les levées d'argent, sont des images presque effacées de ce sage milieu que nos pères avaient trouvé entre la licence des rois et le libertinage des peu

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ples. (RETZ, Mém., 1.) Rien ne conduit plus directement ni plus promptement à l'infidélité et au libertinage de créance que le libertinage des mœurs. (BOURD., Serm. pour le 3o dim. après l'Épiph., 11.) - La foi de cet apôtre ne peut être suspecte, et le libertinage le plus défiant n'a rien à lui opposer. (Id., Panég. de S. Thomas, 11.) Vous me faites toujours de la peine aux récréations; vous n'y avez jamais de liberté ni d'ouverture; vous vous éloignez, vous n'entrez point en conversation, vous y êtes comme une personne du monde qui dédaigne cette simplicité de couvent qui fait rire à l'heure ordonnée; le libertinage ne peut souffrir une telle docilité, mais je puis vous répondre, moi qui connais l'un et l'autre, qu'ils n'ont point dans les plus grands plaisirs où ils s'abandonnent la joie, la paix et la douceur d'une bonne religieuse qui rit d'un rien. (Mme De Maintenon, Lett. hist., à Mãe de Montfort, mars 1692.)

LICENCE, avec le pluriel, en parlant de détails, de peintures déshonnêtes dans les compositions théâtrales :

Purger notre théâtre des ordures que les premiers siècles y avoient comme incorporées, et des licences que les derniers y avoient souffertes. (Imit., Épître au pape Alexandre VII.)

LICENCIER (SE), pour signifier prendre des libertés, des privautés auprès d'une femme :

Ce vermillon nouveau qui colore ta joue

M'invite expressément à me licencier. (Clit., v, 3, 1res éd. jusqu'à 1644 incl.)

LICENCIEUX, en termes de beaux-arts, qui renferme une licence non autorisée, qui est plus libre que les règles ne le per

mettent :

Quant à l'unité du lieu, je n'en trouve aucun précepte ni dans Arioste, ni dans Horace. C'est ce qui porte quelques-uns à croire que la règle ne s'en est établie qu'en conséquence de l'unité du jour, et à se persuader ensuite qu'on le peut étendre jusques où un homme peut aller et revenir en vingt-quatre heures. Cette opinion est un peu licencieuse; et si l'on faisoit aller un acteur en poste, les deux côtés du théâtre pourroient représenter Paris et Rouen. (Trois. Disc.)

On a dit d'une manière analogue :

Il s'opiniâtra fort longtemps avec un nommé M. de La Loy à faire des sonnets licencieux. (RACAN, Mém. pour la Vie de Malh.) - Entre cette prononciation licencieuse et irrégulière que l'usage a introduite dans l'entretien familier, et la prononciation des prédicateurs et autres orateurs, il y a une moyenne qui n'est ni tout à fait si licencieuse que celle de la conversation, ni tout à fait si régulière que celle du barreau et de la chaire; et cette prononciation moyenne est celle qu'observent les comédiens et ceux qui lisent bien quand ils lisent haut. (SAINTREAL, De la Crit., c. 12.)

Licencieux, avec un nom de chose, s'employait pour trop libre en général :

Isis répondit à cette déclaration un peu trop licencieuse par un silence et par une action qui, sans désespérer Zéphyre, lui conseilloient d'user plus modestement de sa bonne fortune. (GOMBERV., Cyth., Ire p., 1. m.)

Corneille emploie aussi licencieux, avec un nom de personne, pour signifier qui se donne une liberté trop grande :

Ce titre seroit tout à fait irrégulier, puisqu'il n'est fondé que sur le spectacle du premier acte, où commence l'amour de Dorimant pour Hippolyte, s'il n'étoit autorisé par l'exemple des anciens, qui étoient sans doute encore bien plus licencieur quand ils ne donnoient à leurs tragédies que le nom des chœurs, qui n'étoient que témoins de l'action, comme les Trachiniennes et les Phoniciennes. (Exam. de la Gal. du Pal.)

On a dit, en parlant de choses analogues, être licencieux à, se permettre facilement de faire une chose :

Après avoir fait voir que tous les mots commençant par la particule dérogative in, qui ont été condamnés par le P. Bouhours, peuvent trouver leur place en quelque endroit, il me reste à remarquer que les auteurs françois, à l'exemple des latins, ont été fort licencieux à former de semblables mots. (MĖN., Observ. sur la lang. franç., 2e p., c. 84.)

Cet emploi n'était pas réservé aux beaux-arts; ainsi on trouve: De là vient aussi que le peuple trop licencieux, abusant du pouvoir qu'on lui avoit laissé, en a été dépouillé sans contradiction. (FÉN., Du Minist. des Past., c. xv.) Daniel Huet dit d'un éditeur qu'il est licencieux, pour signifier qu'il prend trop de licences avec son auteur.

LIER, fig. LIER LES SCÈNES, avec un nom de personne pour sujet, servir à la liaison des scènes :

Ces personnages qui deviennent muets lient assez mal les scènes, où ils ont si peu de part qu'ils n'y sont comptés pour rien. (Trois. Disc.)

LIER A, fig., enchaîner, assujettir à:

Ah! plutôt.... Mais hélas! j'idolâtre Émilie,
Un serment exécrable à sa haine me lie.

(Cinna, 111, 2.)

LIEU. AIMER EN MÊME LIEU, aimer la même personne :

Que me vient-il de dire, et qu'est-ce que je voi?
Cliton, sans doute il aime en même lieu que moi.

O ciel! que mon bonheur est de peu de durée! (Suite du Ment., iv, 4.)
Après les soins qu'il prend de rompre ma prison,

Aimer en même lieu semble une trahison.

(Ibid., iv, 8.)

PRÉTENDRE AU MÊME LIEU, prétendre au cœur de la même

personne :

ARDARIC. Est-ce un crime pour lui qu'une douce espérance
Que vous pourriez ailleurs porter la préférence?

ATTILA. Oui, pour lui, pour vous-même, et pour tout autre roi,
C'en est un que prétendre au même lieu que moi.

LIEU, dans le même sens figuré :

M'en croirez-vous, seigneur? ne la revoyez point;
Portez en lieu plus haut l'honneur de vos caresses.

(Autila, iv, 5.)

(Pol., 1, 1.).

On dit habituellement donner lieu, laisser lieu, avoir lieu de. Corneille modifie cette locution en mettant un adjectif ou un adverbe de quantité devant lieu :

Carlos a tant de lieu de vous considérer,
Que s'il devient mon roi, vous devez espérer.
Et vous souviendrez-vous des mauvais traitements
Qui vous avoient donné tant de lieu de vous plaindre?
Vous-même qu'ils ont vu sous lui dans un emploi,
Où vos conseils régnoient autant et plus que moi,
Ne donnerez-vous point quelque lieu de vous dire
Que vous n'aurez voulu qu'un fantôme à l'empire?

(D. Sanche, v, 1.)

(Agés., v, 7.)

(Pulch., m, 1.)

Ce sont des termes qu'il a si peu expliqués, qu'il nous laisse grand lieu de douter de ce qu'il veut dire. (Premier Disc.)

DONNER LIEU DE, DONNER Trop de lieu DE, suivi d'un subst. :
Puisqu'il me donne lieu de ce petit service.

(Le Ment., IV, 2.)

« Lieu d'un service, dit le commentateur, n'est pas français. On donne lieu de rendre service. »>

Il n'est aucun de nous à qui sa violence

N'ait donné trop de lieu d'une juste vengeance.

(Héracl., IV, 6.)

« C'est un solécisme, dit encore Voltaire; on donne lieu à quelque chose, et non de quelque chose. » Il donne lieu « à mes soupçons et non de mes soupçons. » Quand on met un de, il faut un verbe « il m'a donné lieu de le haïr. » L'analogie n'a-t-elle pas pu autoriser le poëte à compléter l'idée de donner lieu de par un substantif, comme on la complète par un infinitif, lequel au fond équivaut à un substantif?

On rencontre aussi dans Corneille trouver lieu de, employé elliptiquement avec un subst. :

Dans les délibérations d'Etat, où un homme d'importance consulté par un roi s'explique de sens rassis, ces sortes de discours trouvent lieu de plus d'étendue. (Prem. Disc.)

Lieu, dans ce sens, ou dans des sens approchants, était souvent précédé de la préposition de :

Ceux qui réformèrent les coustumes en l'an 1507 et autres années ensuivantes bannirent de la France cest article barbare qui vouloit que representation n'eust point de lieu en ligne directe. (PASQ., Lett., vii, 40.)

Sommes-nous en une province

Où la rigueur ha plus de lieu

Que la justice?

Et mes vœux n'auront point de lieu,

Si par le trépas je n'évite

(GREVIN, Les Esbahis, v, 4.)

La douleur de vous dire adieu. (MALH., Stanc. p. M. de Belleg., 1608.)

L'Aquitaine n'étoit pas réputée une partie de la France, mais une conquête. et elle gardoit toujours les lois et la langue des Romains; celles des François n'y avoient point de lieu. (MÉZER., Abr. de l'Hist. de France, an 770.) — Ce grand silence de J.-C. sur les comédies me fait souvenir qu'il n'avoit pas besoin d'en parler à la maison d'Israël, pour laquelle il étoit venu, où ces plaisirs de tout temps n'avoient point de lieu. (Boss., Leu., à la sœur Cornuau, xx.)-Comme il (Molé) avoit été nourri dans les formes du palais, tout ce qui étoit extraordinaire lui étoit suspect. Il n'y a guère de dispositions plus dangereuses en ceux qui se rencontrent dans les affaires où les règles ordinaires n'ont plus de lieu. (RETZ, Mém.) - Quoique nous vivions sous un règne où la vertu est en recommandation, où la raison du respect humain n'a plus de lieu, puisque ceux auxquels on a le plus d'intérêt de plaire, non-seulement se déclarent pour la piété, mais ne peuvent souffrir le vice, il y a toujours un levain caché de libertinage qui subsiste. (CHEMIN., Serm. pour la Pent., 111.) S'il y a des catholiques dont les sentiments ne donnent pas de lieu à ces médisances, il a la hardiesse de les vouloir mettre hors de pair, comme n'ayant pas la même religion que les autres. (ARN., Apol. pour les cathol., v.) — Qu'ils le disent donc clairement, afin qu'on ait plus de lieu de détester leur imposture. (Id., ibid., 11.)—Quel homme jusque-là avoit paru sur la terre qui eût plus de lieu de se glorifier lui-même que Jésus-Christ? (Mass., Petit Carême. Serm. sur la Passion.) — Quoiqu'elle n'ait pas beaucoup de lieu, à ce qu'on prétend, de se louer des manières de Me Petit, elle m'a pourtant paru fort réservée sur son chapitre. (Mme DU NOYER, Œuv. mêl., p. 102.)

S'IL S'EN OFFRE lieu, si l'occasion s'en offre :

Ma sœur, auparavant, engagez l'entretien,

Et s'il s'en offre lieu, jouez d'un peu d'adresse,
Pour votre intérêt et le mien.

(Agés., 1, 1.)

LIGNÉE, avec le pluriel, pour signifier familles, races :

Ces nombreuses lignées,

Qui du sang d'Israël portent si haut l'honneur,

Des terres les plus éloignées

Y viennent rendre hommage au grand nom du Seigneur.

(Trad. du Ps. CXX1.)

LIMITE, au masculin, comme le latin limes, limitis :

Et ta miséricorde, excédant tous limites,
Accabler un pécheur d'un excès d'amitié

Qui surpasse tous les mérites.

(Imil., 111, 10.)

LIMITÉ. N'AVOIR rien de limité, n'avoir pas de limite :

Ah! ce n'est pas à moi d'avoir tant de bonté,

Le devoir qui m'aigrit n'a rien de limité.

(Le Cid, iv, 2.)

LIPPÉE, fig. UNE BONNE LIPPÉE, pour signifier une bonne cap

ture, une bonne aubaine :

Ce fut en cet état, les doigts de sang souillés,
Qu'au bruit de ce duel trois sergents éveillés,
Tout gonflés de l'espoir d'une bonne lippée,
Me découvrirent seul, et la main à l'épée.

(Suite du Ment., 1, 1.)

LIQUÉFACTION, fig., pour marquer l'état d'un cœur qui

semble se fondre par l'effet d'un sentiment ardent :

Vous rappellerez aisément en votre mémoire ce que vous savez mieux que moi,

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