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SCIENCES ET ARTS:

Essai sur le panthéisme dans les sociétés modernes," par H. Maret. 2° édit. Sceaux, Dépée, 1840. A Paris, chez Olivier Fulgence. In-8° de xvi-492 p.

Quoique M. Maret nous paraisse s'exagérer l'état de décadence des cryoances religieuses et catholiques et l'empire comme l'envahissement du panthéisme, il n'en est pas moins vrai que cette dernière doctrine a fait de grands progrès dans ce dernier siècle, et que depuis vingt ans surtout elle semble avoir pris la place de tous les systèmes philosophiques. Mais ce n'est pas à dire que le catholicisme ait perdu tout le terrain qu'a gagné le panthéisme. Celui sur lequel il a surtout progressé est un terrain au moins neutre, déjà perdu depuis long-temps pour le catholicisme, et, en bien des endroits, hostilement disposé contre lui. Le seul changement qui nous paraisse bien sensible et bien avoué, c'est celui qui a entièrement ruiné et transformé la philosophie matérialiste et athée du dernier siècle. L'athéisme aujourd'hui n'est plus de mise; il est devenu du panthéisme : ainsi, au lieu d'une négation, nous avons une aptitude à croire. Quoi qu'on en dise, c'est là gagner au lieu de perdre. Mais la plaie, car il y en a une, ce n'est pas la passion pour tel ou tel nouveau système philosophique héritier ou vainqueur des systèmes du dernier siè cle. La passion est rare aujourd'hui dans une croyance quelconque. Ce que nous voyons plutôt avec douleur, c'est l'indifférence dans l'erreur comme dans la vérité : voilà le mal qu'il faut combattre. Mais peut-être l'excès du mal en sera le remède; car cette indifférence pour les systèmes comme pour la foi religieuse est pour beaucoup dans ce penchant très-réel, très-constaté vers le panthéisme, dans lequel se sont fondues ou tendent toutes les philosophies.

Or, comme l'observe avec justesse M. Maret, la question se trouve ainsi aujourd'hui fort simplifiée. Deux grandes routes 'ouvrent devant les esprits; le catholicisme et le panthéisme :

ils doivent opter entre les deux. Cette position de la question n'est pas un mince service rendu par la philosophie panthéistique; car l'issue de la lutte entre ces deux forces, entre ces deux principes, ne saurait être douteuse. D'un côté, en effet, le vague, l'indéfini, la confusiou, le désordre; de l'autre, l'ordre, l'harmonie, la précision et la logique. A la vue d'un tel contraste, l'auteur a toute raison de dire qu'il ne peut croire qu'un homme doué de quelque amour de la vérité et du bien, qui étudie l'histoire du panthéisme, qui examine ses principes, ses preuves, ses conséquences, puisse hésiter dans son choix. Et s'il envisage ensuite le développement de l'humanité, il trouvera dans l'arbitraire des hypothèses panthéistiques des preuves nouvelles contre cette doctrine. Mais, à côté de l'erreur qu'il constate, M. Maret place la vérité catholique; et par l'exposé sommaire qu'il fait de sa doctrine, il montre que là seulement se trouve la source de la vraie lumière et des solides consolations. Ainsi, après avoir fourni l'exposé de la philosophie française au xix siècle, if procède à l'histoire du panthéisme, qu'il fait suivre de la réfutation de cette doctrine; après vient l'exposition de la doctrine catholique, et l'ouvrage se termine et se complète par la solution des objections nouvelles élevées par les panthéistes contre le christianisme, et résumées dans les écrits de ses trois principaux adversaires, MM. Pierre Leroux, Salvador et Strauss.

Précis d'économie politique, par le commandeur Pinheiro-Ferreira, suivi d'une bibliographie choisie de l'économie politique, par M. de Hoffmanns. Paris, 1840. Chez Édouard Garnot. Rambouillet, impr. de Raynal. In-12 de XII-252 p.

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M. le commandeur Pinheiro-Ferreira est un homme d'état portugais qui a senti, en passant aux affaires, toute l'importance de la science dont il se fait l'interprète aujourd'hui. En effet, l'économie politique est la science du bien-être et de la prospérité des nations. Les travaux modernes ont élevé cette

science à une grande hauteur, et des systèmes très-profonds et fort compliqués ont été produits à ce sujet. Mais peut-être ces travaux individuels et systématiques manquent-ils de lien, de principes communs; ou plutôt, on ne s'entend point encore sur la nature des principes et sur la valeur des mots à employer. M. Pinheiro-Ferreira s'est donc attaché à réunir les principes fixes qui dominent la matière, et sur lesquels on est le plus près de s'entendre. Connu déjà par un Cours de droit public et par une Philosophie élémentaire, il a espéré compléter ainsi le Cours d'études à l'usage des écoles préparatoires auquel il s'est dévoué. L'auteur a écrit un ouvrage utile; et en condensant les vrais principes avec clarté, choix et précision, il a beaucoup fait pour l'initiation du public à ane science sur laquelle il n'a encore que des notions fort vagues, et qui semblait jusqu'ici le domaine exclusif de quelques esprits d'élite. L'un de nos plus habiles bibliographes, trèsversé en même temps dans la science qui fait l'objet de oe volume, M. de Hoffmanns, y a joint une bibliographie choisie d'économie politique, qui se distingue par des notices dans lesquelles la précision ne nuit pas à la clarté et à l'abondance des indications.

Des divers systèmes électoraux en France depuis 1789 jusqu'à nos jours, par le marquis O. Des Baux, avocat à la cour royale. Paris, 1840; chez Ch. Gosselin. Imp. de Terzuolo. In-8° de IV-306

P.

On parle beaucoup de réforme électorale en France; c'est le texte ou le prétexte de bien des discussions et parfois de dédamations politiques. Mais pour un qui en parle savamment, combien n'apportent à la discussion que des idées toutes faites, des systèmes sans application que l'on rencontre si facilement sur le terrain de la politique et des discussions de presse! M. le marquis Des Bauxa voulu étudier sérieusement, complè tement ce qui se rattache au droit de suffrage pendant le demisiècle qui vient de s'écouler. C'est un travail de la plus haute importance, car, il a raison de le dire, l'histoire du droit de

suffrage en France depuis la fin du dernier siècle est l'histoire du gouvernement représentatif. Dans les temps qui précèdent et depuis le commencement de la monarchie, ou du moins à partir du xir siècle, il y aurait une bien curieuse étude à faire des principes et des systèmes généraux et particuliers qui ont régi le pays en fait d'élection. M. Des Baux était capable plus qu'aucun autre de remplir cette tâche, et de montrer comment dans une nation rien ne se fait spontanément et isolément; comment toute institution, même celle élevée le plus en haine du passé, a des racines et quelquefois sa raison d'être dans ce passé. Il n'a pas voulu aborder un plan aussi vaste : c'est déjà une grande tâche que d'avoir réuni et commenté toutes les législations éléctorales qui se sont succédé depuis cinquante ans. Nous en avons vu beaucoup; et l'on peut dire véritablement qu'une constitution ne nous coûte pas plus à élever qu'à renverser. Ce qui est ne vaudra jamais chez nous ce qui n'est pas encore et ce qui n'est plus. Nous oublions les vices du passé, nous exaltons les bienfaits de l'avenir, et nous déprécions le mérite du présent. Avec un tel caractère, on conçoit dans le pays cette constante intermittence de passion et de dénigrement qui fait surgir et tomber avec tant de hâte des constitutions auxquelles on ne laisse que le temps de naître sans leur fournir les moyens de vivre.

C'est donc de l'histoire, relativement fort ancienne, fort com. pliquée et fort confuse, quoique l'époque qu'elle comprend soit si rapprochée, que M. Des Baux s'est proposé d'écrire. Il l'a fait avec une netteté, une largeur de vues qui indiquent chez lui le véritable publiciste; ne se contentant pas d'analyser et de faire comprendre les institutions, mais les jugeant avec impartialité, et signalant leurs causes, leurs effets, leurs vices et leurs mérites. Ainsi que le dit lui-même M. Des Baux, l'historique auquel il s'est livré se divise d'abord en trois périodes, correspondant aux trois principales révolutions dans le gouvernement, depuis l'assemblée constituante jusqu'à 1830-1789, c'està-dire la royauté constitutionnelle et bientôt la république; le consulat et l'empire; la restauration. Les changemens intro

duits dans la législation sous le gouvernement actuel font l'ob jet d'une quatrième division. Pendant la première période, le droit de suffrage est propondérant: il tend vers l'absolu et ne s'arrête que lorsque la constitution est modifiée, puis abrogée. Pendant la seconde, il continue de figurer dans la loi, mais tellement asservi que le pouvoir n'en peut rien craindre, la liberté rien attendre. La restauration nous le montre luttant non, comme on pourrait le croire, contre le principe monarchique, mais contre les mauvaises lois; cette lutte fait explosion à un jour donné, et fonde un ordre nouveau. Enfin, dans les dix années écoulées depuis 1830, l'auteur recherche le dernier état du droit politique après une révolution faite au nom de la souveraineté du peuple. Comme il s'est plus spécialement occupé de l'élection parlementaire, on ne trouve dans son ouvrage que quelques courtes indications de l'élection municipale dans ses rapports généraux avec les constitutions sous lesquelles elle a été en vigueur. Nous ne craignons pas de le dire, et c'est notre jugement bien sincère, le livre de M. le marquis Des Baux est un des ouvrages les plus utiles et les plus consciencieusement faits qui aient paru depuis dix ans dans le monde politique. Ce sont les pièces de ce grand procès de la réforme qui est peut-être à la veille de se juger: tous les publicistes doivent le consulter.

On the employment of Children in factories and other works in the united kingdom and in some foreign countries, by Leonard Horner, inspector of factories. London, Longman, Orme, Brown, Green. 1840. In-8° de 135 P.

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Cette importante question de l'amélioration du sort des enfans dans les classes ouvrières qui vient d'être résolue chez nous, provisoirement du moins, occupe depuis bien longtemps le gouvernement de l'Angleterre. Plusieurs lois ont été faites à ce sujet, et chaque jour on s'aperçoit qu'elles sont encore incomplètes, insuffisantes. On le conçoit facilement, quand on pense à l'immense variété des travaux auxquels un enfant peut être soumis au milieu de l'extension continuelle

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