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Bureaux rue Paradis,

68.

On s'abonne chez CAMOIN frères, rue Saint-Ferréol, et Boy, boulevard Dugommier

TYPOGRAPHIE VEUVE MARIUS OLIVE, RUE PARADIS, 68.

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F.+39.7

HARVARD COLLEGE LIBRARY

INGRAHAM FUND

Dee 1111926

LES RUES DE MARSEILLE.

Rue Moïse.

Quel rapport peut-il y avoir entre le nom de cette rue et celui du législateur des Hébreux? C'est là une origine dont l'étude fait naître des difficultés fort sérieuses.

Avant 4648 la rue s'appelai des patrons Rigaud et Lombardon. C'est du moins le nom que lui donnent les Consuls de Marseille dans un acte du 8 mai de cette même année et dont je vais bientôt parler. Les Rigaud et les Lombardon étaient deux familles de patrons pécheurs. La première n'avait dans sa communauté qu'une position assez ordinaire, mais la seconde y jouissait d'une grande importance. Elle donna au corps plusieurs prud'hommes et sa notoriété était considérable dans tout le quartier de Saint-Jean.

Le prud'homme Etienne Lombardon, ligaeur plein d'un zèle fiévreux, s'était jeté dans les agitations qui troublerent Marseille en 1588. Le peuple alors s'ébranlait sourdement, et le seigneur de Vins, chef de la ligue provençale, fit entrer dans la ville Castellane Besaudun, un de ses agents les plus déterminés, pour disposer les esprits en faveur de cette vaste association tout à la fois religieuse et politique. Le viguier Pierre d'Antelmy chassa ce conspirateur et soudain éclata une sédition redoutable,

La Valette, gouverneur de Provence, accourut à Marseille et fit arrêter quelques coupables. Le bruit courut que l'un d'entre eux, qui était marin, allait être pendu. A cette nouvelle, les prud'hommes Silve, Teissère et Etienne Lombardon se mirent à la tête de deux cents hommes de mer et marchèrent vers l'hôtel du gouverneur en RiveNeuve pour lui demander la liberté des prisonniers. Nicolas de Cépède, suivi de quelques ligueurs, se joignit à cette troupe qui forma un rassemblement considérable. Fabre, capitaine de quartier, voulant faire quelques observations,

courut risque d'être jeté à l'eau. La Valette s'efforça vainement de calmer la fureur de cette populace. Silve le somma de rendre les prisonniers, disant qu'ils étaient gens de bien et bons catholiques. Lombardon et d'autres séditieux s'approchèrent du gouverneur et lui dirent avec arrogance tamben, moussu, vous abusas; nou va foudrie pas faire; voulen lous prisouniés. Et les clameurs formidables de la foule irritée répétaient sans cesse : voulen lous prisouniés. La Valette, ne pouvant opposer aucune résistance, s'écria eh bien, messieurs les prud'hommes, je vous les donne, et les prisonniers, aussitôt mis en liberté, furent portés en triomphe (1).

Nous voyons encore des membres de la famille Lombardon parmi les prud'hommes de 1625, 1635, 1646 et 1648 (2).

Il y avait dans la rue des patrons Rigaud et Lombardon une vieille fontaine appelée Pouilleuse, la font pevolhous (sic), probablement parce que les plus pauvres gens du quartier venaient y laver leur linge d'une saleté dégoûtante. Cette fontaine était adossée contre une maison du bord du quai, et, comme en 1648 elle tombait à peu près en ruine, les Consuls de Marseille conçurent le projet d'en édifier une autre sur le même emplacement. Par acte du 8 mai 1648, ils traitèrent avec Etienne Bremond, maître fontainier, pour la construction d'une fontaine nommée Moïse et jadis la font pevolhous. C'est ainsi que l'acte s'exprime (3), et Bremond s'oblige à terminer son travail dans un délai de deux mois.

Il résulte clairement des termes de cet acte que les Consuls ne voulurent pas que la nouvelle fontaine portât le vilain nom de l'ancienne. Mais pourquoi lui donnèrent-ils celui de Moïse? La construction représentait-elle l'image du chef des israélites? Mais l'acte du 8 mai ne parle pas de cette image dont rien plus tard d'ailleurs n'indique les vestiges. Tout ici est obscurité, et ce qui a lieu d'étonner encore, c'est que la rue des Patrons Rigaud et Lombardon prit le nom de Moïse, et le peuple, toujours souverain absolu pour les appellations de rues et de monuments, persista

(1) Ruffi, Histoire de Marseille, t. 1, p. 371 et 372.

(2) Livre où sont contenus tous les bureaux des recteurs de l'hôpital Saint-Esprit et Saint-Jacques de Galice unis ensemble, accommencé le septième novembre 1620, aux archives de l'Hôtel-Dieu.

(3) Registre 50 des délibérations municipales, 1647-1650, fol. 216 verso et 217 recto, aux archives de la Ville.

à nommer Pouilleuse la nouvelle fontaine qui continua d'être ainsi connue jusques en 1843, époque de l'élargissement du quai du port par la démolition de la ligne des maisons qui y étaient en façade. La fontaine Pouilleuse, se dessinant en forme de pyramide sur le fond d'un abreuvoir alimenté par deux tuyaux, disparut alors avec la maison contre laquelle on l'avait adossée. On comprend que la rue Moïse en fut raccourcie d'autant.

Rue du Colombier.

Le nom de cette rue, tel qu'il est écrit aujourd'hui, semblerait indiquer qu'un Colombier lui a donné naissance. Cependant je ne crois pas que des pigeons aient quelque . chose à faire ici et je n'y vois qu'un nom propre. Le du qui, à mon avis, est de trop, doit-être mis sur le compte des agens municipaux, coutumiers de bévues en pareille matière. C'est Colombier tout court qu'il faut dire.

Il y avait, au moyen-âge, plusieurs habitants de Marseille qui portaient ce nom. En 1289, le notaire Pierre Colombier, ou de Colombier, Colomberii, était greffier d'Amiel Merle, juge de la ville haute (1). Je vois en 1323 un autre Pierre Colombier, instituteur, doctor puerorum (2). Un troisième Pierre Colombier, qualifié d'écrivain, scriptor, est désigné dans un acte du 12 octobre 1334 (3). Enfin Pons Colombier siégeait, en 1355, au Conseil général de la commune de Marseille (4)..

La plupart de ces Colombier désignés par le prénom de Pierre appartenaient probablement à la même famille laquelle avait sans doute sa maison à la rue qui porte encore leur nom et que mentionnent de vieux titres, notamment un acte du 9 avril 1460 (5).

(1) Charte contenant une séance du Conseil Municipal de la ville haute de Marseille, du 11 septembre 1289, aux archives de la Ville, chartier.

(2) Acte du 19 octobre 1323 dans le cartulaire de Raimond Boyer, notaire à Marseille, 1322-1323. aux archives de la Ville.

(3) Cartulaire de Bernard Blancard, notaire, greffier du juge Raimond Rostagni, 1333-1334, aux archives de la Ville.

(4) Charte du 18 août 1355, contenant l'excommunication des syndics et des membres du Conseil-général de Marseille, aux archives de la Ville, chartier.

(4) Registre B des Censes et directes de l'hôpital du Saint-Esprit p. 84, aux archives de l'Hôtel-Dieu.

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