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des développemens et même des répétitions; elles permettent aussi quelques négligences et souffrent une sorte de familiarité.

Quoique je désire de faire assister, en quelque manière, ceux qui liront cet écrit à quelques-unes de nos séances, j'ai retranché beaucoup de ces choses familières, qu'on pouvait hasarder devant un auditoire accoutumé; je prie qu'on veuille faire grâce à ce qui peut en rester dans quelques endroits.

Les amis de la philosophie qui nous ont honorés de leur présence, ne trouveront pas ici toutes les leçons qu'ils ont entendues; et celles que je publie dictées sommairement et de mémoire, sont nécessairement incomplètes.

Cependant j'espère que les omissions ne se feront pas sentir. Beaucoup de détails m'ont échappé ; les idées essentielles sont

en trop petit nombre pour que j'aie pu les oublier.

Si malgré ce qui manque à ce travail, et malgré l'imperfection de ce qui en a été conservé, l'indulgence des bons esprits croyait y apercevoir quelques traces de la méthode : si la critique, oubliant sa sévérité, trouvait qu'il peut contribuer à faire naître, ou à fortifier le goût du vrai et de la simplicité qui en est inséparable, serais trop récompensé sans doute: mais je serais moins sensible à ces encouragemens, qu'au regret de ne pas les avoir mieux mérités.

DISCOURS D'OUVERTURE

SUR

LA LANGUE DU RAISONNEMENT.

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La philosophie, oubliant ce qu'elle devait à la parole, l'a quelquefois accusée de mettre des obstacles au mouvement de la pensée et aux progrès de la raison. Aucune erreur n'est plus naturelle, quand on songe aux imperfections et aux vices des langues; et cependant aucune erreur ne saurait être plus éloignée de la vérité: on peut tout exagérer, mais non pas ce que nous devons à la parole; car si l'esprit humain est tout entier dans l'analyse, il est tout entier dans l'artifice du langage.

Ceux qui, dans les langues, ne voient que des moyens de communication entre les esprits, peuvent bien concevoir comment les sciences se transmettent d'un peuple à un autre peuple, ou d'une génération aux générations suivantes; mais ils ignoreront toujours com

ment elles se forment et comment elles prennent sans cesse de nouveaux accroissemens.

Ceux qui, remontant à l'origine des signes du langage, ont reconnu que ces signes nous étaient d'abord nécessaires à nous-mêmes, qu'ils servaient à noter les idées acquises et à les graver dans notre esprit d'une manière durable, ont fait plus que les premiers sans doute; mais, s'ils ont vu comment on fournit des matériaux à la mémoire, ils ont oublié de se demander comment nous entrons en possession de ces matériaux.

Ceux-là seuls embrasseront l'objet dans toute son étendue qui, dans ce que nous devons aux langues, distingueront, et des moyens d'expression pour la pensée, et des formules nécessaires pour retenir des idées promptes à se disperser, et des méthodes propres à faire naître tous les jours de nouvelles idées.

On se convaincra de cette influence des langues; on s'assurera qu'elles sont de puissans moyens de découverte et d'invention, si, examinant les idées dans leurs causes, on parvient à saisir le caractère qui les distingue des sensations.

Les sensations, il est vrai, appartiennent à l'âme ainsi les idées; car il répugne égale

que

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