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principes et à leurs conséquences. Les conséquences qui ne seraient pas fondées sur des principes clairs et évidens, ne mériteraient pas le nom de connaissances; car toute leur évidence est une évidence d'emprunt: elles la doivent aux principes qui, seuls, brillent d'une lumière qui leur est propre. Celui qui ignore les principes n'est assuré de rien. La métaphysique, que toutes les sciences supposent, mérite donc une étude sérieuse; et c'est savoir quelque chose, c'est savoir beaucoup, que de s'en être occupé avec fruit.

Métaphysique; origine des idées; idées premières; principes des sciences; commencement des sciences; élémens des sciences : toutes expressions à peu près synonymes, qui nou savertissent de la nécessité de bien faire nos premières idées, ces idées qui sont le germe de tout savoir.

Les élémens des sciences; voilà le premier besoin de l'esprit. Voilà ce qu'il faut demander aux hommes de génie qui ont excellé dans quelque partie. Voilà ce qu'ils nous ont donné trop rarement, et ce que prétendent nous donner, tous les jours, des hommes qui se font gloire d'ignorer, ou même de mépriser, la métaphysique. S'ils connaissaient la valeur

des mots : s'ils entendaient la langue qu'ils parlent, ils seraient plus réservés dans l'emploi du mot élémens; ils s'abstiendraient, par modestie, de le placer à la tête de leurs ouvrages. Mais quoi! c'est par modestie, qu'ils se disent auteurs élémentaires.

DOUZIÈME LEÇON.

Sur les définitions.

Pour répondre, d'une manière un peu satisfaisante, à la question qu'on m'avait adressée sur la nature de la métaphysique, je me suis vu obligé de parler des définitions; mais ję n'en ai dit que ce qui était indispensable pour faire comprendre ma réponse. On désire que j'ajoute de nouvelles réflexions, et que j'entre dans quelques détails. On entrevoit qu'un bon traité sur les définitions préviendrait la plupart de ces vaines disputes, dont je vous ai rendus comme témoins, à la dernière séance. On voit l'indétermination des mots, qui déjà supl'indétermination des idées, ne peut nous conduire qu'à des idées toujours plus mal déterminées, jusqu'à ce qu'enfin, ne sachant plus, ni ce qu'ont pensé les autres, ni çe que nous pensons nous-mêmes, nous tombions, les uns dans le découragement, les autres dans le mépris de ce qui se refuse à nos recherches;

que

pose

également injustes, ou envers nous-mêmes, oú envers la philosophie.

Dans l'étude des sciences, où la réalité physique de l'objet nous force continuellement, de nous appuyer sur les choses, l'esprit, en opérant sur les mots et sur les idées, opère en quelque manière sur les choses elle-mêmes. Dans les sciences métaphysiques, au contraire, où l'objet ne tombe pas sous les sens, nous sommes exposés à perdre cet objet de vue, et à opérer sur des idées sans modèle. Alors nous n'avons plus, à proprement parler, des idées : il ne nous reste que leurs signes; ou, pour mieux dire, nous n'avons ni idées, ni signes, puisque les mots, ne portant plus rien à l'esprit, ils ont cessé d'être des signes: : et comme, dans nos raisonnemens, nous ne pouvons aller que des idées aux mots, ou des mots aux idées; il se trouve que, manquant d'ídées, ou nous ne partons pas; ou, si nous partons des mots, nous sommes aussitôt arrêtés; à moins qu'il ne nous suffise d'aller des mots aux mots, comme il n'arrive que trop

souvent.

Si nous ne confions les mots à la mémoire qu'après nous être assurés des idées qu'ils sont destinés à réveiller, le souvenir et l'emploi des mots sera le souvenir et l'emploi des idées elles

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mêmes : la lumière ne nous abandonnera jamais; et l'évidence marchera nécessairement avec le discours.

Mais, si nous avons contracté la malheureuse et presque incorrigible habitude, d'aller des mots aux idées ; c'est-à-dire, si nous nous flattons de trouver la vérité, en appuyant nos raisonnemens, sur des principes, des définitions, des propositions générales, ou des axiomes, que nous n'ayons pas vérifiés avec soin, et qui peuvent être, ou obscurs, ou équivoques, ou entièrement faux ; nous ne pouvons, en partant ainsi des ténèbres, que nous enfoncer dans des ténèbres toujours plus épaisses.

Et cependant, cette confiance aveugle en des mots qui nous trompent, et qui ne peuvent nous mener qu'à d'autres mots qui nous tromperont également, est dans tous les esprits : elle est universelle ; et il nous est presque impossible de nous en délivrer entièrement, parce que tous, ayant appris à parler avant de savoir penser; presque tous, connaissant la plupart des termes des sciences, avant d'en avoir les idées; c'est nous faire violence que d'intervertir une habitude qui est devenue une seconde nature.

Une grande surveillance nous est donc nécessaire, pour ne pas céder à ce penchant qui nous

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