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des sensations conduit, en effet, à un spiritualisme universel. Ce n'est pas de quoi il s'agit dans ce moment. Il me suffit d'avoir établi ma première proposition, qui en comprend deux, et même trois: Condillac n'est pas matérialiste : on a pu dire qu'il exagère le spiritualisme: et enfin, ceux qui l'accusent, favorisent sans le savoir, l'opinion qu'ils condamnent.

Venons à la seconde proposition. Condillac ôte-t-il à l'âme son activité?

Écoutez la lecture des passages suivans, et vous ferez la réponse vous-mêmes.

1o. «Plus le contraste des plaisirs et des peines a de vivacité, plus il occasionne d'action dans l'âme ». (Traité des sensations, pag. 9.

2o. «L'expérience seule suffit pour nous convaincre qu'une grande multitude d'impressions qui se font à la fois, avec le même degré de vivacité, ôte toute action à l'esprit ». (Idem. pag. 15.)

3o. « Le désir n'est donc que l'action des mêmes facultés qu'on attribue à l'entendement ». (Idem. pag. 21.

4°.

« Nous verrons comment l'ame acquiert

d'un moment à l'autre plus d'activité, et s'élève de connaissances en connaissances ». (Id. pag. 22.)

50. « Il y a en nous un principe de nos actions, que nous sentons, mais que nous ne pouvons définir. On l'appelle force. Nous sommes également actifs, par rapport à tout ce que cette force produit en nous, ou hors de nous ». (Idem. pag. 62.)

6°. « On peut considérer l'âme comme active, ou comme passive ». ( Art de penser, pag. 110.)

7°. « L'esprit est purement passif, dans la production des idées simples: il est au contraire actif, dans la génération des idées complexes ». (Idem. pag. 169.)

8°. « Ce sont les actions de l'âme qui déterminent celles du corps; et, d'après celles-ci qu'on voit, on juge de celles-là qu'on ne voit pas ». (Logique, pag. 11.)

Voilà, je pense, des citations autant qu'il en faut pour vous convaincre que jamais personne n'a mieux reconnu l'activité de l'âme.

Non-seulement Condillac reconnaît cette activité: il combat les philosophes qui semblent y porter atteinte. Mallebranche avait dit :

F

J'appelle la faculté ou la capacité qu'a l'àme de recevoir les idées, entendement ». ( Recherche de la vérité, pag. 3.)

Condillac le critique en ces termes : « l'esprit ne forme donc, par lui-même, aucunes idées, elles lui viennent toutes faites? Voilà les conséquences qu'on adopte, quand on ne raisonne que d'après des comparaisons : mais, quand on voudra consulter l'expérience, on verra que l'entendement n'est passif que par rapport aux idées qui viennent immédiatement des sens, et que les autres sont toutes son ouvrage (Traité des systèmes, pag. 113.)

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Enfin, Condillac me paraît exagérer l'activité de l'âme, lorsqu'il la voit, non-seulement dans la sensation, mais dans la première sen

sation.

Il ne servirait de rien de rappeler, que moimême, en examinant le système de Condillac, j'ai soutenu contre lui que la sensation est essentiellement passive; car l'objet de cette discussion n'est pas de savoir si Condillac a bien ou mal raisonné, en parlant, soit de la spiritualité, soit de l'activité de l'âme. La question est de fait. Condillac est-il spiritualiste? refuset-il à l'âme son activité? c'est uniquement à

ces deux questions de fait, que j'ai voulu répondre; et je pense en avoir dit assez pour vous convaincre. Si pourtant il vous restait, encore quelques doutes, il seront, j'espère, entièrement dissipés dans la prochaine séance.

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DIXIÈME LEÇON.

Suite de la précédente.

Je vais ajouter de nouvelles preuves à celles que je vous ai présentées contre le matérialisme de Condillac. On verra de nouveau, combien cet excellent esprit était éloigné d'une opinion, qui ne blesse pas moins la philosophie que la religion. Rappelons, en deux mots, les principales propositions que j'ai développées dans la leçon précédente.

1o. J'ai donné la solution d'un problème qui divisait les métaphysiciens. Il s'agissait de savoir, si au moment où l'âme est unie au corps, et où elle reçoit une première sensation, elle a la conscience de sa personnalité. On était divisé, parce qu'on ne mettait pas assez de précision dans le langage. On peut dire, en effet, qu'à une première sensation, l'âme a la conscience de son moi, et qu'elle ne l'a pas : qu'elle le connaît, et qu'elle l'ignore : qu'elle en a le sentiment, et qu'elle ne l'a pas; parce que toutes ces expressions peuvent se prendre dans

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