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HISTOIRE

DE FÉNELON

ARCHEVÊQUE DE CAMBRAI

عم

PREMIÈRE PARTIE.

CHAPITRE I.

Naissance de Fénelon,

Son éducation. - Fénelon prêche à l'âge de quinze ans. Il entre au séminaire de Saint-Sulpcie. - Caractère du marquis de Fénelon.-Controverse du jansénisme.Les jésuites.- Port-Royal. - Fénelon veut se consacrer aux missions étrangères. On le détourne de ce projet. — 11 est nommé directeur des Nouvelles-Catholiques. — Il se lie avec Bossuet et le duc de Beauvilliers.- Livre de l'Éducation des Filles.-Traité du ministère des Pasteurs.- Fénelon est appelé aux missions du Poitou.

François de Salignac de Lamothe-Fénelon, archevêque de Cambrai, naquit au château de Fénelon en Périgord, le 6 août 1651. Sa maison, aussi

distinguée par son ancienneté que par son illustration, a obtenu plus d'éclat du seul nom de l'archevêque de Cambrai, que de cette longue suite d'ancêtres qui s'étaient signalés dans les armes, dans la diplomatie et dans l'Église.

Fénelon était le fruit d'un second mariage de Pons de Salignac, comte de Lamothe-Fénelon, avec Louise de Saint-Abre, d'une ancienne maison du Périgord. Son père cultiva cet enfant de sa vieillesse avec un soin et une affection qui étaient excités par les heureuses dispositions qu'il annonçait. Sa première éducation fut confiée à un précepteur qui sut lui faire goûter les principes de la bonne littérature, et lui donner, en peu d'années, une connaissance plus approfondie de la langue grecque et de la langue latine, qu'un âge aussi tendre n'en est ordinairement susceptible.

Une telle direction donnée à ses études porta bientôt d'heureux fruits, et c'est à elle que Fénelon fut redevable de cette perfection de style qu'on remarque dans tous ses écrits, sans excepter ceux de sa première jeunesse.

Nous engageons nos jeunes lecteurs à réfléchir sérieusement sur cette circonstance de l'éducation de Fénelon, car malheureusement aujourd'hui on ne rencontre que trop de gens qui prétendent que la connaissance du grec et du latin est parfaitement inutile. Qu'ils sachent que ce n'est que dans l'étude approfondie des grands modèles d'Athènes

et de Rome, que se sont formés tous les écrivains, tous les orateurs remarquables du xvir et du xvin siècle, et que c'est là que Fénelon a trouvé le secret de ce style facile, gracieux, élégant, plein d'un charme indéfinissable et empreint d'un cachet particulier, qu'on est convenu d'appeler le style de Fénelon.

A l'âge de douze ans il fut envoyé à l'université de Cahors, où il acheva son cours d'humanités et de philosophie, et prit les degrés qui lui suffirent dans la suite pour les dignités ecclésiastiques auxquelles il fut élevé.

La réputation du jeune Fénelon engagea son oncle, le marquis Antoine de Fénelon, à le faire venir à Paris. Il le place au collége du Plessis, pour achever ses études de philosophie et commencer celles de théologie. Ce fut là qu'il se lia avec le jeune abbé de Noailles, depuis cardinal et archevêque de Paris.

Ses progrès au collége du Plessis furent tels qu'on lui fit prêcher, à l'âge de quinze ans, un sermon qui eut un succès extraordinaire.

Mais le marquis de Fénelon fut moins flatté qu'alarmé des applaudissements qu'on donnait à son neveu, et dans la crainte qu'on ne corrompît un si heureux naturel par des éloges exagérés ou prématurés, il fit entrer le jeune Fénelon au séminaire de Saint-Sulpice, et le plaça sous la direction de M. Tronson.

Le marquis de Fénelon avait été nourri dans les principes les plus purs de la religion et de l'honneur, et il portait dans l'observation des règles et des maximes qu'elles prescrivent, une exactitude scrupuleuse et sévère.

Lié avec M. Olier, instituteur et fondateur de la congrégation de Saint-Sulpice, ils avaient formé ensemble un projet bien extraordinaire. C'était une association contre le duel. La sévérité du cardinal de Richelieu avait réprimé la fureur des combats singuliers; mais depuis sa mort cette démence sanguinaire reprenait une nouvelle force. Si ce projet n'obtint pas le succès que s'en étaient promis ses auteurs, il ne faut s'en prendre qu'au préjugé barbare auquel notre nation reste encore asservie : plaie honteuse que la religion seule peut guérir, en ramenant les hommes aux véritables sentiments de l'honneur et de l'humanité.

Le marquis de Fénelon perdit son fils unique au siége de Candie, en 1669. Ce malheureux père trouva dans ses principes religieux le seul appui qui pût soutenir son courage dans sa douleur. Mais la Providence lui ménageait la plus douce des consolations, en substituant au fils qu'il avait perdu un neveu qui devint l'objet de ses soins et de ses plus tendres affections, et auquel il servit de père et de guide dans le chemin de l'honneur et de la vertu.

En plaçant le jeune abbé de Fénelon au sémi

naire de Saint-Sulpice et en le mettant sous la direction de M. l'abbé Tronson, le marquis n'avait d'autre but que de faire prendre à son neveu le véritable esprit de son état. Il ne pouvait assurément choisir une institution et un instituteur plus propres au succès de ses pieuses intentions.

Ce fut dans les lumières, les exemples et dans la piété tendre et affectueuse de ce sage directeur, que Fénelon puisa le goût de ces vertus vraiment sacerdotales dont il offrit ensuite le modèle le plus accompli dans les diverses situations de sa vie.

La congrégation de Saint-Sulpice, établie si récemment encore, jouissait déjà de la plus haute considération. Destinée à former des ministres à l'Église, pour les différents ordres de la hiérarchie, elle s'était pénétrée du véritable esprit qui convient à la sainteté du sacerdoce; elle s'attachait à donner à ses jeunes élèves le goût et l'habitude des études sérieuses, à diriger l'ordre de leur travail et l'emploi de leur temps, et à établir dans leur esprit les premiers fondements de tout le système des sciences ecclésiastiques.

Un grand nombre d'ecclésiastiques qui ont été appelés aux plus éminentes dignités de l'Église sont sortis de Saint-Sulpice; mais parmi eux Fénelon est sans contredit un de ceux dont cette société peut se glorifier à plus juste titre.

A l'époque où Fénelon fut placé à Saint-Sulpice, la controverse du jansénisme agitait tous les

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