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où elle resta sous la garde de deux femmes destinées à la servir. On la remit, pour la direction spirituelle, entre les mains du curé de SaintSulpice.

Mme de Maintenon s'était totalement éloignée de Fénelon depuis qu'on était parvenu à la faire consentir aux mesures de rigueur qu'on exerçait contre Mme Guyon. On voit par une longue lettre qu'il écrit à M. Tronson, quels étaient les difficultés et les embarras de sa position. Il paraît qu'on aurait désiré que Fénelon, à l'exemple des deux autres prélats, commissaires aux conférences d'Issy, condamnât les écrits de Mme Guyon et Mme Guyon elle-même. D'un autre côté: Bossuet composait un ouvrage ayant pour titre, Instruction sur les États d'Oraison, pour lequel il avait demandé l'approbation de Fénelon. Voici comment ce dernier s'explique sur ces différents objets :

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« Pour la personne, on veut que je la condamne « avec ses écrits. Quand l'Église fera là-dessus un «< formulaire, je serai le premier à le signer de <«< mon sang et à le faire signer. Hors de là, je ne puis ni ne dois le faire. J'ai vu de près des faits «< certains qui m'ont infiniment édifié: pourquoi « veut-on que je la condamne sur d'autres faits « que je n'ai point vus, qui ne concluent rien par «eux-mêmes, et sans l'entendre, pour savoir ce qu'elle y répondrait?

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« Pour les écrits, ne sont-ils pas assez condam« nés par tant d'ordonnances qui n'ont été contre« dites de personne, et auxquelles les amis de la « personne et la personne même se sont soumis « paisiblement? que veut-on de plus? Je ne suis point obligé de censurer tous les mauvais livres, «<et surtout ceux qui sont totalement inconnus << dans mon diocèse... Me convient-il d'aller acca«bler une pauvre personne que tant d'autres «ont déjà foudroyée, et dont j'ai été ami! Il ne << me convient pas même d'aller me déclarer d'une « manière affectée contre ses écrits, car le public << ne manquerait pas de croire que c'est une espèce << d'abjuration qu'on m'a extorquée... Quant à « M. de Meaux, je serais ravi d'approuver son licomme il le souhaite; mais je ne le puis « honnetement, ni en conscience, s'il attaque « une personne qui me paraît innocente, ou des « écrits que je dois laisser condamner aux au« tres, sans y ajouter inutilement ma censure....... « On veut me mener pied à pied, et insensible<«<ment par une espèce de concert secret; c'est « M. de Meaux qui est comme le premier mobile ; << M. de Chartres agit par zèle et par bonne ami« tié; Mme de Maintenon s'afflige et s'irrite contre « nous à chaque nouvelle impression qu'on lui <«< donne. Mille gens de la cour, par malignité, << lui font revenir, par des voies détournées, des << discours empoisonnés contre nous, parce qu'on

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<«< croit qu'elle est mal disposée. M. de Chartres et << elle sont persuadés qu'il n'y a rien de fait si je << ne condamne la personne et les écrits; c'est ce « que l'inquisition ne me demanderait pas: c'est « ce que je ne ferai jamais que pour obéir à l'É<< glise, quand elle jugera à propos de dresser un «<< formulaire connu contre les jansénistes... Tout « se réduit donc de ma part à ne vouloir point << parler contre ma conscience, et à ne vouloir « point insulter inutilement à une personne que « j'ai révérée comme une sainte, sur tout ce que "j'en ai vu par moi-même. »

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On voit par cette lettre et par une autre qu'il écrit à Mme de Maintenon, combien, dans un très-court espace de temps, il avait perdu dans le cœur et dans la confiance de celle-ci : nous ne pouvons plus espérer désormais de retrouver entre elle et Fénelon la plus faible trace du sentiment qui les avait unis si longtemps.

Cependant il était encore possible que ce choc de sentiments et d'opinions, concentré parmi un très-petit nombre de personnes, ne produisît au dehors ni éclat, ni scandale. Mais il survint un incident qui devint l'occasion ou plutôt la véritable cause de la controverse si vive et si animée qui divisa pour toujours Bossuet et Fénelon.

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CHAPITRE IV.

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Controverse de Bossuet et de Fénelon. Fénelon refuse d'approuver le livre de Bossuet, intitulé les Etats d'Oraison. - Fénelon publie son livre des Maximes des Saints. - L'opinion publique se prononce contre cet ouvrage. Louis XIV en est instruit par Bossuet. - Incendie du palais de l'archevêché de Cambrai. — Fénelon soumet au pape le jugement de son livre. - Fénelon refuse de conférer avec Bossuet. Il demande la permission d'aller à Rome. Il est renvoyé de la cour. - Douleur du duc de Bourgogne.-Commencement de la polémique entre Fénelon et Bossuet.

-

– Impartialité du saint-siége dans l'examen du livre de Fénelon. - Les parents et les amis de Fénelon sont renvoyés de la cour.Fin de la controverse entre Bossuet et Fénelon.

Immédiatement après les conférences d'Issy, Bossuet s'était occupé avec ardeur à étudier à fond tous les auteurs mystiques, pour composer son ouvrage intitulé Instruction sur les États d'Oraison. Ce fut l'objet d'un travail considérable et d'une infinité de recherches, qui occupèrent Bossuet plus d'un an. Il s'était déjà assuré de l'approbation du cardinal de Noailles et de l'évêque de Chartres, et il ne lui venait pas dans l'esprit que Fénelon osât lui refuser la sienne. Mais, dans cette dernière supposition, il était décidé à l'attaquer personnellement, et il paraissait peu redouter

l'événement d'un combat qui devait ajouter un nouveau triomphe à sa gloire.

Fénelon, à son retour à Paris, fut assez positivement instruit de l'esprit dans lequel Bossuet avait composé son ouvrage, pour se décider à ne point y attacher son nom. Il ne put d'ailleurs ignorer que cette approbation ne lui était demandée que pour arracher de lui une véritable rétractation sous un titre spécieux; et Bossuet luimême ne le dissimula pas dans la suite. Fénelon prévit, et il dut prévoir que son refus allait l'engager dans une controverse très-délicate et très-animée avec un homme aussi imposant par son génie et ses talents que par la considération dont il était environné. Il sentit qu'il avait deux objets indispensables à remplir, l'un pour l'intérêt de sa propre réputation, et l'autre pour celui de sa tranquillité.

Il s'attacha d'abord à ne pas laisser subsister le plus faible nuage sur l'exactitude de sa doctrine et la sincérité de ses sentiments. Ce fut dans cette vue qu'il rédigea une explication très-détaillée des trente-quatre articles d'Issy, où il expose avec candeur ses maximes sur la charité et sur l'oraison passive. Il soumit cette explication au cardinal de Noailles et à M. Tronson, qui l'approuvèrent et n'y remarquèrent aucune erreur.

Mais il restait à Fénelon un second objet à remplir, non moins important sous un autre rapport: c'était de prémunir l'esprit de Mme de Maintenon

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