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<«< passions, exposent tous les États à des inconvé « nients à peu près égaux. Deux ou trois hommes << entraînent presque toujours le monarque ou le << sénat. >>

On sera moins étonné du sentiment d'intérêt et de bienveillance que Fénelon inspirait aux étrangers de tous les pays et de tous les États que sa réputation attirait à Cambrai, lorsqu'on connaîtra les maximes et les procédés qu'il s'était prescrits à leur égard. Fénelon aimait passionnément sa patrie; mais il ne pouvait souffrir qu'on l'exaltât en dégradant le mérite des autres peuples. J'aime mieux ma famille que moi-même, disait-il; j'aime mieux ma patrie que ma famille; mais j'aime encore mieux le genre humain que ma patrie.

Il ne faisait jamais sentir aux étrangers ce qui pouvait leur manquer par rapport à cette recherche de politesse, cette élégance de manières, ce bon goût, cette urbanité qui distinguaient autrefois en France les premiers rangs de la société, et dont les étrangers venaient étudier les leçons et les modèles. Fénelon disait à ce sujet, en leur faveur : La politesse est de toutes les nations; les manières de l'exprimer sont différentes, mais indifférentes de leur nature. Il s'attachait toujours à entretenir les étrangers des mœurs, des lois, du gouvernement, des grands hommes de leur pays. Par cet innocent artifice, il paraissait

leur laisser le mérite de lui apprendre ce qu'il savait aussi bien et souvent mieux qu'eux-mêmes.

C'est ce qui explique comment Fénelon n'eut que des amis et des admirateurs dans les pays étrangers; il n'eut des envieux et des adversaires que dans sa patrie. La controverse du quiétisme lui avait déjà attiré des rivaux puissants et accrédités; celle du jansénisme lui suscita des adversaires passionnés et redoutables.

CHAPITRE II.

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Controverse du jansénisme.- Le Cas de Conscience.-Instruction pastorale de Fénelon.- Discussion de Fénelon avec l'évêque de Saint-Pons.- Douceur de Fénelon envers les jansénistes. Imputations calomnieuses. - Instruction pastorale de Fénelon en forme de dialogues. Du livre des Réflexions morales du Père Quesnel. Il est approuvé par le cardinal de Noailles. Affaires des évêques de La Rochelle et de Luçon. - Générosité de Fénelon. Le cardinal de Noailles refuse de révoquer son approbation du livre du Père Quesnel. Il en appelle au pape.

En écrivant l'histoire de Fénelon, nous ne pouvons nous dispenser de parler de ses opinions et de ses écrits sur une controverse qui agitait alors tous les esprits, à laquelle il prit lui-même une part très-active, et qui a laissé sa mémoire exposée aux ressentiments d'adversaires très-animés. Mais nous n'entrerons que dans les détails qui ont un rapport direct avec Fénelon.

La doctrine de Jansénius avait été condamnée par plusieurs papes, notamment par une bulle d'Alexandre VII, du 15 avril 1665, qui ordonnait à tous les ecclésiastiques de souscrire au formulaire, dans lequel ils déclaraient «< condamner de « cœur et de bouche la doctrine des cinq propo

<< sitions contenues dans le livre de Jansénius (1). » Cette bulle du pape fut revêtue de lettres patentes, enregistrées au parlement le 29 avril 1665. La déclaration du roi imposait à tous les évêques l'obligation de souscrire ou de faire souscrire le formulaire. Tous les évêques de France s'empressèrent d'obéir, à l'exception des évêques d'Aleth, de Pamiers, de Beauvais et d'Angers, qui mirent des restrictions à leur souscription.

Louis XIV, choqué d'une contravention aussi manifeste et aussi éclatante à la bulle du saintsiége et à sa déclaration, voulait faire faire le procès aux quatre évêques. Mais cette affaire fut apaisée plus tard par Clément IX, successeur d'Alexandre VII, qui, à force de négociations, obtint des évêques réfractaires une déclaration de souscription du formulaire purement et simplement; cette pacification fut appelée la paix de Clément IX. Cette paix parut suspendre pendant trente-quatre ans les divisions qui avaient si longtemps agité l'Église de France; ce ne fut qu'après

(1) Jansenius, évêque d'Ipres, avait consumé vingt-deux ans à composer un énorme ouvrage sur la Grâce, dans lequel il prétendait éclaircir les questions soulevées par les écrits de Baïus et de Molina sur la même matière. C'est de ce livre, dont on a plus parlé qu'il n'a été lu, qu'ont été extraites les cinq propositions condamnées par l'Église. Ces propositions ne s'y trouvent pas tout à fait textuellement et mot à mot, comme beaucoup de personnes l'ont cru (à l'exception de la première); mais elles offrent le précis exact de toute la doctrine renfermée dans ce livre.

ce long intervalle de temps qu'elles se renouvelèrent avec plus d'ardeur. Ce fut alors que Fénelon se vit obligé, par le devoir de son ministère, d'élever la voix pour l'instruction de son peuple et pour l'édification de l'Église, et qu'il écrivit une grande partie des ouvrages qui ont occupé les dernières années de sa vie.

Les jansénistes, comme l'observe d'Aguesseau, eurent l'indiscrétion de rompre les premiers un silence qui leur avait été si salutaire. L'un d'eux, Martin de Barcos, fit paraître une Exposition de la foi catholique, dans laquelle il renouvelait les erreurs condamnées dans les cinq fameuses propositions. Cet ouvrage fut condamné par l'archevêque de Paris, et donna lieu à d'autres écrits qui rallumèrent les disputes. Celui qui fit le plus de bruit fut le fameux Cas de Conscience, imprimé en 1702. « On y supposait, dit d'Aguesseau, un con«fesseur embarrassé de répondre aux questions « qu'un ecclésiastique de province lui avait pro"posées, et obligé de s'adresser à des docteurs de << Sorbonne pour se guérir de scrupules ou vrais << ou imaginaires. Un de ces scrupules roulait sur <«< la nature de la soumission qu'on devait avoir < pour les constitutions des papes contre le jan« sénisme; et l'avis des docteurs portait qu'à « l'égard de la question de fait, le silence respec<< tueux suffisait pour rendre à ces constitutions « toute l'obéissance qui leur était due. » C'était

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