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borna à publier encore quelques écrits dogmatiques pour accélérer la décision du saint-siége. Mais ils produisirent peu d'effet et n'offrirent que peu d'intérêt dans une cause où la curiosité et l'attention publiques étaient épuisées. Aussi la controverse entre Fénelon et Bossuet put être regardée comme terminée.

CHAPITRE V.

Le pape, sur les instances de Louis XIV, porte l'examen du livre la congrégation des cardinaux. - Soixante docteurs de Sorbonne signent une censure du livre des Maximes.- Le roi ôte à Fénelon le titre et la pension de précepteur des enfants de France.-Incertitude du pape.- Innocent XII condamne le livre de Fénelon. Résignation de Fénelon.- Il publie un mandement de soumission au jugement qui le condamne.. Rome applaudit à la soumission de Fénelon. Le roi convoque toutes les assemblées métropoli

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Procédé offensant de

Les jansénistes et les

protestants sont mécontents de la soumission de Fénelon.- Réflexions sur la controverse du quiétisme.

Le partage des théologiens de Rome, après un examen de près de quinze mois, devait opérer une fin de non recevoir contre les adversaires de l'archevêque de Cambrai: on n'aurait point dérogé, en cette occasion, aux usages et aux règles adoptés par le tribunal du Saint-Office, si des considérations impérieuses n'eussent donné une autre direction à la marche accoutumée de la cour de Rome. Mais les vives instances de Louis XIV, à qui Bossuet avait représenté la doctrine de Fénelon comme subversive de la religion et capable de troubler la paix du royaume, forcèrent Inno

cent XII à porter l'examen définitif du livre des Maximes à la congrégation des cardinaux du Saint-Office. Il aurait sincèrement désiré d'épargner la flétrissure d'une censure à un archevêque dont il honorait les vertus et les talents. Il apporta beaucoup de lenteur à la décision qu'on désirait avec tant d'impatience. On cite un mot de lui qui fait connaître son opinion personnelle sur les deux antagonistes Erravit Cameracensis excessu amoris Dei; peccavit Medencis defectu amoris proximi. L'archevêque de Cambrai a erré par un excès d'amour de Dieu; l'évêque de Meaux a péché par défaut d'amour du prochain.

Pour hâter cette décision du saint-siége, les adversaires de Fénelon, à l'instigation de l'abbé Bossuet, imaginèrent de faire paraître en France une censure prématurée du livre de l'archevêque de Cambrai. En conséquence on fit rédiger par un docteur en Sorbonne une censure du livre de Fénelon, puis cet acte fut ensuite présenté à chaque docteur séparément, au nom du cardinal de Noailles, avec l'invitation de le souscrire, et en laissant à peine le temps de le lire. On obtint ainsi soixante et quelques signatures. Mais cette censure ne produisit aucun effet à Rome, où l'on fut, au contraire, choqué de voir une faculté de théologie s'établir juge d'une question dont le jugement était déféré au saint-siége..

On eut recours alors à un autre moyen. On fit

écrire par Louis XIV une lettre au saint-père, pour se plaindre de la lenteur qu'il apportait à prononcer dans cette affaire. Cette lettre fut envoyée au cardinal de Bouillon pour qu'il la remît lui-même; une autre lettre, conçue en termes assez durs, était destinée au cardinal, et on le rendait, pour ainsi dire, responsable de l'événement.

On ne se borna pas à un témoignage aussi éclatant des véritables intentions du roi. Vers les premiers jours de janvier 1699, Louis XIV se fit apporter le tableau des officiers de la maison des jeunes princes: il raya de sa propre main le nom de l'archevêque de Cambrai de l'état des appointements affectés aux fonctions de précepteur, et lui en ôta le titre. On est surpris de voir un prince tel que Louis XIV croire punir un homme tel que Fénelon en lui retirant une pension. Avait-il donc oublié que ce même Fénelon avait sollicité comme une grâce, quatre ans auparavant, la permission de verser cette pension dans le trésor royal pour le service de la guerre, et que Louis XIV avait jugé peu convenable à sa dignité d'accepter cette offre généreuse?

Cependant on procédait à Rome avec beaucoup d'activité au jugement du livre de l'archevêque de Cambrai. Les cardinaux de la congrégation du Saint-Office s'assemblaient, en présence du pape, deux fois la semaine et souvent trois. Au reçu de la lettre du roi, qui manifestait son impatience

d'une façon vive et pressante, le pape ordonna aux cardinaux de redoubler d'activité, et de tenir régulièrement trois congrégations par semaine.

Plus le moment approchait où il allait prononcer, plus le souverain pontife était flottant et indécis.

Après de longues discussions, qui avaient rempli trente-sept séances, les cardinaux étaient enfin parvenus à terminer leur examen. Des trente-huit propositions soumises aux examinateurs, ils en avaient condamné vingt-trois. Mais de nouvelles difficultés s'élevèrent sur la forme à donner au décret. Pendant cette nouvelle discussion, on proposa au pape, qui adopta avec empressement cette idée, de prononcer des canons, au lieu d'une censure du livre de Fénelon. Ces canons auraient renfermé la doctrine de l'Église opposée à celle de Molinos et des quiétistes: Fénelon y aurait souscrit sans difficulté; on se serait contenté de prohiber le livre, sans attaquer la réputation de l'archevêque.

Mais ce n'était pas ce que voulaient les ennemis de Fénelon aussitôt que la nouvelle du projet de prononcer des canons se fut répandue, les intrigues recommencèrent avec plus d'activité que jamais. Louis XIV adressa un mémoire fulminant au pape à ce sujet; les cardinaux eux-mêmes furent d'avis qu'il était plus convenable de prononcer une censure du livre. Dès que le pape connut le sentiment des cardinaux, il ne voulut pas contredire ceux

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