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condamné par son propre jugement (Tite, III, 10). Elle suit ces paroles de l'apôtre saint Jean: « Si quelqu'un vient à vous et ne fait point profession de cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne le saluez pas; car celui qui le salue participe à ses mauvaises œuvres. Elle ne peut s'empêcher de faire ce que saint Polycarpe, disciple de saint Jean, fit contre Cérinthe; il ne voulut pas se trouver avec lui dans le même bain à Ephèse. Je crains, disait-il, que cet édifice ne tombe pendant que l'ennemi de la vérité s'y trouve. Marcion disant à cet homme apostolique: Me connaissez-vous? Celui-ci répondit: Oui je connais le premier des enfants du diable. Tant était grande, dit saint Irénée, la crainte que les apôtres et leurs disciples avaient du moindre commerce de parole entre les fidèles et ceux qui corrompent la vérité. Il faut sans doute supporter et ménager avec une douceur et une patience infinie ceux qui sont faibles dans la foi, et qui ont l'esprit malade de quelque prévention. Mais après ces ménagements, il faut que l'Eglise abatte toute hauteur qui s'élève contre la science de Dieu. Il faut qu'elle réduise en captivité tout entendement pour le soumettre à Jésus Christ par la persuasion la plus absolue. Il faut qu'elle soit prête à punir exemplairement toute désobéissance des esprits indociles. Elle doit enfin préférer Dieu aux hommes, et la vérité indignement attaquée, à une fausse paix, qui ne servirait qu'à préparer un plus dangereux trouble. Rien ne serait plus cruel qu'une lâche compassion, qui irait à tolérer la contagion dans tout le troupeau, où elle croît chaque jour sans mesure. C'est dans une extrémité si pressante

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qu'il faut user, dit saint Augustin, d'une rigueur médicinale, d'une douceur terrible et d'une charité sévère. Medicinali vindicta, terribili lenitate, et caritatis severitate. Nous avons déjà entendu ce père si doux et si compatissant pour les hommes prévenus de l'erreur, qui déclare que la rigueur est enfin nécessaire. La vigilance et l'application des pasteurs, dit-il, DOIT ÉCRASER LES LOUPS partout où ils paraîtront, etc. Ubicunque isti lupi apparuerint, conterendi sint (1). »

Ecraser les loups, c'est-à-dire les hérétiques, c'est donc le dernier mot de la charité orthodoxe et la vertu capitale; Fénelon ne la pratiquait pas seulement envers les huguenots; en sa qualité d'ultramontain, il proposait des mesures effroyables contre les gallicans et se montrait atroce à l'égard de son ancienne amie, Madame Guyon, enfermée à la Bastille. « Il offre, dit M. Michelet (2), d'en tirer une rétractation, mais proteste qu'il ne demande pas qu'elle sorte de prison: « Je suis content qu'elle y meure, « que nous ne la voyions jamais et que nous « n'entendions plus parler d'elle. » (Bausset, II,

(1) Mandement et instruction pastorale de Mgr l'archevéque de Cambray, Cambray, chez N.-J. Douilliez, 1714, in-16, p. 110.

(2) Louis XIV et le duc de Bourgogne, p. 157.

328-336.) Et ailleurs : « S'il est vrai que cette « femme ait voulu établir ce système damnable « (de Molinos), il faudrait la brûler, au lieu de « la communier, comme l'a fait M. de Meaux. (Maintenon, III, 248.)

« Le tolérant archevêque, dit à son tour Tabaraud (1), passant aux moyens que le pape doit suggérer au roi pour procéder à l'extirpation du jansénisme, c'est, ditil, 1 d'exclure de toutes les grâces, de dépouiller de leurs emplois et dignités, tous ceux qui seraient seulement suspects d'en protéger secrètement les partisans; 2o d'exiger rigoureusement la signature du formulaire...; 3o de destituer tous les bénéficiers, tous les supérieurs de communauté qui s'y refuseraient; 4o d'excommunier tous les contumaces, après les trois monitions catholiques; 5o de traiter comme des hérétiques relaps ceux qui après avoir signé purement et simplement, tenteraient d'éluder leur signature par une réserve quelconque. »

Ce serait presque un non-sens, que de penser que l'homme qui proposait cette affreuse loi des suspects contre les catholiques gallicans, a pu se montrer tolérant envers les adversaires les plus déclarés de son Eglise, c'est-à-dire les pro

(1) Supplément aux histoires de Bossuet et de Fénelon composées par M. le cardinal de Bausset, Pariș 1822, in-8, p. 494.

testants, à moins d'admettre qu'il ait rétracté tous ses principes. Or il n'existe nulle trace d'une semblable rétractation dans ses écrits; Fénelon fut, jusqu'à sa mort, fidèle à lui-même et à ses détestables précédents. La feinte douceur dont il faisait parade, a été prise au sérieux avec une coupable légèreté par Ramsay et les philosophes du dix-huitième siècle (1); et c'est de là qu'est née la légende d'un évêque tolérant qu'on se plaisait à opposer à Bossuet. Cette chimère, enfantée par des imaginations hostiles au catholicisme, résiste si peu à l'examen, qu'un ultramontain conséquent, M. de Boulogne, mort évêque de Troyes, a pu, preuves en main, glorifier dans le Journal des Débats (18, 19 et 20 octobre 1802) l'intolérance de l'ar⚫chevêque de Cambray.

« De quelque côté que je l'envisage, dit-il, je ne vois en lui que l'antipode de ce que l'on appelle aujourd'hui philosophie et tolérance... Je défie tous les tolérans de la terre de citer une seule ligne de ses écrits, qui puisse jeter le doute sur l'inflexibilité de ses principes..., et si j'avais quelque conseil à leur donner, ce serait de finir le plus

(1) Voir aussi Tabaraud et le drame de Marie-Joseph ChéFénelon ou les religieuses de Cambray.

nier

tot possible cette comédie, et de bien se convaincre que, pour leur propre honneur, ils n'ont rien de mieux à faire que de chasser promptement de leur Olympe l'intolérant qui a le plus contredit leur morale et désavoué leurs maximes. >>

Tous ces louangeurs de Fénelon ne sont, ajoute-t-il, que ses diffamateurs. (Euvres complètes de Fénelon, XI, 221.)

Mais il y a mieux à faire que de citer cette dissertation remplie des preuves les plus concluantes, c'est d'examiner le seul passage avancé malencontreusement en faveur de la tolérance de Fénelon. Le voici :

<< Sur toutes choses, lui fait-on dire au prétendant à la couronne d'Angleterre (Jacques III), ne forcez jamais vos sujets à changer de religion. Nulle puissance humaine ne peut forcer le retranchement impénétrable de la liberté du cœur. La force ne peut jamais persuader les hommes; elle ne fait que des hypocrites. Quand les rois se mêlent de la religion, ils la mettent en servitude. Accordez à tous la tolérance civile, non en approuvant tout comme indifférent, mais en souffrant avec patience ce que Dieu souffre, et en tåchant de ramener les hommes par une douce persuasion.

Nul ne peut nier que ces conseils et ces réflexions ne soient empreints d'une véritable to

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