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parce qu'on ne les a jamais vus; et qui, comme ces autres qu'une vaine religion consacra jadis, n'ont rien de vénérable que leur obscurité. Déguisements artificieux de la prudence du siècle! vaine science des enfants d'Adam! coupable trafic de mensonge et de vérité! je n'aurai pas besoin aujourd'hui pour m'accommoder à mon sujet, de vous donner ici des titres spécieux, et qui ne sont dus qu'à la sagesse de la croix, et à la simplicité chrétienne.

Je loue un homme juste et droit, simple dans le mal, et prudent pour le bien; un homme dont ce siècle malin n'étoit pas digne; une de ces ames faites pour le siècle de nos pères, où la bonne foi étoit encore une vertu, où une noble ingénuité tenoit lieu d'art et de finesse, où dans les plaisirs innocents d'une douce société, le plus loyal étoit toujours le plus habile; où l'art des précautions étoit inutile, parce que l'art de se contrefaire n'étoit pas encore inventé; et où toute la science du monde se réduisoit à ignorer les lois et les usages du nôtre.

Ici, je sens que mon discours s'anime-: je me représente notre prélat avec cet air toujours affable et serein, toujours accessible, toujours accueillant, mettant, pour ainsi dire, sa personne et sa dignité à toutes les heures, ne retenant de son rang que le privilége de pouvoir être impor

:

tuné je me le représente, et pourrois-je le dire sans réveiller votre douleur? je me le représente au milieu de vos familles, enveloppé dans une aimable obscurité, goûtant avec vous les douceurs d'une vie privée, familiarisant l'épiscopat avec les fidèles, et ne se faisant pas une vaine bienséance de se rendre invisible, et de jouir tout seul d'une dignité qui n'a été établie que pour les autres.

par

Falloit-il pour pénétrer jusques à lui, acheter

des lenteurs éternelles une audience d'un moment, et par mille pénibles formalités des refus encore plus pénibles? Quelle barrière y eut-il jamais entre lui et nous, que celle du respect et de la discrétion? Le vîmes-nous jamais affecter ces moments sacrés de solitude inventés pour ménager le rang, ou pour honorer la paresse? Sa maison resembloit-elle à ces maisons d'orgueil et de faste, où ceux que les affaires y attirent, pensent presque plus aux moyens d'aborder leur juge, qu'à lui exposer leur droit et leur justice; où dans un silence profond et avec un respect qui approche du culte, on attend que la divinité se montre; où mille malheureux souffrent moins de leur misère que de leur ennui; et où comme autrefois dans la piscine de Jérusalem, après avoir attendu long-temps, cet autre ange du Seigneur paroît enfin, et guérit à peine un malade 1?

Joan. 5. 4

La contagion des dignités et de la grandeur, ne lui forma pas cet oil superbe, et ce cœur insatiable d'honneurs dont parle le Prophète1. Content de mériter nos hommages, il ne sut pas les exiger; disons plus, il ne sut pas les souffrir: on auroit dit que ces respectueuses déférences qui délassent si agréablement des soins de l'autorité, faisoient la plus pénible fatigue de la sienne. Bien éloigné de ces petites délicatesses qu'on remarque en la plupart des grands, auprès de qui un simple oubli est un crime qu'à peine mille soins et de longues assiduités peuvent expier; vaines idoles, qu'on ne peut aborder qu'en rampant, qu'on ne peut servir qu'avec solennité, qu'on ne peut toucher qu'avec religion, et qui, comme l'arche d'Israël, vous frapperoient de mort, si pour trop penser même à les secourir, vous n'aviez pas assez pensé à les respecter.

Mais quelque chose de plus grand et de plus digne de la religion, s'offre ici à moi. On peut, il est vrai, se refuser aux hommages par ostentation, et pour en paroître plus digne : la modération, je le sais assez, souvent n'est que le sceau de l'orgueil: la vanité qui se montre n'est ni la plus habile, ni la plus à craindre; el celui qui s'empresse pour se faire honorer, ne sait pas encore l'art d'être vain.

• Ps. 100. 5.

Mais n'être touché ni des honneurs, ni des outrages; s'être rendu familier ce point difficile de la loi, le pardon des offenses: ne distinguer même ses ennemis que par les graces qu'on leur accorde; être armé de la verge pour punir les murmures, et ne s'en servir, comme Moïse, que pour tirer l'eau même des pierres en faveur des murmurateurs, c'est ce que la vanité ne sauroit bien contrefaire, ni la religion assez louer. Oui, Messieurs, nul de nous ne l'ignore; on auroit dit que le seul secret, pour se le rendre favorable, étoit de l'avoir offensé. Les traits les plus piquants n'alloient, ce semble, jusque dans son cœur, que pour y ménager une place à ceux qui les avoient lancés ; et comme ce lion mystérieux, dont il est parlé dans l'histoire de Samson, il suffisoit presque de l'avoir déchiré pour trouver dans sa bouche le miel de la douceur et la rosée des graces. Puissiez-vous en ce jour de douleur être du moins touchés de cet exemple, vous qui croyez que ne pas perdre vos ennemis, c'est leur pardonner; et qui bornez la loi qui vous ordonne d'aimer, à ne haïr qu'avec mesure! Passons à l'usage qu'il a fait de son autorité, et représentons-le comme un pontife fidèle.

DEUXIÈME PARTIE.

?

DIEU ne nous a pas donné, disoit autrefois saint Paul, parlant pour tout le corps de l'épiscopat, un esprit de foiblesse, mais un esprit de force et d'amour: Sed spiritum virtutis et dilectionis1. Qu'est-ce en effet, mes Frères, qu'un évêque si peu soigneux de faire revivre la grace de l'imposition, s'il a éteint cet esprit ; ou si ayant franchi par une ambitieuse intrusion, cette haie sacrée qui sépare le sanctuaire, il ne l'a jamais reçu Hélas! faut-il le dire ici? c'est un arbre deux fois mort et déraciné, et qui occupe le plus bel endroit d'une terre sacrée2: c'est un roseau que le vent agite3, et sur qui cependant, comme sur une colonne sainte, repose tout l'édifice de la maison. du Seigneur: c'est une nuée destinée, comme autrefois, à faire paroître la gloire du Seigneur dans le temple, et qui nous la dérobe par sa noirceur : c'est un astre errant, qui destiné à nous garder parmi les obscurités des sens et de la foi, ne peut cependant que nous écarter de la route : c'est un serpent d'airain élevé pour guérir nos blessures, et qui placé dans le temple, nous devient une occasion d'idolâtrie et de mort 4: et pour tout recueillir en un mot, c'est un mystère d'iniquité 1, 7.1 Ep. Jud. . 12. — 3 Luc. 7. 24.

3

Tim. 2.

Reg. 18. 4.

2

44.

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