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La quitta pour l'image, et pensa se noyer:
La rivière devint tout d'un coup agitée;
A toute peine il regagna les bords;

Et n'eut ni l'ombre, ni le corps.

(Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. Fables en chansons, L. I. fab. 20.-ITAL. Luig. Grillo, fav. 103.

OBSERVATIONS DIVERSES.

Les divers fabulistes qui ont traité ce sujet avoient-ils onblié qu'il est impossible de nager sans troubler l'eau, et de voir son image, lorsque l'eau est troublée ?

FABL E X VI I I.

Le Chartier embourbé.

(Avant La Fontaine). LATINS. Avien, fab. 32. Faerne, f. 90. Camerar. fab. 228.

chap. 31.

FRANÇAIS. Rabelais, Pantagr. Liv. IV,

LE Phaeton (1) d'une voiture à foin

Vit son char embourbé. Le pauvre homme étoit loin De tout humain secours. C'étoit à la campagne, Près d'un certain canton de la basse Bretagne (2), Appellé Quimper-Corentin.

On sait assez que le destin

Adresse là les gens, quand il veut qu'on enrage (3): Dieu nous préserve du voyage!

Pour venir au Chartier (4) embourbé dans ces lieux, Le voilà qui déteste et jure de son mieux,

Pestant en sa fureur extrême,

Tantôt contre les trous, puis contre ses Chevaux,
Contre son char, contre lui-même.

Il invoque à la fin le Dieu, dont les travaux
Sont si célèbres dans le monde (5):
Hercule, lui dit-il, aide-moi ; si ton dos
A porté la machine ronde (6),

Ton bras peut me tirer d'ici,

Sa prière étant faite, il entend dans la nue
Une voix qui lui parle ainsi :
Hercule veut qu'on se remue;
Puis il aide les gens. Regarde d'où provient
L'achopement qui te retient :

Ote d'autour de chaque roue
Ce malheureux mortier, cette maudite boue,
Qui jusqu'à l'aissieu les enduit.

Prends ton pic et me romps ce caillou qui te nuit.
Comble-moi cette ornière. As-tu fait? Oui, dit l'homme.
Or bien je vais t'aider, dit la voix : prends ton fouet.

-Je l'ai pris. Qu'est-çeci? Mon char marche à souhait, Hercule en soit loué! - Lors la voix: Tu vois comme Tes Chevaux aisément se sont tirés de là.

Aide-toi, le ciel t'aidera.

(Depuis La Fontaine ). LATINS. Desbillons, L. V. fab. 28.

OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) Le Phaëton d'une voiture à foin. C'est le privilége de la poésie d'ennoblir par des images vives, ou des métaphores bril

lantes ou par de savantes allusions, les objets les plus vulgaires. On sait ce qu'étoit Phaëton : fils du Soleil, il voulut conduire le

vaux,

char de son père; mais incapable de diriger la course des cheil fut emporté par eux et précipité dans la mer. ( V. Ovide, Métam. Liv. II, et pour le monument où sa chûte est représentée, Montfaulc. Antiq, expl. T. I. p. 121.)

Un fabuliste moderne a dit:

Le Phaeton de ma noble voiture.

(Cesar de Missy, fab. 35.)

(2) Près d'un certain canton, etc. La Fontaine avoit appris de l'Arioste à spécifier les lieux où se passoient les événemens qu'il avoit à raconter. La bonne foi de l'historien entraîne celle du lecteur; mais pour ne point choquer, comme l'Avioste, par l'affectation du sérieux, il sait choisir le lieu de la scène si plaisamment, qu'on n'est dupe qu'autant qu'on veut bien l'être.

(3) Adresse la les gens, quand il veut qu'on enrage. Est-ce que le bon La Fontaine avoit eu à se plaindre de ce pays-là? Quoi qu'il en soit, en dédommagement de l'épigramme, les babitans de la ci-devant Basse-Bretagne trouveront dans ces vers un brevet d'immortalité qui conservera le nom de leur province à travers toutes les constitutions passées, présentes et à venir,

(4) Pour venir au Chartier. On écrit ordinairement charretier: c'est pour la mesure de ce vers qu'il est abrégé d'une syllabe. (5) Le Dieu dont les travaux, etc. Hercule, fils de Jupiter et d'Alcmène. Les travaux qui l'ont rendu célèbre sont ses combats et ses victoires sur le Lion de Nemée, l'Hydre de Lerne, les Chevaux anthropophages de Diomède, le Chien des Enfers, les monstres de toute espèce et les brigands de tout nom qui ravageoient la terre, durant ces siècles appelés héroïques, parce que peut-être le crime s'y montra sous des formes inconnues aux siècles ordinaires.

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A porté la machine ronde. Autre exploit d'Hercule. Atlas étoit fatigué de porter le monde; Hercule chargea ses épaules de ce pénible fardeau. Où donc posoit-il les pieds, quand le monde étoit sur son dos? Les Indiens prétendent encore aujourd'hui que le monde est soutenu sur le dos d'un Eléphant; d'autres sur l'écaille d'une Tortue. L'éléphant et la Tortue restent donc suspendus en l'air? Tous les peuples se ressemblent.

(7) Hercule veut qu'on se remue. « Vers charmant qui méritoit de devenir proverbe, comme l'est devenu cet autre vers:

Aide-toi, le Ciel t'aidera».

(Champfort.)

Tout le reste est excellent, sur-tont pour le dialogue.

FABLE XIX.

Le Charlatan.

(Avant La Fontaine ). LATINS. Facetia Poggii Florentini, pag. 485 (trait historique). Abstemius, fab. 133. Camerarius, fab. 36.

LE monde n'a jamais manqué de Charlatans.

Cette science, de tout temps,

Fut en Professeurs très-fertile.

Tantôt l'un en théâtre (1) affronte l'Acheron (2);
Et l'autre affiche par la ville
Qu'il est un Passe-Ciceron (3).

Un des derniers se vantoit d'être
En éloquence si grand maître,

Qu'il rendroit disert un badaud (4),

Un manant, un rustre, un lourdaud ;

Oui, messieurs, un lourdaud (5), un animal, un Ane:
Que l'on m'amène un Ane, un Ane renforcé,
Je le rendrai maître passé (6);

Et veux qu'il porte la soutane (7).

Le prince sut la chose: il manda le Rhéteur.
J'ai, dit-il, en mon écurie

Un fort beau Roussin d'Arcadie (8);

J'en voudrois faire un orateur.

Sire, vous pouvez tout, reprit d'abord notre homme.

On lui donna certaine somme.

Il devoit au bout de dix ans,

Mettre son Ane sur les bancs (9):

Sinon, il consentoit d'être en place publique Guindé la hare au col (10), étranglé court et net, Ayant au dos sa rhétorique (11),

Et les oreilles d'un Baudet.

Quelqu'un des courtisans lui dit qu'à la potence.
Il vouloit l'aller voir; et que, pour un pendu,
Il auroit bonne grace et beaucoup de prestance
Sur-tout qu'il se souvînt de faire à l'assistance
Un discours où son art fût au long étendu;
Un discours pathétique, et dont le formulaire
Servit à certains Cicérons

Vulgairement nommés larrons.
L'autre reprit : Avant l'affaire,

Le Roi, l'Ane, ou moi nous mourrons.

Il avoit raison. C'est folie.

De compter sur dix ans de vie (12).
Soyons bien buvants, bien mangeants,

Nous devons à la mort de trois l'un en dix ans.

(Depuis La Fontaine), FRANÇAIS, Fables en chansons, L. II. fab. 42. Richer Martelli, la Boutique à deux sols, Liv. I. fab. 18. Bosquillon, conte de l'Adroit Esclave ( dans un recueil de Poésies anciennes et modernes, imprimé à Paris, Durand, 1781, F. I. pag. 109.) LATINS. Desbillons, L. X. fah, 3,

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