Oldalképek
PDF
ePub

FABLE X X I.

L'Ane vétu de la peau du Lion.

(Avant La Fontaine). GRECS. Esope, f. 113 et 262. Gabrias, fab. 14. Aphtone, fab. 10. LATINS. Avien, fab. 5. Faerne, 98. Erasme, dans Camerar. pag. 463, et Adages. Chil. L. centur. 3. adag. 66.

DE la

peau du Lion l'Ane s'étant vêtu, Etoit craint par-tout à la ronde;

Et, bien qu'animal sans vertu,

Il faisoit trembler tout le monde.

Un petit bout d'oreille (1) échappé par malheur,
Découvrit la fourbe et l'erreur.

Martin fit alors son office (2).

Ceux qui ne savoient pas la ruse et la malice,
S'étonnoient de voir que Martin

Chassat les Lions au moulin.

Force gens font du bruit en France,

Par qui cet apologue est rendu familier.
Un équipage cavalier ·

Fait les trois quarts de leur vaillance.

(Depuis La Fontaine ). FRANÇAIS. Fables en chansons, Liv. I. fab. 32. LATINS. Desbillons, Liv. X. fab. 33.

[ocr errors]

OBSERVATIONS DIVERSE S.

(1) Un petit bout d'oreille, etc. C'est sur-tout à la lecture qu'on réussiroit à faire sentir la finesse de ce vers. (V. M. l'abbé Aubert,

Tome I.

V

discours sur la manière de lire les Fables; à la suite de ses fables.)

(2) Martin fit alors son office. C'est le Martin-báton qui s'est déjà exercé sur l'Ane de la fable 5 du Liv. IV. Cette burlesque dénomination est prise de Rabelais, L. III. ch. 13, et elle a été cent fois imitée depuis.

La plupart des autres fabulistes amènent sur la scène un Renard qui découvre la fraude. Les autres animaux en font justice en l'assommant. Le rôle du Renard est inutile: aussi La Fontaine ne l'a-t-il pas employé. Et puis, pourquoi faire mettre à mort un pauvre Ane qui n'est que ridicule ? il y a bien plus de comique à le ramener au moulin.

On peut reconnoître la baute antiquité de cette fable au proverbe populaire commun chez les Grecs: Vous m'avez mis sur les épaules une peau de lion. En effet, c'est là l'origine à laquelle Erasme la rapporte dans ses adages, p. 146. éd. in-fol.

Fin du cinquième livre.

FABLE PREMIÈRE,

Le Pâtre et le Lion.

(Avant. La Fontaine). GRECS. Esope, fab. 131. LATINS Camerar. fab. 3o.

ES

Les fables ne sont pas ce qu'elles semblent être (1); Le plus simple animal nous y tient lieu de maître. Une morale nue (2) apporte de l'ennui:

Le conte fait passer le précepte avec lui.

En ces sortes de feinte il faut instruire et plaire;
Et conter pour conter me semble peu d'affaire (3).
C'est par cette raison, qu'égayant leur esprit,
Nombre de gens fameux en ce genre ont écrit (4).
Tous ont fui l'ornement et le trop d'étendue.
On ne voit point chez eux de parole perdue.
Phèdre étoit si succinct qu'aucuns l'en ont blâmé (5).
Esope en moins de mots s'est encore exprimé.
Mais sur tous certain Grec (6) renchérit, et se pique
D'une élégance laconique.

Il renferme toujours son conte en quatre vers :
Bien ou mal, je le laisse à juger aux Experts.
Voyons-le avec Esope en un sujet semblable.
L'un amène un Chasseur, l'autre un Pâtre, en sa fable.
J'ai suivi leur projet quant à l'événement,

Y cousant en chemin quelque trait seulement.

Voici comme, à-peu-près, Esope le raconte.

Un Pâtre à ses Brebis trouvant quelque mécompte,
Voulut à toute force attraper le Larron.

Il s'en va près d'un antre; et tend à l'environ
Des lacs à prendre Loups, soupçonnant cette engeance.
Avant que partir (7) de ces lieux,

Si tu fais, disoit-il, & Monarque des Dieux!
Que le drôle à ces lacs se prenne en ma présence,
Et que je goûte ce plaisir,

Parmi vingt Veaux je veux choisir

Le plus gras, et t'en faire offrande.

A ces mots sort de l'antre un Lion grand et fort:
Le Pâtre se tapit, et dit, à demi mort :

Que l'homme ne sait guère, hélas! ce qu'il demande!
Pour trouver le Larron qui détruit mon troupeau,
Et le voir dans ces lacs pris avant que je parte,
O Monarque des Dieux, je t'ai promis un Veau;
Je te promets un Bœuf, si tu fais qu'il s'écarte.

C'est ainsi que l'a dit le principal Auteur :
Passons à son imitateur.

OBSERVATIONS DIVERSE S.

(1) Les fables ne sont pas, etc. En apparence, des jeux d'enfans, des hochets pour l'homme oisif, réellement un cours d'instruction qui s'étend à toutes les conditions comme à toutes les circonstances de la vie.

(2) Une morale nue apporte de l'ennui :

Le conte fait passer le précepte avec lui. «Le fabuliste attentif à ménager notre amour-propre par le déguisement de l'instruction, et notre paresse, par la briéveté du récit, nous conduit à la vertu par la main du plaisir : il cache sous des guirlandes de fleurs les

épines de la morale ; il paroît n'avoir dessein que de nous accuser, et nous lui pardonnons de nous instruire ». (M. l'abbé de La Serre.)

(3. Et conter pour conter me semble peu d'affaire. Encore un de ces vers d'inspiration, comme il y en a tant dans ces fables; mais de ces vers que La Fontaine seul a trouvés.

(4) Nombre de gens fameux en ce genre ont écrit. Nous avons fait des recherches très-etendues sur ces écrivains et leurs ouvrages, pour en composer une Histoire universelle de l'Apologue, dont les derniers évenemens ont suspendu l'impression annoncée en 1788. (5) Phèdre étoit si succinct, qu'aucuns l'en ont blámé. Il le déclare lui même dans ces termes:

Hæc exsecutus sum proptereà pluribus,

Brevitate nimiâ quoniam quosdam offendimus.

« Je me suis livré à plus de détails dans cette fable, parce que l'on a trouvé dans les autres trop de briéveté ». (L. III. fab. 11. ▼. 60. ) Il s'en faut bien que La Fontaine fût aussi sévère.

(6) Mais sur tous certain Grec, etc. Gabrias. C'est de lui que Desbillons a dit qu'il affecte un style précis et serré qui souvent nuit au sens, le comprime et l'étrangle. (Préf. de ses fab. p. 17.) (7) Avant que partir. Dites: avant de.

FABLE I I.

Le Lion et le Chasseur.

(Avant La Fontaine). GRECS. Esope, fab. 178. Gabrias, fab. 36.

UN Fanfaron, amateur de la Chasse,

Venant de perdre un Chien de bonne race,
Qu'il soupçonnoit dans le corps d'un Lion,
Vit un Berger. Enseigne-moi, de grace,
De mon voleur, lui dit-il, la maison :

« ElőzőTovább »