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Qu'as-tu fait de tes pieds? Au moment qu'elle rit,
Son tour vient, on la trouve. Elle croit
La sauront garantir à toute extrêmité :

que ses ailes

Mais la pauvrette (7) avoit compté
Sans l'Autour (8) aux serres cruelles.

OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) Car qui peut s'assurer d'être toujours heureux ? Maxime vraie, exprimée avec cette douce sensibilité, le charme de tous les talens; c'est le mot célèbre de Solon à Crésus, mot prophétique pour la plupart des hommes, et dont la journée de Thymbrée remplit la prédiction d'une manière si terrible pour le roi de Lydie. (Voyez Hérodote, Liv. I. Plutarc. in Solone.)

(2) Celui qu'en ces vers je propose,

Et les siens, ce sont même chose. De-là le nom d'Esopiennes que la plupart des fabulistes ont donné à leurs fables. Au reste, le sujet de celle-ci n'est point dans les éditions d'Esope. La Fontaine, en rappelant cette source commune, sacrifie à un usage ordinaire aux artistes du second ordre, lesquels, pour donner plus d'autorité à leurs productions, les puhlient sous un nom antique et imposant, comme Phèdre a fait pour ses propres fables (*).

(3) Briffaut, nom de chien de chasse. Il vient du verbe briffer, manger avec gloutonnerie. (Dict. de l'Acad. fr. ) Rabelais, l'applique tantôt aux usuriers : << Cy n'entrerez pas vous usuriers, briffaulx, etc. (Gargant. Liv. I. ch. 54. p. 317.), tantôt à des écrivains qui, semblables à des chiens, le déchiroient dans leurs satyres. (Voy. T. IV. p. 143. Liv. IV. ch. 33.)

· (4) Par les esprits sortant. Cette vapeur légère qui s'exhale du corps de l'animal, échauffé par une course pénible.

(5) Miraut, dans la fable IV du quatrième livre. «Fût-il diable, Miraut, etc. Voyez la note.

(*) Autoritatis esse scito gratiâ,

Ut quidam artifices nostro faciunt sæculo,
Qui pretium operibus majus inveniunt, novo
Si marmori adscripserunt Praxitelem, etc.

Phedr. fab. Liv. V. prolog.

(6) Et Rustaut. Autre nom de chien, le gardien des campagnes. Voilà, dans une fable si courte, huit vers employés à décrire une chasse. Est-ce oubli de la part du poète? Gardons nous de le croire. Il va peindre une scène lugubre, décrire la mort d'un malheureux; il rallentit sa marche: on ne voit pas sans intérêt l'homicide conciliabule; on arrivera toujours assez tôt au dénoue

ment.

(7) Mais la pauvrette. Point de reproche, quoiqu'elle en ait mérité le malheur expie bien des fautes.

Sur le mot pauvrette, Ménage observe (dans ses Remarques sur Malherbe, p. 496) qu'il étoit fort en usage du temps de ce poète; ce qui suppose qu'il étoit déjà suranné, lorsque Ménage écrivoit. La Fontaine l'emploie avec tant de succès, il le place si à propos, ce mot a par lui-même une teinte de sensibilité si délicate, qu'il paroît ou rajeunir, ou n'avoir jamais vieilli.

(8) Autour. Oiseau de proie. (V. L. V. fab. 15. ) Sur la Perdrix (V. Liv. X. fab. 8.)

FABLE XVI I I.

L'Aigle et le Hibou.

(Avant La Fontaine). GRECS. Esope (l'Aigle et le Renard, fab. 1). —LATINS. Phèdre, Liv. I. fab. 28. Abstemius, fab. 114. Camerar. fab. 71 (*).

L'AIGLE et le Chat-huant leurs querelles cessèrent(1),

Et firent tant qu'ils s'embrassèrent L'un jura foi de Roi, l'autre foi de Hibou, Qu'ils ne se goberoient leurs petits peu ni prou (2). Connoissez-vous les miens? dit l'Oiseau de Minerve.

(*) Ces fables se rapprochent par les détails; mais je ne dissimulerai pas qu'elles s'éloignent par la morale et par le dénouement.

Non, dit l'Aigle. Tant-pis, reprit le triste Oiseau.
Je crains en ce cas pour leur peau.

C'est hasard, si je les conserve.
Comme vous êtes Roi, vous ne considérez

Quiniquoi: Rois et Dieux mettent, quoi qu'on leur die,
Tout en même Catégorie.

Adieu mes nourrissons si vous les rencontrez.
Peignez-les moi, dit l'Aigle, ou bien me les montrez,
Je n'y toucherai de ma vie.

Le Hibou répartit: Mes petits sont mignons,
Beaux, bien faits, et jolis sur tous leurs compagnons:
Vous les reconnoîtrez sans peine à cette marque.
N'allez pas l'oublier: retenez-la si bien

Que chez moi la maudite Parque (3)
N'entre point par votre moyen.

Il avint qu'au Hibou Dieu donna géniture (4).
De façon qu'un beau soir qu'il étoit en pâture;
Notre Aigle apperçut, d'aventure,

Dans les coins d'une roche dure,
Ou dans les trous d'une mâzure
[Je ne sais pas lequel des deux ],
De petits monstres fort hideux,

Rechignés, un air triste, une voix de Mégère.
Ces enfans ne sont pas, dit l'Aigle, à notre ami :
Croquons-les. Le galant n'en fit pas à demi.
Ses repas ne sont point repas à la légère.
Le Hibou, de retour, ne trouve que les pieds
De ses chers nourrissons, hélas! pour toute chose.
Il se plaint; et les Dieux sont par lui suppliés
De punir le brigand qui de son deuil est cause.

Quelqu'un lui dit alors: N'en accuse que toi,

Ou plutôt la commune loi,

Qui veut qu'on trouve son semblable

Beau, bien fait, et sur-tout aimable. Tu fis de tes enfans à l'Aigle ce portrait :

En avoient-ils le moindre trait?

(Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. Fables en chansons, L. II. fab. 23. Mérard, S. Just, L. X. fab. 14 (la Mère, la Nourrice et la Fée). LATINS. Desbillons, Liv. VIII. fab. 4.

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NOTES D'HISTOIRE NATURELLE.

L'AIGLE. Voyez Liv. II. fab, 16.

HIBOU OU Chat-huant, Oiseau de nuit. Ce dernier nom lui vient de ce qu'il se nourrit de Souris comme les Chats, et qu'il jette un cri lugubre. Ses plumes sur le devant de la tête et sous la gorge, ont l'air de former une couronne. Il a le dos moucheté; ses yeux sont noirs, ses pieds velus, et ses ailes plus grandes que sa queue. Le Hibou étoit consacré à Minerve, déesse de la Sagesse, parce que ses yeux percent les ténèbres de la nuit, comme la sagesse pénètre les obscurités.

OBSERVATIONS DIVERSE S.

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(1) L'Aigle et le Chat-hyant leurs querelles cessèrent. Le verbe cesser a dans cet exemple une signification active (cessèrent leurs querelles), ce qui donne au vers un sens embarrassé.

(2) Peu ni prou. Dans le style familier, ni peu ni beaucoup. Bonav. Desperriers: Après qu'il a prou cryé. ( Dial. II.) Prou, preu, assez, du provençal pro, emprunté peut-être de la prépoșition latine pro, employée adverbialement, comme s'il y avoit pro parte, pro facultate. (Prosp. Marchand, Notes sur le Cymbalum mundi, p. 211.)

(3) La maudite Parque, ou la Mort, à qui les poètes donnent pour ministres les Parques. (Voyez la note 2 de la fable VI de ce livre. )

(4) Dieu donna géniture. Remarquez que ce vers et les quatre suivans ont la même consonnance. La prosodie française réprouve cette continuité de rimes semblables.

FA BL E XIX.

Le Lion s'en allant en guerre.

(Avant La Fontaine). LATINS. Abstemins, fab. 95.

LE Lion dans sa tête avoit une entreprise :
Il tint conseil de guerre, envoya ses Prévôts,
Fit avertir les Animaux.

Tous furent du dessein (1), chacun selon sa guise.
L'Eléphant devoit, sur son dos (2),
Porter l'attirail nécessaire,

Et combattre à son ordinaire ;
L'Ours s'apprêter pour les assauts (3):
Le Renard ménager de certaines pratiques;
Et le Singe amuser l'ennemi par ses tours.
Renvoyez, dit quelqu'un, les Anes qui sont lourds,
Et les Lièvres sujets à des terreurs paniques.
Point du tout, dit le Roi, je les veux employer:
Notre troupe, sans eux, ne seroit pas complette :
L'Ane effraira les gens, nous servant de trompette;
Et le Lièvre pourra nous servir de courier.

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