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Entre deux je passerai,
Et du coup vous sauverai.

Cette offre le persuade.
Pot de fer, son camarade,
Se met droit à ses côtés.

Mes gens s'en vont à trois piés,
Clopin, clopant comme ils peuvent,

L'un contre l'autre jettés,

Au moindre hoquet (6) qu'ils treuvent (7)..
Le Pot de terre en souffre: il n'eût pas fait cent pas,
Que par son compagnon il fut mis en éclats,
Sans qu'il eût lieu de se plaindre.

Ne nous associons qu'avecque nos égaux (8),
Ou bien il nous faudra craindre
Le destin d'un de ces Pots.

(Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. Benserade, f. 102. Desbillons, Liv. VII. fab. 16.

LATINS.

OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) Le pot de fer proposa

Au pot de terre. Dans le prolongue de ses fables, La Fontaine s'étonne du merveilleux qui fait parler les poissons:

Tout parle en mon ouvrage et même les poissons.

Phèdre, avant lui, s'excusoit d'avoir amené des arbres sur la scène. Cependant, il y a, dans les habitans des eaux, des organes en apparence susceptibles de cette perfectibilité que leur prête notre imagination, comme dans les arbres, un principe de végétation qui les associe aux privilèges de la vie. Mais comment concevoir des pots qui conversent ensemble ? L'illusion ne sauroit aller aussi loin.

(2) Disant qu'il feroit que sage. Sagement. « Tu fais que sage (Geminius) de confesser la vérité avant qu'on te donne la gehenne pour te la faire dire. » (Amyot. Trad. de Plutarque, vie de Marc-Antoine chap. 12.)

(3) De son débris seroit cause. De nos jours un poète célèbre (*) a employé ce mot au si gulier, contre l'usage universel; on l'en a justement repris. Auroit-il eu le droit de répondre à son critique par l'autorité de La Fontaine ? je ne le croís pas; non-seulement parce que les genres sont très-différens, et que toutes les irrégularités auxquelles La Fontaine se livre, lui vont si bien; mais surtout parce que l'acception qu'il donne ici au mot débris se borne au brisement du vase (ainsi qu'il est dans Rollin. Hist. anc. T. III. p. 224), au lieu que le moderne écrivain l'applique à des ruines. (4) Nous vous mettrons à couvert

Répartit le pot de fer. Fer ne rime pas avec couvert.

(5) Vous menace, d'aventure. D'aventure, en général, parce qu'il ne peut y en avoir que de fâcheuses pour le débile voyageur. (6) Au moindre hoquet. Par métonymie pour : pierre, caillou. (7) Qu'ils treuvent. Le poète a cru que des expressions surannées étoient une décoration pour un objet aussi ancien.

(8) Ne nous associons qu'avecque nos égaux. Le même chapitre de l'Ecclésiastique, où se trouve indiqué le sujet de cette fable antique, en rappelle une seconde dont la morale est la niême, et dont la tradition semble s'être conservée parmi les Romains, comme on le voit dans la pièce de Plaute, intitulée Aulularia: « Mégadore, particulier à son aise, demande en mariage la fille d'Euclion, l'original de l'Avare de Molière. Celui-ci lui répond: Mégadore, voici l'idée qui me vient; vous êtes riche, un financier comme vous ! moi, pas de pauvre plus pauvre que je ne le suis; que je vous donne ma fille ! Savez-vous bien ce que je pense, c'est que nous allons être, vous le boeuf, moi le baudet de la fable. Devenu votre allié, ne pouvant porter ma charge à l'unisson de votre grandeur, me voilà, moi âne, tout du long dans le bourbier; vous, monsieur le bœuf, ne me regarderez pas plus que si je n'existois pas. Ce seront toujours nouvelles inégalités; tous ceux de mon espèce se moqueront de moi. Des deux côtés me voilà hors de l'étable, déchiré par les ânes à belles dents, attaqué par les boeufs à coups de cornes! que de risques je courrois à cesser d'être âne pour boeuf parvenu! (Act. II. scène II. v. 49.)

(*) M. l'abbé Delille, dans ce vers :

Et ces deux grands débris se consoloient entre eux.

(Poëme des Jardins, ch. IV.)

FABLE III.

Le Petit Poisson et le Pécheur.

(Avant La Fontaine). GRECS. Esope, fab. 124. — LATINS. Avien, fab. 20.

PETIT

ETIT poisson deviendra grand,
Pourvu que Dieu lui prête vie.
Mais le lâcher en attendant,

Je tiens pour moi que c'est folie :
Car de le rattraper, il n'est pas trop certain.

Un Carpeau, qui n'étoit encore que fretin,
Fut pris par un Pêcheur au bord d'une rivière.
Tout fait nombre, dit l'homme en voyant son butin,
Voilà commencement de chère et de festin :

Mettons-le en notre gibecière.

Le pauvre Carpillon (1) lui dit en sa manière :
Que ferez-vous de moi? Je ne saurois fournir
Au plus qu'une demi-bouchée :
Laissez-moi Carpe devenir :

Je serai par vous repêchée.

Quelque gros Partisan (2) m'achétera bien cher;

Au lieu qu'il vous en faut chercher

Peut-être encor cent de ma taille

Pour faire un plat. Quel plat? Croyez-moi, rien qui vaille. Rien qui vaille ? Et bien soit, répartit le Pêcheur, Poisson, mon bel ami, qui faites le prêcheur,

Vous irez dans la poële; et vous avez beau dire,
Dès ce soir on vous fera frire.

Untiens vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l'auras(3).
L'un est sûr, l'autre ne l'est pas.

(Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. Benserade, fab. 3 et 136. LATINS. Desbillons, Liv. III. fab. 3. - ITAL. Luig. Grillo,

fav. 43.

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NOTES D'HISTOIRE NATURELLE.

CARPE, poisson d'eau douce qui n'est inconnu à personne. Il se trouve dans les rivières, dans les étangs et jamais dans la mer. Il y en a de plusieurs grandeurs. Ses écailles sont larges, sa fécondité merveilleuse, sa chair agréable et saine. Sa vie peut se prolonger jusqu'à cent s'il faut en croire quelques naturalistes.

ans,

CARPILLON, petite Carpe.

OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) Carpillon. Rabelais écrit carpion. (T. II. p. 226.) (2) Partisan. Homme de finance. Encore un trait de satyre; mais avec quelle adresse il est décoché !

(3) Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. Chose donnée actuellement vaut mieux que plusieurs en promesse. Villon avoit dit:

Tant vault tien que chose promise.

(Ballade. p. 102.) (Tiens vaut autant que chose promise.)

FABLE I V.

Les Oreilles du Lièvre.

(Avant La Fontaine ). LATINS. Faerne, fab. 97.

UN animal cornu blessa de quelques coups
Le Lion, qui, plein de courroux,
Pour ne plus tomber en la peine,
Bannit des lieux de son domaine,
Toute bête

portant des cornes à son front.

Chèvres, Béliers, Taureaux, aussitôt délogèrent,
Daims et Cerfs de climat changèrent :
Chacun à s'en aller fut prompt.

Un Lièvre appercevant l'ombre de ses oreilles,
Craignit que quelque Inquisiteur (1)
N'allât interprêter à cornes leur longueur,
Ne les soutînt en tout à des cornes pareilles.
Adieu, voisin Grillon (2), dit-il, je pars d'ici :
Mes oreilles enfin seroient cornes aussi ;

Et quand je lesaurois plus courtes qu'une Autruche(3),
Je craindrois même encor. Le Grillon répartit :
Cornes, cela! Vous me prenez pour cruche!
Ce sont oreilles que Dieu fit.

On les fera passer pour cornes,

Dit l'animal craintif, et cornes de Licornes (4).
J'aurai beau protester : mon dire et mes raisons
Iront aux Petites-Maisons (5).

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