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D'envoyer hommage et tribut.
Pour l'hommage et pour la manière
Le Singe en fut chargé : l'on lui mit
que l'on vouloit qui fût dit.

Ce

par

écrit

Le seul tribut les tint en peine.
Car que donner? Il falloit de l'argent.
On en prit d'un Prince obligeant,
Qui, possédant dans son domaine
Des mines d'or, fournit ce qu'on voulut.
Comme il fut question de porter ce tribut,
Le Mulet et l'Ane s'offrirent,

Assistés du Cheval, ainsi que du Chameau.
Tous quatre en chemin ils se mirent
Avec le Singe, ambassadeur nouveau.
La caravane enfin rencontre en un passage
Monseigneur le Lion. Cela ne leur plut point.
Nous nous rencontrons tout à point,
Dit-il, et nous voici compagnons de voyage.

J'allois offrir mon fait à

part;

Mais bien qu'il soit léger, tout fardeau m'embarrasse, Obligez-moi de me faire la grace,

Que d'en porter chacun un quart:

Ce ne vous sera pas une charge trop grande;
Et j'en serai plus libre, et bien plus en état,
En cas que les voleurs attaquent notre bande,
Et que l'on en vienne au combat.

Econduire un Lion rarement se pratique.
Le voilà donc admis, soulagé, bien reçu,
Et, malgré le Héros de Jupiter issu (4),
Faisant chère et vivant sur la bourse publique.

Ils arrivèrent dans un pré

Tout bordé de ruisseaux, de fleurs tout diapré (5),

Où maint Mouton cherchoit sa vie,

Séjour du frais, véritable patrie

Des Zéphirs. Le Lion n'y fut pas, qu'à ces gens
Il se plaignit d'être malade.

Continuez votre ambassade,

Dit-il, je sens un feu qui me brûle au dedans,
Et veux chercher ici quelque herbe salutaire.
Pour vous, ne perdez point de temps:
Rendez-moi mon argent, j'en puis avoir affaire.
On débale; et d'abord le Lion s'écria,
D'un ton qui témoignoit sa joie :

Que de filles, ô Dieux! mes pièces de monnoie
Ont produites! Voyez : La plupart sont déjà
Aussi grandes que leurs mères.

Le croît (6) m'en appartient. Il prit tout là-dessus :
Ou bien, s'il ne prit tout, il n'en demeura guères.
Le Singe et les Sommiers (7) confus,

Sans oser répliquer, en chemin se remirent.
Au fils de Jupiter on dit qu'ils se plaignirent,
Et n'en eurent point de raison.

Qu'eût-il fait ? C'eût été Lion contre Lion :
Et le proverbe dit: Corsaires à Corsaires

L'un l'autre s'attaquant, ne font pas leurs affaires(8).

OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) Parmi l'antiquité. Parmi ne se joint point aux noms col

lectifs.

(2) La Déesse aux cent bouches. La Renommée. « Ce Monstre horrible, énorme, dit Virgile, par un prodige étonnant, cache

sous chacune des plumes dont son corps est couvert, autant d'yeux, antant de bouches et de langues toujours en mouvement». ( Æneid. L. IV. v. 181.)

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De son seul appétit. Asservie à son appétit. Lige, droit que le vassal doit à son Seigneur. On n'est point d'accord sur l'étymologie de ce mot; mais toute discussion là-dessus seroit étrangère à notre sujet.

(4) Et, malgré le héros de Jupiter issu. Sans égard pour le tribut destiné à Alexandre. Ce prince, né de Philippe, roi de Macédoine, se prétendoit fils de Jupiter. On ne cite point ce nom-là sans se rappeler le héros qui en a fait le nom de la valeur brillante et heureuse. Son ambition étoit de devenir l'unique souverain de l'univers il paroissoit même qu'un seul monde n'eût pas suffi à ses vastes projets de conquête. On a loué ce prince en cent endroits. L'Écriture l'a peint d'un seul trait: Toute la terre s'est tu en sa présence.

:

(5) De fleurs tout diapré. Remy Belleau:

Avril, l'honneur des prés verds

Qui, d'une humeur bigarrée,
Emaillent de mille fleurs,

De couleurs

Leur parure diaprée.

Ce mot a vieilli. Pourquoi? Je n'en sais rien: ce que tout le monde sait, c'est que les Grecs, avec bien plus de moyens de perdre, étoient bien plus jaloux de conserver toutes leurs richesses, (6) Le croit. L'accroissement, le produit, ce qu'il y a de plus. (Coste). S'applique particulièrement au produit des bestiaux. (7) Sommiers. Chevaux de somme, bêtes de charge.

(8) Corsaires à Corsaires, etc. Vers pris de Régnier. ( Sat. XIL à la fin.)

FABLE XIII.

Le Cheval s'étant voulu venger du Cerf.

(Avant La Fontaine). GRECS. Stesichore dans Aristote Rhetor. L. II. ch. 20. Gabrias, fab. 23. — LATINS. Phèdre, L. IV. f. 24. Horace, epist. L. I. ep. 10. Camérar. pag. 158.

DE tout temps les Chevaux ne sont nés (1) pour les hommes.

Lorsque le genre humain de gland se contentoit

Ane, Cheval et Mule aux forêts habitoit (2):

Et l'on ne voyoit point, comme au siècle où nous sommes
Tant de selles et tant de bâts (3),
Tant de harnois pour les combats,
Tant de chaises, tant de carrosses;
Comme aussi ne voyoit-on pas
Tant de festins et tant de nôces.
Or un Cheval eut alors différend
Avec un Cerf plein de vitesse (4);
Et ne pouvant l'attraper en courant,
Il eut recours à l'Homme, implora son adresse.
L'Homme lui mit un frein, lui sauta sur le dos,
Ne lui donna point de repos

Que le Cerf ne fût pris, et n'y laissât la vie.
Et cela fait (5), le Cheval remercie

L'Homme son bienfaiteur, disant : Je suis à vous:
Adieu : Je m'en retourne en mon séjour sauvage.
Non pas cela, dit l'Homme; il fait meilleur chez nous:
Je vois trop quel est votre usage.

Demeurez donc, vous serez bien traité,

Et jusqu'au ventre en la litière.

Hélas! que sert la bonne chère,
Quand on n'a pas la liberté?

Le Cheval s'apperçut qu'il avoit fait folie (6);
Mais il n'étoit plus temps : déjà son écurie
Etoit prête et toute bâtie.

Il

y mourut en traînant son lien : Sage s'il eût remis une légère offense.

Quel que soit le plaisir que cause la vengeance,
C'est l'acheter trop cher, que l'acheter d'un bien
Sans qui les autres ne sont rien.

(Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. M. Frigot, dans le Fablier franç. L. XV. fab. 22. Fables en chansons, L. II. fab. 34.

OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) De tout temps les Chevaux ne sont nés. Il faut ne sont pas nés.

(2) Ane, Cheval et Mule aux forêts habitoit. Le verbe n'est au singulier que pour la rime. On ne dit point habite aux forêts, mais dans les forêts.

(3) Tant de selles et tant de bâts. Cette bruyante énumération peint le fracas de tous nos équipages. Mais on ne voit pas le rapport de tant de festins avec tant de harnois.

(4) Avec un Cerf plein de vítesse. La Fontaine a préféré le Cerf au Sanglier que Phèdre donne au Cheval pour ennemi. I semble que le Cerf et le Cheval combattant à-peu-près à armes égales, ce n'est pas contre un semblable adversaire que ce dernier a dû implorer le secours de l'homme. Il n'en est pas de même du Sanglier, ennemi contre lequel l'homme suffit à peine.

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Et cela fait. Batologie qu'il faut éviter en vers comme en prose.

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