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sur le respect dû aux Dieux, dans son traité de la manière de lire les Poètes et l'on peut en croire là-dessus un philosophe ennemi déclaré de la superstition. Les Tyriens en uscient ainsi avec leur Hercule: oui, et les Sauvages avec leurs Idoles. Qu'en conclure? Que les Tyriens n'étoient pas plus raisonnables que le Payen de la fable, et le poète pas plus raisonnable de les absoudre.

FABLE IX.

Le Geai paré des plumes du Paon.

(Avant La Fontaine ). GRECS. Esope, fab. 101. Gabrias, 26. Theon (le sophiste) fab. 3. Theophilacte, dans le Phèdre de LauLATINS. Phèdre, Liv. I. fab. 3. Anonyme,

rent, pag. 17. 35, 191 et 205.

UN Paon muoit: un Geai prit son plumage;

Puis après se l'accommoda;

Puis, parmi d'autres Paons tout fier se panada (1),
Croyant être un beau personnage.
Quelqu'un le reconnut : il se vit bafoué,
Berné, sifflé, moqué, joué (2);

Et

par messieurs les Paons plumé d'étrange sorte: Même vers ses pareils s'étant réfugié,

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Il est assez de Geais à deux pieds comme lui (3), Qui se parent souvent des dépouilles d'autrui

Et que l'on nomme Plagiaires.

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Je m'en tais, et ne veux leur causer nul ennui :
Ce ne sont pas là mes affaires.

(Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. Fables en chansons, L. I. - ALLEMANDS. M. Lessing, L. II. fab. 6 ( les Paons et

fab. 28.

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la Corneille).

NOTE D'HISTOIRE NATURELLE.

PAON. Voyez Liv. II. fab. 17.

GEAI, Oiseau du genre des Pies; mais un peu plus petit, et d'un plumage différent du sien. Il a les yeux bleus, le bec noir, fort et robuste, long de deux doigts; l'ouverture de son gosier est si grande, qu'il avale des glands tout entiers. Cet Oiseau est aussi voleur que la Pie; ce qu'il a pris il le cache dans les lieux les plus secrets. Son cri est désagréable.

OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) Se panada. C'est le terme propre. Panader, faire le paon. (2) Il se vit baffoué,

Berné, siflé, moqué, joué. Cette accumulation de termes, dont aucun n'est synonyme, marque les vengeances diverses auxquelles il est en proie. L'impudence et le vol sont baffoués. La lourde 'stupidité est bernée (voyez dans Don Quichotte, comment on berna le pauvre Sancho PANÇA). On siffle la sottise à prétentions (la Judith de Boyer, sifflée). On se moque de la vaine gloire. On joue, on parodie celui qui veut paroître ce qu'il n'est pas. C'est de toutes les insultes la plus cruelle, celle qui blesse le plus directement l'amour-propre.

J. B. Rousseau :

Et tout leur saoul l'ayant berné, hué,

Croquinolé, souffleté, conspué,

Pour dernier trait son masque lui reprirent.

(L. I. Allég. II. p. 132.)

(3) Il est assez de Geais à deux pieds comme lui. Mais Geais d'une autre espèce. Il y a plus d'adresse à le laisser deviner au

lecteur.

C'est à cette fable qu'Horace fait allusion, pour engager le

poète Celsus à faire usage de ses propres richesses, et à ne pas se parer de celles que contenoit la bibliothèque palatine d'Auguste, de peur, dit-il, que si les oiseaux venoient en foule reprendre leurs plumes, la Corncille, dépouillée de ces parures empruntées, ne devienne la risée commune:

Ne si forte suas repetitum venerit olim

Grex avium plumas, moveat Cornicula risum.

( Epist. L. I. ép. 2. v. 18.)

C'est encore dans le même sens que Piron appelle M. de Voltaire 1: Geai du Paon. M. Lessing ne se contente pas de faire arracher au Plagiaire ses plumes d'emprunt: « Les Paons appercevant sur le dos de la Corneille quelques plumes luisantes de ses ailes, les lui enlèvent à coups de bec celles-là même, ajoutent-ils, ne sauroient être à toi ».

FABLE X.

Le Chameau et les Bâtons flottans.

(Avant La Fontaine). GRECS. Esope, fab. 118 (le Chameau), et fab. 110 (les Voyageurs ). Planude, Vie d'Esope, p.74, édit, de Nevelet. LATINS. Faerne, fab. 18.

LE

Le premier qui vit un Chameau,

E

S'enfuit à cet objet nouveau ;

Le second approcha: le troisième osa faire

Un licou pour le Dromadaire.

L'accoutumance (1) ainsi nous rend tout familier. Ce qui nous paroissoit terrible et singulier (2), S'apprivoise avec notre vue,

Quand ce vient à la continue.

Et, puisque nous voici tombés sur ce sujet :

On avoit mis des gens au guet,

Qui voyant sur les eaux de loin certain objet,
Ne purent s'empêcher de dire,

Que c'étoit un puissant navire.
Quelques momens après, l'objet devint brûlot,
Et puis nacelle, et puis ballot,

Enfin bâtons flottants sur l'onde (3).

J'en sais beaucoup de par le monde,
A qui ceci conviendroit bien :

De loin c'est quelque chose, et de près ce n'est rien (4).

(Depuis La Fontaine ). FRANÇAIS. Fables en chansons, L. II. fab. 48.

NOTES D'HISTOIRE NATURELLE.

LE CHAMEAU, animal originaire d'Arabie, ayant environ six à sept pieds de haut, non compris ses deux bosses, et dix pieds de longueur; les yeux gros et saillans, le front revêtu d'un poil touffu, ressemblant à de la laine; les oreilles courtes et rondes; le col long, orné d'une belle crinière. Il est d'un naturel très-docile; on le dresse, dès son enfance, à se baisser et à s'accroupir pour pouvoir le charger. De toutes les bêtes de somme, c'est le plus propre à supporter les plus rudes fatigues, Il reste quelquefois jusqu'à neuf jours, et plus encore, sans boire, au milieu des sables brûlans de l'Afrique.

DROMADAIRE, animal de l'espèce du Chameau; son dos est surmonté d'une seule bosse; sa force, sa docilité, sa patience, le rendent aussi propre que le premier, au commerce et aux courses des voyageurs d'Asie et d'Afrique.

OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) L'accoutumance. Si ce mot n'existoit pas, il faudroit l'inventer. Comment se fait-il qu'on l'ait dédaigné au point de l'exclure du langage français? Est-il donc moins pittoresque que le mot habitude? Au contraire, ne rend il pas avec énergie et fidelité cette lenteur monotone à laquelle l'exercice journalier d'un même objet nous asservit ordinairement.

(2) Ce qui nous paroissoit terrible . . .

S'apprivoise avec notre vue. C'est plutôt notre vue qui s'apprivoise avec ce qui, etc. Passons par-dessus les autres petites incorrections de cette fable.

(3) Enfin batons flottants sur l'onde. «Rien n'est moins naturel que cette supposition, puisqu'au contraire le plus grand navire regardé de loin, semble être un bâton flottant». (Richer.)

(4) De loin c'est quelque chose, et de près ce n'est rien, Ce vers vaut lui seul toute la fable: il est devenu proverbe. Major è longinquo reverentia, a dit Tacite.

Je ne serois pas éloigné de croire que M. l'Abbé, Aubert a dû à ce récit l'idée de sa jolie fable: le Chat et le Coq d'un clocher. C'est là créer en imitant.

FABLE XI.

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