Oldalképek
PDF
ePub

Qu'on vous les lime en même temps :
Vos baisers en seront moins rudes,
Et pour vous plus délicieux,
Car ma fille y répondra mieux
Etant sans ces inquiétudes.
Le Lion consent à cela,
Tant son ame étoit aveuglée!
Sans dents ni griffes le voilà
Comme place démantelée.

On lâcha sur lui quelques Chiens:
Il fit fort peu de résistance.

Amour! amour! quand tu nous tiens,

On

peut

bien dire : Adieu prudence!

(Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. Benserade, f. 200-ANGLOIS. Moore, the Woolf, the Sheep, and the Lamb.

LATINS. Des

billons, Liv. III. fab. 16.-ITAL. Luig. Grillo, fav. 57.

OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) Sévigné. Françoise-Marguerite de Sévigné, fille de la celèbre madame de Sévigné, epousa en 1669 François Adhemar de Monteil, comte de Grignan, lieutenant-général au gouvernement de Provence. Elle fut obligée d'y suivre son mari, et d'y vivre éloignée de sa mère. Madame de Sévigné trouva dans son amour pour sa fille le tourment de sa vie : elle cxprima dans toutes ses lettres sa tendresse pour elle; et par un charme inexprimable, par une abondance unique, toutes ses lettres sont variées agréablement; point de redites, de monotonie: on croit toujours lire pour la première fois ce qu'elle lui dit de tendre. Madame de Grignan justifioit par bien des qualités les sentimens de sa mère. Elle étoit belle, bien faite; beaucoup de charmes répandus sur toute sa personne la rendoient très-aimable: elle avoit l'esprit très-orné, très-cultivé; mais le cœur moins tendre que celui de sa mère. Elle est morte en 1705.

Na

(2) Et voir, sans vous épouvanter,

Un Lion qu'Amour sut dompter. Avant que notre ingénienx Girardon eût imaginé de faire sortir l'arc de l'Amour du tronc noneux d'un chêne, les anciens s'étoient plus à représenter sous toutes sortes de formes les triomphes de ce Dieu sur tous les êtres qui composent l'univers. Ici on le voit se jouer à travers les flots, porté sur la croupe des monstres de la mer; là il attèle à son char les Tigres indomptables; ailleurs, monté sur le dos d'un Lion, il le mène, en se servant de sa crinière comme d'une bride, ainsi que parle Lucien, tandis que d'un autre côté il prend et caresse de ses mains la patte d'un Lion debout auprès de lui, comme pour l'exercer à la danse. (V. Montfaucon, Antiq. expl. T. I. pl. 114et 115. Mariette, Pier. gr. n°. 46. Winkelmann, Hist. de l'Art, t. III. p. 13, etc.) Mais observez qu'en imitant par des images palpables un sentiment à qui tont obéit, l'allégorie ne sort pas du cercle de la nature: l'objet de ce sentiment n'a pas besoin d'être énoncé pour être connu; et le silence même de l'artiste est un hommage à la nature. Voulez-vous aller au-delà de la nature ou de l'opinion? vous n'offrez plus qu'un tableau bizarre, 'invraisemblable, qu'un amalgame monstrueux et sans attraits pour l'imagination: ce seront les amours infâmes d'une Pasiphae. Jugeons. d'après ces principes la fable du Lion amoureux. Le fabuliste La Motte en a censuré le sujet; la vérité et la raison le reprouvent comme lui.

(3) Du temps que les bétes parloient. Exorde devenu trèscommun depuis Esope. Rabelais : « Au temps que les bestes parloient (il n'y ha pas trois jours), un pauvre Lion, etc.» ( Pantagr. t. II. ch. 15.) Le fabuliste espagnol Yriarte, commence de même le recueil de ses apologues :

Alla en tempio de entonces

Y en terras mui remotas,

Quando hablaban los brutos.,

« Au temps jadis, et dans des contrées lointaines, alors que les hêtes parloient, etc.» Un poète français ajoute :

Ce temps est plus voisin du nôtre qu'on ne pense.

(Elite de Poés. fuigtiv. t. 1. p. 230.)

(4) Et belle hure. Ce mot s'applique spécialement au Sanglier.

Tout ce que dit ici le poète, n'est qu'une plaisanterie assez fade,

contre des fous d'une autre espèce.

(5) Voici comment il en alla. Cette tournure,

noble, s'est conservée dans quelques provinces.

bannie du style

(6) Parentage ne se retrouve plus que dans les anciens livres. Clém. Marot:

Il est issu d'excellent parentage.

(Ch. nuptial, t. 1. p. 295.)

(7) Qu'on eút vu quelque beau matin

Un mariage clandestin. Le poète paroît supposer qu'il y eut de l'intelligence entre le Lion et la fille. Cela excède la plaisanterie. On lit dans l'histoire ancienne de M. Rollin, une imitation intéressante de cet apologue (Voy. T. VII. p. 152. éd. in-12). Dans la fable anglaise de Moore, le Loup amoureux demande une jeune Brebis en mariage, et l'obtient. Un Ane unit le couple. L'innocente victime devient bientôt la proie du farouche époux, qui la dévore. Censure des mariages mal assortis.

FABLE II.

Le Berger et la Mer.

(Avant La Fontaine ). GRECS. Esope, fab. 49.

Du rapport d'un troupeau, dont il vivoit sans soins, Se contenta long-temps un voisin d'Amphitrite (1); Si sa fortune étoit petite,

Elle étoit sûre tout au moins.

A la fin, les trésors déchargés sur la plage (2)
Le tentèrent si bien, qu'il vendit son troupeau,
Trafiqua de l'argent, le mit entier sur l'eau :

Cet argent périt par naufrage.

Son maître fut réduit à garder les Brebis,

Non plus Berger en chef comme il étoit jadis : Quand ses propres Moutons paissoient sur le rívage. Celui qui s'étoit vu Corydon ou Tircis,

Fut Pierrot (3) et rien davantage.

Au bout de quelque temps il fit quelques profits,
Racheta des bêtes à laine;

Et comme un jour les Vents retenant leur haleine,
Laissoient paisiblement aborder les vaisseaux (4).:
Vous voulez de l'argent, & mesdames les eaux,
Dit-il, adressez-vous, je vous prie, à quelque autre :
Ma foi, vous n'aurez pas le nôtre.

Ceci n'est pas un conte à plaisir inventé,
Je me sers de la vérité,

Pour montrer, par expérience,
Qu'un sou, quand il est assuré,

Vaut mieux que cinq en espérance;
Qu'il faut se contenter de sa condition,
Qu'aux conseils de la Mer et de l'Ambition (5),
Nous devons fermer les oreilles.

Pour un qui s'en louera, dix mille s'en plaindront.
-La Mer promet monts et merveilles :

Fiez-vous-y ; les vents et les voleurs viendront.

(Depuis La Fontaine). LATINS. Laurent Valla, edit. Rob. Stephani, pag. 61. Desbillons, Liv. IV. fab. 3. Le Beau, Carm, pag. 11.- - FRANÇAIS. Benserade, fab. 142. Fables en chansons & L. III. fab. 39.

OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) Un voisin d'Amphitrite. La mer étoit pour les anciens une divinité qu'ils nommoient Nérée, l'Océan, Neptune, à qui ils

avoient donné pour femme Amphitrite. «Au commencement des siècles, Amphitrite, où la mer, n'avoit pas encore, dit Ovide, embrassé dans sa vaste enceinte les terres. » { Métam. Liv. I. vers 13 et 14.

(2) Plage, du latin plaga, rivage de la mer.

(3) Corydon ou Tircis,

1

Fut Pierrot. Tous noms de bergers; les premiers, dans les romans, où leur condition est embellie par les charmes de la fiction, ou par les privilèges de la richesse; le dernier, dans les travaux champêtres, n'est qu'un valet à gages. Boileau a dit de

même :

On diroit que Ronsard, sur ses pipeaux rustiques,
Vient encor fredonner ses idylles gothiques,

Et changer, sans respect de l'oreille et du son,
Lycidas en Pierrot, et Phyllis en Toinon.

(Art poét. ch. 2.)

(4) Et comme un jour les vents retenant leur haleine,

Laissoient paisiblement aborder les vaisseaux. Le poète Lucrèce dit, en parlant des premiers habitans de la terre, que le calme de la mer ne les tentoit point de se fier aux trompeuses espérances qu'elle sembloit leur donner :

Nec poterat quemquam placidi pellacia ponti,
Subdola pellicere in fraudem ridentibus aquis.

(De natur. rer. Liv. V. v. 1003.)

Le même poète s'est imité lui-même dans ce vers:
Subdola cum ridet placidi pellacia ponti.

(Lib. II. v. 559.)

Il est possible que La Fontaine ait eu dans la pensée ces vers, dont le sens s'accorde parfaitement avec l'idée de sa fable.

(5) Aux conseils de la mer et de l'ambition. Remarquez ce rapprochement. Les orages de l'ambition sont-ils donc aussi impétueux que ceux de la mer?

« ElőzőTovább »